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  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 12:10

Voici une photo de moi prise par moi-même il y a quelques semaines, dans le reflet du "Cloud Gate", dit "The Bean", du sculpteur indo-britannique Anish Kapoor. Bon dimanche !

Photos-0074.JPG

Chicago, Millennium Park, "La Porte des nuages" : Mon reflet dans un haricot ! Pile au milieu.

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 22:08
Sans doute avez-vous déjà entendu parler de ce semencier industriel US qui ne jure que par les OGM, les pesticides... et les gaz de combat !, le mal nommé Monsanto, qui devrait plutôt s'appeler Monsatan en tant que grand pourrisseur de l'humanité. A ce propos, on lira le livre éclairant de la journaliste d'investigation Marie-Monique Robin, Le monde selon Monsanto : De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien, Paris (La Découverte), 2009.


Voilà que cette entreprise totalitaire s'en prend aux potagers américains, comme nous l'apprend un petit article paru dans FEE (France Ecologie Environnement), n° 22, automne 2009, p. 12, que je reprends :

USA : Monsanto propose une loi pour interdire les potagers

De petites fermes ou des particuliers faisant pousser leurs légumes pourraient être placés sous la supervision directe du gouvernement fédéral [US] grâce à une nouvelle législation présentée au Congrès.

La Résolution 875 a été présentée à la Chambre sous le nom de "Acte de Modernisation de la Sécurité Alimentaire 2009" en février par Rosa DeLauro dont le mari, Stanley Greenburg, dirige les recherches pour la firme Monsanto - le leader mondial de la production d'herbicides et de semences génétiquement modifiées.

La nouvelle loi viserait à réduire les risques de contamination via la nourriture par bactéries, produits chimiques, toxines naturelles ou artificielles, virus, parasites, prions et autres agents pathogènes pour l'homme.

Elle concernerait les établissements qui produisent, stockent, font transiter ou vendent toute catégorie de nourriture. Fermes agricoles et aquacoles, ranchs, vignobles seraient soumis à une stricte régulation gouvernementale.

Des "experts" de l'industrie alimentaire, mandatés par le gouvernement, pourraient venir demander de mettre aux normes de petites exploitations, causant des mises en faillite nombreuses...

*
Il n'y aurait pas que des faillites à craindre, bien sûr, mais encore la disparition de toute forme de culture naturelle. Et quand les USA s'y mettent, l'Union Européenne ne tarde pas à suivre...

Dracula, alias Hugh Grant, patron de Monsanto...
bientôt dans votre jardin !

J'en profite pour donner le sommaire de ce numéro de FEE :
  • C. Timmerman, "Productivisme agricole : Vers la fin d'un modèle ?"
  • R. Levasseur, "Ports de plaisance : Un test de la volonté écologiste du gouvernement"
  • ASPAS, "Utilisation ubuesque du budget de l'Ecologie : Borloo débourse 190.000 € pour... treize huttes de chasse !"
  • G. Lean (The Independent), "Un plan secret européen pour activer la production d'OGM"
  • C. Cassier, "Fermeture d'une école à cause de l'implantation d'une antenne relais"
  • "Différence entre beurre et margarine"
  • A. Richter, "164 secteurs industriels seront exemptés de taxe carbone"...
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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 17:07
C'était hier au cinéma Grand Action, Paris 5e, devant une salle archi-comble. L'architecte américain Richard Gage présentait durant près de 3 heures les études techniques rassemblées par l'association "Architects & Engineers for 9/11 Truth" sur les causes de l'effondrement le 11 septembre 2001 de trois tours du World Trade Center à New York. L'association regroupe déjà environ 500 architectes et ingénieurs que les lacunes et les contradictions du rapport officiel ont laissés plus que dubitatifs. Les spécialistes de tous pays sont invités à se joindre à eux pour obtenir enfin une enquête officielle sérieuse, car aussi extraordinaire que cela puisse paraître pour un événement aussi considérable, 7 ans après, celle-ci reste à faire.

Qu'on en juge. L'enquête diligentée par la "Commission d'enquête sur le 11-Septembre", confiée au NIST (National Institute for Standards and Technologies) et à la FEMA (Federal Emergency Management Agency), a été inexplicablement circonscrite au temps qui s'écoule entre l'impact des avions qui ont heurté les Twin Towers et le moment où les conditions de leur effondrement sont supposées réunies. Elle n'examine presque pas l'effondrement proprement dit. De plus, elle laisse complètement de côté le cas de la troisième tour, WTC 7, dont les médias ont très peu parlé et qui, bien que n'ayant, elle, été heurtée par aucun avion, s'est pourtant effondrée le même jour. Enfin, un certain nombre d'indices cruciaux tels que les vidéos montrant la chute de la tour 7, des échantillons prélevés sur les décombres et des témoignages directs de rescapés, de policiers et de pompiers n'ont pas été pris en compte dans le rapport. D'autres semblent avoir été tout simplement détruits, ainsi les restes du WTC 7 dont le site a été rapidement déblayé et les gravats envoyés en Chine !

L'Histoire officielle voudrait que les Twin Towers se soient effondrées à la suite de l'incendie provoqué par la collision des deux avions et l'inflamation du kérosène de leurs réservoirs qui aurait déformé les colonnes d'acier qui armaient les tours et entraîné leur tassement "en pile d'assiettes" sous le poids des étages supérieurs. Le problème est qu'
a priori un simple incendie, fut-il de kérosène, est incapable d'un tel effet, tant et si bien qu'aucun gratte-ciel moderne à structure d'acier ne s'est jamais effondré pour cause d'incendie. Entre autres exemples, Richard Gage cite le cas d'un immeuble de 38 étages qui, en février 1991, a flambé pendant 18 heures et est resté debout. De plus, un tassement des étages "en pile d'assiettes" supposerait qu'on ait retrouvé les 110 étages empilés et les corps écrabouillés des malheureux pris au piège. Ecrabouillés mais pas volatilisés, car des 2.749 victimes on n'a presque rien retrouvé, non plus que des 90.000 tonnes de béton qui auraient dû former cet empilement... et semblent s'être évaporées dans le ciel de New York.

Un autre élément problématique est la vitesse de ces effondrements : les tours sont en effet tombées en chute libre comme s'il n'y avait eu aucune résistance du bâtiment en-dessous des étages incendiés. Voilà qui viole les lois de la physique ! Cela impliquerait la rupture simultanée en un 10e de seconde et sur toute leur hauteur des 47 colonnes d'acier massif du centre des tours et des 240 colonnes de leur pourtour, rupture simultannée faute de quoi elles ne seraient pas tombées tout droit comme elles ont fait, mais auraient basculé... Par l'incendie, c'est impossible, d'autant que la structure des Twins Towers avait parfaitement résisté à l'impact initial des avions et pouvait supporter le feu. Et c'est encore plus inexplicable pour le WTC 7, une tour de 47 étages portée par 21 colonnes d'acier, séparée des Twin Towers par la tour WTC 6 (restée debout), qui n'a été touchée que par des débris projetés lors de l'effondrement des deux premières tours ne provoquant que de petits incendies sporadiques, et s'est néanmoins écroulée
elle-aussi, tout droit, en 6,5 secondes, soit à la vitesse d'un objet tombant en chute libre du haut d'un immeuble, sans cause !

Si le fioul en feu ne peut fondre des poutrelles d'acier - au pire, il les amollit progressivement, -
il faut pour ce faire porter la température à 1.510°C minimum. La chaleur de l'incendie résultant des collisions ne pouvait donc y suffire (650°C environ). Pourtant, sur les vidéos, on voit bien de l'acier fondu ruisselant des tours, et les ouvriers qui ont déblayé le site signalent encore trois semaines après l'attentat des mares d'acier liquide... Alors quoi ? Un autre indice a mis les spécialistes sur la piste : la physionomie générale de la chute des Twin Towers. Pour chacune des deux, il ne s'agit pas du tout d'un simple tassement, mais d'une pulvérisation provoquant un énorme nuage de poussière "en feu d'artifice" avec projections de matière latéralement, le genre de choses qui s'observe lors d'une explosion. Le cas du WTC 7 est un peu différent puisqu'il n'y a pas de projections. Au contraire, on peut constater une implosion du bâtiment sur lui-même à la manière de ce qu'on réalise avec des explosifs judicieusement disposés lors des destruction programmées d'immeubles. Il s'effondre tout droit sur lui-même et il n'en reste quasi rien.

Explosif, voilà le mot. Alors qu'un incendie provoque des déformations graduelles et un effondrement asymétrique du bâtiment du côté de sa moindre résistance, seule une destruction par un explosif puissant pouvait liquéfier la structure d'acier instantanément, faire tomber
droit les tours et pulvériser ces milliers de tonnes de béton qu'on n'a pas retrouvées. Ceci étant posé, restait à trouver des traces d'explosif dans les échantillons collectés (poussières, morceaux d'acier fondu, etc.). Or, ce que les physiciens-chimistes ont identifié dans les débris, c'est précisément la présence autrement inexpliquée d'un composé explosif de fer, oxygène et aluminium (Fe2O3 + Al), le thermite, et même de thermate, encore plus puissant, qui comporte l'élément soufre (Fe2O3 + 2Al + S), ainsi qu'une forte concentration de manganèse, un oxydant du thermite qui sert dans la fabrication de gels explosifs. Thermite et thermate (super-thermite) sont des explosifs utilisés par l'armée... qui peuvent liquéfier l'acier en quelques secondes.

Tout ceci coïncide avec les témoignages : les explosions entendues avant et pendant l'effondrement des tours, la forte odeur de soufre qui a frappé les ouvriers employés au déblaiement. L'évidence s'impose : un tel explosif, présent en de telles quantités dans les ruines du WTC et connu précisément pour entraîner ce genre d'effets, est le responsable direct de la disparition des Twin Towers, dont l'effondrement a été
bien trop méthodique pour être le résultat d'une collision d'avion aléatoire, et à plus forte raison pour la troisième tour. Il s'agit donc de destructions programmées.

L'enquête est loin d'être terminée, car si on comprend mieux maintenant le comment du 11 septembre, une foule de questions nouvelles sont encore sans réponse.
Seules quelques entreprises maîtrisent la technique des démolitions contrôlées. Laquelle est intervenue ? L'usage du thermite n'est pas du niveau des terroristes ordinaires. Exit Al Qaïda, Ben Laden et compagnie. Il suppose en outre un large accès aux trois tours concernées sachant que celui de la troisième, le WTC 7, était particulièrement limité puisqu'il abritait des bureaux de la CIA et du Département de la Défense ! A qui le crime a-t-il profité ? Les mouvements de capitaux dans les jours qui ont précédé l'événement mériteraient une enquête fouillée pour vérifier s'il n'y a pas eu de délits d'initiés. On peut déjà citer le cas étrange d'un certain Larry Silverstein qui, le 24 juillet 2001, soit deux mois seulement avant le 11 septembre, avait signé un bail emphytéotique pour le WTC et pris soin d'assurer les tours, y compris contre la chute d'avions détournés par des terroristes...

Enfin, il y a les conséquences politiques et géopolitiques que l'on sait. Le 11 septembre a servi à justifier toute une législation nouvelle qui limite considérablement les libertés auxquelles les citoyens des Etats-Unis d'Amérique étaient attachées. Il est aussi la justification majeure de la "lutte contre le terrorisme" que mènent les USA à travers le monde. Après l'effondrement des tours, c'est donc aujourd'hui la version officielle de l'événement qui s'effondre, et avec elle toute la politique du gouvernement US de ces dernières années. Le crime est sous nos yeux. Reste à juger les criminels et en tirer les leçons. Oui, c'est énorme.

Pour en savoir plus : http://www.ae911truth.org/
PS : Il y a des excités du complot qui voient des complots partout et pour qui le complot explique tout. Il y a aussi des négationnistes du complot qui ne veulent reconnaître de complot nulle part et n'y voient que "fantasmes de la théorie du complot". Ceux-là sont tout aussi excités et tout aussi crétins. Seule compte la Vérité. Il n'est pas question ici de théorie, mais de faits et de crimes. Tout n'est pas complot dans l'Histoire, mais des complots, des magouilles plus ou moins sordides et des emberlificoteurs, il y en a bel et bien.
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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 21:48
Cela va peut-être encore choquer, mais savoir qui remportera la présidence US, en fait, ça m'est équilatéral ! D'ailleurs, le petit monde médiatique nous en parle beaucoup trop de ces élections américaines et tout ceci n'est pas très honnête, alors que nous ne sommes pas appelés aux urnes, nous. Certes, étant donné l'omnipotence des USA, la question intéresse plus ou moins toute la planète. Mais de là à opiner pour l'un ou l'autre... Pour tout dire, je ne vois aucune différence notable entre les deux candidats en matière de politique internationale, qui est la seule chose qui m'importe ici et qui nous importe vraiment en tant que Français. Aucune différence perceptible dans leurs programmes respectifs en cette matière. Donc, si, à l'usage, Obama sera moins mauvais que McCain l'aurait été, ou inversement, ça reste à démontrer. Que ce soit vis-à-vis d'Israël, de l'Iran, de l'Afghanistan, de la Chine, de la Russie ou de nous-mêmes, pour l'instant, rien ne les démarque. Aucune différence ? Ah si, c'est vrai, y a un noir !

Eh bien, vous m'excuserez de vous détromper, mais d'une le nommé Obama n'est pas plus noir que blanc (mulâtre en fait) et certainement pas "afro-américain", et de deux, je ne vois pas de quoi se gargariser de son "être noir" un peu frelaté. Ce que je vois, en revanche, ce sont les sommes absolument colossales dépensées pour cette campagne électorale américaine : 1 milliard de dollars rien que pour les primaires, et on devrait atteindre un total de 2,4 milliards de dollars selon les chiffres du Center for Responsive Politics. Vous avez bien lu : 2,4 milliards de dollars ! La campagne électorale la plus chère de tous les temps. C'est pas beau la démocratie ! Et après, on va venir pleurnicher sur l'Afrique noire, vraiment noire elle, qui se meurt... Et qui aura dépensé le plus ? Eh bien, je vous le donne en mille : Barack Obama (605 millions de dollars et des poussières...). Or, ces dépenses, le moment venu, seront autant de dettes vis-à-vis des lobbies divers et variés, les industries pharmaceutiques notamment, qui ont misé sur lui. Et cela vaut aussi pour son concurrent McCain, quoique dans une moindre mesure puisque celui-ci a accepté une part de financement public, s'obligeant à plafonner ses dépenses à 84 millions. Alors Obama ? Retour sur investissement attendu.

Ah oui, un conseil en passant, si vous ne savez vraiment pas quoi faire de votre argent et pariez sur Obama gagnant, achetez donc des actions Pfizer...
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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 20:07
L'aigle chauve, oiseau sacré des Indiens d'Amérique

Le 21 décembre 2007, les Sioux Lakota ont repris leur indépendance et dénoncé les traités qui les liaient aux Etats-Unis d'Amérique depuis 1851. Il s'avère en effet que depuis 150 ans les Américains n'ont respecté aucun des quelque 33 traités "de paix et d'amitié" signés avec les Sioux qui garantissaient à ceux-ci l'intégrité de leurs territoires ancestraux, y compris le traité de 1868 ratifié à Fort Laramie après l'écrasante défaite subie par l'armée américaine lors de la guerre de Nuage Rouge. De facto, ces traités sont caducs.

En conséquence, les Sioux ne se reconnaissent plus citoyens américains et leur territoire, qui couvre en partie cinq états des USA (Nébraska, Dakota du Sud, Dakota du Nord, Montana et Wyoming), ne fait plus partie du territoire US. Le nouvel Etat qui a nom Lakotah émettra ses propres passeports. Les résidents non-amérindiens du pays sont invités à rester pour peu qu'ils renoncent à la citoyenneté américaine. Le tout net d'impôts.

Pour la population Sioux, l'indépendance est une question de survie : 97 % d'entre eux vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté et ils ont le plus fort taux de mortalité des USA, leur espérance de vie moyenne n'étant que de 44 ans ! Les ressources locales en minerais et en eau potable n'ont cessé d'être pillées. La population amérindienne, parquée dans des réserves, a subi plusieurs déportations jusque dans les années 1960. Enfin, l'alcool et la télévision font des ravages. L'indépendance énergétique et la défense de la culture Sioux seront donc les priorités du gouvernement du Lakotah. Cf. http://www.republicoflakotah.com/

Bienvenue à la république du Lakotah dans le concert des nations.

Et si les Serbes veulent être les premiers à reconnaître le nouvel Etat, ils ont ma bénédiction !


A signaler aussi un blog fait par un jeune Navajo qui donne des informations intéressantes, par exemple sur la protection des aigles chauves, ou sur la tentative par un certain John McCain, actuel candidat à la présidence des USA, à travers un amendement déposé en 2005, de faire déporter 3.000 familles Navajos...
Cf. http://tribalemployee.blogspot.com/

Et pour les amateurs, un groupe de punk-rock Navajo, Blackfire : http://www.blackfire.net
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24 juin 2007 7 24 /06 /juin /2007 12:21
Je n'en ai pas encore tout à fait fini avec ce Monsieur Luttwak. Son texte est intéressant par la considération dont bénéficie l'auteur parmi les spécialistes de géopolitique et parce qu'il prend le contre-pied du discours officiel américain, cf. http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html  Cependant il est aussi très contestable à d'autres égards. D'abord, c'est un peu facile de proposer que les USA abandonnent le Proche-Orient à son triste sort, quand ils ont tant fait pour que ce sort soit triste. C'est un peu tard aussi, après avoir fracturé l'Irak et sur-armé Israël, de dire qu'au fond, le Proche-Orient, ils s'en moquent. En fait, le discours de Luttwak semble le reflet de son dépit de voir la politique et l'armée américaines mises en échec en Irak, bien incapables d'y construire la démocratie annoncée.  Il propose donc de tourner le dos à cette région ingrate, puisque de toutes façons, selon lui, elle compte si peu.

Mais compte-elle si peu justement ? Luttwak passe sous silence les relations financières très étroites qui lient les dirigeants US aux monarchies pétrolières du Golfe persique, des relations si lucratives qu'ils n'auraient aucun intérêt à les rompre. Et la situation en Irak n'y change pas grand chose. Il part aussi du présupposé commun que l'opération irakienne serait un échec de la politique étrangère américaine. Voire ! Un échec, du point de vue des naïfs impénitents qui ont voulu croire à la "guerre au nom de la démocratie" comme ils ont gobé, gobent et goberont toutes les autres expéditions de ce genre pourvu qu'elles soient bien enrobées de discours lénifiant, peut-être ; mais pour moi qui n'ai jamais cru que la guerre du golfe fût faite dans cette perspective, l'échec n'est pas si patent. Après tout, l'USI (cf. http://geopolis.over-blog.net/article-3399117.html) s'est débarrassée d'un contradicteur qui la houspillait en la personne de Saddam, d'un Etat qui l'importunait et surtout d'un rival régional. L'Irak n'existe plus. N'était-ce pas le but recherché ? Sur les cendres de feu l'Irak, il y a désormais trois entités potentielles dont seul le Kurdistan a pris son autonomie ; les deux autres, trop imbriquées, ont plongé dans un conflit de longue durée qui tient autant de la guerre civile que de la résistance à l'envahisseur. Le premier objectif géopolitique est donc atteint : l'Irak n'importune plus personne pour la simple raison qu'il est rayé de la carte. Qu'en est-il des autres buts de guerre ?

Dans cette affaire, il a beaucoup été question de pétrole. "Le pétrole est au centre de la stratégie américaine au Proche-Orient, pouvait-on lire en 2002 dans le Washington Post. Le premier objectif d’une agression américaine contre l’Irak est de se saisir des énormes réserves pétrolières que possède ce pays". De fait, les Etats-Unis, qui consomment plus du quart de la production mondiale de pétrole, n'assurent plus eux-mêmes que le dixième de celle-ci, et la région du Golfe persique détiendrait encore les deux-tiers des réserves pétrolières subsistantes, encore que cette question des réserves soit très controversée. "Comme Shell l'a démontré, nous ne savons pas tellement quelles quantités de pétrole il y a. Si nous ne pouvons plus croire les comptes de Shell, qu'en est-il de ceux des Saoudiens ? Les chiffres avancés par l'OPEP ont longtemps été suspectés de faire l'objet d'une inflation politique," London Times, 23 mai 2004, cité par Eric Laurent dans La face cachée du pétrole, Paris, 2006. La réalité est que les gisements saoudiens sont en voie d'épuisement. Mais cela n'en rendait que plus intéressante la main-mise sur ceux d'Irak, laissés en partie inexploités depuis 1990 du fait des années d'embargo décrétées par l'ONU.

Irak, 1ère guerre du golfe : puits de pétrole en feu, 1991

Certes, l'état de guerre que connaît l'Irak aujourd'hui compromet gravement l'extraction et l'acheminement de l'or noir :
  • L'industrie pétrolière irakienne a accusé en 2005 un manque à gagner de plus de 6 milliards de dollars en raison des sabotages des infrastructures par des insurgés, annonçait [le 19 février 2006] le ministère irakien du Pétrole. "Les pertes de revenus et les réparations des installations se sont élevées en 2005 à 6,25 milliards de dollars à cause des opérations de sabotage", a précisé le porte-parole du ministère, Assem Jassem. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, le manque à gagner se monterait à plus de 20 milliards de dollars.
  • L`ancien ministre du Pétrole, Thamer Ghadbane, avait estimé les pertes en 2004 à 7 milliards de dollars. Le porte-parole a précisé que les insurgés avaient mené 186 attaques contre les infrastructures pétrolières en 2005, tuant 47 ingénieurs et techniciens et 91 policiers et gardes de sécurité. Selon lui, les pertes et réparations se répartissent ainsi : 400 millions de dollars à cause des attaques contre les champs pétroliers, 2,71 milliards contre les oléoducs d`exportation, 12 millions contre les oléoducs reliant les champs pétroliers aux raffineries et 3,12 milliards de dollars contre les oléoducs et gazoducs intérieurs.
  • Sur le terrain, la sécurité demeure le talon d´Achille du secteur, même si selon le même conseiller, "le nombre d´attaques contre les oléoducs a nettement diminué" [ça ce n'est pas sûr !]. Pour autant, la situation n´est pas encore totalement sous contrôle. Ainsi, l'oléoduc du nord qui relie Kirkouk à Ceyhan en Turquie, fermé en juin 2003, fait l'objet de nombreux actes de sabotage récurrents. Avant la guerre, ce conduit permettait l’exportation de 800.000 barils par jour.
  • (Elisabeth Studer, février 2006, http://www.leblogfinance.com/2006/02/ptrole_en_irak_.html ; voir aussi : www.leblogfinance.com/2007/06/irak-oloduc-en-.html)
Et la situation ne semble pas s'être améliorée depuis. Pourtant, si le pétrole irakien reste en partie inexploité et si la plus grande raffinerie du pays, Baiji, entre Bagdad et Mossoul, ne tourne plus qu'à 50% de sa capacité d'avant-guerre, il n'en demeure pas moins que ce pétrole n'est plus entre les mains d'un quelconque Saddam. Les Anglo-américains ont bel et bien fait main-basse dessus.

Outre le lobby du pétrole, l'opération irakienne s'est aussi révélée financièrement juteuse pour l'industrie de l'armement, les sociétés de sécurité et... les marchands d'art qui ont orchestré le pillage du musée de Bagdad ! Bref, une réussite ! Quant aux milliers de soldats US tués ou mutilés de guerre, il faut croire qu'ils passent par pertes et profits.

Pour en revenir à Luttwak, le texte de ce politologue de renom est plein d'approximations et de jugements à l'emporte-pièce, sans parler du mépris affiché pour "les Arabes arriérés" (ma traduction est un peu édulcorée...), et les Perses et les Turcs qu'il met dans le même sac. Il ne s'interroge d'ailleurs pas précisément sur les causes de cette arriération culturelle et semble hésiter entre raisons religieuses, raciales ou climatiques... Nonobstant, il a le mérite de dégonfler quelques baudruches comme "la menace iranienne" ou "Israël en danger". Car, il faut lire Luttwak entre les lignes. Si les pays arabes et assimilés sont aussi attardés qu'il le dit, si leurs capacités militaires sont aussi limitées - et de fait, elles le sont, - tout l'argumentaire judéo-israélien qui consiste à présenter Israël comme un Etat perpétuellement menacé, éternelle victime potentielle de la mauvaiseté de ses voisins, se trouve tourné en ridicule.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur l'opportunité de cette publication à l'heure où les conseillers "néo-cons" du gouvernement américain cherchent à prendre leurs distances avec le clan Bush et à se re-positionner dans la perspective des prochaines élections aux USA. Francis Fukuyama dans son dernier livre, America at the Crossroads: Democracy, Power, and the Neoconservative Legacy (Yale University Press, 2006), ne compare-t-il pas George W. Bush... à Lénine !
(http://fr.rian.ru/analysis/20070625/67742192.html).

Il y aurait aussi à dire sur les conceptions politiques et militaires de Luttwak qui semble en être resté au temps de la guerre froide. Que les Etats du Golfe persique soient incapables de soutenir et de gagner une guerre classique contre les USA, ce n'est guère surprenant, qui le pourrait ? Mais quand l'infériorité militaire est trop criante pour une bataille à découvert, il reste les techniques de guérilla et le terrorisme. Et là, ils savent faire. Les armées modernes en sont bien conscientes.

De plus, pour l'auteur, le retrait du Proche-Orient ne s'inscrit pas du tout dans une perspective isolationniste. Bien au contraire. Il s'agirait pour les USA de reporter leurs forces ailleurs, contre la Russie, en Asie et... en Europe. Et là, on préfèrerait qu'ils continuent à s'occuper des Irakiens ! Pourtant les raisons de se retirer du Golfe
avancées par Luttwak valent tout aussi bien pour l'Afghanistan, le Soudan ou le Kosovo, pays eux-aussi musulmans, "arriérés", de peu de poids économique et au climat désagréable. Alors, s'il avait le courage de pousser jusqu'au bout sa logique, le propos du géopolitologue juif américain rejoindrait ce que les Serbes criaient sur le pont de Novi Sad : US go home !
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10 juin 2007 7 10 /06 /juin /2007 18:48
Troisième et dernière partie du texte du géopolitologue Edward Luttwak.
I : http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html
II : http://geopolis.over-blog.net/article-6755462.html

La troisième et la plus grande erreur parmi toutes les idées reçues que colportent les spécialistes du Proche-Orient, qu'ils soient arabophiles ou arabophobes, spécialistes du monde turc ou de l'Iran, est aussi la plus simple à décrire. C'est l'étrange croyance en une grande malléabilité de ces vieilles nations. Les jusqu'au-boutiste insinuent toujours qu'avec un peu de violence appliquée où besoin est ("Les Arabes ne comprennent que la force"), on obtiendrait leur soumission. Mais ce qui arrive chaque fois c'est un surcroît d'hostilité. La défaite n'est pas suivie de collaboration, mais par une mauvaise volonté manifeste à coopérer, voire par une résistance active. Ce n'est pas difficile de vaincre les pays arabes, mais c'est presque entièrement inopérant. La violence peut marcher pour détruire des armements dangereux, mais non pour induire les changements désirés dans les comportements.

Les modérés font exactement la même erreur à rebours. Ils prétendent toujours que si seulement telle ou telle concession était faite, si seulement leur politique à eux était suivie jusqu'au bout, si on leur montrait du respect ou au moins on faisait semblant, les hostilités cesseraient et feraient place à une parfaite entente méditerranéenne. Pourtant même les moins compétents des spécialistes du Proche-Orient devraient savoir que l'Islam, comme n'importe quelle autre civilisation, est un tout et que, contrairement à d'autres, celle-ci promet à ses fidèles une supériorité en toutes choses, de sorte que le retard scientifique, technologique et culturel des pays d'Islam crée un sentiment constamment renouvelé d'humiliation et de frustration civilisationnelle. Cela explique largement l'omniprésence de la violence musulmane et montre le caractère futile des palliatifs prônés par les modérés.

L'erreur opérationnelle que les spécialistes du Proche-Orient persistent à faire est leur incapacité à reconnaître que les sociétés arriérées doivent être laissées à elles-mêmes, comme le font maintenant sagement les Français avec la Corse, comme les Italiens ont appris à le faire avec la Sicile, une fois qu'ils se sont rendu compte que les grands procès revenaient ni plus ni moins à livrer le pouvoir à une nouvelle mafia de diplômés et d'avocats. Sans invasions ni gages d'amitié, les peuples du Proche-Orient devraient enfin pouvoir avoir leur propre Histoire, ce que précisément les spécialistes de tous poils du Proche-Orient semblent déterminés à leur refuser.

Ceci nous amène à l'erreur que nous commettons tous. Nous accordons beaucoup trop d'attention au Proche-Orient, une région assez stagnante où presque rien ne se crée dans le domaine des sciences ou des arts (exception faite d'Israël, le nombre des brevets déposés par les pays du Proche-Orient rapporté à celui de la population est le 1/5e de celui de l'Afrique sub-saharienne). Les peuples du Proche-Orient (environ 5% seulement de la population mondiale) sont remarquablement improductifs, une grande proportion d'entre eux ne faisant d'ailleurs pas partie du tout de la population active. Bien peu d'entre nous se soucieraient de travailler si nous étions citoyens d'Abou Dhabi, avec tant d'argent du pétrole pour si peu de citoyens. Mais les 27 millions d'habitants de l'Arabie Saoudite vivent aussi largement des revenus du pétrole qui coulent jusqu'à eux, laissant l'essentiel du travail à des techniciens et des ouvriers étrangers. Même avec des cours du pétrole élevés, les 14.000$ de revenu annuel par habitant en Arabie Saoudite ne sont que la moitié du revenu par habitant en Israël, pourtant dépourvu de pétrole.

L'Arabie Saoudite a une bonne excuse car c'était un pays de petits cultivateurs d'oasis et de pasteurs bédouins dont on ne pouvait pas attendre qu'ils devinssent des capitaines d'industrie en juste 50 ans. Bien plus surprenant est le parasitisme pétrolier d'un pays comme l'Iran, autrefois plus accompli. Bien qu'il n'exporte que 2,5 millions de barils par jour, comparés au 8 millions de l'Arabie Saoudite, le pétrole représente encore 80% des exportations de l'Iran tant son agriculture et son industrie sont devenues improductives.

Le Proche-Orient fut il y a longtemps la région la plus avancée du monde, mais de nos jours ses productions principales sont la consommation effrénée et le ressentiment. Selon le rapport de l'ONU de 2004 sur le développement arabe, la région peut se vanter (!) d'avoir le taux le plus bas au monde d'alphabétisation après l'Afrique sub-saharienne avec seulement 63% des adultes. Du fait de sa dépendance au pétrole les biens manufacturés ne représentent que 17% de ses exportations pour un niveau moyen général de 78%. En outre, malgré la richesse pétrolière, la totalité du Proche-Orient a produit moins de 4% du produit intérieur brut global en 2006, moins que l'Allemagne.

A moins d'y être contraint par un danger immédiat, nous devrions donc nous concentrer sur les vieux et les nouveaux foyers de création en Europe et en Amérique, en Inde et dans l'Extrême Orient, des pays où des peuples travailleurs vont de l'avant au lieu de rêver du passé.
E. Luttwak
Cf. http://www.prospect-magazine.co.uk/article_details.php?id=9302

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Bien sûr, il y aurait pas mal de choses à dire là-dessus, mais... pas ce soir !
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6 juin 2007 3 06 /06 /juin /2007 21:10
Seconde partie du texte d'E. Luttwak paru dans Prospect en mai 2007 : "Pourquoi le Proche-Orient n'a aucune importance". Pour la première partie, voir ci-dessous :
http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html
*
La deuxième erreur souvent répétée est le syndrome Mussolini. Les archives d'époque montrent sans l'ombre d'un doute ce qui est aujourd'hui difficile à croire : des gens sérieux, y compris des chefs militaires français et britanniques, admettaient les revendications de Mussolini au statut de grande puissance parce qu'ils étaient convaincus qu'il avait des forces armées importantes sous son commandement. Ses divisions, ses vaisseaux de guerre et ses escadres volantes étaient dûment comptés pour estimer la puissance militaire italienne, déduction faite de leur manque en armes dernier cri, mais non de leurs réticences plus fondamentales à se battre jusqu'au bout. N'ayant admis que l'Ethiopie l'emporte sur Mussolini que pour le perdre aussitôt au profit d'Hitler dès le début des hostilités, les Britanniques découvrirent que les forces italiennes se délitaient rapidement dans le combat. Il ne pouvait en être autrement, parce que la plupart des soldats italiens étaient des conscrits malgré eux issus de la paysannerie muletière du Sud ou des villages agraires du Nord, tout aussi misérables.

C'est exactement la même erreur que la confrérie des spécialistes ès Proche-Orient continue de commettre. Ils persistent à attribuer une réelle force militaire à des sociétés arriérées dont les populations peuvent très bien alimenter des insurrections mais non une armée moderne.

Dans les années 1960, c'est l'Egypte de Nasser qui passait pour une véritable puissance militaire, simplement parce qu'elle avait reçu beaucoup d'avions, de chars et de fusils de la part de l'Union soviétique, et avait beaucoup de divisions blindées et d'escadres aériennes. En mai 1967, à la veille de la guerre, beaucoup étaient d'accord avec la prédiction faite par le maréchal Montgomery à l'occasion d'un retour sur les lieux de la bataille d'El Alamein : selon lui les Egyptiens allaient immédiatement écraser les Israéliens. Même les plus circonspects n'avaient pas prévu que les premiers seraient complètement défaits par les seconds en quelques jours seulement. En 1973, avec davantage de pathos, il ne fallut toujours que trois semaines pour atteindre le même résultat.

En 1990, ce fut le tour de l'Irak d'être largement surestimé comme puissance militaire. Saddam Hussein avait plus de matériel que Nasser n'en avait jamais accumulé et pouvait se vanter d'avoir vaincu un Iran beaucoup plus peuplé au terme de huit ans de guerre. Dans les mois qui précédèrent la Guerre du Golfe, il y eut maintes spéculations angoissées à propos de la taille de l'armée irakienne - à nouveau les divisions et les régiments furent dûment comptés comme s'il s'agissait de divisions blindées allemandes à la veille du Blitzkrieg, avec un décompte séparé pour "l'élite" : les Gardes républicains, sans parler de la "super-élite" : les Gardes républicains spéciaux. Et on craignait que les abris anti-aériens à l'épreuve des bombes et les bunkers profonds de l'Irak survivraient à n'importe quelle attaque aérienne.

Que cela reflète dans l'ensemble des avis au plus au haut niveau, on peut le déduire de l'ampleur de la coalition militaire qui fut laborieusement réunie, comprenant 575.000 hommes côté US, 43.000 côté britannique, 14.663 côté français et 4.500 côté canadien, et qui forma incidemment cette présence sacrilège d'infidèles sur le sol arabe qui allait pousser Oussama ben Laden à vouloir en tirer vengeance. Dans la pratique, deux semaines de bombardements de précision furent suffisantes pour paralyser toute la machine de guerre de Saddam Hussein qui chercha à peine à résister à l'offensive terrestre massive lorsqu'elle vint. A aucun moment l'aviation irakienne ne chercha à se battre, et tous ces chars qu'on avait minutieusement dénombrés servirent pour l'essentiel à l'entraînement au tir. Une véritable armée aurait continué de résister des semaines ou des mois dans les positions enterrées du Koweit, même en l'absence de couverture aérienne, mais l'armée de Saddam était l'habituel écran de fumée proche-oriental dépourvu de réalité militaire.

Maintenant le syndrome Mussolini est à nouveau à l'œuvre à propos de l'Iran. Tous les symptômes y sont y compris le catalogue des navires de guerre iraniens, en dépit du fait que la plupart ont plus de 30 ans d'âge ; le catalogue des avions de combat, dont beaucoup (F-4, Mirages, F-5, F-14) n'ont pas volé depuis des années faute de pièces de rechange ; et celui de divisions et de brigades qui n'existent que sur le papier. On vous fait des descriptions effrayées des gardiens de la révolution Pasdaran, invariablement décrits comme "l'élite", qui se pavanent en effet comme s'ils avaient gagné de nombreuses guerres, mais qui en réalité n'en ont fait qu'une seule - contre l'Irak - qu'ils ont perdue. Quant à la prétention de l'Iran d'avoir vaincu Israël par l'intermédiaire du Hezbollah dans l'épisode de l'année dernière, le coup publicitaire a été remarquable mais la réalité est tout autre avec environ 25% de pertes parmi les hommes les mieux entraînés, ce qui explique le silence de mort et l'immobilité depuis le cessez-le-feu d'un Hezbollah autrefois exubérant.

Et quand tout le reste ne parvient pas à nous effrayer, on invoque la nouvelle cavalerie légère du terrorisme iranien. Les habituels spécialistes du Proche-Orient nous expliquent maintenant que si l'on embête les ayatollahs, ils lâcheront des terroristes qui dévasteront nos vies, bien que 30 ans d'imprécations "Mort aux USA" et les sommes considérables dépensées pour maintenir un département spécial du terrorisme international n'aient produit qu'un seul attentat à la bombe majeur en Arabie Saoudite, en 1996, et deux dans l'environnement plus permissif de Buenos Aires en 1992 et 1994, ainsi que quelques assassinats d'exilés en Europe.

Il est vrai que si les installations nucléaires iraniennes viennent à être bombardées au cours de quelque raid nocturne, des représailles seront probables, mais nous vivont une époque heureuse où nous avons seulement à nous préoccuper de cette agaçante question du terrorisme au lieu de guerres mondiales - et une nouvelle contribution de l'Iran n'est pas de nature à faire beaucoup d'effet. Il peut y avoir de bonnes raisons de ne pas attaquer les sites nucléaires iraniens - notamment les progrès particulièrement lents et douteux de ses efforts d'enrichissement de l'uranium - mais sa capacité de riposte n'en fait pas partie. Même le trafic des tankers dans le Golfe et à travers le détroit d'Ormuz, fragile en apparence, n'est pas aussi vulnérable qu'il y paraît - l'Iran et l'Irak ont tous deux cherché à l'atteindre à plusieurs reprises sans grand succès, - et cette fois si la marine US est prête à détruire toute piste de décollage ou toute jetée d'où les attaques seraient lancées.

Et pour ce qui est de l'idée selon laquelle "les Iraniens" seraient unis dans le soutien patriotique au programme nucléaire, cette nationalité n'a jamais existé. Sur les quelque 70 millions de la population iranienne, 51% sont des Perses ethniquement parlant, 24% sont des Turcs (des "Azéris" dans la terminologie du régime), le quart restant étant constitué d'autres minorités. Nombreux sont ceux parmi les 16 ou 17 millions de Turcs d'Iran qui sont en révolte contre l'impérialisme culturel perse ; les 5 ou 6 millions de Kurdes ont déclenché une grave insurrection ; la minorité arabe fait exploser des bombes à Ahvaz ; et la tribu Baloutche attaque gendarmes et gardiens de la révolution. Si près de 40% de la population britannique était engagée dans des luttes séparatistes d'intensités diverses, personne n'oserait affirmer son unité autour du gouvernement de Londres. Et qui plus est, une partie importante de la majorité perse s'oppose au régime théocratique, soit parce qu'ils considèrent l'Islamisme comme dépassé en réaction à ses nombreux interdits, soit parce qu'ils sont soufis et que le régime les persécute maintenant presque autant que la petite minorité Baha'ie. Alors cessons de faire des rapports depuis Téhéran mettant l'accent sur l'unité nationale du pays. Le nationalisme perse est une position minoritaire dans un pays où la moitié de la population n'est même pas perse. De nos jours, les Etats multinationaux ou décentralisent ou se disloquent plus ou moins violemment. L'Iran n'est pas en cours de décentralisation, aussi son avenir semble-t-il facilement prédictible. Pour l'heure, il ne faut pas en attendre beaucoup de cohésion en cas d'attaque.

A suivre...
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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 23:50
Il y a du nouveau chez les néo-cons américains et ce n'est pas bête du tout. Un article récent du politologue Edward Luttwak publié dans le mensuel Prospect (mai 2007) a fait impression ces dernières semaines. Courrier international en publie un compte-rendu (n° 865, p. 50 : "Oublier le Moyen-Orient", tiré de Al-Hayat) et le Monde diplomatique (Carnets du 8 mai par Alain Gresh : "Le Moyen-Orient, au milieu de nulle part") en est tout bouleversifié ! Je me propose donc de le traduire in extenso, mais d'abord quelques mots sur l'auteur.

Né en 1942 dans une famille juive de Roumanie, naturalisé américain après avoir vécu en Italie et en Angleterre, Edward Nicolaï Luttwak est un économiste diplômé de la London School of Economics et de l'université John Hopkins. Il est surtout un des spécialistes de géopolitique les plus connus, membre du "Center for Strategic and International Studies" de Washington et du "National Security Study Group" du Département de la Défense, et conseiller auprès du Département d'Etat US.

Luttwak a publié plusieurs ouvrages qui reposent volontiers sur le paradoxe et les propositions provocantes, mais donnent à réfléchir, le plus connu étant Coup d'Etat : A Practical Handbook (Londres, 1979), traduit sous le titre Coup d'Etat, mode d'emploi (Poche, 1996). Parmi ses autres livres disponibles en français : Le paradoxe de la stratégie (Odile Jacob, 1989), Le rêve américain en danger (1993 - trad. 1995), La renaissance de la puissance aérienne stratégique (Economica, 1998), Le turbo-capitalisme : les gagnants et les perdants de l'économie globale (O. Jacob, 1999), Le grand livre de la stratégie : De la paix et de la guerre (1987 - trad. 2002) et, non traduit à ma connaissance : The Pentagon and the Art of War (New York, 1984).

*
Le milieu de nulle part
ou
Pourquoi le Proche-Orient n'a aucune importance*

* [Le titre anglais repose sur un jeu de mot entre "Middle-East", en bon français Proche-Orient, et "middle", le milieu]

Les analystes occidentaux sont toujours à bavasser sur l'importance stratégique du Proche-Orient. Mais, malgré son pétrole, cette région arriérée compte moins que jamais et cela vaudrait mieux pour tout le monde si le reste du monde apprenait à l'ignorer.

Pourquoi les spécialistes du Proche-Orient se trompent-ils toujours, infailliblement ? La leçon de l'Histoire, c'est que les hommes n'apprennent jamais rien de l'Histoire, mais les spécialistes du Proche-Orient, comme nous autres, devraient au moins apprendre de leurs erreurs passées, au lieu de continuer à les refaire.

La première erreur est le catastrophisme du "nous sommes à deux doigts de l'explosion". Feu le roi Hussein de Jordanie était le maître incontesté du genre. Prenant son air le plus sombre, il nous avertissait que, la patience étant à bout, un conflit israélo-arabe était sur le point d'éclater qui rendrait tous les conflits passés insignifiants au regard de ce qui allait survenir à moins que, à moins que... Puis venait le remède, généralement quelque chose de plutôt insipide en comparaison de la terrible catastrophe annoncée, comme de reprendre telle ou telle négociation enlisée, ou d'envoyer un émissaire américain dans la région pour faire aux Palestiniens les mêmes promesses que d'habitude et faire sur Israël les mêmes pressions que d'habitude. Nous avons lu des versions du discours-type du roi Hussein dans tant de journaux, entendu des invocations identiques à chaque apparition radiophonique ou télévisée des habituels spécialistes du Proche-Orient, et avons maintenant devant nous le fils de Hussein, Abdallah, qui répète régulièrement le discours de son père, presque mot pour mot.

Ce qui arrive en réalité à chacun de ces "moments de vérité" - et l'un d'eux se profile sans doute à l'horizon - n'est pas grand chose, juste le même vieux conflit cyclique qui recommence chaque fois que la paix se fissure, et se résorbe chaque que la violence atteint un certain niveau d'intensité. La facilité qu'il y a à filmer et rendre compte en toute sécurité depuis de luxueux hôtels israéliens gonfle la couverture médiatique de la moindre échauffourée. Mais les humanitaires devraient noter que les morts du conflit judéo-palestinien depuis 1921 se montent à moins de 100.000 - presque autant que de tués en une saison de conflit au Darfour.

Du point de vue stratégique, le conflit israélo-arabe est à peu près sans intérêt depuis la fin de la guerre froide. Et pour ce qui est de son impact sur les prix du pétrole, il était grand en 1973 lorsque les Saoudiens ont décrété l'embargo et ont réduit leur production, mais c'était la première et dernière fois qu'était brandie "l'arme du pétrole". Depuis des décennies maintenant, les principaux producteurs arabes ont notoirement rejeté tout lien entre prix et politique, et un embargo serait un désastre pour leurs économies dépendantes des revenus du pétrole. Quoiqu'il en soit, le lien de cause à effet entre troubles au Proche-Orient et prix du pétrole est loin d'être direct. Comme Philip Auerswald le faisait remarquer récemment dans la revue The American Interest, entre 1981 et 1999 - période pendant laquelle un régime fondamentaliste a consolidé son pouvoir en Iran, l'Iran et l'Irak se sont fait une guerre de huit ans à portée de canon d'installations gazières et pétrolifères, la Guerre du Golfe a eu lieu et la première Intifada palestinienne a fait rage - les prix du pétrole, compte-tenu de l'inflation, ont en réalité chuté. De plus, la dépendance générale vis à vis du pétrole proche-oriental va déclinant : aujourd'hui la région produit moins de 30% du pétrole brut mondial, contre près de 40% en 1974-1975. En 2005, 17% des importations US de pétrole venaient du Golfe, contre 28% en 1975, et le président Bush a profité de son discours sur l'état de l'Union de 2006 pour annoncer son intention de réduire des trois-quart d'ici 2025 les importations US de pétrole du Proche-Orient.

Certes, ce serait bien si Israéliens et Palestiniens pouvaient régler leurs différends, mais cela n'aiderait en rien ou si peu à calmer les autres conflits du Proche-Orient de l'Algérie à l'Irak, ou pour arrêter les violences entre musulmans et hindous au Cachemir, celles entre musulmans et chrétiens en Indonésie et aux Philippines, entre musulmans et bouddhistes en Thaïlande, entre musulmans et animistes au Soudan, entre musulmans et Igbo au Nigéria, entre musulmans et Moscovites [sic] en Tchéchénie, ou les diverses variétés de violences intra-musulmanes, traditionnels contre islamistes, et Sunnites contre Chiites ; et cela n'adoucirait pas non plus l'hostilité parfaitement compréhensible des islamistes convaincus envers l'Occident transgressif qui sans cesse envahit leurs esprits, et parfois leurs pays.

Le catastrophisme israélo-arabe est une erreur à double titre, d'abord parce que le conflit est circonscrit à un périmètre plutôt limité, et deuxièment tout simplement parce que le Levant n'est plus tellement important.
[La suite ici : http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html]
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28 juillet 2006 5 28 /07 /juillet /2006 23:21

L'étroitesse des liens politiques tissés entre les Etats-Unis d'Amérique et Israël ne surprend guère. Pourtant ces liens posent question.

On interprète en général cette relation privilégiée comme le résultat de l'influence d'un lobby. Le plus souvent c'est l'influence du lobby juif au Congrès américain qui est mise en avant, le très officiel American Israël Public Affairs Committee, "America's Pro-Israel Lobby" comme il se définit lui-même (cf. www.aipac.org). L'intérêt d'Israël prime et la politique américaine paraît principalement déterminée par des choix en partie étrangers aux intérêts propres des Américains.

 Quelques observateurs font l'analyse inverse : le lobby militaro-industriel américain tire en effet d'énormes profits des tensions persistantes au Proche-Orient, le surarmement d'Israël poussant les pays voisins à investir toujours plus dans leur défense (cf. www.dedefensa.org/article.php?art_id=589). Les USA sont d'ailleurs parvenus à liquider le programme israëlien d'avions militaires Lavi, pour éviter une concurrence aux F-16 qu'ils leur vendent.

En d'autres occasions, comme aujourd'hui dans l'attaque du Liban, les Israëliens peuvent apparaître comme des supplétifs de la politique américaine qui vise ouvertement la Syrie et l'Iran, principal soutien du Hezbollah.

Il n'en demeure pas moins que, pour citer le professeur Zunes (University of San Francisco, Department of Politics), "The US aid relationship with Israel is unlike any other in the world. In sheer volume, the amount is the most generous foreign aid program ever between any two countries" (cf. Stephen Zunes "Tinderbox : US Middle East Policy and the Roots of Terrorism", 2003).

En effet, un tiers du budget américain destiné à l'aide aux pays pauvres est alloué à Israël, bien qu'il s'agisse d'un pays développé et industrialisé. Il est vrai que l'essentiel de cette aide sert ensuite à acheter des armes aux USA...

Cependant, au delà de la question de savoir qui profite le plus de l'alliance, force est de constater que cette alliance elle-même est assez inédite, une sorte d'objet politique non encore bien identifié et tout à fait nouveau dans l'Histoire. Israël serait-il le cinquante-et-unième état des Etats-Unis d'Amérique et l'étoile de David une nouvelle étoile sur le drapeau américain ?

Le processus n'est pourtant pas celui-là. Il ne s'agit pas d'une intégration classique et il ne semble pas non plus y avoir de véritable osmose entre les populations. Il y a en revanche une convergence d'intérêts des gouvernants des deux pays. Cette convergence repose sans doute sur des traités militaires secrets et sur des intérêts financiers partagés, mais ni Israël ni les USA ne cherchent à la dissimuler et ses effets sont d'ailleurs manifestes dans leurs prises de positions respectives.

Dès lors, on s'aveugle sans doute à vouloir encore les considérer comme deux pays distincts alors qu'ils vont toujours de conserve. Attendre, par exemple, du Conseil de Sécurité de l'ONU où les USA ont droit de veto, qu'il émette des réserves, condamne ou intervienne contre telle ou telle action d'Israël, c'est comme demander à Israël de critiquer sa propre politique... Peine perdue ! Il ne faut donc pas s'étonner de la paralysie de l'ONU comme de l'OTAN sur le sujet.

En termes de géopolitique, considérer Israël et les USA comme une seule et même entité permettrait de clarifier les choses. L'entité géopolitique United States & Israel, ou pour faire court, USI, est une hyperpuissance militaire. J'ai retiré le A car son territoire ne se limite pas au continent Nord-Américain. L'USI est membre-directeur de l'OTAN et dispose d'un poste permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU.

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 00:03

Voici un extrait d'un échange de courriels avec mon ami Jaro, chef d'entreprise slovaque, qui traduit le sentiment dominant des pays du centre et de l'est de l'Europe nouvellement admis dans l'Union européenne sur le rôle des Etats-Unis en Europe :

"How do you want to guarantee peace for Slovakia ? Would France send 15.000 French soldiers to Slovakia ? And IF Slovakia is invaded (in the future) and French soldiers are shot in the process, that will mean France is in war ? Would France do that ? To pay 15,000 soldiers to be permanently in Slovakia ? No ? But the USA are ready to do that. US soldiers are in Poland, Hungary, Czech. rep., Slovakia. If someone invades Slovakia, he will have to shoot US soldiers - and that would mean a war with the USA. [...]

USA has interests in Europe. One example : there are 5 mil slovaks in Slovakia, but there are 7.5 mil Slovaks in the USA ! There are slovak senators, slovak businessmen, slovak lobby in the USA, slovak newspapers, slovak TV, some us cities are slovak (for example Cleveland). Everyone in Slovakia (or almost everyone) has a relative in the USA - my grand-mother was born in NY city too, my grand-father in Florida, brothers of my grand-mother still live in the USA, in Salt Lake City, Chicago, Florida. It's rather improbable to meet a slovak citizen who would be prejudiced against the americans, because we have a lot of relatives there".

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