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  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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29 janvier 2017 7 29 /01 /janvier /2017 23:27

A entendre les dernières nouvelles, on en viendrait à croire que la blanche colombe est épouvantable pécheresse et qu'on n'a jamais vu chose pareille dans les milieux parlementaires... Pourtant, 10 % d'assistants parlementaires recrutés parmi les proches, une centaine... Voilà que l'on feint de découvrir ce qui n'est pas nouveau. Pas nouveau et pas répréhensible en soi, contrairement à ce que prétendent maintenant certains hommes politiques qui semblaient bien moins sourcilleux sur les affaires Strauss-Kahn ou Sarkozy. Ce qui l'est en revanche est l'opacité de la rémunération des assistants parlementaires, mais cela vaut pour tous. Quant à la réalité de leur travail... On devrait surtout s'interroger sur le travail des parlementaires eux-mêmes quand on voit l'absentéisme aux séances. En d'autres temps on aurait qualifié toute cette agitation d'anti-parlementarisme.

On entend parler que de ça dans la presse, tandis que les révélations de l'émission "Envoyé spécial" du jeudi 26 janvier sur France 2 n'ont été relayées qu'en sourdine. Petit problème de perspective. Ici on parle de dizaines de millions d'euros, et de morts. Laissons donc Pénélope et levons le voile sur une affaire d'Etat :

http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/envoye-special-du-jeudi-26-janvier-2017_2026568.html

(à partir de 45 mn)

"C’est le plus beau jour de ma carrière politique" ou "Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique." (François Hollande, Bamako - Mali, 2 février 2013)

Ç'aurait pu être aussi le dernier jour des otages français, que leurs ravisseurs d'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) avaient menacé d'exécuter si la France intervenait au Mali... Par chance ils n'en feront rien, préférant la rançon. Les otages seront libérés comme on sait le 29 octobre, après un long calvaire. Les journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon, eux, sont morts.

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 20:46

La guerre, en vérité, c'est la mort au bout du canon. La guerre, en vérité, ce sont des hommes qui tuent et qui meurent. La guerre, oui, pour certains ce sera la mort, les blessures incurables et, pour beaucoup, la peur de mourir. Bombardements, rafales, mines qui explosent, balles perdues et pas perdues...

La guerre, en vrai comme symboliquement, c'est ça :

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Photo par Issouf Sanogo d'un légionnaire sincère et lucide en intervention au Mali, janvier 2013

(accessoirement le foulard sert à se protéger de la poussière)

Mais il y a guerre et images de guerre. Notre ministre aux armées, M. Jean-Yves Le Drian, pense au moral des troupes et à l'image de la France dans le monde. Il ne faut donc pas donner de la guerre une image de guerre. Il faut en donner une nouvelle image cool et sympa, que voici :

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La France au secours des gentils Maliens (contre les méchants)

(photo de légionnaire en Opex aimablement communiquée par le Ministère de la Défense)

Guerre du Mali depuis le début de l'intervention française (janvier-novembre 2013) : sur environ 35.000 combattants engagés de tous bords, tout de même plus de 1.000 morts déjà, dont une dizaine de morts français, journalistes compris, et des centaines de blessés graves... Mais, chut ! Sur ordre du cabinet du ministre, le légionnaire au foulard trop explicite, pour une photo qui a déplu, s'est vu infliger 40 jours d'arrêt, la sanction maximale. Allez, au coin ! Cachez-moi ce foulard que je ne saurais voir. Et surtout, cachez-moi bien ce que vous faites. Vous avez le droit de vous faire tuer au service de la France mais dans un grand silence photographique.

Entendez-vous ? La mort en rit encore, de toutes ses dents.

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 17:36

La Somalie n'existe plus. Il y a bien une ancienne côte des Somali, et Dieu sait si elle est longue cette côte : 3.300 km, un territoire nommé Somalie sur les cartes, mais d'Etat point. Pas d'Etat, pas de gouvernement, pas d'impôts, pas de lois, et vingt ans que ça dure... un vrai bonheur d'anarchiste. Bref, la loi "de la jungle", ou plutôt celle des frères de la côte et des seigneurs de guerre. La loi du plus fort. L'Enfer.

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Mogadiscio, comme un air de Far-West...

L'Enfer pour les Somaliens d'abord, et pour les équipages des navires attaqués, parmi lesquels quelques plaisanciers français égarés. Quelle réponse à cela ? Une loi. 25 novembre 2010 : La France met en place un arsenal législatif approprié pour juger les pirates de l'Océan Indien. Approprié, vraiment ? Moi, je ne crois pas que cela fasse grand sens de faire venir ici ces pauvres hères et de leur parler "dans une langue qu'ils comprennent".

Mais à la recrudescence de la piraterie, il y a des causes. Et les causes ont des effets. Que disent les pirates ? "Ces ex-pêcheurs rappellent que jusqu'à la chute de Siad Barré, les eaux somaliennes comptaient parmi les plus poissonneuses de la planète. A partir de 1991, des navires du monde entier sont venus piller leurs eaux territoriales. D'autre part, des sociétés occidentales ont pris l'habitude de jeter leurs déchets - souvent les plus dangereux et radioactifs - au large des côtes somaliennes. Ceci, parfois avec la complicité des chefs de guerre locaux. Au départ, les pêcheurs s'étaient armés pour repousser les navires pillant les eaux territoriales. Avant de développer un business de plus en plus lucratif. Beaucoup plus que la pêche en tout cas, dès lors que l'océan se vide." (Pierre Malet, "En Somalie, les pirates ont la cote", 15 avril 2009 sur SlateAfrique)

Vrai ou faux ? "« De plus en plus de pêcheurs du Pount viennent nous voir pour se plaindre des navires étrangers qui détruisent leurs filets et leur refusent l’accès aux zones de pêche », assure Mohamed Farah Aden, le ministre des Pêches du Pount [région autonome du Nord-Est de la Somalie, la seule à avoir encore un semblant de gouvernement]. Selon lui, ces navires détruisent des moyens de subsistance. « On rapporte régulièrement des meurtres de pêcheurs somaliens. Ces gens-là ne se contentent pas de détruire leur gagne-pain, ils vont jusqu’à les tuer. »" (www.infosud.org)

« C’est la pêche illégale qui a provoqué la situation actuelle et les actes de piraterie », affirme encore Mohamed Farah Aden. Et pour cause : ni flotte nationale, ni gardes-côtes. Les prédateurs de tous horizons maritimes ont le champ libre.

"L’interprétation de Mohamed Abshir Waldo, analyste indépendant et expert de la Somalie, va encore plus loin. Il estime que la piraterie est le résultat de « la pêche illégale massive qui se pratique depuis 19 ans... C’est la pêche illégale pratiquée par les navires étrangers qui a entraîné le premier conflit avec les pêcheurs somaliens, quand les étrangers sont venus braconner à l’interieur des 12 miles marins des eaux territoriales ». M. Waldo raconte qu’il connaît des pêcheurs qui ont été renversés par un de ces bateaux : « Les sept membres de l’équipage ont été tués. On rapporte de nombreux incidents comme celui-là... »

Je cite encore : "Jama Isse, membre d’une coopérative de pêche dans la ville portuaire de Bosasso a indiqué que de nombreux membres de la coopérative étaient désœuvrés à cause des attaques des navires étrangers : « Les gens ont peur d’aller à la pêche. Parfois, on nous prend pour des pirates, ou alors les gros navires de pêche foncent sur nos bateaux ou coupent nos filets... Si la situation ne s’améliore pas, plusieurs d’entre nous seront forcés de rejoindre les pirates, indique Jama Isse, nous n’avons pas d’autre moyen de subsistance. »"

"D’après Ahmed Ali Abdalla, propriétaire de plusieurs bateaux de pêche, les navires étrangers se servent des forces navales comme protection et refusent aux locaux le droit de pêcher. « Ils prennent même nos filets avec tout ce qu’il y a dedans. Cela revient à nous enlever le pain de la bouche. ». Des pêcheurs locaux se sont vu coincés entre les pirates et les flottes étrangères, « mais les pires, ce sont ceux qui pratiquent la pêche illégale », ajoute-t-il. « Certains sont armés et ont même ouvert le feu sur nous ou saisi nos bateaux. »"

Toutes ces informations sont fournies par l'IRIN (Integrated Regional Information Networks), dépendant du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies. Il s'agit d'un service d'analyses humanitaires, basé à Nairobi (Kenya) qui couvre des régions du monde souvent négligées par les médias, mal comprises ou ignorées.

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Thon, maquereau, sardine, homard... et requins !

Photos : Ces lieux qui n'existent pas, et Feisal Omar, lauréat du World Press Photo 2011.

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 19:59

Le mépris pour l'Afrique et ses habitants (et les femmes de chambre africaines) trouve un exemple criant dans les ravages provoqués au Gabon et au Niger par l'exploitation éhontée du minerai d'uranium à destination des centrales nucléaires françaises. Avec quelles retombées pour les populations locales ? Des retombées d'uranium, bien sûr !

Le documentaire "Uranium, l'héritage empoisonné" du réalisateur Dominique Hennequin soulève le voile sur un pan méconnu de la politique énergétique française. Bien qu'il ait été diffusé en décembre 2009 sur la chaîne Public Sénat, aucune conséquence politique n'en a encore été tirée. Pour juger du nucléaire en France, il faut pourtant avoir l'honnêteté de regarder en amont, vers les pays d'extraction du combustible. Les populations de Mounana (Gabon), les Touaregs d'Arlit (Niger) et les régions environnantes sont abandonnés à un sort funeste, dans l'indifférence générale. Le PS, l'UMP et les autres en ont-il parlé ? Pas que je sache.

Rappelons que l'entreprise publique AREVA est née en 2001 de la fusion de CEA Industrie, de Framatome et de la Cogema, et qu'elle est dirigée par Anne Lauvergeon, épinglée par un rapport de la Cour des comptes en 2002 pour son salaire exorbitant (il tourne autour de 1.120.000 € par an...). A cette dernière, on peut faire toute confiance : ne déclarait-elle pas récemment que Fukushima "n'est pas une catastrophe nucléaire" ?

L'uranium tue en Afrique. L'uranium tue.

 

Enfin, le témoignage émouvant du touareg Issouf Maha, maire de Tchirozerine, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale le 25 mars 2008 avec le collectif "Areva ne fera pas la loi au Niger" :

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 22:56

L'intervention intempestive de la France en Côte d'Ivoire ne marque-t-elle pas le grand retour de la Françafrique ? Ou plutôt sa permanence, puisqu'elle n'a jamais cessé malgré les protestations vertueuses et les promesses de non-ingérence.

Quelques vidéos pour alimenter la réflexion sur le rôle douteux du gouvernement français dans cette affaire. Que soutenons-nous vraiment, la démocratie ou la corruption ?

Michel Galy, auteur de Guerres nomades et sociétés ouest-africaines (L'Harmattan, 2007) et L'Afrique entre cultures et conflits (2010), sur LCI : http://youtu.be/rImok5GwjVI

Et sur le quotidien en ligne Gri-Gri international (www.legrigriinternational.com):

 

Les spéculations d'Alassane Ouattara sur le cacao, par le journaliste Leon Mercadet, sur www.AbidjanTV.net, repris de l'émission "La Matinale" de Canal+ :

 

Voir déjà :  La Côte d'Ivoire en perdition

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 13:25

...ou plutôt en voie de partition. La Côte d'Ivoire est un pays d'Afrique de l'Ouest fondé par la République française en tant que colonie en 1893 selon un plan grosso modo quadrangulaire, qui ne correspond guère aux entités ethniques et à leur histoire. Ses 20 et quelque millions d'habitants sont à 65% chrétiens et à 30% musulmans...

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Bété

 Nous avons donc d'un côté, M. Laurent Koudou Gbagbo, professeur d'Histoire, catholique, du peuple Bété, ancien opposant politique (ce qui lui valut 6 mois de prison en 1992 sur ordre du Premier ministre de l'époque... un certain Alassane Ouattara), Président de Côte d'Ivoire depuis 2000, en délicatesse avec la France à la suite du bombardement par l'armée ivoirienne de soldats français de la Force d'interposition "Licorne" en 2004. Les élections contestées de 2010 ont montré que L. Gbagbo garde le soutien des Krous de l'Ouest du pays, dont font partie les Bétés, et des populations côtières du Golfe de Guinée.

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Dioula

 De l'autre, M. Alassane Dramane Ouattara, diplômé en économie de l'Université de Pennsylvanie, musulman, du peuple Dioula, ancien Premier ministre de Côte d'Ivoire (1990-1993), qui a fait une grande partie de sa carrière au sein du Fonds monétaire international (FMI) dont il a été Directeur général adjoint (1994-1999) et au sein de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Il est aussi l'époux d'une femme d'affaires française d'origine sépharade, Dominique Nouvian, spécialisée dans la gestion de fortunes africaines (société immobilière AICI, SARL Malesherbes Gestion et franchises Jacques Dessange), qui passe pour avoir été l'amante de plusieurs hommes politiques ivoiriens... A. Ouattara a le soutien des Malinkés, Sénoufos et Dioulas du Nord du pays, héritiers de l'Empire esclavagiste Ouattara (1710-1895) et de l'Empire Wassoulou des Dioulas marchands d'esclaves (1878-1898), fondé par le chef Samori Ture sur un territoire aujourd'hui à cheval sur l'est de la Guinée, le sud-ouest du Mali et l'extrême nord de la Côte d'Ivoire. Il a surtout le soutien de la "Communauté internationale", à savoir le FMI et son ami Nicolas Sarkozy qui a marié le couple Ouattara-Nouvian à Neuilly en 1990.

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Baoulé

 Sans oublier M. Henri Konan Bédié, diplômé en économie de l'Université de Poitiers, catholique, du peuple Baoulé, ancien ambassadeur aux Etats-Unis (un poste obtenu alors qu'il n'avait que 27 ans), ancien Président de Côte d'Ivoire (1993-1999), qui avait le soutien des Baoulés du Centre du pays avant de se retirer de la course.

 Le plus corrompu des trois, c'est difficile à dire !

 Certes, A. Ouattara est sorti vainqueur des présidentielles avec une petite majorité, mais cela ne fait pas de lui un grand démocrate et avec les derniers massacres de civils perpétrés par ses troupes hétéroclites à Duékoué dans l'Ouest (peut-être un millier de morts selon la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire) et autour d'Abidjan, la réconciliation nationale n'est pas pour demain.

 Etrange politique que celle du gouvernement français qui, de fait, favorise ouvertement les ethnies musulmanes du Nord au détriment des chrétiens du Centre et du Sud... Quant à la tentative avortée la nuit d'hier du sauvetage par la force Licorne de diplomates étrangers coincés à Abidjan dont les médias français taisent curieusement le pays, il pourrait s'agir de représentants d'Israël dont, selon les déclarations d'Alain Juppé devant le Sénat, le Ministre des Affaires étrangères sollicitait la veille le concours de l'armée française.

Sur la France et la démocratie en Afrique, il faut se souvenir aussi de  "La démocratie ne nous intéresse pas"

Photos de masques : Musée du quai Branly

Sources : http://bernardlugan.blogspot.com/ ; www.directabidjan.com/ (dossier sur la fortune du couple Ouattara) et les actualités sur http://ivoirenews.ivoire-blog.com/www.lintelligentdabidjan.org/, etc.

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 12:25
Il était récemment question ici de colonialisme, à tort à mon sens ( Dialogue avec nos lecteurs ). Mais en voici un cas d'école : la visite officielle du Gringo en Afrique et l'accueil toujours folklorique et tellement spontané que les potentats locaux lui concoctent. "Quelle joie de vivre, ces Africains !", et autres phrases-clichés toutes faites. Cela se passe durant la Seconde Guerre mondiale, dans un village du Rwanda. La rencontre du puritanisme baptiste, témoin de Jéhovah en plus, avec l'espièglerie des femmes autochtones, j'imagine la tête du général... Tordant ! Et puis, bien fait ! La morale de l'histoire ? On peut en tirer de toutes sortes sur la diversité culturelle. J'en retiendrai une en forme de lapalissade : L'étranger n'est pas chez lui chez les autres !

*
Une visite au Rwanda

Le général Eisenhower s'apprêtait à aller passer ses troupes en revue au Rwanda. Le gouverneur local tenait à ce que toutes les femmes africaines se tiennent sur le bord de la route de terre battue lorsque le général passerait dans sa jeep et poussent des cris de bienvenue en agitant les bras. Le seul problème, c'est que les femmes indigènes ne portaient pour tout vêtement qu'un collier de perles de couleur et, quelquefois, une mince lanière de cuir autour de la taille.

Impossible, donc. Le gouverneur appela le chef de la tribu et lui exposa l'affaire. "Tout ira bien", dit l'homme. Si le gouverneur pouvait fournir quelques dizaines de blouses et de jupes, il se faisait fort de veiller à ce que les femmes s'en revêtent pour cet événement. Le gouverneur et les missionnaires procurèrent les vêtements.

Le jour de la grande parade, néanmoins, on découvrit, quelques minutes à peine avant que la jeep d'Eisenhower ne fît son apparition sur la route, que les femmes africaines portaient les jupes, mais pas les blouses, qu'elles avaient laissées chez elles, car elles ne leur plaisaient pas. Et elles étaient là, bien rangées des deux côtés de la route, en jupe mais les seins nus, et pas de sous-vêtements, pas un fil de plus sur elles.

En entendant cela, le gouverneur faillit avoir une attaque. Il tança le chef de tribu, qui lui certifia avoir parlé avec la déléguée des femmes et avoir reçu d'elle l'assurance que celles-ci étaient d'accord pour se couvrir les seins à l'arrivée du général.
- Tu en es sûr ? hurla le gouverneur.
- Parfaitement sûr.

Il était trop tard pour discuter. On ne peut donc qu'imaginer la réaction du général Eisenhower quand, à l'arrivée de sa jeep, les femmes aux seins nus soulevèrent l'une après l'autre leur jupe dans un geste gracieux pour s'en couvrir le visage.

(Extrait de C.P. Estès, Femmes qui courent avec les loups, 1992)
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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 14:34
"La démocratie ne nous intéresse pas." Ce n'est pas le mot d'un mollah iranien, mais une citation de feu le président du Gabon, Omar Bongo († juin 2009), grand ami et parrain des dirigeants français. Et, comme c'est bizarre, aucun d'eux jusqu'à N. Sarközy compris, ne s'est jamais indigné du caractère frauduleux de ses réélections successives depuis son accession au pouvoir en 1967.

Eléctions présidentielles au Gabon ces 40 dernières années :

1973, Omar Bongo, candidat unique, est élu avec 99,6% des voix. Excusez du peu.

1979, il est réélu avec un score meilleur encore : 99,8% des voix.

1986, score en progression : 99,97% des voix.

1993, après l'introduction du multipartisme, son score tombe officiellement à 51% des voix, en forçant un peu le destin (dixit Jacques Foccart lui-même).

1998, il fait 66% des voix, contre seulement 16,5% à son principal opposant, l'ingénieur Pierre Mamboundou (Union du Peuple Gabonais). Vous avez dit fraude ?

2005, 79,18% des voix. L'accusation de fraude massive, formulée par l'opposition gabonaise, n'a pourtant pas été reprise de façon très audible par la "Communauté internationale"...

Si l'on ajoute à cela que plusieurs des principaux opposants au régime gabonais sont morts assassinés (Germain Mba en 1970, le poète Dieudonné Ndouna-Depenaud en 1977...) et que Pierre Mamboundou en a encore réchappé de justesse en 2006, on mesure le caractère démocratiquement exemplaire du Gabon de Bongo ! Mais chut ! Silence médiatique.

C'est que le grand démocrate Bongo a aussi joué un grand rôle pour la démocratie en France en finançant les campagnes de Jacques Chirac et en "conseillant" Nicolas Sarközy lors de l'élection présidentielle de 2007... La démocratie française portée par les pauvres Gabonnais ! C'est qu'avec ses quelque 70 comptes en banque à l'étranger détournant les revenus du pétrole dont son pays est exportateur, Omar Bongo pouvait se le permettre.

"Le bonheur n'est qu'un rêve inachevé,
Un seul instant suffit pour tout confondre."
Dieudonné Ndouna-Depenaud, "Le mort n'est pas mort", extrait du recueil de poèmes Rêves de l'aube (Libreville, 1975)
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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 22:05
Tchad (Sahel) - Les récoltes sont engrangées, la saison des pluies s'annonce, voici venu le temps... des razzias ! Vieille coutume, qui se confond plus ou moins avec les mouvements de rébellion appuyés par les Soudanais dans le Sud-Est du pays contre l'autocrate tchadien Idriss Déby. Pour calmer le jeu, l'Union européenne a envoyé début 2008 une force d'interposition composée pour moitié de militaires français, pour moitié d'Irlandais, Polonais, Suédois, Autrichiens, Russes, etc. qui ont surtout pris position autour de la ville d'Abéché, région de Ouaddaï, frontalière du Soudan. Voili, voilà. Et surtout, merci à Benji pour les photos.

Vue d'hélicoptère

Cultures

Récoltes
Photos : http://www.bellapicture.bookfoto.com/
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16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 00:16
Et pendant ce temps au cœur de l'Afrique...

Le Congo-Kinshasa ou RDC (République démocratique du Congo) - ex-Zaïre et ancien royaume négrier - est aujourd'hui le premier pays francophone au monde, avec ses 66 millions et demi d'habitants censés parler... le belge. Plus ou moins. C'est aussi un de ces pays riches-pauvres comme on en trouve tant en Afrique noire, riche en ressources minières (diamants, or, cuivre, étain, fer, cobalt..., ainsi que pétrole et gaz naturel) et en ressources agricoles (café, caoutchouc, bois précieux), et pauvre en... en tout ! Et aujourd'hui, encore et toujours, la guerre.
Le conflit est localisé dans la province du Nord Kivu, tout à l'Est du pays, à la frontière avec l'Ouganda et non loin des jumeaux de triste mémoire, Rwanda et Burundi, qui ne sont pas étrangers à la chose. La guerre du Kivu oppose en effet rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), rebelles tutsis du Congrès national pour la défense du peuple de Laurent Nkunda (CNDP) et les forces de l'armée régulière congolaise du président de RDC, Joseph Kabila (FARDC), accusées de soutenir les premiers, sans compter les milices locales. De fait, ce nouveau conflit s'inscrit dans le prolongement du génocide rwandais de 1994 et de la Guerre du Congo de 1998-2003. En réalité, au Kivu, la guerre n'a pas cessé et redouble aujourd'hui de violence.
L'armée congolaise, démoralisée, ne vaut pas beaucoup mieux que les génocidaires hutus et les criminels de guerre de Nkunda, et malgré la disproportion des forces en sa faveur (20.000 hommes engagés contre 6.000 à 8.000 côté tutsi) la région lui échappe. Mais pour vous arranger tout ça, l'ONU a dépêché sur place 17.000 "casques bleus" qui, pour l'instant, n'arrangent pas grand chose.
Le bilan provisoire est déjà de centaines de milliers de morts, des exactions sans nom, plus d'un million de réfugiés, le choléra qui se répend, et la drogue...
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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 00:20
Où l'on reparle des Ijaws (cf. La révolte des Ijaws ).
Une fois n'est pas coutume, voici une dépêche AFP intéressante.
*

LAGOS (Nigéria) - Le Mouvement d'émancipation du Delta du Niger (MEND) a revendiqué l'attaque qui a visé jeudi un important puits offshore de Shell, obligeant la compagnie à interrompre la production et confirmant sa détermination à perturber l'industrie pétrolière du Nigeria.

On n'y voit rien ! Bonga, c'est la concentration de points noirs dans le quart supérieur gauche,
un peu au-dessus de "Golfe de Guinée" (merci à Joeren van der Veer, PDG de Shell, pour la carte !)

"Ce matin à 00H45 nos combattants ont investi la prétendue forteresse de Bonga. La salle informatique de contrôle de la production était notre principale cible que nous voulions faire sauter, mais nous n'avons pas pu y accéder", a affirmé le MEND dans un courriel. Shell a dû interrompre sa production. "Nous avons arrêté la production sur le champ pétrolier de Bonga après l'attaque ce matin par des militants inconnus," a déclaré le porte-parole de Shell, Precious Okolobo.

Les assaillants ont pris pour cible le champ FPSO Bonga (Floating, Production, Storage and Offloading), situé à 120 km au large de Lagos, un monstre haut comme un immeuble de douze étages, 305 mètres de long, 58 de large et 32 de haut. Bonga a une capacité pouvant aller jusqu'à 250.000 barils par jour et 150 millions de pieds cubes de gaz, qui partent vers le terminal de Bonny par des gazoducs sous-marins.

L'attaque inquiète les milieux pétroliers, compte tenu de la situation du site visé, jusqu'alors considéré comme inaccessible par les groupes armés. "C'est très très préoccupant. On touche à la zone la plus garantie de production. Cela veut dire qu'il n'y a désormais pas de limite pour les attaques", a dit un responsable d'une multinationale. Dans cette même région, un navire du groupe français Bourbon transportant du matériel et des personnels pour le compte de compagnies pétrolières a été attaqué jeudi également par des hommes armés. Deux Nigérians ont été blessés, le capitaine et un ingénieur, ont précisé des sources diplomatiques et pétrolières

"Notre prochaine visite sera différente, et l'installation ne sera pas épargnée", a averti le MEND affirmant aussi avoir enlevé un Américain, Jack Stone, travaillant pour une autre société para-pétrolière. Celui-ci a été libéré dans la journée. Le ministre nigérian de l'Information a déploré une attaque "très malheureuse" qui "légitimise la criminalité". "La cible d'aujourd'hui a été délibérément choisie pour prouver une fois pour toute que l'exploration offshore n'est pas hors d'atteinte", a commenté le MEND qui demande à toutes les multinationales de faire partir leurs employés du Nigeria "jusqu'à ce que la question du Delta du Niger soit résolue".

"Les navires pétroliers et gaziers sont également avertis d'éviter les eaux nigérianes sous peine d'attaques", conclut le MEND. Affirmant se battre pour les populations de la région afin qu'elles obtiennent une plus grande part de la manne pétrolière, le mouvement a répété que ses attaques faisaient partie d'une "Opération Cyclone" visant à "ruiner l'industrie d'exportation pétrolière du Nigeria".

Le baril de pétrole a atteint les 137 dollars, après cette attaque. Le site de Bonga, ouvert en novembre 2005, a permis à Shell d'exporter 100 millions de barils à la date de mai 2007 et est détenu à 55% par Shell, 20% par le géant américain Exxon Mobil, 12,5% par l'Italien Agip, et 12,5% par le groupe français Total, via Elf Petroleum Nigeria. Cette attaque est la dernière d'une séries visant les intérêts de Shell. Les violences dans le Delta du Niger ont privé le Nigeria d'un quart de sa production de pétrole depuis janvier 2006. Le pays a perdu en avril sa place de premier producteur africain au profit de l'Angola selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (0PEP). L'Angola a produit 1,873 million de baril par jour en avril, contre 1,818 million de b/j pour le Nigeria.
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Soleil couchant sur une plateforme du Golfe de Guinée

Le pétrole à 200 dollars le baril, comme l'annonce la couverture du Courrier international du 19 juin, semble effectivement pour très bientôt. Mais n'allez pas croire que cela gène outre mesure les compagnies pétrolières : leurs bénéfices sont décuplés (cela se compte en centaines de milliards de dollars...). Chapeau bas tout de même à ces sympathiques Ijaws qui attaquent les plateformes off-shore à la pirogue.
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2 novembre 2007 5 02 /11 /novembre /2007 00:08
L'ONG française Arche de Zoé, récemment mise en cause dans une tentative d'enlèvement et de trafic d'enfants tchadiens, invoque pour justifier ses agissements la situation du Darfour. Un article du journaliste belge Tony Busselen de septembre 2007 sur le site du journal alternatif Le Grand Soir (tout un programme !) éclaire les dessous de l'opération Darfour dans laquelle le gouvernement français veut nous lancer. Son titre : "Force d’intervention au Darfour : les Etats-Unis et la France se disputent la direction des opérations au détriment de l’Union africaine". En voici de larges extraits un peu remaniés.
Cf. http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=5436

CarteTchad.jpg
Depuis pas mal de temps, le Darfour, la partie occidentale du Soudan, est à feu et à sang. Le 17 juin 2007, le gouvernement soudanais a accepté l’intervention de troupes de l’Onu et de l’Union africaine afin de protéger la population locale. Que se passe-t-il exactement et quel est l’enjeu du conflit ? Y a-t-il un génocide en cours ?

Le Soudan divisé

La guerre civile déchire le Soudan depuis l’indépendance. Le pays est divisé en trois parties : Nord, Sud et Ouest, une division élaborée par le colonisateur britannique. A la fin du 19e siècle, les Britanniques ont mené au Soudan la politique du « diviser pour mieux régner ». Le Nord du pays a été séparé du Sud. Les deux parties ont été soumises à des types de gestion très différents.

Le Nord a été dirigé à partir du Caire, la capitale de l’Egypte. L’islam et la langue arabe ont été autorisés et de nombreux jeunes Soudanais qui ont étudié dans les universités égyptiennes ont reçu des responsabilités au sein d’un appareil d’État fortement centralisé, avec Khartoum comme capitale.

Le Sud a été dirigé à partir de Nairobi, au Kenya. Ici, l’islam et la langue arabe ont été interdits et le pays a été soumis à une domination typiquement coloniale. Des fonctionnaires britanniques avaient tout à dire dans des petites provinces autonomes.

L’Ouest, la région du Darfour, forme depuis le 12e siècle un État séparé et ce n’est qu’en 1916 que les Britanniques l’ont définitivement rattaché au Soudan. Depuis lors, le Darfour fournit nombre de cadres à l’appareil d’État central de Khartoum.

Dans les années qui ont précédé l’indépendance (1956), les Britanniques a voulu empêcher que le Nord adhère à la politique anticoloniale du président égyptien Nasser (venu au pouvoir en 1953). C’est pourquoi l’élite du Sud a été mobilisée contre le Nord, qui « opprime le Sud et le maintient dans l’arriération ». C’est ainsi que la guerre civile a éclaté dès 1955, un an avant l’indépendance. Dans les années 80 et 90, les rebelles du Sud ont reçu le soutien des États-Unis. En dehors d’une brève période de paix relative dans les années 80, cette guerre civile s’est poursuivie jusqu’en... janvier 2005. Son bilan : 2 millions de morts. L’accord de paix entre le Nord et le Sud prévoit une période de transition dans laquelle le Nord et le Sud constitueront une fédération. En 2011, par la voie d’un référendum, le Sud pourra s’exprimer à propos d’une éventuelle scission avec le Nord.

En 2003, une nouvelle guerre civile a éclaté dans le Darfour occidental.

A l'origine du conflit

Le Darfour fournit des hauts fonctionnaires et des officiers supérieurs à l’État central, à Khartoum. Mais la région en soi stagne depuis des années dans le sous-développement. Au grand dam de la bourgeoisie locale.

En 2001, Hussein al Turabi, natif du Darfour mais idéologue principal du régime de Khartoum, est jeté en prison pour avoir critiqué le régime. Dans les pourparlers de paix entre le Nord et le Sud, on ne tient absolument aucun compte du Darfour. Ce fait provoque au sein de l’élite originaire de la région deux mouvements rebelles : le SLM (Mouvement de Libération du Soudan) et le JEM (Mouvement pour la Justice et l’Egalité). Le SLM est un mouvement non religieux qui a reçu le soutien des mécontents de la SPLA (Sudanese People’s Liberation Army), l’organisation qui, depuis 1982, menait une guerre de guérilla dans le Sud avec le soutien des États-Unis. Le JEM est un mouvement islamiste sous l’influence du fondamentaliste Hassan Al-Turabi, un ancien idéologue du gouvernement central de Khartoum, tombé en disgrâce. En février et avril 2003, ils lancent leurs premières opérations militaires sanglantes.

Mais il y a une autre cause à la guerre au Darfour : le changement des conditions climatiques. « Selon des statistiques des Nations unies, les pluies y ont diminué de 40 % depuis le début des années 80 », déclare le secrétaire général de l’Onu, Ban-Ki-Moon. « Auparavant, les nomades vivaient en paix avec les paysans. Mais, à mesure que les pluies ont diminué, les paysans ont protégé leurs terres en ne permettant plus leur destruction par les troupeaux des nomades. En 2003, c’est ce qui a déclenché la tragédie d’aujourd’hui. » (The Washington Post, 17 juin 2007)

Au lieu de s’attaquer aux causes des problèmes, le gouvernement central de Khartoum a armé le groupe de population le plus faible, à savoir les nomades et les a opposés aux mouvements rebelles SLM et JEM. Ces groupes constituent les tristement célèbres Janjaweed qui, fréquemment soutenus par l’armée soudanaise, attaquent et terrorisent les villages rattachés au SLM ou au JEM. De la sorte, toute la région n’a pas tardé à être plongée dans une spirale de violence.

Depuis le début de la guerre au Darfour en 2003, 200.000 personnes ont perdu la vie et 2,5 millions d’autres cherchent à survivre dans des camps de réfugiés.

Le génocide en question

Le Collectif Urgence Darfour en France et Save Darfur aux USA demandent que l’Occident mette un terme à ce qu’ils appellent le génocide du Darfour. Tout le monde est loin d’être d’accord.

Le Collectif Urgence Darfour (dont l’actuel ministre des Affaires étrangères du gouvernement Sarkozy, Kouchner, a été l’un des pionniers) et Save Darfur disent également que la Chine, en tant qu’important partenaire commercial de Khartoum, est co-responsable du génocide.

Durant la campagne électorale française, Urgence Darfour est même parvenu à faire signer à des candidats à la présidence - dont Bayrou et Ségolène Royal - une déclaration dans laquelle ils promettaient, une fois à la présidence, de boycotter les jeux olympiques de Pékin en 2008, si la Chine « continuait à refuser de forcer le gouvernement soudanais à mettre un terme au génocide ».

Mais les organisations humanitaires qui sont actives au Darfour même ne sont absolument pas d’accord avec ce point de vue. Ronnie Brauman, ancien président de la grande organisation humanitaire Médecins du monde (fondée par Kouchner) a donné le 10 juin 2007 une interview au journal français Le Journal du Dimanche. Brauman insiste sur le fait que la guerre civile a dépassé son point culminant depuis 2005. « Depuis 2005, nous connaissons un régime de violence absolument différent, avec un chiffre de mortalité qui est passé de 10.000 morts par mois à 200. Dans ces 200, il y a un très grand nombre d’hommes armés, mais guère de civils non armés, comme on le prétend trop souvent. » Et d’ajouter : « Les groupes religieux de la droite chrétienne ainsi que des mouvements évangélistes américains constituent un lobby puissant qui exigent que les États-Unis mènent une politique plus volontariste. Ils étaient d’ailleurs derrière le gouvernement américain aussi lorsque celui-ci défendait le Sud du Soudan (chrétien et animiste). Ils continuent. C’est une idéologie de l’ingérence qui estime que les grandes puissances occidentales ont pour tâche de faire régner l’ordre dans le monde entier. Tous ceux qui voudraient que la France intervienne au Soudan étaient en leur temps partisans également d’une invasion de l’Irak. Visiblement, ça les laisse totalement froids que cette invasion ait provoqué depuis des milliers de morts. » Et de conclure : « Boycotter les jeux de 2008 à Pékin ? Politiquement, cette menace est ridicule et très discutable moralement. Ici, ce sont des Soudanais qui tuent d’autres Soudanais et les Chinois n’y sont strictement pour rien. Quand on entend aujourd’hui des gens comme Bernard Kouchner s’en prendre aux Chinois en Afrique comme étant des gens qui ne pensent qu’au commerce et au profit... »

Aucune organisation humanitaire sur le terrain ne soutient le Collectif Urgence Darfour. Bradol, le président de Médecins Sans Frontières France (MSF, la principale organisation humanitaire active dans les camps de réfugiés) proteste contre la campagne d’Urgence Darfour : « Le collectif défend une cause politique : il veut mettre le gouvernement soudanais au pas en le menaçant de guerre. Les responsables d’Urgence Darfour jouent un jeu hypocrite, ils prétendent parler au nom des organisations humanitaires, alors que pas une seule de ces organisations sur le terrain ne les soutient. » Le président de MSF souligne le fait qu’une intervention militaire compromettrait l’approvisionnement en nourriture, eau potable et soins médicaux de plus d’un million de personnes. MSF y participe aussi. Après les interventions militaires en Irak et en Afghanistan, ce scénario pourrait « déclencher un bain de sang, vu la situation géostratégique du Soudan. » (AFP, 23 mars 2007)

Conclusion : aujourd’hui, en 2007, nous ne pouvons pas parler au Darfour de génocide (c’est-à-dire de liquidation systématique d’un peuple bien défini à partir de convictions racistes), mais bien d’une guerre civile qui est atroce, soit, mais dont la violence et l’intensité ont fortement régressé depuis 2005. L’entêtement avec lequel les responsables d’Urgence Darfour et de Save Darfur manipulent le terme de génocide a trait au fait que le Conseil de sécurité de l’Onu est obligé d’intervenir militairement en cas de génocide. Et, manifestement, une telle intervention aurait de tout autres buts que la protection du peuple du Darfour.

Buts de guerre

Les USA sont plus attirés par le sous-sol que par la surface. Le saviez-vous ? Le Soudan produit du pétrole. Et les meilleures réserves se situent... à la frontière du Darfour et dans le Sud, précisément là où sévit la guerre civile.

Pour les USA, l’Afrique représente de plus en plus une source alternative d’importation de pétrole. D’après la revue américaine The New Statesman, d’ici 10 ans, les importations américaines depuis l’Afrique dépasseront celles de tout le Moyen-Orient et entre 25 et 35% des importations pétrolières viendront de ce continent. Des sociétés pétrolières occidentales comme Exxon Mobil, Chevron, Total y prévoient des investissements pour des dizaines de milliards de dollars (The New Statesman, 20 juin 2007). Et, en Afrique, le Soudan joue un rôle important, sur ce plan.

En 1989, en raison de la guerre alors sans perspective, la société pétrolière américaine Chevron a vendu ses énormes concessions dans le Sud du Soudan. Dix ans plus tard, en 1999, le gouvernement soudanais a refilé ces concessions à une société chinoise. Avec une demande en pétrole qui grimpe chaque année de 30%, la Chine est devenue en 2006 le second importateur de pétrole soudanais après les USA.

Ces 8 dernières années, la Chine a investi plus de 15 milliards de dollars dans le pays et elle prend à son compte aujourd’hui jusque 85% de l’exportation de pétrole du Soudan. D’autres pays aussi, comme l’Inde, la Malaisie et des pays arabes sont actifs dans le pétrole soudanais.

L’idée que l’économie chinoise ne s’approvisionnerait plus auprès des grandes compagnies pétrolières occidentales, mais aurait directement accès au pétrole soudanais, est inacceptable aux yeux des USA et de la France. Patrick Smith, correspondant de la revue britannique Africa Confidential, dit : « C’est comme si nous retournions à l’époque de la guerre froide, au cours de laquelle les USA soutenaient une fraction politique contre une autre parce que son profil politique concordait avec leurs intérêts. » Aussi, en permettant la sécession du Sud-Soudan et en installant un protectorat occidental au Darfour, les USA veulent-ils bloquer la montée des importateurs de pétrole asiatiques. Et remettre eux-mêmes le grappin sur les principales réserves pétrolières du pays.

Une force d'intervention

Pour pacifier la région du Darfour, l’Onu et l’Union africaine veulent une force d’intervention mixte, dirigée par un général africain. Les Etats-Unis et la France veulent la diriger eux-mêmes. Le 12 juin [2007], une délégation du Conseil de sécurité de l’Onu a obtenu l’accord du gouvernement soudanais pour déployer au Darfour une force mixte d’intervention de 20 000 hommes de l’Union africaine (UA) et des Nations unies.

Cette force d’intervention remplace celle de l’UA. Le Darfour est grand comme la France. Les 7.000 hommes de l’UA n’étaient pas en mesure d’assurer la stabilité et le calme et le gouvernement de Khartoum refusait toute extension en disant que les USA ne se sont jamais cachés de vouloir mettre une grande partie du Soudan sous tutelle internationale. Après l’accord, l’ambassadeur de l’Afrique du Sud aux Nations unies, qui dirigeait les négociations, a fait savoir que la Chine, le Pakistan et l’Inde étaient disposés à fournir des troupes et que cette troupe mixte d’intervention serait placée sous les ordres d’un général africain.

Mais, aux Etats-Unis, le secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique, Jendayi Frazer, n’est pas content. Depuis février 2006, tant le Congrès américain que le président Bush répètent qu’ils veulent une force d’intervention sous la direction de l’Otan. Frazer a dès lors immédiatement déclaré qu’il n’envisage aucunement de lever les sanctions américaines contre le Soudan. Entre-temps, le nouveau gouvernement français du président Sarkozy a fait savoir qu’il a l’intention de jouer un rôle prépondérant dans la région. Le 25 juin, Kouchner, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, a organisé une conférence internationale sur le Darfour à Paris. Une vingtaine de pays y étaient invités, mais aucun pays africain, pas plus que l’Union africaine, n’ont répondu à l’invitation. La presse a surtout retenu le langage musclé de la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice et de Sarkozy contre Khartoum...
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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 12:40
Vous comprenez, il faut absolument les aider ces noirs.

- Et pourquoi, s'il vous plaît ?

Mais parce qu'ils sont tout noirs, les pauvres.


La tradition, la solidarité nationale et la plus élémentaire prudence auraient voulu que les autorités françaises évitent de débiner des concitoyens en difficulté à l'étranger. Cela s'était même appliqué à un certain Zacarias Moussaoui, terroriste raté du 11 septembre, qui n'a de français que les papiers, et a pourtant bénéficié de toute la sollicitude de nos gouvernants. Mais puisque le président Sarközy lui-même s'est empressé de lacher les zozos de l'Arche comme des pommes de terre chaudes... je ne vais pas me gêner !

L'ONG Arche de Zoé se proposait donc de faire venir en France "les enfants du Darfour", estimés à 2 millions nous dit-on, parce que ces malheureux orphelins vont mourir dans les mois qui viennent (pensez, c'est horrible, dans quelques mois ils seront morts, disait leur réclame !), si les gentils bobos blancs n'interviennent pas pour les sauver. En matière d'enfants du Darfour, les imbéciles généreux qui n'ont jamais mis les pieds dans cette province soudanaise, sont allés chercher des petits tchadiens en bonne santé, qui ont père et mère et n'ont rien demandé. Personne d'ailleurs ne leur a rien demandé à ces zozos, sauf peut-être la CIA, puisque cet intérêt subit pour le Darfour est exactement dans la ligne de la politique US... On trouve d'ailleurs sur leur site (http://www.archedezoe.fr/) une tirade contre les méchants Chinois qui s'approvisionnent en pétrole du Soudan. Quelle honte ! Ce ne sont pas nos amis américains qui feraient ça !

"La Chine, premier partenaire officiel du régime de Khartoum, joue de son droit de veto pour protéger le Soudan des sanctions internationales et ainsi protéger ses propres approvisionnements en pétrole soudanais et vendre en retour (légalement ou non) autant d’armes que possible à son partenaire sanguinaire. La Chine est dans les faits un véritable complice des crimes contre l’humanité commis au Darfour." (ce n'est pas moi qui souligne !)

Les bons sentiments dont dégouline Eric Breteau, pompier volontaire et fondateur de l'Arche en 2005, sont surtout dans la droite ligne des alarmes compassionnelles de la presse et des Kouchner and co. qui, au lieu de s'inquiéter de la situation du delta du Niger (http://geopolis.over-blog.net/article-7064660.html), de la dictature en Guinée équatoriale (http://geopolis.over-blog.net/article-1887701.html) ou des persécutions contre les blancs et les Ndébélés du Zimbabwe, pour s'en tenir à quelques exemples en Afrique, se sont entichés du conflit interethnique entre musulmans du Darfour, alors même que 20 années de guerre, d'esclavage et de persécution des chrétiens du Sud Soudan les avaient laissés assez indifférents.

Ecoutons plutôt Rony Brauman, co-fondateur et ancien président de Médecins sans frontières, hier 30 octobre sur RTL : "Des personnalités comme Bernard Kouchner et Bernard-Henri Levy, fortes de leur statut […], ont installé l’idée que les gens qui étaient là-bas étaient en sursis, et que ce qui les attendait immanquablement, c’était la mort". Et Brauman d'ajouter que, contrairement à leurs dires, il n'y a pas aujourd'hui au Soudan de guerre génocidaire en cours.

Il n'en demeure pas moins que, pour commencer, cette ONG particulièrement brouillonne avait entrepris d'importer en France quelque 10.000 enfants musulmans de moins de 5 ans pour les faire adopter, au mépris du fait que ce mode d'adoption est formellement proscrit par la Charia en vigueur dans la région. Et il s'est trouvé 200 familles de bobos français et belges pour se payer 4.500 euros le négrillon malheureux, qui sera tellement mieux chez nous que chez les sauvages.

Mais comme le trafic d'enfants, c'est un peu compliqué pour des amateurs, l'Arche de Zoé n'a finalement réussi à récolter qu'une centaine de petits noirs entre 1 et 10 ans, malgré les facilités données par les autorités françaises et la corruption des intermédiaires tchadiens, puisque plutôt que de débarquer au Soudan, ils avaient jugé plus prudent de s'installer au Tchad. Oubliés les millions d'enfants du Darfour menacés de mort imminente. Certes, il y a des camps de réfugiés soudanais au Tchad, mais la majeure partie pour ne pas dire la totalité des enfants kidnappés sont bel et bien tchadiens, ce qui tombe à pic pour le président Idriss Déby. Kidnappés ? Je ne crois pas que le mot soit trop fort quand on apprend que plusieurs ont été enlevés de leurs foyers alors que les parents étaient aux travaux des champs... "Ma mère est morte et mon père était aux champs, raconte Miriam, la plus âgée du groupe. J’étais avec ma petite sœur. Des Blancs nous ont proposé des sucreries pour les accompagner". Le président tchadien n'a pas tort : des pédophiles ne procèderaient pas autrement.

Bien sûr, il en rajoute une couche, Idriss Déby, mais il a un bon modèle : son voisin Kadhafi. La complète réussite de la prise d'otage des infirmières bulgares et du chantage à l'exécution orchestré par le président lybien (geopolis.over-blog.net/article-13150703.html) n'est certainement pas passée inaperçue dans la région. Il se trouve qu'Idriss Déby n'est pas favorable au déploiement de soldats français prévu dans son pays à partir de novembre prochain au prétexte de "sécuriser les réfugiés du Darfour". Voilà une bonne carte à jouer.

Finalement, c'est assez savoureux de voir une ONG minable planter la politique étrangère de Sarközy, alors même qu'ils partagent le même tropisme du Darfour. En attendant, les zozos de l'Arche de Zoé, arrêtés lundi sur le point d'embarquer le coke à l'aéroport d'Abéché, risquent 20 ans de travaux forcés.
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26 août 2007 7 26 /08 /août /2007 14:43
Le Nigéria, pays le plus peuplé d'Afrique et potentiellement le plus riche, ne connait que dictature et corruption depuis son indépendance en 1960. Un pays de misère, malgré les 2,5 millions de barrils / jour exportés vers l'Europe et les USA. Malgré... ou peut-être à cause d'eux. L'or noir, comme l'or du Rhin, est une malédiction. Voir déjà ici : http://geopolis.over-blog.net/article-6478787.html

Mais voici qu'un vent de révolte souffle sur le delta du Niger... Depuis une trentaine d'années, ce fleuve magnifique, dont des millions de pêcheurs des diverses ethnies du delta tirent leur maigre pitance, est souillé presque chaque jour par le pétrole brut qui fuit des forages de Shell, Total et compagnie. Une catastrophe écologique et humaine qui ajoute encore à la misère locale. Mais pendant longtemps, il n'y eut guère de réaction organisée chez ces populations analphabêtes, occupées à survivre, tant bien que mal, et souvent mal, et à se battre entre elles. L'événement déclencheur fut sans doute en 1995 la mort de l'écrivain pacifiste Ken Saro-Wiwa, fondateur du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (MOSOP). La mort, ou plus exactement l'exécution par les autorités nigérianes, mais très vraisemblablement sur ordre de Shell, d'un homme dont le tort était de protester contre la dévastation du pays, la marginalisation politique de son peuple et son étranglement économique.

Devant l'échec d'une protestation pacifique, la révolte armée est devenue pour beaucoup des habitants des rives du delta le dernier recours après Dieu. D'abord dérisoire, éparpillée et dépourvue d'une claire conscience politique, elle a pris une autre tournure en janvier 2006 avec l'entrée en scène du MEND (Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger). Né au sein du peuple des Ijaws, organisé par une nouvelle génération de jeunes diplômés, ce mouvement s'est spécialisé dans les attaques surprises des installations pétrolifères et la prise en otage des expatriés qui y travaillent, et que le MEND libère volontiers contre rançon. De sabotages de pipelines en assauts de plateformes off-shore, il a réussi en un an à faire chuter la production de pétrole du Nigéria de 25%...

Rapides grâce aux zodiacs à partir desquels ils opèrent sur le fleuve, soutenus par la population, ils sont bien mieux armés que l'armée nigériane avec leurs AK-47 neufs, leurs mitrailleuses UK-68S et leurs colliers de cartouches. Et surtout, leurs amulettes et la protection d'Egbesu, le dieu de la guerre ijaw, les rendent intrépides. Voilà, ça s'appelle de l'animisme chrétien et c'est à l'épreuve des balles ! : "les jeunes Ijaws se disent fervents catholiques, mais préservent jalousement les traditions d’une sorte de garde secrète, soumise à une discipline féroce et à une stricte chasteté, à laquelle la population prête des pouvoirs surnaturels, comme celui d’être invulnérable aux balles". Un ethnologue d'ajouter : "L'esprit prend possession d'eux quand ils vont au combat. Ils ne craignent pas les mêmes choses que vous et moi".

Dans cet amalgame explosif de tradition et de modernité, les Ijaws ne perdent pas le Nord.  Selon un avocat proche du MEND et des milices, spécialisé dans les droits civiques et les affaires de pollution, quelque 20.000 personnes (sur six à huit millions d’Ijaws) auraient déjà participé à des stages de formation paramilitaire de six mois qui sont dispensés dans de petits camps cachés dans des endroits difficiles d’accès du delta. La lutte contre les multinationales prédatrices ne fait que commencer. Et en plus, hé hé, il paraît que les Ijaws sont un peu cannibales...

Delta du Niger : Ijaws du MEND en rouge et blanc, leurs couleurs protectrices

Voir aussi les articles de Joëlle Stolz de février 1999 sur l'histoire récente du Nigéria et ses fractures :
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/STOLZ/11638.html
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/STOLZ/11639
Un grand article illustré sur le MEND par Tom O'Neill dans le National Geographic :
http://www7.nationalgeographic.com/ngm/0702/feature3/index.html
Et un autre de Sebastian Junge dans The Observer, repris par Courrier International, n° 877 (août 2007), p. 40-42 : "Chaos au Nigéria : La guerre du pétrole a commencé".
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14 mai 2007 1 14 /05 /mai /2007 19:41
Le site trilingue MacauHub (http://www.macauhub.com.mo/pt/index.php), basé dans l'ancien comptoir portugais de Macao qui a fait retour à la Chine en décembre 1999, couvre l'actualité économique et politique des pays lusophones d'Europe, Afrique, Asie et Amérique du Sud, et notamment les relations sino-africaines. L'article dont je donne la traduction française ci-après date du 7 mai dernier. A l'heure où l'Iran est menacé de bombardement pour avoir voulu développer une industrie nucléaire civile, d'autres pays se voient fournir cette technologie clef en main... Voilà qui éclaire d'un jour singulier la question de la prolifération nucléaire, un sujet sur lequel je reviendrai prochainement.
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L'Angola fait ses premiers pas vers le nucléaire

L'Angola va entreprendre de devenir un producteur d'énergie nucléaire, moyen envisagé par les autorités pour augmenter de façon décisive la capacité énergétique du pays, mais déclare exclure le développement d'armes nucléaires.

"Le pays est limité dans sa production d'énergie, alors pourquoi ne pas commencer à penser à des projets qui à l'avenir puissent produire de l'énergie d'origine nucléaire ?" demandait récemment le Ministre des Sciences et de la Technologie, Jean-Baptiste Ngandajina, cité par l'agence Voz da America.

L'Angola est membre de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) depuis 1999 et une loi dite Loi de l'Energie nucléaire en voie de finalisation doit bientôt passer devant le parlement angolais. Une fois celle-ci approuvée, les conditions institutionnelles seront réunies pour que le pays commence à produire de l'énergie nucléaire. Le gouvernement a cependant laissé entendre que la priorité irait d'abord à des projets de recherche et à la formation de cadres.

"La nouvelle loi, a déclaré Ngandajina, définira tout ce qui concerne l'acquisition, le transport, l'emploi et le stockage de matériel radioactif dans le pays. Ce à quoi nous aspirons, c'est le développement scientifique lié au nucléaire. La formation de personnel, le développement de projets qui aident au développement économique et social du pays."

Cependant, dans le secteur de l'énergie angolais, des rumeurs circulent selon lesquelles l'initiative de la loi serait en rapport avec un plan d'installation de centrales nucléaires sur le territoire national qui bénéficie de l'appui de la République populaire de Chine, important partenaire de l'Angola et l'un des plus grands producteurs mondiaux d'énergie nucléaire.

La Chine elle-même s'est dotée d'un plan ambitieux pour augmenter sa production d'énergie électrique à partir des centrales nucléaires, qui prévoit de porter la capacité du pays à 40 millions de kilowatts en 2020, soit plus de 4 fois la capacité actuelle.

Interrogé par les journalistes, Jean-Baptiste Ngandajina a ajouté que des filons de minerai radioactif tel que l'uranium avaient déjà été identifiés dans le pays, mais il s'est refusé à préciser où.

L'année dernière, l'Angola a investi près de 650 millions de dollars dans des projets destinés à garantir la croissance de sa production énergétique, pariant surtout sur le renforcement de la capacité du réseau de distribution et sur la construction de barrages et l'augmentation de leur capacité, ce pour quoi le pays a bénéficié d'aides importantes de la Chine et du Brésil.

Parmi les principaux projets en cours de réalisation se distinguent la centrale hydro-électrique de Capanda, dont la troisième turbine, sur les quatre prévues, a été récemment mise en activité, et celle des Ganjelas, construite par l'entreprise chinoise Sino-hydro Corp, qui doit être livrée courant mai.

Selon Jean-Baptiste Ngandajina, l'orientation de la technologie nucléaire angolaise sera dans un premier temps la recherche et le développement, ainsi que des projets dans le domaine civil, à travers l'Université Agostinho Neto de Luanda. "Un laboratoire a été créé pour l'enseignement de la chaire de Physique nucléaire. Plusieurs étudiants et techniciens du Laboratoire d'analyses du Ministère des Sciences et Technologie y sont déjà inscrits en doctorat. Tout ceci pour que le pays puisse atteindre cet objectif, a dit le ministre angolais.

Jean-Baptiste Ngandajina a notamment mis en relief l'opportunité représentée par cette technologie pour la formation et la spécialisation des médecins du Centre national d'Oncologie, et pour des recherches dans le domaine des maladies animales, de la lutte contre la malaria et d'autres pathologies.

A l'heure actuelle, l'Angola poursuit aussi des travaux pour le contrôle de la pollution maritime liée à la production de pétrole et participe aux programmes de l'AIEA pour le continent africain.
Cf. http://www.macauhub.com.mo/pt/news.php?ID=3289

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On sait par ailleurs que le programme de coopération de l'Union européenne pour les années 2008-2013 prévoit d'accorder 200 millions d'euros à l'Angola. Le représentant de l'UE sur place, le portugais João Gabriel Ferreira, s'est cependant refusé à préciser quels seront les domaines prioritaires auxquels l'Union européenne destine sa subvention... Il apparaît cependant qu'il s'agit de plus en plus d'investissements "de développement" et non plus d'aide à la reconstruction dans un pays qui, de 1975 à 2002, a connu la guerre civile. De là à penser qu'une partie au moins servira à financer le nucléaire, il n'y a qu'un pas.

Depuis 20 ans, l'Union européenne a versé à l'Angola 480 millions d'euros au titre de la coopération bilatérale dont 180 millions ces cinq dernières années. Aux crédits de coopération et aux projets financés directement par la Commission européenne, il faut ajouter les sommes accordées par Bruxelles dans le cadre de sa coopération avec des organismes régionaux tels que la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) dont il est plus difficile d'évaluer quelle part exacte est revenue à l'Angola.

Voir aussi, sur l'affaire des ventes d'armes à l'Angola :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_ventes_d%27armes_en_Angola
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24 avril 2007 2 24 /04 /avril /2007 21:46
Umaru Yar'Adua

Afrique de l'Ouest. Les élections du week-end dernier au Nigéria ont été remportées par un nouveau venu sur la scène politique du pays. Umaru Yar'Adua est l'homme de paille du président sortant, Olusegun Obasanjo, qui a trouvé ce moyen astucieux de se maintenir aux commandes tout en faisant mine de concéder des élections démocratiques. Membre du PDP (Peoples Democratic Party), le parti au pouvoir, gouverneur de la province islamisée de Katsina depuis 1999, Umaru est le frère de l'ancien général Shehu Yar'Adua, devenu milliardaire, un proche d'Obasanjo.

Le Nigéria, pays le plus peuplé d'Afrique avec environ 134 millions d'habitants (1/5e de la population du continent), en est aussi le premier producteur de pétrole, devant l'Algérie, et fait à ce titre partie de l'OPEP. Il dispose en outre d'importantes réserves de gaz, fer, zinc, charbon. Tout pour être riche. Néanmoins, la corruption des milieux dirigeants aidant, il passe pour le seul pays au monde qui, tout en possédant d'importantes ressources pétrolières, présente un déficit budgétaire. Le degré de corruption atteint en effet des records. D'après l'économiste américain Joseph Eugène Stiglitz, l’inefficience économique a causé la fuite de cent milliards de dollars, investis à l'étranger plutôt qu'à l'intérieur du pays. La plus grande partie de la population nigériane ne reçoit donc du pétrole que les effluves délétères.

Ci-après, un article d'Elisa Drago sur le déroulement des élections nigérianes, trouvé sur RFI. On a connu les observateurs internationaux plus virulents...
  • Umaru Yar’Adua proclamé vainqueur
  • Umaru Yar’Adua est le nouveau président de la République, a annoncé lundi 23 avril la Commission électorale nationale (INEC), à Abuja. Candidat du parti au pouvoir (PDP), Umaru Yar’Adua a obtenu 24,6 millions de voix, contre 6,6 millions suffrages pour son principal opposant le général Muhammadu Buhari du Parti de tout le peuple du Nigeria (ANPP). Le vice-président Atiku Abubakar, candidat de l'Action Congress (AC), arrive en troisième place avec 2,6 millions de voix. Les deux principaux partis d’opposition ont rejeté les résultats officiels. Les observateurs nationaux et internationaux mettent en cause la crédibilité du scrutin, qualifié de "pire scrutin" de l’histoire du pays par l’opposition.
  • Umaru Yar’Adua, 56 ans, gouverneur de l’Etat musulman de Katsina (nord), pratiquement inconnu il y a encore quelques mois, remporte haut la main l’élection présidentielle du 21 avril. Elu pour un mandat de quatre ans, Umaru Yar’Adua succède ainsi au président Olesegun Obasanjo qui, après huit ans à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique, se trouvait dans l’incapacité constitutionnelle de briguer un troisième mandat.
  • Les deux principaux candidats de l’opposition ont contesté la victoire de Umaru Yar’Adua. "La Commission nationale électorale (Inec) a annoncé à la face du monde les résultats les plus grossièrement truqués de l'histoire du Nigeria, surpassant même les fraudes massives de 2003", a déclaré Muhammadu Buhari, arrivé deuxième selon les résultats officiels. Atiku Abubakar, troisième selon ces mêmes résultats, a demandé l’annulation du scrutin et estimé que cette élection est la "pire" de l’histoire du pays.
  • Même l’actuel président du Sénat, Ken Nnamani, troisième personnage de l’Etat, n’a pas épargné les critiques. Il estime que l'image du Nigeria ressort ternie et que les abus électoraux constatés à grande échelle laisseront un héritage de haine et provoqueront une crise de légitimité pour le vainqueur. Le 20 avril, à la veille du scrutin présidentiel, devant une délégation d'observateurs étrangers dirigée par l'ancienne secrétaire d'Etat Madeleine Albright, Ken Nnamani n’avait pas hésité à affirmer que le parti au pouvoir (PDP), son parti, avait truqué ce scrutin avec l'aide de la police, de l'armée et de la Commission électorale nationale (INEC).
  • Les élections des 14 et 21 avril (régionales, législatives et présidentielle) au Nigeria "ne peuvent être considérées comme crédibles" et "sont loin des critères démocratiques internationaux de base", a déclaré lundi à Abuja le chef de la mission d'observation de l'Union Européenne, Max Van den Berg. Il dénonce notamment une "piètre organisation, le manque d'une élémentaire transparence, des preuves évidentes de fraude, particulièrement durant le processus de collecte et de compilation des résultats, l'impossibilité pour beaucoup d'électeurs de voter". L’UE estime que "l'usage continuel de voyous par un certain nombre de partis politiques a créé un degré significatif de peur et d'intimidation". D’autre part, l’UE évalue à au moins 200 le nombre de tués dans les violences électorales. Selon des chiffres officiels nigérians, le bilan s'élève à 39 morts au moins.
  • Un "pas en arrière" et une "menace" pour la démocratie
  • Pour sa part, la Maison Blanche s’est déclarée "profondément troublée" par les affrontements mortels et les soupçons d’irrégularités. Les observateurs privés américains de l'Institut international républicain (IRI) estiment que, en terme de logistique, le scrutin est "en dessous des normes fixées par les précédentes élections" présidentielles de 1999 et 2003. Les élections du 14 et du 21 avril représentent "un pas en arrière" qui "menace d’entamer la confiance des Nigérians dans les institutions démocratiques de leur pays", a pour sa part déclaré ce lundi à Abuja l’ancienne secrétaire d’Etat américaine, Madeleine Albright, représentante d’une organisation américaine, le National democratic institute (NDI) qui a déployé 61 observateurs au Nigeria pour les élections de samedi. Madelein Albright a indiqué que son organisation n’appelle pas à de nouvelles élections mais que les autorités ont "cinq semaines" pour "rectifier le tir" en traitant le mieux possible les plaintes des électeurs.
  • Les 17 observateurs du Commonwealth ont également fait état d'"imperfections significatives", soulignant notamment l'heure tardive d'ouverture de nombreux bureaux et le manque de confidentialité du vote.
  • Le scrutin n'a été "ni libre ni équitable", a déclaré Abdel Fatau Musa, chef de la mission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), dont  200 membres ont suivi le scrutin. Ce responsable recommande une réforme urgente du processus électoral au Nigeria, pour éliminer les imperfections observées et favoriser en particulier le renforcement de l'indépendance de la Commission électorale.
  • "Il n'y a pas eu d'élections crédibles", selon le principal groupe d’observateurs nigérians, le Transition Monitoring Group (TMG), qui avait déployé 10 000 personnes dans les bureaux de vote à travers le pays. Dénonçant une "mascarade" organisée par le gouvernement, ce groupe d'observateurs nationaux appelle à l'annulation des scrutins.
  • Face à l'ampleur des irrégularités, certains observateurs s'interrogent sur la légitimité du futur pouvoir, avec un président, dauphin choisi par Olesegun Obasanjo, et accusé par ses détracteurs d’être une "marionnette" aux mains du chef de l’Etat sortant qui doit quitter officiellement le pouvoir le 29 mai.
  • Alors que les observateurs mettent en cause la crédibilité du scrutin, le président Obasanjo admet des dysfonctionnements d'ordre logistique, des violences, des vols d'urnes et la fraude. "On ne peut pas dire que nos élections puissent être qualifiées de parfaites", a-t-il déclaré dans une allocution surprise à la nation. Le président Obasanjo considère que le processus démocratique sort renforcé et a invité les partis qui contestent les résultats à utiliser les voies légales pour régler leurs litiges. "Après tout, dans quatre ans, il y aura une autre occasion qui, je l'espère, sera sans manipulations de bulletins ou d'urnes", a-t-il déclaré.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/088/article_51259.asp
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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 17:42

Des chiffres :

D'après le classement de la CIA pour 2005 (The World factbook, Rank Order - GDP - per capita), le Produit Intérieur Brut par habitant de la Guinée équatoriale, pays d'Afrique subsaharienne, serait de 50 200 dollars et se classerait au 2e rang mondial entre le Luxembourg (1er) et la Norvège (3e) et devant les Etats-Unis (4e), la Suisse, la France (24e)...

Bizarre autant qu'étrange ! Quelles conclusions tirer de ces indicateurs macroéconomiques ? Le PIB, valeur marchande totale des biens et services produits dans un pays donné au cours de l'année, prend en compte la consommation, l'investissement brut, les dépenses gouvernementales en biens et services et les exportations nettes, ici rapportés au nombre d'habitants.

La fortune du pays provient bien sûr des revenus du pétrole, mais pour ce qui est du niveau de vie de la population... ce n'est pas la Suisse ! La réalité, c'est plutôt la misère noire et un régime de dictature (cf. Courrier international, n° 759, du 19 mai 2005).

A moins bien sûr qu'on prenne en compte les revenus du président Obiang, et c'est comme ça que la Guinée Equatoriale est riche !

Voir aussi l'affaire de la Riggs Bank, cf. www.monde-diplomatique.fr/2005/08/ASTAUD/12420 et le livre de S. Enderlin, S. Michel et P. Woods, "Un monde de brut : sur les routes de l'or noir".

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