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  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 19:22
Jeudi 7 août en fin de journée, l'effondrement d'une partie du plafond du Parlement européen de Strasbourg a été suivi d'un silence médiatique assourdissant. Le bâtiment voulu par Catherine Trautmann, alors mairesse socialiste de la ville, inauguré en décembre 1999, a pourtant coûté 2 milliards de francs (environ 305 millions d'euros)... Ce n'est que mardi dernier que le site d'informations local www.strastv.com a révélé l'affaire et diffusé quelques clichés des dégâts. Voilà en effet qui tombe mal, alors que l'existence du siège strasbourgeois est contestée depuis plusieurs années par divers pays européens. Il faut dire que les 4 jours par mois où Messieurs les parlementaires se transportent de Bruxelles à Strasbourg entraînent un surcoût de plus de 200.000 € sur le budget déjà faramineux de l'Union Européenne. Rien que la réfection des fauteuils cuir devrait se chiffrer aux alentours de 1.000 € / pièce. De quoi faire réfléchir sur la nécessité, peut-être pas si impérieuse que cela, de maintenir tous ces sièges parlementaires parallèles, Bruxelles, Strasbourg et même Paris, puisque le parlement français n'est plus guère qu'une chambre d'enregistrement automatique des décisions prises par l'UE. Manquerait plus que le plafond du luxueux hémicycle de Bruxelles (1998) s'effondre aussi !



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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 23:49
Pour faire oublier le totalitarisme et la corruption de son régime, cf. Les poubelles de Tbilissi et  Géorgie : La révolution des roses a-t'elle accouché d'une dictature ?, le président géorgien a trouvé un excellent dérivatif : la guerre ! Il semble en cela vivement encouragé par ses amis de l'OTAN qui, après avoir forcé l'indépendance du Kosovo, sont beaucoup moins soucieux du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" dès lors qu'il s'agit de l'Ossétie du Sud. Ce petit pays du Caucase, ancien royaume peuplé de descendants des Alains, avait été intégré comme région autonome à la République socialiste soviétique de Géorgie dans les années 20 - encore un cadeau de Staline ! La suppression de ce statut particulier par les autorités géorgiennes en 1991, provoquant un exode de population vers l'Ossétie russe, suscita en retour un mouvement indépendantiste qui aboutit, après un premier conflit meurtrier, à une indépendance effective en 1994. Celle-ci a été confirmée par deux référendum, le dernier en 2006. Mais du côté de la "Communauté internationale" si prompte à référender au Kosovo, depuis on fait le mort et on affecte de ne pas, surtout pas, reconnaître ce nouvel Etat qui a pourtant davantage de fondements historiques que le susdit Kosovo indépendant.

Mikhaïl Saakachvili vient donc ce jeudi soir de rompre le cessez-le-feu tout juste instauré entre les deux pays après les incidents frontaliers des derniers jours, au prétexte de restaurer l'ordre constitutionnel sur le territoire géorgien... La capitale de l'Ossétie du Sud, Tskhinvali, essuie des bombardements et fait évacuer femmes et enfants vers la Russie voisine et notamment vers la ville de Beslan (Ossétie du Nord - Russie). Côté russe justement, la réponse ne devrait pas se faire attendre : les Cosaques du Don mobilisent sous la direction de l'ataman Viktor Vodolatski, adjoint du gouverneur de la région de Rostov. Et ralliant les Atamans dans leurs campagnes épiques...

Source : http://fr.rian.ru/russia/20080805/115772865.html
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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 22:05
Etrange monde que le nôtre, peuplé de géants et de microbes. Etrange monde où les microbes, les petits cancrelats punaiseux étalent leurs avis microbiques sur Stentor, quand il est mort. Alexandre Soljenitsyne est mort dimanche 3 août. Un certain Mélenchon, sénateur PS, voit en lui un homme "de droite". Vous frémissez ? Non ? Si, si, il faut frémir d'horreur ! De droite, comprendre "limite antisémite" selon les propres termes du microbe, comprendre nazi, quoi. L'horreur !

Et non seulement "de droite", mais "gavé d'honneurs" !, nous dit Môsieur le Sénateur, qui lui n'est pas gavé comme porc. Pensez-vous, la guerre, les années de travaux forcés au goulag (1945-1953), puis l'exil, trop cool la vie de Soljenitsyne ! Forcément, ce n'est pas le microscopique Mélenchon qui obtiendra jamais le prix Nobel de littérature. Citons l'éructation de ce plumitif : «L’apologie de Soljenitsyne, “grand penseur de la démocratie contre le stalinisme”, me fait mal au cœur parce que je pense à tous ces malheureux [il parle des communistes] qui, eux, dès la première heure, ont mené leur lutte sans être gavés d’honneurs, de colifichets dorés, de résidences, de protections de toutes sortes comme l’était Soljenitsyne au seul motif qu’il était de droite». C'est ça, juste parce qu'il était "de droite" ! C'est bien connu, de par chez nous, c'est tous les jours qu'on fait l'apologie des nazis. Et si je comprends bien, les cocos ont, dès la première heure, mené la lutte contre le communisme... On y avait pas encore pensé à celle-là ! Mais le microbe en a "mal au cœur". A-t-on jamais vu une raclure de microbe avoir mal au cœur ?! Les barbouilleurs ne cherchent pas la lumière, aurait dit le grand Alexandre.

Ces propos de punaises ne sont pas nouveaux non plus chez nos prétendus "intellectuels". En témoigne ce court extrait du mémoire de maîtrise de Véronique Hallereau, qui mériterait d'être enfin publié (Soljenitsyne et les médias, Paris I-Panthéon-Sorbonne, 1999) :
"Le jour de la sortie de l’Archipel du Goulag [en France], le journal [Le Monde] prépare une double page, " L’URSS en question ". A gauche, trois livres, un " violent réquisitoire " (l’Archipel), une " satire " (En quarantaine de Vladimir Maximov), un " témoignage " (souvenirs de Joseph Berger, ancien du Komintern, émigré en Israël après avoir connu la disgrâce et la prison) " lancent l’anathème contre le totalitarisme ". A droite : plusieurs autres livres d’économistes, de diplomates, de géographes, " engagés ou non " qui, " à l’inverse ", " examinent les réalités présentes du pays et en tirent des enseignements positifs ". Le totalitarisme relève du passé, du temps de Staline ; car, rassurez-vous bonnes gens, les dernières nouvelles du pays des Soviets sont particulièrement encourageantes ! Et ce sont des experts qui le disent. On se félicite d’ailleurs de " l’étonnante liberté " avec laquelle Jean Elleinstein, membre du PCF, poursuit son Histoire de l’URSS..." (cf. http://vhallereau.free.fr/)

Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Mais ce qui pousse nos Messieurs à enterrer au plus vite Soljenitsyne, c'est moins sa dénonciation des monstruosités du communisme, que le fait qu'il ne se soit jamais rallié à son double-inverse idéologique, j'ai nommé le consumérisme effréné sauce US, aujourd'hui dit mondialisme. Au contraire de beaucoup de résistants anti-communistes qui, par anti-communisme, se sont faits les instruments dociles de cet autre matérialisme, moins ouvertement meurtrier, mais non moins pernicieux, Soljenitsyne n'était pas de ceux qu'on manipule. Il était de la race des starets. Sa voix s'était élevée pour dénoncer les camps soviétiques, elle allait retentir contre notre Occident désincarné, vautré dans sa fange, sans honneur, ni courage. Ni le goulag, ni Las Vegas !

Je me souviens encore, enfant, écoutant religieusement avec mes parents l'entretien accordé par Soljenitsyne depuis son refuge du Vermont à la télévision française en décembre 1983. Il aimait la France et les Français, les vrais, aiment les grands hommes.
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4 août 2008 1 04 /08 /août /2008 23:43
Puisque nous parlons cinéma, voici un autre film à voir, un dessin-animé plus précisément, remarquablement bien fait d'un point de vue formel et excellent film... de propagande !? "Valse avec Bachir" (2008) est le récit entrecoupé de cauchemars et de souvenirs de guerre de l'enquête menée par le réalisateur israélien Ari Folman pour tenter de retrouver sa propre mémoire des événements de la guerre du Liban de 1982 (une opération cyniquement baptisée "Paix en Galilée" par l'armée israélienne). Folman, et c'est l'élément déclencheur de son enquête, réalise un jour qu'il n'a pas le moindre souvenir des événements terribles auxquels il a participé ou dont il a été témoin en tant que soldat de Tsahal et qui sont comme effacés de sa conscience. Les trous de mémoire des adeptes du devoir de mémoire...

Bande-annonce

Le propos, remarquablement servi par l'esthétique sombre du dessin d'animation, est plus universel que le "retour du refoulé" cher aux psychanalistes : la guerre, ses horreurs et ses traumatismes, et comment la mémoire/conscience s'en accommode, ou s'égare. En filigrane se dessine une critique de la politique israélienne au Liban qui culmine avec les images du massacre des camps de réfugiés de Sabra et Chatila (16-17 septembre 1982). Cependant, il reste toujours un point aveugle dans le champ de la conscience du réalisateur, aussi honnête soit-il et quelque efforts qu'il fasse. Le titre du film en témoigne qui met en avant la figure de Bachir Gemayel.

Bachir Gemayel, d'une famille de maronites chrétiens, chef charismatique des Forces libanaises et allié circonstanciel d'Israël, élu président du Liban, fut assassiné peu après, le 14 septembre 1982. Le massacre qui suivit est généralement attribué à ses troupes de phalangistes, comme une vengeance fanatique perpétrée sous le regard de l'armée israélienne qui laissa faire. Cette présentation des événements correspond grosso modo aux conclusions de la commission d'enquête israélienne, nécessairement partielles sinon partiales (rapport Kahane, 1983), mais elle fait fi du contexte et d'une responsabilité plus générale d'Israël dans la déstabilisation du Liban. Si la responsabilité immédiate des exécutions semble imputable à un groupe de FL manipulés, désorientés par la mort de leur chef et avides de vengeance, elle revient a fortiori aux manipulateurs qui les invitèrent à entrer dans le camp... parmi lesquels Ariel Sharon et un certain Elie Hobeika, soupçonné plus tard d'être un agent syrien infiltré, qui commandait le détachement FL à Sabra et Chatila.

Et puisqu'il est question de mémoire, il faut rappeler tous ces massacres commis à partir d'avril 1975 par les Palestiniens de l'OLP et leurs alliés syriens, dont furent victimes des milliers de villageois chrétiens (Damour, 20 janvier 1976, environ 750 morts, Chekka, 5 juillet 1976, 120 morts, etc.), des massacres pourtant bien documentés dont les noms ont disparu de la conscience occidentale...

Pour revenir au film, il échappe en fait au reproche de propagande, inévitable s'agissant d'événements controversés, en préférant au documentaire pseudo-objectif une vision onirique et particulière mais qui finalement sonne assez juste et donne à penser, même si le héros-réalisateur ne recouvre pas complètement la mémoire.


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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 22:07
Le film-choc du réalisateur brésilien José Padilha (Troupe d'élite, octobre 2007), Ours d'or à Berlin en février 2008, annoncé en France pour le début de l'année, devrait enfin paraître sur les écrans français en septembre prochain. Sujet de polémique, le critique Jay Weissberg dans Variety s'étant empressé de le taxer de "recruitment film for fascist thugs" (film de recrutement pour voyous fascistes), il est aussi précédé d'un piratage jamais vu puisque 30.000 copies vidéo en avaient déjà été écoulées avant même sa sortie au Brésil - ce qui ne l'a pas empêché de faire 700.000 entrées dès les premiers jours. On le trouve donc déjà sur Dailymotion, quoique dans une version écourtée et avec un sous-titrage anglais de piètre qualité.

La bande-annonce

Que montre le film ? L'action d'un capitaine du Batalhão de Operações Policiais Especiais (BOPE, ou Bataillon des forces spéciales de la Police nationale brésilienne) et de ses troupes, face aux narco-trafiquants d'une favela de Rio de Janeiro à la veille de l'arrivée du pape Jean-Paul II en 1997. Fondée sur le témoignage de deux anciens capitaines du BOPE et sur le livre qu'ils ont co-écrit avec le professeur Luiz Eduardo Soares, ancien secrétaire à la Sécurité Publique, l'histoire se caractérise par son vérisme - on a parlé de semi-fiction. Corruption, violence, tortures, montrées cruement, correspondent trait pour trait à une réalité urbaine gangrénée par le trafic de drogue, où la police ordinaire est trop mal payée pour ne pas fermer les yeux, où les jeunes bobos des beaux quartiers fumeurs de joints sont la clientèle des pires trafiquants, où les pauvres gens subissent et où seuls surnagent, ce qui choque les bien-pensants, les troupes d'élite aguerries. Pas une apologie de la violence, comme d'aucuns ont pu dire, mais un aperçu de ce que deviennent les "quartiers" et autres banlieues que les hommes politiques, eux-mêmes corrompus, abandonnent complaisamment aux petits et grands trafics.
Sur le sujet, voir aussi : Eradiquer la violence dans les banlieues : une solution simple et efficace !

Wagner Moura, dans le rôle du capitaine

Aperçus du film ici (mais ça ne vaut pas la version officielle sur grand écran) - 1 :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/tropas%2Bde%2Belite/video/x4ovvo_tropadeelite1-vo-soustitree_shortfilms
2 : http://www.dailymotion.com/related/x4ovvo/video/x4p033_tropadeelite2-vo-soustitree_shortfilms
3 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pbzi_tropadeelite3-vo-soustitree_shortfilms
4 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pdlx_tropadeelite4-vo-soustitree_shortfilms
5 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pk7r_tropadeelite5-vo-soustitree_shortfilms
6 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pqwf_tropadeelite6-vo-soustitree_shortfilms
7 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4qnne_tropadeelite7-vo-soustitree_shortfilms
8 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4qq28_tropadeelite8-vo-soustitree_shortfilms
9 :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/tropa.de.elite-9/video/x4r31y_tropadeelite9-vo-soustitree_shortfilms
10 :
http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4r45i_tropadeelite10-vo-soustitree_shortfilms

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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 00:13
A tous les coins de rue...
Ici Calle larga 22 Marzo, non loin de la place Saint-Marc :
Vous avez dit contrefaçons ?
(80€ le sac, tout de même)

Pour les amateurs, un petit rappel : l'achat d'un faux Chanel, Dior, Lacoste, Cartier ou Vuitton au choix (les marques françaises les plus copiées) constitue un délit douanier, et la simple détention d'un de ces épouvantables sacs siglés peut faire encourir jusqu'à 300.000 euros d'amende et 3 ans de prison. Mais surtout, comme dit le site des douanes, la contrefaçon est désormais le fait de réseaux très organisés qui utilisent les revenus ainsi générés pour financer d'autres activités criminelles (trafics de drogue, d'armes, terrorisme). En acheter, c'est financer la criminalité organisée et contribuer à l'exploitation d'une main d'œuvre d'enfants et d'immigrés. On se demande d'ailleurs ce qu'attend la police de Venise pour intervenir. De même à Strasbourg, Versailles...
http://www.douane.gouv.fr/page.asp?id=40
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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 19:55
Il semble bien que le 24 juin dernier, alors qu'il achevait un voyage de 48h en Israël et s'apprêtait à reprendre son avion sur le tarmac de l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, Nicolas Sarkozy ait échappé de justesse à une tentative d'assassinat. Ce sont du moins les conclusions des Services secrets russes, comme vient de le révéler le journal nationaliste Zavtra (mais je n'arrive pas à mettre la main dessus). Et ils ont certainement raison tant la version officielle reprise par les médias - un suicide - comporte d'invraisemblances et de contradictions. Le suicide d'un garde druze de l'IDF (Israel Defense Forces), Raed Asaad Ghanan, 32 ans, qui se serait jeté d'un toit de l'aéroport tout en se tirant dans la tête une balle de fusil d'assaut M-16 au moment même où, à 100m de là et dans sa ligne de mire, Sarko et sa Carla prenaient congé du président israëlien Shimon Pérès et du premier ministre Ehud Olmert... ça me rappelle cet employé de l'ambassade de Roumanie au temps de Ceaucescu, suicidé en se jetant par la fenêtre, un poignard planté dans le dos ! Vous y croyez, vous ?

Les coups de feu, couverts par la fanfare (c'est minuté comme du Hitchcock, cf. le final de L'homme qui en savait trop), auraient fait deux morts, l'un dont on ne parle pas, un officier de sécurité français qui devait donc se trouver à proximité de Sarkozy, l'autre qu'on a présenté comme le suicidé et qui apparaît plutôt comme l'homme qui en savait trop ! Bah, ce n'était qu'un Druze ! Il est à noter que deux autres témoins gênants, deux femmes soldates israéliennes, se sont opportunément évanouies après l'incident - Quelle émotion !, - au point de nécessiter une hospitalisation prolongée loin des curieux... Et le lendemain de l'attentat, l'aéroport Ben Gourion a été bouclé au prétexte d'un vaste exercice de simulation de sauvetage décidé subitement. Quant au garde qui était de faction avec le malheureux Ghanan, personne ne semble vouloir s'interroger de trop près sur son cas. Toujours est-il que la responsabilité du Mossad est directement engagée dans cette affaire, d'abord parce qu'il a failli, et surtout parce que le tueur pourrait bien sortir de ses rangs.

Pourquoi, me direz-vous, le Mossad aurait-il voulu éliminer un inconditionnel d'Israël ? Eh bien, hypothèse pour hypothèse, peut-être tout simplement parce que les enragés du sionisme qui constituent le gros des troupes des Services secrets israëliens, à commencer par leur chef, le général Meir Dagan, n'ont pas, mais alors pas du tout apprécié le discours de Sarkozy devant la Knesset. Comme à son habitude, Sarko a dit tout et le contraire de tout. Nous, Français, commençons à être habitués, mais les Juifs ne s'attendaient peut-être pas qu'il leur mente ; ou peut-être ont-ils pris pour argent comptant ses déclarations en faveur de la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale. Pourtant ça ne mange pas de pain les déclarations. Mais sûr que pour des types qui se proposent ouvertement d'exterminer les Palestiniens, ça passe mal ! Sarközy, ou la figure du traître...

En tous cas, la seule vidéo disponible de l'attentat est bidouillée (les images du moment crucial ont été retirées et il n'y a pas le son). Un détail curieux, cependant : au lieu de planquer Sarko, ses gardes du corps l'invitent à monter sur la passerelle à découvert... Il sera intéressant de suivre dans les prochains mois la carrière du colérique Dagan, né Huberman, 63 ans, qui, en principe, vient d'être reconduit à la tête du Mossad jusque fin 2009. En principe...

Sources :
http://web.israelinsider.com/Articles/Security/12942.htm
http://fr.altermedia.info/general/tentative-dassassinat-ou-suicide_14638.html
http://mecanopolis.wordpress.com/2008/06/25/etrange-depart-disrael-pour-nicolas-sarkozy
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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 00:20
Où l'on reparle des Ijaws (cf. La révolte des Ijaws ).
Une fois n'est pas coutume, voici une dépêche AFP intéressante.
*

LAGOS (Nigéria) - Le Mouvement d'émancipation du Delta du Niger (MEND) a revendiqué l'attaque qui a visé jeudi un important puits offshore de Shell, obligeant la compagnie à interrompre la production et confirmant sa détermination à perturber l'industrie pétrolière du Nigeria.

On n'y voit rien ! Bonga, c'est la concentration de points noirs dans le quart supérieur gauche,
un peu au-dessus de "Golfe de Guinée" (merci à Joeren van der Veer, PDG de Shell, pour la carte !)

"Ce matin à 00H45 nos combattants ont investi la prétendue forteresse de Bonga. La salle informatique de contrôle de la production était notre principale cible que nous voulions faire sauter, mais nous n'avons pas pu y accéder", a affirmé le MEND dans un courriel. Shell a dû interrompre sa production. "Nous avons arrêté la production sur le champ pétrolier de Bonga après l'attaque ce matin par des militants inconnus," a déclaré le porte-parole de Shell, Precious Okolobo.

Les assaillants ont pris pour cible le champ FPSO Bonga (Floating, Production, Storage and Offloading), situé à 120 km au large de Lagos, un monstre haut comme un immeuble de douze étages, 305 mètres de long, 58 de large et 32 de haut. Bonga a une capacité pouvant aller jusqu'à 250.000 barils par jour et 150 millions de pieds cubes de gaz, qui partent vers le terminal de Bonny par des gazoducs sous-marins.

L'attaque inquiète les milieux pétroliers, compte tenu de la situation du site visé, jusqu'alors considéré comme inaccessible par les groupes armés. "C'est très très préoccupant. On touche à la zone la plus garantie de production. Cela veut dire qu'il n'y a désormais pas de limite pour les attaques", a dit un responsable d'une multinationale. Dans cette même région, un navire du groupe français Bourbon transportant du matériel et des personnels pour le compte de compagnies pétrolières a été attaqué jeudi également par des hommes armés. Deux Nigérians ont été blessés, le capitaine et un ingénieur, ont précisé des sources diplomatiques et pétrolières

"Notre prochaine visite sera différente, et l'installation ne sera pas épargnée", a averti le MEND affirmant aussi avoir enlevé un Américain, Jack Stone, travaillant pour une autre société para-pétrolière. Celui-ci a été libéré dans la journée. Le ministre nigérian de l'Information a déploré une attaque "très malheureuse" qui "légitimise la criminalité". "La cible d'aujourd'hui a été délibérément choisie pour prouver une fois pour toute que l'exploration offshore n'est pas hors d'atteinte", a commenté le MEND qui demande à toutes les multinationales de faire partir leurs employés du Nigeria "jusqu'à ce que la question du Delta du Niger soit résolue".

"Les navires pétroliers et gaziers sont également avertis d'éviter les eaux nigérianes sous peine d'attaques", conclut le MEND. Affirmant se battre pour les populations de la région afin qu'elles obtiennent une plus grande part de la manne pétrolière, le mouvement a répété que ses attaques faisaient partie d'une "Opération Cyclone" visant à "ruiner l'industrie d'exportation pétrolière du Nigeria".

Le baril de pétrole a atteint les 137 dollars, après cette attaque. Le site de Bonga, ouvert en novembre 2005, a permis à Shell d'exporter 100 millions de barils à la date de mai 2007 et est détenu à 55% par Shell, 20% par le géant américain Exxon Mobil, 12,5% par l'Italien Agip, et 12,5% par le groupe français Total, via Elf Petroleum Nigeria. Cette attaque est la dernière d'une séries visant les intérêts de Shell. Les violences dans le Delta du Niger ont privé le Nigeria d'un quart de sa production de pétrole depuis janvier 2006. Le pays a perdu en avril sa place de premier producteur africain au profit de l'Angola selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (0PEP). L'Angola a produit 1,873 million de baril par jour en avril, contre 1,818 million de b/j pour le Nigeria.
*
Soleil couchant sur une plateforme du Golfe de Guinée

Le pétrole à 200 dollars le baril, comme l'annonce la couverture du Courrier international du 19 juin, semble effectivement pour très bientôt. Mais n'allez pas croire que cela gène outre mesure les compagnies pétrolières : leurs bénéfices sont décuplés (cela se compte en centaines de milliards de dollars...). Chapeau bas tout de même à ces sympathiques Ijaws qui attaquent les plateformes off-shore à la pirogue.
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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 20:04
L’association Fraternité franco-serbe (FFS) existe depuis 2007. Dans l’entretien qu’il nous a accordé le 31 mai 2008, son président nous en dit plus sur le sens de son engagement et sur la mission humanitaire qu’il a menée récemment au Kosovo.

Comment vous est venue l’idée de fonder une association France-Serbie ?


Charles-Alban Schepens : C’est en 1999, lors des bombardements de l’OTAN sur la Serbie [guerre du Kosovo, mars-juin 1999], que j’ai commencé à me sentir concerné par le sort de ce pays. Nous étions quelques jeunes Français a nous montrer particulièrement dynamiques dans les manifestations contre les bombardements et c’est ainsi que se sont noués mes premiers contacts avec la communauté serbe en France.
    Il existait déjà diverses associations franco-serbes. Mais en voyant s’aggraver la situation des Serbes restés au Kosovo et constatant la désinformation des Français sur la question, j’ai voulu faire quelque chose et j’ai monté FFS, avec trois objectifs :
-    rappeler les liens historiques entre la France et la Serbie en organisant des festivités culturelles,
-    faire connaître la situation du Kosovo et de la Serbie en général,
-    aider moralement et financièrement les enclaves serbes du Kosovo.

Malgré des moyens encore très modestes, vous avez réussi le tour de force de mener une première mission humanitaire au Kosovo quelques mois à peine après la fondation de FFS. Quelle a été cette mission ?

Ch.-A. Schepens : Nous souhaitions faire coïncider notre première action au Kosovo avec la Pâques orthodoxe [27 avril 2008] et c’est ce que nous avons fait puisque notre convoi, parti de Paris fin avril, était sur place le 27. Tout un symbole pour nos amis serbes.
    La destination de cette première mission était une enclave serbe totalement isolée, au Nord de Kosovska Mitroviça [étant donné le risque de représailles, nous avons ici jugé préférable de ne pas citer le nom du village et de rester évasifs sur sa localisation exacte]. Il s’agissait de venir en aide à 40 familles, dont 108 enfants. Nous leur avons remis les vêtements, médicaments, nourriture et jouets qui constituaient notre chargement, ainsi qu’un secours financier dont l’église serbe de Paris nous avait confié la distribution, proportionnée au nombre d’enfants par famille.

Comment se présentent ces enclaves serbes ? Leur situation vous paraît-elle viable en l’état ?

Ch.-A. Schepens : Dans le Nord du Kosovo où ils sont largement majoritaires, les Serbes peuvent encore mener une vie décente. Mais ailleurs, dans les enclaves isolées qu’on rencontre sur tout le territoire, quelques villages regroupés, parfois seulement quelques maisons serbes au milieu d’un territoire devenu hostile, ils sont prisonniers chez eux et ne peuvent sortir, travailler ou se rendre dans ce qui leur reste de champs que sous escorte armée de la KFOR. Tout est géré par l’OTAN. Il y a des barrages et des militaires partout. Rien de viable. Les Serbes qui le pouvaient sont partis. Seuls les plus pauvres sont restés. Mais ils ne reçoivent aucune assistance des ONG. Juste un peu d’aide par le biais de la KFOR qui assure leur sécurité.

Quelles sont vos impressions du Kosovo ? Qu’est-ce qui vous a marqué ?

Ch.-A. Schepens : D’abord les cimetières profanés aux pierres brisées et les églises détruites qu’on aperçoit depuis la route, et le contraste entre, d’un côté les maisons abandonnées des Serbes, et juste en face les maisons cossues flambant neuves que se font construire les Albanais, avec de gros moyens.
    Et aussi l’affirmation symbolique de l’occupation albanaise dans le paysage : partout, on voit des mosquées en construction, jusqu’en plein milieu des champs, loin de toute habitation. Même les pierres tombales sont en forme de mosquée.
    Ce qui étonne aussi, côté albanophone, ce sont les trois drapeaux systématiquement associés : Albanie – UE – USA. Ce pseudo-Etat, qui ne tient que par la présence militaire de l’OTAN, n’a ni drapeau, ni monnaie. Sans compter les panneaux publicitaires géants placés au bord des routes pour vanter les financements européens. [Là, je me demande si l’Union européenne finance aussi les mosquées...]

Comment les Serbes du Kosovo voient-ils les choses ? Qu’espèrent-ils ?

Ch.-A. Schepens : Les Serbes du Kosovo subissent cette invasion depuis les années Tito, avec tout ce que cela comporte d’humiliations quotidiennes. La situation n’a cessé de s’envenimer. Aujourd’hui, l’arrivée au pouvoir en Serbie du Parti Radical serbe reste leur seul espoir de ne pas être abandonnés par Belgrade. Et ils comptent sur les Russes.
    C’est très important d’aider ces villages pour permettre à la population serbe, les jeunes en particulier, de se maintenir dans ce berceau historique de l’orthodoxie serbe qu’est le Kosovo. Les villageois que nous avons rencontrés souhaitent reconstruire leur église brûlée. Une façon d’espérer.

Pour les aider : http://fraternitefs.free.fr/

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11 mai 2008 7 11 /05 /mai /2008 14:26
Les étiquettes politiques sont parfois trompeuses. De nos jours, il semble que les idées des mouvements d'extrême-gauche sud-américains montrent plus d'affinités avec celles de l'extrême-droite française qu'avec le prêt-à-penser des bobos gauchos de Saint-Germain-des-Prés. Alors que ces derniers jouent chez nous les idiots utiles du système en appuyant les régularisations massives de migrants décidées par les négriers des temps modernes, alors qu'ils soutiennent de prétendus anti-fascistes russes contre le gouvernement du méchant Poutine (vous comprenez, Poutine a mis au pas une poignée de milliardaires corrompus, bouh que c'est pas bien !), bref alors qu'ils jouent le mondialisme contre les nations, les gauches d'Amérique du Sud, eux, sont nationalistes !

A front renversé

Prenons le cas de la Bolivie. En janvier 2006, Evo Morales, dirigeant du MAS (Movimiento al socialismo / Mouvement vers le socialisme), élu président du pays un mois plus tôt, entre en fonctions. Le socialisme annoncé est au programme, cela va sans dire. Mais tous les Boliviens ne s'y reconnaissent pas, loin s'en faut. De là à fomenter la partition du pays, il y avait un (grand) pas, que certains n'ont pas hésité à franchir sur le conseil d'un certain Philip S. Goldberg...

Pour ceux qui ont suivi les derniers événements du Kosovo, Monsieur Goldberg n'est pas un inconnu. Après avoir été assistant spécial pour la Bosnie de l'ambassadeur américain Richard Holbrooke (1994-1996) et artisan des accords de Dayton qui ont enteriné la désintégration de la Yougoslavie, Goldberg a à nouveau sévi dans la région en tant que chef de la mission US à Pristina, Kosovo (2004-2006). On vient de voir le résultat ! L'atomisation de l'Europe des Balkans n'est d'ailleurs pas finie, puisque le même Goldberg manifeste aussi un intérêt tout particulier pour le Monténégro... En attendant, voilà qu'il fait un petit tour en Bolivie où il a été nommé ambassadeur US en août 2006.

Cependant, en Amérique latine, les Gringos en rangers et leurs séides, on les voit venir de loin ! (Pour ceux qui croient, à la suite d'une publicité pour un mauvais café, que "gringo" est une expression sympa, précisons que c'est un terme injurieux pour désigner le Ricain). Jorge Mansilla, l'ambassadeur bolivien à Mexico (Mexique), ne s'y est pas trompé. Dans une déclaration du 29 avril 2008, il n'hésite pas à dire publiquement que Philip Goldberg n'a été nommé à son poste en Bolivie que pour y provoquer des divisions du même ordre que dans les Balkans.

La comparaison n'est pas aussi incongrue qu'il peut paraître quand on sait que l'un des principaux acteurs du mouvement autonomiste qui touche maintenant les provinces boliviennes de Santa-Cruz, Beni, Pando et Tarija, n'est autre qu'un industriel croate, Branko Marinkovic !

Le moyen de la partition ? Le référendum, bien sûr !, et des sommes colossales mises au service des factieux par le NED américain (National Endowment for Democracy), sommes qui se chiffrent en centaines de millions de dollar$. Mais contrairement au Kosovo, la "Communauté internationale" a pour une fois refusé de donner du crédit à cette mauvaise farce (le référendum des quatre provinces qui a eu lieu le 4 mai 2008 n'est pour l'instant qu'un coup d'épée dans l'eau). Il faut dire que les Etats voisins se savent aussi menacés : la Bolivie n'est qu'un maillon faible du continent sud-américain. Partant, c'est un terrain d'expérimentation pour une stratégie US de morcellement des nations rivales qui, à moyen terme, vise tout aussi bien le Brésil, dont la forêt amazonienne attise bien des convoitises. On comprend que le pays, pas fou, ait refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo.

Jouxtant le Brésil, Santa-Cruz et les provinces adjacentes couvrent plus de la moitié du territoire bolivien. C'est là que se trouvent ses plus riches réserves de gaz naturel... La population locale, rebaptisée "Nacion Camba" par Mr Goldberg, du nom que l'on donne en Bolivie aux habitants métissés des plaines, par opposition aux Indiens des Andes, forme 30% du total des Boliviens. Mais, en dehors d'une minorité rassemblant des représentants de la bourgeoisie et les expatriés croates, elle ne semble pas pour l'heure acquise à l'idée d'une partition et à cet étrange concept de "nation" à la sauce Goldberg. En réponse au référendum, des manifestations de grande ampleur en faveur de l'unité nationale ont eu lieu le même jour. Les Boliviens y demandaient l'expulsion de l'ambassadeur des USA, "instigateur du séparatisme". Reste à savoir si le timide Morales saura faire preuve d'assez de poigne pour débarrasser son pays de cette crapule.

Après la Bosnie, la Bolivie.
Après le Kosovo, la Seine-Saint-Denis ?
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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 20:07
L'aigle chauve, oiseau sacré des Indiens d'Amérique

Le 21 décembre 2007, les Sioux Lakota ont repris leur indépendance et dénoncé les traités qui les liaient aux Etats-Unis d'Amérique depuis 1851. Il s'avère en effet que depuis 150 ans les Américains n'ont respecté aucun des quelque 33 traités "de paix et d'amitié" signés avec les Sioux qui garantissaient à ceux-ci l'intégrité de leurs territoires ancestraux, y compris le traité de 1868 ratifié à Fort Laramie après l'écrasante défaite subie par l'armée américaine lors de la guerre de Nuage Rouge. De facto, ces traités sont caducs.

En conséquence, les Sioux ne se reconnaissent plus citoyens américains et leur territoire, qui couvre en partie cinq états des USA (Nébraska, Dakota du Sud, Dakota du Nord, Montana et Wyoming), ne fait plus partie du territoire US. Le nouvel Etat qui a nom Lakotah émettra ses propres passeports. Les résidents non-amérindiens du pays sont invités à rester pour peu qu'ils renoncent à la citoyenneté américaine. Le tout net d'impôts.

Pour la population Sioux, l'indépendance est une question de survie : 97 % d'entre eux vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté et ils ont le plus fort taux de mortalité des USA, leur espérance de vie moyenne n'étant que de 44 ans ! Les ressources locales en minerais et en eau potable n'ont cessé d'être pillées. La population amérindienne, parquée dans des réserves, a subi plusieurs déportations jusque dans les années 1960. Enfin, l'alcool et la télévision font des ravages. L'indépendance énergétique et la défense de la culture Sioux seront donc les priorités du gouvernement du Lakotah. Cf. http://www.republicoflakotah.com/

Bienvenue à la république du Lakotah dans le concert des nations.

Et si les Serbes veulent être les premiers à reconnaître le nouvel Etat, ils ont ma bénédiction !


A signaler aussi un blog fait par un jeune Navajo qui donne des informations intéressantes, par exemple sur la protection des aigles chauves, ou sur la tentative par un certain John McCain, actuel candidat à la présidence des USA, à travers un amendement déposé en 2005, de faire déporter 3.000 familles Navajos...
Cf. http://tribalemployee.blogspot.com/

Et pour les amateurs, un groupe de punk-rock Navajo, Blackfire : http://www.blackfire.net
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5 avril 2008 6 05 /04 /avril /2008 19:25
Il y a un an, la justice lituanienne ouvrait une enquête contre Itzhak Rudnicki, un juif né en Lituanie soupçonné de crimes de guerre et génocide dans les années 1940. Connu aujourd'hui sous le nom de Yitzhak Arad, Rudnicki n'est pas n'importe qui puisqu'il a dirigé et développé pendant plus de vingt ans (1972-1993) l'Institut de Yad Vashem en Israël et a publié de nombreux livres sur le sujet de l'Holocauste juif. La procédure intentée contre lui se fonde pourtant sur une de ses propres publications ou plus précisément sur le commentaire extensif qu'il a fait des mémoires d'un journaliste polonais de la Seconde Guerre mondiale pour l'édition anglaise (Kazimierz Sakowicz, Ponary Diary, 1941-1943 : A Bystander's Account of a Mass Murder, Yale University Press, 2005). Arad y relate complaisamment les exécutions de résistants, de prisonniers de guerre et de simples civils lituaniens qu'il a perpétrées alors pour le compte du NKVD, dont il fut membre à partir de février 1943. Ses déclarations sont d'ailleurs corroborées par les archives rassemblées par le Centre de recherches sur la résistance et le génocide de la population de Lituanie à Vilnius, comme a tenu à le préciser le procureur général lituanien Valentukevicius : "Nous avons de nombreux documents qui nous permettent de soupçonner Arad d'actes criminels".

Le Bureau du procureur n'a pour l'instant formulé qu'une simple requête auprès du ministère israélien de la Justice pour pouvoir interroger Yitzhak Arad sur ses responsabilités dans le meurtre de civils lituaniens en 1943 et 1944. Cependant, Israël vient d'y opposer une fin de non recevoir, l'actuel directeur de l'Institut Yad Vashem, Avner Shalev, allant jusqu'à exiger que la Lituanie présente officiellement des excuses au Dr Arad ! Bien entendu, celui-ci évoque ses anciennes activités sous un tout autre jour puisqu'il n'aurait fait qu'exécuter des "collaborateurs" de l'occupant nazi. Et de même, Avner Shalev, qui nomme résistants les membres des escadrons de la mort du NKVD, ne voit aucun reproche à leur faire : "Toute tentative d’assimiler ces actes de résistances [les exécutions de prisonniers] à des actions illégales, et ses acteurs [en l'occurence Itzhak Rudnicki-Arad] à des criminels, est une dangereuse perversion des évènements qui se sont déroulés en Lituanie durant la guerre (sic)".

Avoir été membre du NKVD sous le sinistre Béria n'a pourtant rien d'anodin. Le NKVD ou Commissariat du peuple aux affaires intérieures, la police politique de Staline, était spécialement chargé d'éliminer les "traîtres à la patrie" et autres "ennemis du peuple", titres généreusement accordés dans l'URSS de l'époque et les territoires sous sa domination à tout ce qui pouvait ressembler à un religieux, un intellectuel, un bourgeois, un paysan... (la liste est loin d'être exhaustive). Dans les Etats baltes annexés à l'URSS en 1940 (Estonie, Lettonie et Lituanie), c'est aussi au NKVD qu'incomba la responsabilité de la lutte contre les résistances nationales et la déportation massive de populations. La méthode fut expéditive. Ainsi rien qu'en une nuit (11-12 juillet 1940), plus de 2.000 Lituaniens, pour la plupart hommes politiques, hommes de lettres, éditeurs ou journalistes, furent massacrés à Panevezys, ce qui revenait à décapiter le pays.

De même, l'arrêté secret n° 1299-526 du comité central du Parti communiste de l'URSS sur "la déportation des éléments socialement étrangers des Républiques baltes, de l'Ukraine occidentale, de la Biélorussie occidentale et de la Moldavie", pris le 14 mai 1941 sous l'impulsion de Béria, ordonnait de déporter dans des camps de Sibérie des centaines de milliers de personnes de tous âges et de toutes classes sociales :
1) les membres des organisations contre-révolutionnaires et leurs familles,
2) les anciens gendarmes, les gradés de la police et des gardiens de prisons, ainsi que les simples policiers ou gardiens de prison en cas de documents compromettants [c'est-à-dire révélant des actions anti-soviétiques],
3) les anciens grands propriétaires et commerçants, les anciens industriels et les principaux fonctionnaires des gouvernements bourgeois,
4) les anciens officiers dont les dossiers sont compromettants (y compris ceux qui avaient servi dans les troupes territoriales de l'armée rouge),
5) les membres de famille des condamnés à mort ou des membres d'organisations contre-révolutionnaires qui ont pris le maquis,
6) les personnes qui ont été rapatriées depuis ou vers l'Allemagne et dont les dossiers sont compromettants,
7) les réfugiés polonais s'ils ont refusé d'adopter la citoyenneté soviétique,
8) les éléments criminels qui poursuivent leurs activités,
9) les prostituées enregistrées auprès de la police si elles continuent leurs activités.

Un régime de terreur fut alors imposé aux Baltes (80.000 exécutions en Lituanie entre juin 1940 et juin 1941). Dans ses conditions dramatiques, on peut comprendre qu'ils ne firent pas trop mauvais accueil à l'armée allemande en juin 1941. Mais si les Israéliens insistent beaucoup aujourd'hui sur l'antisémitisme violent dont firent alors preuve les Lituaniens avant même l'arrivée des troupes du Reich, ils omettent un détail gênant : les Juifs constituaient plus de 16% des dirigeants du NKVD opérant dans le pays, ce qui montre une surreprésentation notable par rapport à la composition de la population, et ils représentaient entre le tiers et la moitié des membres du parti communiste clandestin de Lituanie, partisan et complice de l'invasion soviétique qui recommença à partir de 1944-1945. Béria lui-même en était. Les Lituaniens firent surtout montre d'une résistance farouche, puisqu'on estime que de 1944 à 1952 près de 10% de la population avait rejoint les Frères de la forêt.

Si l'on se souvient que la plupart des exécutions de civils lituaniens par le NKVD le furent sous les prétextes les plus futiles ("ennemi de la révolution", "possède de la littérature non autorisée", "possède un drapeau lituanien", ou encore Boy Scout), que la qualification de "collaboration" était généralisée et s'appliquait tout aussi bien à des enfants de 8 ans, et qu'enfin le mode d'exécution ordinaire fut la torture à mort, le passé de Yitzhak Arad prend un relief singulier. On peut le rapprocher d'un de ses collègues de la police politique, Petras Raslanas, condamné par contumace le 5 avril 2001 à la prison à vie pour génocide pour le massacre de la forêt de Rainiai. Dans la nuit du 24 au 25 juin 1941, plus de 70 Lituaniens, parmi lesquels de jeunes étudiants, furent atrocement torturés. Lorsqu'on découvrit les corps trois jours plus tard, seuls 27 purent être identifiés tant ils avaient été mutilés... Bien entendu Raslanas affirma dans son rapport au Secrétaire du Comité central du parti communiste de Lituanie que pas une seule des victimes n’était innocente... Mais doit-on tenir pour paroles d'évangile les accusations de Béria et de sa police justifiant l'exécution de simples civils sans procès et les tortures sans nom qui leur furent infligées ? Selon Israël, il semblerait que ce soit oui !

Toujours est-il que Yitzhak Arad, en tant que militant et homme de main du NKVD, a assurément pris une part active dans l'exécution de ces crimes de masse qui furent l'essentiel de l'action de cette police politique. Il gagna ensuite clandestinement la Palestine en 1945 et semble alors s'être distingué dans le terrorisme contre les Anglais avant d'être fait général de Tsahal... Etrange carrière pour un pourfendeur de nazis et une "autorité morale". Quand un historien du génocide juif se révèle lui-même auteur de génocide en Lituanie, est-ce de la morale ou un ricanement du diable ?
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10 février 2008 7 10 /02 /février /2008 00:32
Il ne s'agit pas ici du fier corsaire de Dunkerque, ni de la frégate du même nom, qui soit dit en passant semble avoir aussi connu un incendie il y a quelques années, mais d'un modeste et sympathique bar-tabac dans le centre de Paris qui a brûlé il y a quelques semaines (bizarre, bizarre...). Les pompiers, intervenus très vite, ont limité les dégâts, les gérants ne demandent pas mieux que de reprendre leur travail, l'assurance est prête à couvrir les frais de remise en état, du moins si on le lui demande..., et tout aurait donc pu rentrer dans l'ordre bien vite, mais, mais, mais le propriétaire-bailleur-fond de pension refuse les sous de l'assurance ! Bizarre, bizarre... Il semblerait qu'il veuille récupérer les lieux pour y installer, voyons, un marchand de téléphonie mobile, indispensable dans une rue où il y en a déjà trois ou quatre ! Mais c'est jugé beaucoup plus rentable par nos amis les pensionnés d'Outre-Atlantique, moyennant bien sûr une forte augmentation du loyer. Et c'est comme ça qu'une famille française se trouve littéralement à la rue, campant devant le bar avec matelas et couvertures de survie.

N'hésitez pas à vous arrêter au restaurant attenant et à venir signer la pétition. Quelques commentaires élogieux trouvés sur Internet mettront le visiteur en bouche : "A Paris on trouve parfois ces perles, des restaurants assez bons de cuisine traditionnelle et super bon marché... Voici ma meilleure adresse de ce genre de trouvailles : Le Jean Bart à Saint Paul, ou plutôt, son « antenne », un petit restaurant collé à lui et dont le service est assuré par les employés du Jean Bart. Outre les plats typiques, bavette à l’échalote, steak-frites, omelettes… vous y trouverez également d’excellentes crêpes et galettes au sarrasin. Les prix « bretons » dépassent rarement les 5€ ! Si vous êtes convaincus, commandez du cidre et mangez à l’intérieur parce que, l’ambiance y est : une dizaine de tableaux de bateaux bravant la mer… en plus, c’est encore moins cher qu’en terrasse." Ou encore : "La carte est labyrinthique et propose des plats allant du steak frites aux moules marinières, spécialité de la maison. La soupe de poisson est délicieuse, les salades copieuses...".

JeanBart1.jpgLe Jean Bart
86, rue Saint Antoine 75004 Paris
Photo avant l'incendie par Jessica (c'est marqué dessus), trouvée sur un site... chinois !
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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 21:45
Tout ça me fatigue ! La "Constitution européenne", autrement dite "Traité de Lisbonne", tout ça. Aucun intérêt. De toutes façons, ce texte est caduc, nul et non avenu. Il a été rejeté par le peuple. Les politiques, simples élus, prétendent passer outre... A la lanterne, les élus ! Et sans rire.

Connaissez-vous le capitalo-communisme ? Non ? Eh bien pourtant il va falloir vous y faire, car c'est l'idéologie de l'Europe de demain, c'est-à-dire de l'Europe d'aujourd'hui. Je tombe sur un article du professeur Alain Supiot dans le Monde du 25 janvier qui explicite assez bien la chose. En voici de (très) larges extraits.
*

VOILÀ L'ÉCONOMIE COMMUNISTE DE MARCHÉ
Prenez le pire du capitalisme et le pire du communisme, vous comprendrez quel cours est en train de prendre la globalisation.

La Cour de justice européenne détient une part essentielle du pouvoir législatif dans l'Union. [...] Par deux arrêts, capitaux pour le devenir de "l'Europe sociale", elle vient de trancher la question de savoir si les syndicats ont le droit d'agir contre des entreprises qui utilisent les libertés économiques garanties par le traité de Rome pour abaisser les salaires ou les conditions de travail.

Dans l'affaire Viking, une compagnie finlandaise de navigation souhaitait faire passer l'un de ses ferrys sous pavillon de complaisance estonien afin de le soustraire à la convention collective finlandaise. L'affaire Laval concernait une société de construction lettonne qui employait en Suède des salariés lettons et refusait d'adhérer à la convention collective suédoise. Dans les deux cas, les syndicats avaient recouru à la grève pour obtenir le respect de ces conventions, et la Cour était interrogée sur la licéité de ces grèves.

Le droit de grève étant explicitement exclu du champ des compétences sociales communautaires, un juge européen respectueux de la lettre des traités se serait déclaré incompétent. Mais la Cour juge depuis longtemps que rien en droit interne ne doit échapper à l'empire des libertés économiques dont elle est la gardienne. Elle s'est donc reconnue compétente ! L'arrêt Laval interdit aux syndicats d'agir contre les entreprises qui refusent d'appliquer à leurs salariés détachés dans un autre pays les conventions collectives applicables dans ce pays. Au motif qu'une directive de 1996 accorde à ces salariés une protection sociale minimale, la Cour décide qu'une action collective visant à obtenir non pas seulement le respect de ce minimum, mais l'égalité de traitement avec les travailleurs de cet Etat, constitue une entrave injustifiée à la libre prestation de services.

L'arrêt Viking affirme que le droit de recourir à des pavillons de complaisance procède de la liberté d'établissement garantie par le droit communautaire. Il en déduit que la lutte des syndicats contre ces pavillons est de nature à porter atteinte à cette liberté fondamentale. La Cour reconnaît certes que le droit de grève fait "partie intégrante des principes généraux du droit communautaire". Mais elle interdit de s'en servir pour obliger les entreprises d'un pays A qui opèrent dans un pays B à respecter l'intégralité des lois et conventions collectives de ce pays B. Sauf "raison impérieuse d'intérêt général" dont la Cour se déclare seule juge (!), les syndicats ne doivent rien faire qui serait "susceptible de rendre moins attrayant, voire plus difficile" le recours aux délocalisations ou aux pavillons de complaisance.

Cette jurisprudence jette une lumière crue sur le cours pris par le droit communautaire. Il échappait déjà à peu près complètement aux citoyens, tant en raison de l'absence de véritable scrutin à l'échelle européenne que de la capacité des Etats à contourner les résistances électorales lorsqu'elles s'expriment dans des référendums nationaux. L'apport des arrêts Laval et Viking est de le mettre également à l'abri de l'action syndicale. A cette fin, les règles du commerce sont déclarées applicables aux syndicats, au mépris du principe de "libre exercice du droit syndical", tel que garanti par la convention 87 de l'Organisation internationale du travail (OIT).

Le droit de grève et la liberté syndicale sont le propre des vraies démocraties [là, je ne sais pas très bien ce que c'est qu'une "vraie démocratie" vu que la démocratie ça a toujours été ça], dans lesquelles l'évolution du droit n'est pas seulement imposée d'en haut, mais vient aussi d'en bas, de la confrontation des intérêts des employeurs et des salariés. Le blocage progressif de tous les mécanismes politiques et sociaux susceptibles de métaboliser les ressources de la violence sociale [un peu jargonnant] ne pourra bien sûr engendrer à terme que de la violence, mais ce sont les Etats membres et non les institutions communautaires qui devront y faire face.

L'Europe est ainsi en passe de réaliser les projets constitutionnels de l'un des pères du fondamentalisme économique contemporain : Friedrich Hayek. Hayek a développé dans son œuvre le projet d'une "démocratie limitée" dans laquelle la répartition du travail et des richesses, de même que la monnaie, seraient soustraites à la décision politique et aux aléas électoraux. Il vouait une véritable haine au syndicalisme et plus généralement à toutes les institutions fondées sur la solidarité, car il y voyait la résurgence de "l'idée atavique de justice distributive", qui ne peut conduire qu'à la ruine de "l'ordre spontané du marché" fondé sur la vérité des prix et la recherche du gain individuel. Ne croyant pas à "l'acteur rationnel" en économie, il se fiait à la sélection naturelle des règles et des pratiques, par la mise en concurrence des droits et des cultures à l'échelle internationale. Cette faveur pour le darwinisme normatif et cette défiance pour les solidarités syndicales se retrouvent dans les arrêts Laval et Viking.

Le succès des idées de "démocratie limitée" et de "marché des produits législatifs" doit moins toutefois aux théories économiques qu'à la conversion de l'Europe de l'Est et de la Chine à l'économie de marché. Avec leur arrogance habituelle, les Occidentaux ont vu dans ces événements, et l'élargissement de l'Union qui en a résulté, la victoire finale de leur modèle de société, alors qu'ils ont donné le jour à ce que les dirigeants chinois appellent aujourd'hui "l'économie communiste de marché".

On aurait tort de ne pas prendre au sérieux cette notion d'allure baroque, car elle éclaire le cours pris par la globalisation. Edifié sur la base de ce que le capitalisme et le communisme avaient en commun (l'économisme et l'universalisme abstrait), ce système hybride emprunte au marché la compétition de tous contre tous, le libre-échange et la maximisation des utilités individuelles, et au communisme la "démocratie limitée", l'instrumentalisation du droit, l'obsession de la quantification et la déconnection totale du sort des dirigeants et des dirigés. Il offre aux classes dirigeantes la possibilité de s'enrichir de façon colossale (ce que ne permettait pas le communisme) tout en se désolidarisant du sort des classes moyennes et populaires (ce que ne permettait pas la démocratie politique ou sociale des Etats-providence). Une nouvelle nomenklatura, qui doit une bonne part de sa fortune soudaine à la privatisation des biens publics, use ainsi de la libéralisation des marchés pour s'exonérer du financement des systèmes de solidarité nationaux.

Cette "sécession des élites" [élites, élites, voire ! des incultes en général] est conduite par un nouveau type de dirigeants (hauts fonctionnaires, anciens responsables communistes, militants maoïstes reconvertis dans les affaires) qui n'ont plus grand chose à voir avec l'entrepreneur capitaliste traditionnel. Leur ligne de conduite a été exprimée il y a peu avec beaucoup de franchise et de clarté par l'un d'entre eux : il faut "défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance" [D. Kessler, dans la revue Challenge, 4 octobre 2007*]. En tête de ce programme figuraient "[...] la liberté de la presse et son indépendance à l'égard des puissances d'argent, (...) l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale impliquant l'éviction des gandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie, (...) la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d'un syndicalisme indépendant". Rien de tout cela n'est en effet compatible avec l'économie communiste de marché.
*

Sur l'auteur, A. Supiot, juriste, ancien chercheur à Berkeley et directeur de l'Institut d'études avancées de Nantes, voir ici : http://www.droit.univ-nantes.fr/labos/dcs/supiott.htm

* Le nommé Denis Kessler, maoïste, vice-président du MEDEF de 1998 à 2002, proche de Dominique Strauss-Kahn, est à la fois membre du Conseil économique et social, et administrateur de BNP Paribas, Dexia, Bolloré, Dassault Aviation et Invesco... Tout va bien pour lui. Pour les autres, il veut ceci : "Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. [...] Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !"
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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 20:28
Ici un communiqué de l'association Kokopelli, spécialisée dans la distribution des semences de plantes traditionnelles non-hybrides et qui vient de ce fait d'être condamnée par la justice française. Car, oui Mesdames, Messieurs, ces légumes de toujours qui poussaient jadis dans les jardins de nos grands-parents, ces fleurs des champs que vous avez toujours connues, sont interdits à la vente et bientôt INTERDITS tout court ! J'en avais déjà dit un mot ici : La guerre des semences a commencé
Biodiversité, la fin des illusions

Les verdicts sont tombés. L'Association Kokopelli est lourdement condamnée :

       - 12.000 € pour le grainetier Baumaux

       - 23.000 € pour l’état et la fédération des industriels de la semence (FNPSPF).

Il faut être réaliste : les semences que défend l’association Kokopelli, étant maintenues dans l’illégalité par une volonté politique, nous ne pouvions pas gagner ces procès.

Malgré les directives européennes, les avis de l’ONU, du Sénat, de scientifiques, d’agronomes affirmant l’urgence de sauvegarder la biodiversité végétale alimentaire, l’état français refuse de libérer l’accès aux semences anciennes pour tout un chacun.

C’est ce qui permet aujourd’hui aux magistrats d’infliger ces lourdes peines à l’association Kokopelli.

Dans le cas du procès de la SAS Baumaux pour concurrence déloyale, M. Baumaux verra donc son bénéfice de 800.000 € augmenté de 10.000 € et recevra 2.000 € pour ses frais.

L’état français recevra 17.500 € au motif que KOKOPELLI vend des semences illégales, 5.000 € seront consacrés aux frais et à l’information du bon peuple sur les pratiques dangereuses de l’association KOKOPELLI. Les semences qui ont nourri nos grands-parents et qui servent à nous nourrir aujourd’hui par le jeu des croisements, sont donc devenues illégales et dangereuses.

Nous avons eu droit au grenelle de l’environnement : il faut sauver la biodiversité ! alors pourquoi condamner une association qui sauvegarde avec ses adhérents et ses sympathisants, plus de 2500 variétés en risque de disparition ? Pourquoi condamner ces semences dont la FAO reconnaît qu’elles sont une des solutions pour assurer la souveraineté alimentaire, face aux dérèglements climatiques et à l’augmentation de la population mondiale ? Pourquoi les mêmes variétés, selon qu’elles sont vendues par KOKOPELLI ou d’autres opérateurs entraînent condamnation ou mansuétude ? Pourquoi les grandes surfaces vendent des fruits et légumes issus des variétés interdites à KOKOPELLI, en toute impunité (en tout cas à notre connaissance).

Les condamnations infligées à KOKOPELLI ne sont donc pas à chercher dans la nature des semences que protège l’association, mais dans ses actions.

L’association propose aux jardiniers, aux paysans, d’être autonomes et responsables, face au vivant. Dans notre société du tout marchandise, c’est intolérable. Le plus grand grief (sous jacent) fait aux semences anciennes ou de pays, est d’être reproductibles et qui plus est adaptables à de très nombreuses conditions de cultures, sans le soutien de l’agro chimie. Voilà la faute de KOKOPELLI : conserver le levain des savoirs populaires, agronomiques et génétiques. A l’heure où l’on veut nous faire croire que le tout hybride, OGM, chimique, énergie fossile, sont les seules possibilités d’assurer notre alimentation, propager l’autonomie semencière par l’exemple est devenu répréhensible. Ce qu’il faut retenir de ces condamnations, c’est la volonté affichée d ‘éradiquer les alternatives techniques et semencières autonomes.

Depuis 15 ans, KOKOPELLI protège la diversité de nos jardins, de nos champs, de nos assiettes, tout en essayant de faire évoluer le cadre juridique vers une reconnaissance de la valeur agronomique et culturelle des variétés reproductibles : L’ETAT FRANÇAIS NOUS A FAIT ECHOUER. Aujourd’hui, la disparition potentielle de KOKOPELLI ouvre un boulevard à l’uniformisation culturelle et productiviste agricole. La disparition de la « vraie » biodiversité basée sur la variabilité génétique d’une multitude de variétés locales ne sera jamais, et de très loin, compensée par la multiplicité de quelques variétés clonées.

Il est intéressant de noter la similitude des actions et de la répression envers les faucheurs volontaires, les amis de l’ortie, les défenseurs de l’herboristerie et KOKOPELLI : chacun cherche à sa façon, à protéger et promouvoir la vie et la continuité des savoirs. Pour notre gouvernement, tout cela est devenu répréhensible ! Face à ses contradictions, entre ses déclarations enflammées du Grenelle de l’Environnement et les condamnations qu’il obtient contre les défenseurs de la biodiversité, gageons que l’état français mettra un point d’honneur à prendre en réelle considération le devenir des générations futures.

L’association KOKOPELLI a toujours proposé la résistance fertile  non violente et le dialogue, peut-être étions-nous trop en avance ? Mais maintenant, sauver la biodiversité est d’une extrême urgence. Si l’agriculture productiviste que protége le gouvernement se trompe, vous trompe, nous trompe, quelle stratégie de repli aurons-nous ? Si nos élus ont contribué à éradiquer notre patrimoine semencier alimentaire ?

La solution est dans votre camp, mesdames et messieurs nos gouvernants. Une fois, vous avez pu revendiquer « responsables, mais pas coupables ». Devant la faim du peuple, cet argument ne tient pas.

N’obscurcissez pas l’avenir, il l’est déjà suffisamment.
Mais peut-être faut-il lancer un appel : aux semences, citoyens !

Raoul Jacquin
Association Kokopelli
http://www.kokopelli.asso.fr/index.html
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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 22:05
D'aucuns jugeront sans doute qu'un pauvre petit pays de seulement 15.000 km2 n'est pas vraiment viable. De fait, le Timor oriental est très pauvre avec un revenu par habitant de moins d'un euro par jour, dépourvu d'infrastructures et d'industrie, et dévasté par la guerre. Sa population, rurale à 75%, vit d'une agriculture vivrière, ce qui au demeurant devrait être considéré comme une fort bonne chose puisqu'il ne s'agit ni plus ni moins que de "développement durable". Et pourtant les Timorais, étant assis sur un tas d'or ou plus exactement de pétrole, pourraient être riches et prospères. Mais ça, c'est de l'utopie ! Car il leur faut compter avec d'encombrants voisins aux dents très, très, très longues...

A partir du XVIe siècle et quatre-cents ans durant, Timor Est fut portugais et ne s'en porta pas trop mal. Dans les années 1960-1970, apparurent, comme un peu partout dans les vieux empires coloniaux, des mouvements autonomistes, voire indépendantistes. Mais les choses n'allèrent sans doute pas comme il aurait fallu, non pas par mauvaise volonté des Portugais, mais au contraire, par leur retrait à la suite de la Révolution des œillets de 1974. L'année suivante, les Timorais se retrouvaient subitement indépendants et tout aussi subitement ...envahis par l'armée indonésienne depuis l'ouest de l'île de Timor, qui de son côté est une ancienne colonie hollandaise et fait partie de la République d'Indonésie.

Les premières années d'occupation indonésienne vont faire 200.000 morts, le tiers de la population du Timor oriental... dans l'indifférence générale. Et pour cause : dès 1972 (!), l'Indonésie et l'Australie avaient passé un accord sur la frontière maritime au large de Timor sans se soucier le moins du monde de l'avis des Portugais ou de celui des Timorais. Il se trouve que les côtes de l'Australie sont à 500km de Timor et il se trouve aussi que la Fosse marine de Timor qui s'étend entre les deux regorge de pétrole et de gaz. Mais voilà, ce pétrole est en quasi totalité côté timorais. Qu'à celà ne tienne, l'Australie déplaçait donc sa frontière au plus près du rivage de Timor, faisant tomber les champs pétrolifères dans son escarcelle, au mépris du droit international qui fixe la zone économique exclusive d'un pays à 200 miles nautiques depuis ses côtes...

Vieille histoire ? Non pas, car depuis l'indépendance du Timor oriental en 2002, les Australiens se cramponnent au traité de 1972 et tentent d'imposer un accord bancal, au besoin par le chantage à l'aide humanitaire. Ils avaient d'abord été accueillis en libérateurs, lorsqu'après de nouveaux massacres commis sur la population par les milices indonésiennes en 1999, l'armée australienne a assuré la mission onusienne d'interposition. Les troubles survenus à Timor en 2006 justifient qu'elle y demeure au titre du maintien de la paix. Mais l'humanitarisme des Australiens se révèle pour le moins intéressé.

Pour résoudre leur différend maritime, les autorités timoraises avaient dans un premier temps envisagé d’en appeler à la Cour Internationale de Justice de La Haye, comme le font les pays sages, mais ont finalement dû renoncer face aux menaces de rétorsions économiques... Le jour même de la proclamation d'indépendance, les Australiens faisaient signer au président tout juste élu, Xanana Gusmão un petit traité qui leur accordait 80% du champ principal. Les négociations ultérieures ont ramené ce partage à 50/50 fin 2005 et il s'est bientôt avéré que le gouvernement du premier ministre Mari Bim Amude Alkatiri entendait attribuer les concessions de champs pétrolifères à des compagnies européennes plutôt qu'à la ConocoPhillips (US), à la Philipps Petroleum (US) et à la Woodside Australian Energy.

Comme par hasard, le printemps suivant a été agité : aussitôt diffusé le résultat de la mise en concurrence des pétroliers, une révolte armée éclate dans la capitale, Dili, pendant que l'Australie fait manœuvrer sa marine de guerre dans les eaux de Timor, le tout forçant Alkatiri à la démission. En apparence, la rebellion du commandant Alfredo Reinaldo et de 600 soldats à sa suite en avril 2006 n'a pas de rapport direct avec l'affaire. Dans la réalité, il semblerait que lui et ses hommes aient un point commun : ils ont tous été entraînés en Australie... Et voilà Timor doté d'un nouveau mouvement de guérilla, ce qui justifie le maintien sur place des troupes australiennes. CQFD.

Cependant, la résolution des questions territoriales étant remise à plus tard, reste à exploiter au mieux cette obscure richesse enfouie au large de Timor, ce pour quoi a été créée en 2003 par traité bilatéral une autorité de régulation basée à Dili, la Timor Sea Designated Authority, cf. www.timorseada.org/index.html. On en attend donc les retombées pour la population de ce petit pays (je ne parle pas de marées noires !). Et, ma foi, connaissant les qualités de certains de ses dirigeants, il se pourrait que, malgré les obstacles et les convoitises, la TSDA fasse du bon travail.

Praia-do-One-Dollar-01.jpg
Timor oriental : plage du dollar

Mais pour finir, un extrait d'un entretien avec Eric Toussaint, président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (sic), trouvé ici : http://www.cadtm.org, qui éclaire le rôle douteux du FMI et de la Banque Mondiale :

"Quelle est l’attitude du gouvernement par rapport à la problématique de la dette ?

Le nouvel Etat est né sans dettes et le gouvernement a pris la sage décision de refuser d’emprunter. Pour la reconstruction du pays, il n’accepte de la communauté internationale que des dons. La Banque mondiale qui avait débarqué avec un plan d’endettement, a dû adopter une nouvelle stratégie pour arriver à convaincre les autorités d’appliquer le Consensus de Washington. Elle a réussi à s’imposer comme l’institution qui coordonne la majeure partie des dons provenant de la communauté internationale. Elle signe des contrats avec les autorités locales et à travers ces contrats, elle distille la politique néo-libérale : abandon des barrières douanières (au détriment des agriculteurs locaux notamment dans la production du riz), imposition d’une politique de recouvrement des coûts (droit d’inscription élevé dans l’enseignement supérieur et universitaire, soins de santé payants), privatisation de la gestion du secteur électricité et installation de compteurs électriques à pré-paiement…

J’ai pu me rendre compte par ailleurs d’un phénomène très grave : une partie marginale de chaque don (de 10 à 20% seulement) atteint réellement l’économie locale. La majeure partie des sommes représentées par les dons est dépensée à l’extérieur du Timor, soit sous la forme de rémunérations des experts étrangers, soit en achats de biens et de services sur les marchés internationaux. La Banque mondiale réussit à imposer le recours à des consultants internationaux (certains provenant directement de la Banque mondiale) dont les honoraires représentent 15 à 30% des dons. La Banque mondiale prélève elle-même 2% sur chaque don qu’elle gère. L’inégalité des rémunérations est particulièrement frappante. Un expert international reçoit une rémunération de 500 dollars par jour (à quoi il faut ajouter la prise en charge de tous ses frais sur place) tandis que le travailleur timorais moyen perçoit de 3 à 5 dollars par jour. La représentante de la Banque mondiale, quant à elle, gagne environ 15.000 dollars par mois. Et son collègue du FMI qui en gagne autant, s’oppose activement à l’adoption par le parlement d’une loi fixant un salaire minimum légal. Il n’a pas hésité à me déclarer lors d’une entrevue qu’un salaire de 3 à 5 dollars par jour était beaucoup trop élevé.

[...] Au Timor, beaucoup de personnes sincèrement engagées dans la reconstruction du pays sont très inquiètes de l’influence prise par la Banque mondiale. Ils ont l’impression que leur gouvernement lui-même commence à se laisser influencer par le credo néolibéral et ils se demandent comment redresser la barre."

Voir aussi :
http://www.waynemadsenreport.com
http://www.timor-online.blogspot.com
http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Analysesterrorisme/guerre-petrole.html
http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Documentsterrorisme/timor-oriental-australie.html
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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 17:04
La petite république russe de Tchétchénie est en pleine reconstruction. L'aéroport de Grozny a rouvert en 2006 et en centre ville les traces du dernier conflit peu à peu s'effacent. Bref, c'est au moment où l'émigration ne se justifie plus que les Tchétchènes arrivent chez nous par avion...

Grozny.jpgIl fait beau sur Grozny
Cet hiver, la ville a même l'air toute proprette sous son blanc manteau de neige
qu'aplanissent d'énergiques babouchkas avec leurs balais de brindilles de bouleau
...comme un bataillon de sorcières !
(Russie, Grozny, 7 janvier 2008 - Stringer/Reuters)
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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 23:14
Depuis plusieurs mois, l'annonce du prêt de plusieurs œuvres des collections nationales du Bangladesh pour une exposition au Musée Guimet à Paris plongeait dans les affres les médias locaux. Les rumeurs les plus folles ont courru et mis en émoi la population : pour les uns nous voulions voler leurs chefs-d'œuvre, pour d'autres les vendre à notre profit, pour d'autres encore en faire des copies, les falsifier sous prétexte de restauration, les abîmer, ou que sais-je encore. Certains en étaient aux larmes, d'autres très en colère. Du principe du prêt au montant de l'assurance, des restaurations prévues aux conditions de transport, tout a été scruté, décortiqué, discuté, et le soupçon s'est insinué à toutes les étapes de ce processus assez banal de nos jours qui consiste à emprunter des œuvres d'art pour une exposition de quelques mois. Banal chez nous, certes, mais manifestement tout-à-fait inédit au Bangladesh, d'où les réactions passionnelles.

S'ils savaient, les pauvres ! Leurs œuvres eussent été plus en sûreté que les nôtres, aujourd'hui menacées par le projet de loi d'un député semi-analphabète qui veut mettre le patrimoine à l'encan et vendre les collections jusqu'ici inaliénables de nos musées nationaux*, sans doute pour renflouer le trou sans fond de la "Sécu" ou quelque autre déficit gouvernemental... Toujours est-il que les intentions de Guimet étaient innocentes et louables, mais les autorités ont sans doute sous-estimé l'émotion populaire suscitée par cette initiative dans un pays où, comme en beaucoup d'autres, sévissent les trafiquants d'œuvres volées. Le catalogue était paru, les affiches attiraient déjà l'œil dans tout Paris, mais après un dernier épisode rocambolesque de disparition sur le tarmac de l'aéroport de Dacca à la veille de l'embarquement des œuvres, l'exposition "Chefs-d'œuvre du delta du Gange : collections des musées du Bangladesh" vient donc d'être annulée.
*www.latribunedelart.com/Editoriaux/Editoriaux_2007/Editorial_Inalienabilite_Raphael_515.htm

Les absurdités de l'affaire auront malheureusement coûté la vie de l'ambassadeur du Bangladesh en France, Ruhul Amin, un francophile, qui avait joué les médiateurs et s'était beaucoup investi pour dénouer la crise. Il est mort d'une hémorragie cérébrale à seulement 47 ans le 3 janvier dernier, une dizaine de jours après l'annulation officielle de l'exposition. Précédemment en poste dans l'émirat de Bahrein jusqu'en juin 2007, Ruhul Amin s'y était acquis une réputation d'homme droit, juste et intègre. Rare diplomate de son espèce, il avait en effet dénoncé publiquement les conditions faites aux ouvriers de son pays sur les chantiers des Emirats : coups et travail pénible sept jours sur sept, jusqu'à épuisement. La mortalité des ressortissants du Bangladesh est en effet effrayante aux EUA, dans l'indifférence générale. Ruhul Amin avait créé dans sa propre ambassade un hôpital pour leur venir en aide. Il méritait mieux que ce triste épilogue.
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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 22:29
J'attends confirmation des services ouzbeks, mais si c'est vraiment vrai, ça mérite d'être dit ! En tout cas, c'est ce qu'affirmait incidemment à la mi-octobre sur la chaîne Al Jazeera, avec beaucoup de naturel, comme d'une vieille histoire déjà connue de par chez elle - même pas un "scoop" en somme, - l'ancien premier primistre du Pakistan Benazir Bhutto elle-même. La femme qui en savait trop a été assassinée le 27 décembre 2007. Paix à son âme.

L'icône démocratique toute fraîche de Benazir Bhutto avait quelques défauts. Dirigeante du PPP (Parti du peuple pakistanais) hérité de son père, nommée par deux fois premier primistre du Pakistan, la première fois en 1988 à seulement 35 ans, puis de 1993 à 1999, elle avait chaque fois dû renoncer à son poste pour cause de soupçons de corruption aggravée. Ces accusations n'étaient pas sans fondement comme a pu le démontrer une enquête de la justice suisse. Certaines mauvaises langues, et néanmoins proches de sa propre famille, l'accusent aussi d'avoir commandité l'assassinat de ses deux frères, Shalnawaz Bhutto, tué en France en 1985, et surtout Murtaza Bhutto, tué à Karachi en 1996 par la police pakistanaise, Benazira regnante... Il est vrai que Murtaza avait quelque temps plus tôt rasé une moitié de moustache à Asif Ali Zardari, le mari de la dame. Un affront pareil, ça ne se pardonne pas !

En outre, lors de son second mandat, Benazir Bhutto s'était alliée aux islamistes du Jamiat-Ulema-e-Islami, dont les écoles coraniques serviront de vivier aux talibans afghans. Sous la direction de son ministre de l'Intérieur de l'époque, le général Babar, l'Inter Services Intelligence (ISI, services secrets pakistanais) va fournir le matériel et la logistique qui conduiront les talibans à la prise de Kaboul en 1996. Mais elle était précisément une redoutable politicienne, femme forte dans un pays qui en apparence ne leur est guère favorable, véritable seigneur de guerre au besoin, d'une impassibilité toute orientale, et surtout fort bien informée de la situation locale...

Il se dit donc au Pakistan que Bin Bin (Oussama Ben Laden pour les intimes) a été exécuté par un proche du pouvoir qui se trouve être simultanément un haut dirigeant du mouvement Al Qaïda..., j'ai nommé Omar Cheikh. Mais des Ben Laden, il y en a tout plein ! Après Oussama, on parle de son fils Hamza qui pratiquerait le même métier : terroriste de montagne. Quant au Pakistan, c'est paraît-il un équilibre improbable entre trois A : Allah, Armée, Amérique... On va voir comment ça retombe sur ses pattes.

Sources :
http://fr.altermedia.info/general/pakistan-la-marraine-des-talibans-assassinee_12428.html
L'entretien accodé par B. Bhutto à David Frost vers le 20 octobre 2007 ici :
www.yanndarc.com/article-7336162.html (extrait)
http://www.prisonplanet.com/articles/december2007/281207_said.htm (en intégral)
Et aussi, Le chaudron pakistanais
et Le Pakistan est-il un pays sûr ?

Petites précisions :

Omar Cheikh, né en Angleterre en 1973, de son nom complet Ahmed Omar Saeed Sheikh, est en prison au Pakistan depuis février 2002 pour son implication dans l'enlèvement et l'exécution du journaliste américain Daniel Pearl. Alors, quand Benazir Bhutto dit de l'un des individus qu'elle soupçonne d'être derrière le premier attentat fomenté contre elle à Karachi le 18 octobre 2007 (probablement le général Mahmoud Ahmad, ancien directeur de l'ISI) que :
  • c'est "un personnage très important dans la sécurité... un ancien officier militaire... quelqu'un qui... a aussi été impliqué avec Omar Sheikh, l'homme qui a assassiné Oussama Ben Laden",
de deux choses l'une. Ou elle voulait dire "l'homme qui a assassiné Daniel Pearl" et c'est un lapsus, ce qui reste assez plausible vu que Omar Cheikh est connu pour être celui qui a tué Pearl ; ou... c'est bien de Ben Laden qu'il s'agit, compte-tenu que 1) ce sont ses propres mots, elle s'exprime plutôt clairement et semble maîtriser ce qu'elle dit, et 2) elle vient d'évoquer quelques instants auparavant parmi les exécutants possibles de l'attentat plusieurs chefs et mouvements terroristes :
  • "un gang de guerre afghan... ou Hamza ben Laden, le fils d'Oussama ben Laden, ou des talibans pakistanais...".
On se serait attendu à entendre citer Oussama lui-même, mais visiblement, mort ou vif, il est hors jeu. Alors s'il est mort, depuis quand ?

Eh bien, soit Omar Cheikh l'aura assassiné directement, donc avant le 12 février 2002, et, en bonne logique, toutes les vidéos mettant en scène le supposé Oussama Ben Laden revendiquant, menaçant, tonnant... sont des faux. Mais voilà, la rumeur court que les forces spéciales françaises en Afghanistan l'auraient vu de leurs yeux vu, en chair et en os, en 2004... Soit ledit Omar a commandité l'assassinat depuis sa prison (ou peut-être même que ses geôliers ne sont pas très regardants et le laissent sortir), et cela a pu se produire n'importe quand avant octobre dernier.

Toujours est-il qu'Omar Cheikh serait aussi... un agent du MI6 ! C'est du moins ce que soutient le président pakistanais Pervez Musharraf dans son livre Sur la ligne de feu, publié en 2006 (In the Line of Fire : A Memoir, chez Free Press). Recruté lors de ses études à la London School of Economics, il aurait été envoyé dans les Balkans par les services secrets britanniques pour mener des opérations de jihad... (contre les Serbes, je suppose). Il passe pour un agent double et travaillerait pour l'ISI depuis 1993. Lorsqu'il a été assassiné, Daniel Pearl menait précisément l'enquête sur les liens de l'ISI avec les groupes islamistes, et c'est aussi du côté de l'ISI qu'il faut chercher les assassins de Benazir Bhutto.

Omar Cheikh a été condamné à mort pour l'affaire Pearl le 15 juillet 2002. Le jugement en appel n'est toujours pas intervenu, ce qui, pour une justice expéditive comme celle du Pakistan, est signe qu'il est protégé. Par l'ISI et le président Musharraf, bien sûr, mais encore ? Par la CIA, d'après le Pittsburgh Tribune :
Qui trompe qui ?
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29 décembre 2007 6 29 /12 /décembre /2007 20:04
Retour d'Alsace.
Brume4.JPGBrume3.JPGBrume10-copie-1.JPG27 décembre 2007, six heures du soir
Le fog avale la ville
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22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 23:58
Curieux, cette propension des hommes politiques à tout réduire à leur petit entendement. Voilà des lustres que les vrais écologistes (je ne parle pas des Verts) sonnent l'alarme sans émouvoir grand monde, et tout d'un coup, par la lubie d'un certain Albert Gore, on ne parle plus que de réchauffement climatique, au point que c'en devient caricatural. Comme s'il n'y avait que cela. Mais peut-être est-ce le but ? Focaliser sur un seul danger, celui précisément sur lequel le simple particulier a très peu prise, et lui faire oublier tous les autres ? Il vient pourtant d'y avoir deux catastrophes écologiques majeures en moins d'un mois, sans rapport direct avec l'histoire du réchauffement climatique, et dont on a assez peu parlé.

Kertch.jpgPauvre oiseau de la mer Noire

Le 11 novembre dernier, une violente tempête en mer Noire et en mer d'Azov a provoqué le naufrage de plusieurs bateaux dont deux pétroliers et trois cargots transportant du soufre. Les jours suivants, dans le détroit de Kertch, qui sépare les deux mers, 30.000 oiseaux avaient déjà trouvé la mort, englués dans le fioul lourd, et 10.000 poissons également, probablement tués par l'acidification des eaux par le soufre. La côte, où se posent les oiseaux migrateurs en provenance de Sibérie, est polluée sur 50 km. Le fragile écosystème de la mer d'Azov est menacé et on évoque le risque de pluies acides. La catastrophe écologique - l'expression n'est pas de moi mais du gouverneur de la région russe de Krasnodar - a fait d'autres victimes encore puisque plusieurs dauphins de la mer Noire ont péri. Ces dauphins tursiops sont une espèce rare aujourd'hui menacée d'extinction, mais célèbre du temps de la marine soviétique, qui avait constitué un corps d'élite de 70 dauphins formés à dénicher les mines sous-marines ou à en poser, à détecter les hommes-grenouilles ennemis, voire, selon certains, à les mettre à mort sans sommation.

Mar--eNoire2.jpgVagues noires sur les plages de Mallipo (Corée du Sud)

Le 7 décembre en Corée du Sud, ce sont quelque 10.500 tonnes de fioul lourd échappées d'un pétrolier entré en collision avec une barge qui sont venues souiller 50 km d'une fort jolie côte, y compris une réserve naturelle qui sert d'étape sur la route des oiseaux migrateurs. Les pêcheurs et les ostréiculteurs sont directement affectés et il s'agit à nouveau d'une catastrophe considérable à tous points de vue. En 1989, celle provoquée par l'Exxon Valdez en Alaska, la plus grande survenue jusqu'ici et qui faisait 3 fois celle-ci par les quantités de pétrole déversées, avait tué 250.000 à 500.000 oiseaux... Etrange gaspillage d'un pétrole dont on dit tant manquer et que l'on promène pourtant sur les mers du globe dans des bateaux qui ne tiennent pas la mer ! Les marées noires se succèdent et se ressemblent. (Que fait Al Gore ?)

Mar--eNoire.jpg
Eaux de pêche irisées d'hydrocarbures

Cor--eNoire.jpgPauvre oiseau de Corée
Vous avez vu ce qu'ils lui ont fait ! Salauds !
Photos : Reuters
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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 19:55
Pour compléter l'article précédent, voici la représentation française dans la capitale kirghize : drapeau tricolore et tour Eiffel en fil de fer !
Kirghizie.jpgLe consulat de France à Bishkek
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17 décembre 2007 1 17 /12 /décembre /2007 21:53
Où l'on reparle des services secrets ouzbeks...

Baignée par le Syr Daria, la fertile vallée de Ferghana, au cœur de l'Asie centrale, est depuis quelques années le théâtre de grandes manœuvres, comme le rappelle l'article du Monde, qui suit. Mais c'est surtout la photo qui m'a plu. Située pour l'essentiel en Ouzbékistan, la vallée déborde sur le Tadjikistan et la Kirghizie, d'où l'entrée en scène de la cavalerie kirghize.
Ferghana.jpgLa chevauchée fantastique :
Cavaliers kirghizes et forces russes antiterroristes
lors de manœuvres communes dans la vallée du Ferghana (octobre 2006)
 

Dans la vallée du Ferghana, les islamistes du Hizb ut-Tahir rêvent d'un califat mondial

OCH (sud du Kirghizstan), de notre envoyé spécial

On dit qu'ils seraient des milliers dans la vallée du Ferghana à agir en petites cellules autonomes, au fonctionnement quasi militaire, cherchant à attirer de nouveaux adeptes par la distribution sous le manteau de textes de propagande. On raconte beaucoup de choses sur le Hizb ut-Tahir (Parti de la libération). On en sait peu. Se concevant comme un parti politique, cette organisation islamiste clandestine, également présente au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, est honnie par le régime ouzbek d'Islam Karimov. Elle est entourée d'un halo de mystère, entretenu par ses membres, d'autant plus nécessaire que, depuis les massacres d'Andijan, en mai 2005, dans la partie ouzbèke de la vallée du Ferghana, les répressions se sont intensifiées contre les activistes islamistes, réels ou supposés.

Pour trouver la piste de cette organisation, il faut quitter Och, la grande ville du sud du Kirghizstan, doubler les ânes et les charrettes le long des routes cahoteuses, rouler une vingtaine de kilomètres et entrer dans Kara-Sou. Le poste-frontière avec l'Ouzbékistan est visible. Il faut alors s'engager dans une petite ruelle et sonner à la porte d'une maison sans prétention.

Des pieds en chaussons traînent sur le béton de la cour intérieure. Ayoub Khan Machrapov, 33 ans, d'origine ouzbèke, apparaît dans l'encadrement de la porte. Fines lunettes et casquette en cuir comme un révolutionnaire bolchevique, il est en fait l'un des membres éminents du Hizb ut-Tahir dans la région. Assis sur les tapis de son salon non chauffé, il répond sur un ton tantôt jovial, tantôt agressif.

L'objectif de l'organisation, selon lui, se résume en un mot : le califat, soit l'Etat islamique des origines, où doit régner la charia (loi islamique). " C'est un système idéologique mondial, récite-t-il. On ne veut rien construire dans le seul Kirghizstan, ou en Asie centrale, mais au-delà. Le problème de la démocratie, qui ne parvient pas à assurer la paix dans le monde, n'est pas le nôtre, c'est le vôtre. Nous n'aurons même pas à prendre le pouvoir, on nous le donnera. Ne croyez pas que la mer est calme. Il y a de puissants courants sous-marins. "

Membre du Hizb ut-Tahir " depuis une douzaine d'années ", vendeur sur le marché, Ayoub Khan Machrapov rejette les accusations de terrorisme formulées contre l'organisation par les régimes kirghiz et ouzbek. " Depuis plus de cinquante ans, personne n'a jamais pu démontrer que nous utilisions la violence, car nous n'en avons pas besoin, lance-t-il. Seul l'homme faible y recourt car il ne sait rien faire d'autre, dépourvu d'une idéologie saine. "

L'avocat Salidjan Maïtov, qui dirige une association d'aide aux réfugiés ouzbeks à Och, ne partage pas cette opinion. " Ces radicaux ont une grande influence dans la région, dit-il. On peut les qualifier de terroristes car ils refusent toute voie démocratique et prônent un califat imposé à tous. Les imams considèrent ici que c'est s'écarter de l'islam traditionnel. "

Sous le toit ondulé d'une autre maison de Kara-Sou se trouve un imam faisant preuve d'une plus grande mansuétude à l'égard du Hizb ut-Tahir. Depuis l'an passé, Rachatkhan, 29 ans, est la principale autorité spirituelle de la ville. Le 6 août 2006, son père et prédécesseur Rafic Kori Kamoloudine a été tué avec deux autres hommes au cours d'un raid conjoint des services ouzbeks et kirghizes. Il accueillait à la mosquée des activistes du Hizb ut-Tahir. Pour les autorités, il appartenait donc à l'organisation " terroriste ".

Coran sur la table, portable en main, survêtement Adidas sous un vêtement traditionnel, Rachatkhan réfute appartenir au mouvement. " Je ne peux pas suivre quelqu'un, puisque c'est moi qui conduis les croyants. Et puis les membres du Hizb ut-Tahir ne nient jamais leur engagement, même lorsqu'ils sont interrogés par les services ouzbeks. " Pour lui aussi, l'objectif politique majeur n'est pas le simple renversement d'Islam Karimov en Ouzbékistan, mais " l'instauration d'un califat dans toute la région, comme tous les vrais musulmans ", clame-t-il.

Ouzbékistan, Kirghizstan : deux voisins à la trajectoire politique très dissemblable, mais étroitement liés dans la lutte contre les organisations islamistes. Au sud du Kirghizstan, les services ouzbeks se sentent chez eux depuis longtemps. Si besoin, leurs homologues locaux leur fournissent parfois les adresses des activistes. " La frontière est totalement inexistante. Il suffit aux Ouzbeks d'obtenir une autorisation du procureur kirghize, quand ils s'en donnent la peine, explique Toursounbai Bakiruulou, médiateur pour les droits de l'homme. Lorsque j'étais député, de 1995 à 2002, dit-il, j'avais dénoncé en vain les accords qui permettaient aux services ouzbeks de conduire leurs opérations antiterroristes sur notre territoire. " Selon lui, entre 15 et 20 personnes sont enlevées chaque année par les Ouzbeks, qui les condamnent ensuite à des lourdes peines pour agissements contre l'Etat ou terrorisme.

*
On se demande bien de quel côté sont les Américains...

Qui n'a pas de cheval n'a pas de pieds, dit un proverbe kirghize.
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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 18:27
Donc voici la suite du tract (la première partie ici : http://geopolis.over-blog.net/article-14641411.html).

*

Il est donc peu surprenant que la période d'exercice de la CNIL ait coïncidé avec un développement accéléré du gouvernement numérique, comme l'illustre cet inventaire de procédures officiellement déclarées "compatibles avec la liberté" par la CNIL :
- le passe Navigo [qui va remplacer la carte orange dans le métro parisien] (décembre 2004),
- les spams "dans le cadre professionnel" (mars 2005),
- Microsoft et Vivendi autorisés à utiliser des logiciels espions pour dénoncer les internautes usagers du peer-to-peer (avril 2005),
- la carte de fidélité biométrique (avril 2005),
- les assureurs médicaux autorisés à constituer des fichiers de prescription de leurs assurés (AXA en 2004, Groupama et SwissLife en 2005),
- la biométrie dans les cantines scolaires (janvier 2006),
- les entreprises de location de voitures autorisées à ficher les conducteurs auteurs d'infractions (juillet 2006),
- le passeport biométrique,
- la biométrie faciale (reconnaissance automatique des visages par les caméras) autorisée "à des fins de recherche" (février 2007),
- le dossier médical personnalisé, c'est-à-dire informatisé (mai 2007),
- les compagnies d'assurances autorisées à mettre des mouchards électroniques dans les véhicules de leurs assurés (septembre 2007).
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[...] La CNIL est donc directement impliquée dans la mise en place de la société numérique, qu'elle a pour tâche de rendre à lafois potentiellement menaçante et objectivement acceptable. C'est pourquoi la CNIL relève moins de la simple fumisterie que d'une excellente agence de développement du monde numérique.

En somme, le travail de l'institution se résume à trois choses :
1° Mettre en place de façon provisoire, là où de nouvelles formes de surveillance numérique sont créées, des contrepoids aussi futiles qu'elle-même.
2° Piloter en amont des projets industriels indéfendables, de façon à les rendre compatibles avec le niveau de servitude médiatiquement annoncé comme acceptable*.
3° Enfermer la question de la liberté dans une expertise incompréhensible, de façon à désarmer toute opposition aux technologies informatiques.

*Un exemple parmi d'autres : Après avoir recalé le projet de la MAAF consistant à placer des mouchards électroniques dans les voitures de ses assurés, la CNIL a publié une norme simplifiée pour aider les assureurs à placer leurs mouchards sans être dans l'illégalité (mars 2006). Elle a en outre travaillé en partenariat avec la société AXA sur le même projet d'"adaptation de la prime d'assurance à l'usage réel du véhicule", aidant ainsi la compagnie d'assurance à contourner la loi (septembre 2007).

Votre liberté, les experts s'en chargent (c'est trop compliqué pour vous)

Des écrans partout. Des ondes électromagnétiques dont on ne sait rien, sinon qu'elles sont nocives. Des métiers qui se transforment ; certains qui disparaissent. Des publicités qui surgissent de nulle part et s'individualisent. Des machines qu'il faut acheter pour travailler et "être à jour", et ensuite jeter, sans avoir jamais compris comment elles marchaient... Qui l'a vraiment choisi ? Qui l'a vraiment voulu ?

Au nom de quoi et de qui la CNIL décide-t-elle que ces transformations de nos modes de vie sont compatibles avec la liberté ?

L'existence d'une Commission informatique et libertés a pour principale fonction de faire en sorte que la population apprenne à ne plus juger. Car les experts ès libertés qui la composent sont devenus les seuls dépositaires de la bonne critique. La biométrie, c'est bien ou c'est pas bien ? Ça va, la CNIL l'a autorisée.

Bien évidemment, la "bonne critique" selon la CNIL - c'est-à-dire selon l'Etat - est une critique ouverte sur l'avenir, constructive, responsable. Une critique qui ne refuse pas en bloc les innovations, mais qui les accepte en posant des garde-fous dont il est pourtant évident qu'ils tomberont d'eux-mêmes une fois le système mis en place. Vous connaissez beaucoup de gens qui portent plainte quand ils reçoivent des spams non désirés ? Vous pensez vraiment que les patrons ne se serviront pas de la biométrie et du GPS pour fliquer les employés, maintenant qu'ils sont autorisés "sous conditions" ?

Et si, s'apercevant que ces technologies servent uniquement les intérêts des pouvoirs, on ne voulait pas de biométrie du tout ? Pas de RFID du tout ? Pas de tests ADN du tout ? Allons... ce n'est pas responsable.

L'expertise en matière de liberté sert tout simplement à adapter nos critères de jugement et nos valeurs à la société voulue par les dirigeants. Evacuant tout questionnement d'ensemble, toute révolte sensible, les experts ès libertés élaborent purement et simplement une éthique de robots. La transformation des modes de vie de toute la population est ainsi soumise à des questionnements purement techniques, d'une complexité digne des controverses théologiques. La CNIL ne demande pas, à propos des RFID : "Pourquoi gérer les personnes comme des produits de supermarché ?". Elle considère que "le stockage des données dans le système informatique relié au dispositif doit être à durée limitée". Elle ne dit pas, à propos de la biométrie : "Les gens ne sont pas des codes-barre", mais : "Le degré d'intrusion du système biométrique en vigueur doit être proportionné à la finalité poursuivie".

La CNIL ne se préoccupe pas de dignité, parce qu'elle considère a priori normal que nous soyons gérés comme des marchandises. Peu à peu, tout le monde s'habitue à penser dans la novlangue "Informatique et libertés", et la liberté en vient à signifier le contrôle des flux informatiques émis par le troupeau humain.

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[...] Les illusions de la CNIL (comment s'en débarrasser)

Illusion 1 : La CNIL est indépendante
La CNIL est si proche des pouvoirs qu'elle est presque complètement indépendante de la société française. [Voir plus haut les cas de Alex Türk, son président, et de Philippe Lemoine, commissaire à la CNIL et directeur d'une société informatique spécialisée dans le RFID (paiement sans contact)]

Illusion 2 : La CNIL permet de faire respecter ses droits
La CNIL, en théorie, permet de faire valoir le peu de droits qu'il nous reste vis-à-vis du déferlement numérique, la dérisoire "connaissance et rectification après coup de nos données personnelles". Un journaliste du Monde a calculé qu'au rythme actuel, il faudrait 7.000 ans pour que les personnes figurant sur le STIC* aient accès à leur fiche et puissent la corriger... C’est en effet à la CNIL qu’il faut s’adresser pour savoir si l’on figure dans tel fichier, et rectifier, le cas échéant, les informations qui s’y trouvent. Largesse policière qui permet aux espionnés de concourir à leur espionnage.

Illusion 3 : La CNIL protège nos libertés
Selon la CNIL, le seul problème que pose l'informatique pour la liberté est celui des conditions de gestion des données personnelles, chose sur laquelle elle n'a concrètement aucun pouvoir. Les conséquences néfastes de la "révolution numérique" qui nous a été imposée n'ont jamais posé problème à la CNIL : fichage systématique, dépendance au quotidien, perte d'autonomie et de savoir-faire techniques dans les métiers, désastre écologique, restructurations perpétuelles.

* Le STIC (Système de traitement des infractions constatées) est un gigantesque fichier devant recenser toutes les informations concernant les personnes mises en cause dans des procédures judiciaires, ainsi que leurs victimes. Le traitement vise les enquêtes ouvertes pour les crimes, les délits et les six catégories de contraventions de classe 5 :
- destruction ou dégradation volontaire d'un bien appartenant à autrui avec dommage léger,
- port ou exhibition d'uniformes, d'insignes ou d'emblèmes rappelant ceux d'organisations ou de personnes responsables de crimes contre l'humanité,
- provocation non publique à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale,
- intrusion dans les établissements scolaires,
- violences volontaires avec incapacité totale de travail inférieure ou égale à 8 jours,
- racolage.

Outre l'identité (nom, adresse, filiation, nationalité) le signalement et la photographie, les faits et les modes opératoires observés pendant la procédure seront enregistrés.

[Il apparaît donc que ce système fiche autant les victimes que les criminels, autant les crimes que les délits d'opinion.]

En pratique, le travail de la CNIL a consisté, d'une part, à donner une légitimité à des projets industriels manifestement hostiles aux libertés ; et d'autre part, à construire à notre place, de toutes pièces, une définition restrictive de la liberté, pour complaire aux industriels et aux dirigeants.

Et le plus incroyable, c’est de voir les tenanciers de la conscience civique (journalistes, avocats, universitaires) faire mine de prendre au sérieux la fonction protectrice de la CNIL, déplorer la faiblesse de son budget, de ses effectifs, de ses pouvoirs. Comme si cet organe administratif, avec ses 17 membres choisis parmi les grands commis de l’Etat, placé sous l’autorité du gouvernement, n’était pas celui-là même qui préfigure le mieux la société de surveillance.

A nous de protéger notre liberté.
 
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15 décembre 2007 6 15 /12 /décembre /2007 23:34
Les activistes d'extrême-gauche sont rarement bien inspirés (litote !). N'ont-ils pas amplement contribué à l'élection d'un certain Nicolas Sarközy, qu'ils n'ont eu de cesse de faire passer pour un homme de la droite dure - ce qu'évidemment il ne saurait être - aux yeux d'un électorat qui aspirait au retour à l'ordre ? Si le but n'était autre que de le faire élire, ils ont finement joué... Les opérations d'agit-prop', telles qu'occupations d'universités avec vols d'ordinateurs et livres jetés par les fenêtres, laissent aussi plus que dubitatif sur l'intelligence politique de ces énergumènes.

Mais il arrive, une fois n'est pas coutume, qu'ils visent juste. Pas plus tard qu'hier, quelques dizaines d'entre eux s'étaient donné rendez-vous devant les bureaux de la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL), 8 rue Vivienne à Paris. Leur but : occuper les locaux jusqu'à la suppression de ladite CNIL. En apercevant l'une des deux banderoles déployées sur la façade, je crus d'abord à une heureuse nouvelle : "La CNIL 1978 - 2007 : dissolution", et pensai assister à une grève du personnel malheureux d'être viré après quelque saine décision gouvernementale de se passer d'un organisme inutile. Las ! Il n'en était rien, et la manifestation anti-CNIL fut rapidement dispersée avec l'arrivée de cinq cars de CRS sur les lieux (c'est peut-être un peu beaucoup cinq cars, non ?).

Cependant, un de mes informateurs (dont je ne donnerai pas le nom à la DST), me fit passer le tract de 4 pages portant les revendications du groupe sous le titre "Dissolution de la CNIL : le temps des marchands de sable est passé". En voici le texte, du moins les passages auxquels je souscris plus ou moins, le reliquat étant passé à la trappe pour cause de censure mélusinienne.

Dernière chose, le tract est signé par six mouvements, aux noms quelque peu folkloriques : "Groupe Oblomoff" (vu qu'Oblomov, dans le roman éponyme d'Ivan Gontcharov, est le type même de l'inaction, les actions d'Oblomov, c'est tout un programme !), "Pièces et main d'œuvre", "Mouvement pour l'abolition de la carte d'identité (MACI)", "Halte aux puces !", "Coordination contre la biométrie", "Souriez, vous êtes filmés", et compagnie, dit le tract. Ah, ces gauchistes ! Chacun est un mouvement politique à lui tout seul ! Bref, ces mouvements qui n'en sont qu'un seul, sont en fait les avatars du tout nouveau "Collectif George Orwell", cf. http://1984.over-blog.com/. Et puis ils ne sont peut-être pas si extrême-gauche que ça, malgré le référencement sur Bellaciao, car ça fait plutôt situationniste tout ça. L'intervention du Groupe Oblomoff contre Jean-Pierre Changeux au Collège de France en 2006 ne manquait d'ailleurs pas de sel :
http://groupededecroisseursberrichons.hautetfort.com/archive/2006/11/30/le-fascisme-applaudi-au-college-de-france.html

*

Depuis sa création en 1978, la Commission Nationale Informatique et Libertés n'a jamais cessé de justifier et de faciliter l'exploitation politique de nos vies. Main dans la main avec les gouvernements et les industriels, elle a concrètement travaillé à ce que l'inacceptable semble acceptable, en réduisant la liberté (par ?) le contrôle des flux informatiques.

Sa mission a consisté à endormir toute critique et toute révolte, en jugeant à notre place et en notre nom de ce qui pouvait porter le nom de liberté. Le marchand de sable a bien travaillé : en vingt ans, les pires anticipations de la science-fiction se sont matérialisées [pas encore, pas encore] dans l'impuissance générale [ça c'est un peu grandiloquent].

C'est pourquoi nous proclamons aujourd'hui la dissolution officielle de la CNIL

Ainsi la "révolution numérique" cessera-t-elle d'apparaître comme une nécessité inéluctable porteuse de dérives, mais bel et bien comme une pathétique contre-révolution imposée par les industriels et les gouvernants. C'est désormais à nous tous qu'il revient de juger de ce qui est, ou non, compatible avec la liberté.

Aujourd'hui, vendredi 14 septembre, nous sommes venus de toute la France [et surtout de Grenoble] occuper les locaux de l'institution défunte. Nous pensons nous y établir quelque temps [ce fut bref] afin de concrétiser les objectifs suivants, conditions minimales de notre remise en liberté :
- Le banissement de la biométrie et des puces RFID (Radio Frequency Identification Device)
- L'abolition de la vidéosurveillance sous toutes ses formes
[la suite on va censurer]

Expliquons-nous

Contrôle, surveillance et traçabilité sont désormais un mode de vie. C'est le fichage systématique : STIC (Système de traitement des infractions constatées), VELIB' ou NAVIGO. C'est l'accompagnement permanent : téléphone portable ou GPS. C'est le regard perpétuel : vidéosurveillance ou cookies. Ces nouvelles technologies, en pénétrant toutes les activités humaines, ont rendu l'anonymat obsolète.

[...] Bien peu réalisent que cette sécurité totale - et totalement fantasmée - contre le temps perdu et les événements fortement improbables, se paie d'une vulnérabilité inédite à l'égard de l'Etat et des entreprises.

La France d'aujourd'hui, c'est pour certains une grande prison, pour d'autres une vaste garderie ; c'est en tout cas un traitement continu de la population, tantôt bien traitée, tantôt maltraitée, mais toujours "gérée". Nous ne sommes plus que des chiffres dans des graphiques dressés par des imbéciles.

Les industriels et l'Etat ont fait de nous les jouets de la marchandise numérique, devenue un mode de vie incontournable. Incontournables ainsi, ses effets dévastateurs sur la santé et l'environnement, depuis les ondes électromagnétiques jusqu'à la pollution inédite générée par ces milliards de gadgets. Inévitables, ses effets délétères sur les relations humaines, disloquées par les sollicitations permanentes des machines, et prisonnières d'une tyrannie de la nouveauté qui rend nos grands-parents, et parfois nos parents, complètement hors du coup.

De 1978 à nos jours, la CNIL a été l'instrument privilégié de cette progressive réduction en esclavage, qu'elle facilita considérablement, en la présentant comme "nécessaire" et "conforme à la liberté".

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Brève histoire de la CNIL

La CNIL fut créée en janvier 1978 par des bureaucrates, et dissoute en décembre 2007 par une partie du peuple [20 personnes ? On aimerait y croire, mais il m'est avis qu'elle sera encore là en 2008...].

Sa création coïncide avec le scandale provoqué par le premier grand projet de fichage informatique par l'Etat, le projet Safari (Système automatisé pour les fichiers administratifs et le répertoire des individus) de 1974 qui prévoyait l'interconnexion du numéro de sécurité sociale avec les autres fichiers administratifs. Il devint clair à ce moment-là que l'informatique donnait à l'Etat des moyens de contrôle sans commune mesure avec ceux du passé, l'interconnexion des fichiers facilitant l'organisation de rafles et de persécutions diverses. La CNIL servit donc d'emblée à endormir les citoyens : vous aurez le fichage informatique, mais vous pourrez connaître et rectifier ces données grâce à la CNIL. Ce qui s'est rapidement révélé aussi absurde qu'impraticable.

En tant qu'émanation de l'Etat, il allait de soi que la CNIL ne s'opposerait pas au développement croissant des pouvoirs de l'Etat grâce à l'informatique. Il allait aussi de soi qu'elle ne voudrait pas brider le formidable développement industriel offert par la gadgetterie électronique, vecteur d'une croissance [prétendue] illimitée.

Les 17 commissaires de la CNIL, tous grands commis de l'Etat, se sont presque toujours distingués par leur complaisance à l'égard des diktats du marché et des gouvernements. Plus encore, certains ont joué un rôle remarquable dans la mise en place de la surveillance automatisée et des gadgets numériques.

Philippe Lemoine, en cumulant illégalement les fonctions de commissaire à la CNIL et de vice-président de la chaîne de distribution Galeries Lafayette et PDG de sa filiale informatique Laser (filiale de Cételem-BNP-Paribas), ainsi que PDG de Cofinoga, est en bonne position pour arbitrer équitablement le brûlant conflit d'intérêts qui oppose les industriels aux défenseurs des libertés ! Dès 2005, à Caen, la société Laser, qu'il dirige, teste le paiement automatisé par le téléphone portable. Fin 2006, Laser met en place aux Galeries Lafayette le paiement à distance grâce à la technologie RFID des puces sans contact... qui, en matières de licenciements, ouvre des perspectives très alléchantes.

Alex Türk, président de la CNIL à partir de 2004 et sénateur du Nord [non-inscrit], se décrédibilise en rendant la CNIL juridiquement impuissante face aux fichiers concernant la sûreté de l'Etat (Défense, sécurité publique), ce pour quoi elle avait été initialement créée. Il est en effet rapporteur au Sénat de la refonte de la loi informatique et libertés de 2004, qui ôte à la CNIL ses pouvoirs contraignants et légalise tous les fichiers de police jusque-là hors la loi.

En 1995, la CNIL avalise la généralisation de la vidéosurveillance. Le 9 juillet 2007, Alex Türk déclare publiquement que la CNIL "n'est pas contre la mise en place de réseaux de vidéosurveillance par principe". En 2005, la CNIL déclare que "les Français devront accepter un affaiblissement des libertés individuelles afin de renforcer la sécurité collective" et approuve de nouvelles mesures sécuritaires au nom de la lutte anti-terroriste.

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[Je vous avais dit que c'était long. La suite plus tard.]
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