20 octobre 2007
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Depuis 2004, la Géorgie est une démocratie. Un article de Courrier international n° 885 d'octobre 2007 montre les joies de ce nouveau régime salué par la "communauté internationale" et à quel point les Géorgiens en sont contents, ravis même (la situation n'a guère changé depuis ce que j'en disais déjà il y a un an :
http://geopolis.over-blog.net/article-4255629.html).
Extraits : "Expulsions, confiscations, extorsions : ces termes sortis tout droit des archives des premières années du pouvoir soviétique font désormais partie du quotidien, alors que l'époque actuelle serait, selon le pouvoir géorgien, la plus démocratique que le pays ait jamais connue".
"Aujourd'hui, il est très facile d'expulser des gens d'un immeuble pour le 'privatiser' de force ; on n'a même pas besoin de la décision d'un tribunal, ni d'une disposition gouvernementale. A toute heure du jour et de la nuit (mais surtout la nuit), tout bâtiment sur lequel un haut fonctionnaire a jeté son dévolu peut voir débouler des hommes cagoulés (ou même à visage découvert) qui vont procéder à une évacuation d'urgence, sous n'importe quel prétexte (à la Maison des journalistes, en août dernier, ils ont simulé une alerte à la bombe et les journalistes se sont retrouvés à la rue du jour au lendemain)..."
Et ainsi de suite, pour peu que le bâtiment ait le malheur de plaire aux investisseurs, ou ses habitants celui de déplaire au président démocratique élu démocratiquement, le nommé Saakachvili. A Tbilissi, la capitale, on construit désormais des immeubles de luxe et des hôtels 5 étoiles à tours de bras, on ne sait trop pour qui, vu qu'une partie croissante de la population en est réduite à faire les poubelles.
Chômage et hausse des prix : "Les mendiants sont partout. Ils fouillent les poubelles, récoltent des restes de nourriture et les dévorent avidement sous les yeux des passants. 'Comment peut-on soutenir un pouvoir qui a conduit les gens à de telles extrémités ? Il n'y a jamais eu autant de pauvres du temps des communistes, ni du temps de Chevardnadzé', s'indigne un ancien professeur d'université au chômage."
Mais ouf, le luxe se porte bien : "Les rues du centre-ville ont été envahies de dizaines de boutiques françaises flambant neuves". Même si on y trouve plus de vendeurs que de chalands...
Et surtout il y a les fontaines. Oui, les fontaines à la construction desquelles le président démocratique consacre beaucoup d'argent et qu'il inaugure complaisamment. "Difficile de dire pourquoi les fontaines sont devenues si populaires sous la présidence de Saakachvili, mais la situation confine souvent à l'absurde." Les Géorgiens ont d'ailleurs surnommé leur président "Fontaine Ier”... Pourquoi les fontaines ? Demandez plutôt à Monsieur Jean Tibéri, maire du 5e arrondissement de Paris : c'est un spécialiste.
J'avais évoqué précédemment la pratique de la torture pour extorquer toutes sortes d'aveux des malheureux Géorgiens qui se hasardent à émettre une critique. "Les gens sont jetés en prison sans procès, sans enquête, les arrestations sont mises en scène pour faire de bons shows télévisés. Nous avons peur de parler." Lors d'un rassemblement d'opposants, le 10 octobre, le principal slogan était d'ailleurs 'Je n'ai pas peur'... tandis que le ministre de l'Intérieur géorgien s'engageait non sans cynisme "à cesser de fabriquer des preuves de détention d'armes et de drogue".
Dernier exemple en date de cet esprit délicieusement démocratique qui souffle sur le pays, l'ancien ministre de la Défense, Irakli Okrouachvili, personnage au demeurant assez peu recommandable (cf. son portrait sur www.armenews.com/article.php3?id_article=32115), passé à l'opposition après un différent avec Fontaine Ier, a récemment dénoncé l'implication du président dans plusieurs assassinats. Arrêté illico (le 27 septembre 2007), il vient d'être libéré contre une caution faramineuse de 4 millions d'euros. L'assaisonnement des détenus dans les prisons géorgiennes ne semble pas lui avoir réussi car le bouillant Okrouachvili, malgré la brièveté relative de son incarcération, ne serait plus que l'ombre de lui-même... Mais pendant ce temps, à la tribune de l'ONU, sa Majesté Fontaine Ier vante le bilan de son gouvernement en matière de démocratie. Puisqu'il suffit de le dire.
Est-ce que cela choque les gouvernants et les médias des "démocraties occidentales" ? Pas le moins du monde, semble-t-il. Saakachvili reste le gentil démocrate réformateur à qui on sert volontiers la pogne :
http://geopolis.over-blog.net/article-4255629.html).
Extraits : "Expulsions, confiscations, extorsions : ces termes sortis tout droit des archives des premières années du pouvoir soviétique font désormais partie du quotidien, alors que l'époque actuelle serait, selon le pouvoir géorgien, la plus démocratique que le pays ait jamais connue".
"Aujourd'hui, il est très facile d'expulser des gens d'un immeuble pour le 'privatiser' de force ; on n'a même pas besoin de la décision d'un tribunal, ni d'une disposition gouvernementale. A toute heure du jour et de la nuit (mais surtout la nuit), tout bâtiment sur lequel un haut fonctionnaire a jeté son dévolu peut voir débouler des hommes cagoulés (ou même à visage découvert) qui vont procéder à une évacuation d'urgence, sous n'importe quel prétexte (à la Maison des journalistes, en août dernier, ils ont simulé une alerte à la bombe et les journalistes se sont retrouvés à la rue du jour au lendemain)..."
Et ainsi de suite, pour peu que le bâtiment ait le malheur de plaire aux investisseurs, ou ses habitants celui de déplaire au président démocratique élu démocratiquement, le nommé Saakachvili. A Tbilissi, la capitale, on construit désormais des immeubles de luxe et des hôtels 5 étoiles à tours de bras, on ne sait trop pour qui, vu qu'une partie croissante de la population en est réduite à faire les poubelles.
Chômage et hausse des prix : "Les mendiants sont partout. Ils fouillent les poubelles, récoltent des restes de nourriture et les dévorent avidement sous les yeux des passants. 'Comment peut-on soutenir un pouvoir qui a conduit les gens à de telles extrémités ? Il n'y a jamais eu autant de pauvres du temps des communistes, ni du temps de Chevardnadzé', s'indigne un ancien professeur d'université au chômage."
Mais ouf, le luxe se porte bien : "Les rues du centre-ville ont été envahies de dizaines de boutiques françaises flambant neuves". Même si on y trouve plus de vendeurs que de chalands...
Et surtout il y a les fontaines. Oui, les fontaines à la construction desquelles le président démocratique consacre beaucoup d'argent et qu'il inaugure complaisamment. "Difficile de dire pourquoi les fontaines sont devenues si populaires sous la présidence de Saakachvili, mais la situation confine souvent à l'absurde." Les Géorgiens ont d'ailleurs surnommé leur président "Fontaine Ier”... Pourquoi les fontaines ? Demandez plutôt à Monsieur Jean Tibéri, maire du 5e arrondissement de Paris : c'est un spécialiste.
J'avais évoqué précédemment la pratique de la torture pour extorquer toutes sortes d'aveux des malheureux Géorgiens qui se hasardent à émettre une critique. "Les gens sont jetés en prison sans procès, sans enquête, les arrestations sont mises en scène pour faire de bons shows télévisés. Nous avons peur de parler." Lors d'un rassemblement d'opposants, le 10 octobre, le principal slogan était d'ailleurs 'Je n'ai pas peur'... tandis que le ministre de l'Intérieur géorgien s'engageait non sans cynisme "à cesser de fabriquer des preuves de détention d'armes et de drogue".
Dernier exemple en date de cet esprit délicieusement démocratique qui souffle sur le pays, l'ancien ministre de la Défense, Irakli Okrouachvili, personnage au demeurant assez peu recommandable (cf. son portrait sur www.armenews.com/article.php3?id_article=32115), passé à l'opposition après un différent avec Fontaine Ier, a récemment dénoncé l'implication du président dans plusieurs assassinats. Arrêté illico (le 27 septembre 2007), il vient d'être libéré contre une caution faramineuse de 4 millions d'euros. L'assaisonnement des détenus dans les prisons géorgiennes ne semble pas lui avoir réussi car le bouillant Okrouachvili, malgré la brièveté relative de son incarcération, ne serait plus que l'ombre de lui-même... Mais pendant ce temps, à la tribune de l'ONU, sa Majesté Fontaine Ier vante le bilan de son gouvernement en matière de démocratie. Puisqu'il suffit de le dire.
Est-ce que cela choque les gouvernants et les médias des "démocraties occidentales" ? Pas le moins du monde, semble-t-il. Saakachvili reste le gentil démocrate réformateur à qui on sert volontiers la pogne :
Des amis intimes
Photo : www.diplomatie.gouv.fr
Curieusement, les journalistes occidentaux s'inquiètent infiniment moins du sort des opposants au régime géorgien que de celui des mafieux dans la Russie poutinienne. Eux qui sont si prolixe sur l'affaire de la journaliste Anna Mazépa, dite Anna Politkovskaïa, ne se soucient guère du sort de leurs homologues géorgiens, tel Chalva Ramichvili, co-fondateur de la chaîne de télévision indépendante 202, condamné le 29 mars 2006 à quatre ans de prison pour avoir voulu dénoncer la corruption du régime.
Que dire de la situation des écrivains, des professeurs d'université et des savants ? Le président Saakachvili, qui ne mâche jamais ses mots, a déclaré qu'il en avait déjà balancé une partie dans les toilettes et que les autres allaient suivre. Depuis, cette ancienne élite de la société s'est baptisée ainsi, les 'tcharetskhilni', littéralement "évacués par la chasse d'eau" (cf. Courrier international). Dire que nos merveilleux journalistes français s'étaient étranglés d'indignation quand Poutine avait vertement déclaré qu'il traquerait les terroristes jusque dans les chiottes. Quelle grossièreté, Messieurs, Dames ! Et là, rien.
Pourtant tout va bien : "En septembre 2007, les rapporteurs de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) ont salué le « progrès remarquable » de la Géorgie sur la voie des réformes depuis la révolution des roses, citant le pays comme exemple pour la région entière et au-delà. La semaine dernière, l’ONG Transparency International a annoncé que la Géorgie avait quitté le groupe de pays considérés comme ayant un problème de « corruption rampante », avec un score de 3.4 points sur un total de 10, une nette amélioration par rapport aux résultats des années précédentes. Ces résultats auront laissé toutefois beaucoup de géorgiens dubitatifs..." Cf. http://www.caucaz.com/home/breve_contenu.php?id=455
Photo : www.diplomatie.gouv.fr
Selon des journalistes américains, Nicolas Sarkozy aurait avoué à son homologue et ami géorgien Mikheil Saakachvili ne plus exclure de se retrouver prochainement célibataire. C'est donc à l'agité du Caucase (ça c'est de moi) que notre président réserve les confidences sur sa situation matrimoniale... qui, au demeurant, n'est qu'un secret de Polichinelle et ne date pas d'aujourd'hui mais de 2005.
Curieusement, les journalistes occidentaux s'inquiètent infiniment moins du sort des opposants au régime géorgien que de celui des mafieux dans la Russie poutinienne. Eux qui sont si prolixe sur l'affaire de la journaliste Anna Mazépa, dite Anna Politkovskaïa, ne se soucient guère du sort de leurs homologues géorgiens, tel Chalva Ramichvili, co-fondateur de la chaîne de télévision indépendante 202, condamné le 29 mars 2006 à quatre ans de prison pour avoir voulu dénoncer la corruption du régime.
Que dire de la situation des écrivains, des professeurs d'université et des savants ? Le président Saakachvili, qui ne mâche jamais ses mots, a déclaré qu'il en avait déjà balancé une partie dans les toilettes et que les autres allaient suivre. Depuis, cette ancienne élite de la société s'est baptisée ainsi, les 'tcharetskhilni', littéralement "évacués par la chasse d'eau" (cf. Courrier international). Dire que nos merveilleux journalistes français s'étaient étranglés d'indignation quand Poutine avait vertement déclaré qu'il traquerait les terroristes jusque dans les chiottes. Quelle grossièreté, Messieurs, Dames ! Et là, rien.
Pourtant tout va bien : "En septembre 2007, les rapporteurs de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) ont salué le « progrès remarquable » de la Géorgie sur la voie des réformes depuis la révolution des roses, citant le pays comme exemple pour la région entière et au-delà. La semaine dernière, l’ONG Transparency International a annoncé que la Géorgie avait quitté le groupe de pays considérés comme ayant un problème de « corruption rampante », avec un score de 3.4 points sur un total de 10, une nette amélioration par rapport aux résultats des années précédentes. Ces résultats auront laissé toutefois beaucoup de géorgiens dubitatifs..." Cf. http://www.caucaz.com/home/breve_contenu.php?id=455
Serait-ce que la Géorgie est prête à rejoindre l'Union européenne ? On y pense. Les commissions de coopération du Parlement européen soulignent à propos de l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie « la nécessité de définir clairement une perspective européenne pour ces pays en n’excluant par conséquent pas la possibilité qu’ils deviennent ultérieurement candidats à l’adhésion à l’Union ». L'objectif est : « la pleine intégration de la Géorgie dans l’Union européenne ».
Ma foi, elle remplit déjà tous les critères. Depuis 2004, la Géorgie est une démocratie. Non ?