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  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 19:33

La Convention de Vienne (1961) assure aux diplomates en poste à l'étranger une "immunité diplomatique" qui, selon une interprétation large du texte, leur permet d'échapper aux poursuites judiciaires. Elle ne devrait pourtant s'appliquer qu'aux délits commis dans l'exercice de leurs fonctions. Le viol et les actes de pédophilie font-ils partie de ces fonctions ? Pas à notre connaissance. Mais, de fait, le statut de diplomate en complique singulièrement la répression, comme l'ont démontré plusieurs affaires par le passé, jamais jugées, ou d'autres qui ont tardé à l'être comme celles de Jean-Louis Poulalion, ancien consul général à Tamatave (Madagascar), finalement condamné en cour d'assises en 1997, ou de Jean-Pierre Castella, ancien consul général à Alexandrie (Egypte), condamné en 2006.

Ces affaires évoquées par Franck Renaud, dans Les diplomates : Derrière la façade des ambassades de France (Nouveau Monde, 2010), participent du fléau qu'est le tourisme sexuel ( Le tourisme, fléau planétaire ). Le Quai d'Orsay pourrait montrer davantage de vigilance dans le recrutement et les nominations de ses diplomates, en particulier à des postes de pays particulièrement exposés. Il en va aussi de la réputation de la France à l'étranger.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 22:26

Je l'avais annoncé en 2008 : Ben Laden est mort . Quelle prescience !

Aux dernières nouvelles, l'ennemi public n° 1 est passé de vie à trépas le 2 mai 2011, abattu par un commando des forces spéciales US dans sa résidence secrète d'Abbottabad, non loin d'Islamabad (Pakistan). Et comme aurait dit Monsieur de La Palisse, s'il n'était point mort avant, c'est qu'il était encore en vie.

Donc, si je me réfère à mon précédent texte, il fallait lire la phrase fatidique de l'ancien premier ministre pakistanaise Benazir Bhutto comme ceci : "...Omar Saïd Cheikh, l'homme qui a assassiné Daniel Pearl". Pearl est ce journaliste du Wall Street Journal enlevé à Karachi et exécuté en janvier 2002. Les liens de l'assassin (ou plutôt des assassins) avec l'ISI (les services secrets pakistanais... liés à la CIA) avaient été révélés dès août 2002 par Robert Sam Anson dans le magazine Vanity Fair ("The journalist and the terrorist"), repris dans un numéro de Courrier International d'octobre 2002 - et scandaleusement plagié par un certain BHL qui a eu l'impudence de s'attribuer le mérite d'une enquête qu'il n'a jamais faite. 

Omar Cheikh a été condamné à mort en juillet 2002, mais on attend toujours le jugement en appel. D'où une nouvelle question : Qu'est devenu Omar Cheikh ?

Où l'on reparle de Raymond Davis

Raymond Allen Davis, 36 ans, ancien des Forces spéciales, est ce chef de poste de la CIA au Pakistan qui faillit se faire lyncher le 27 janvier 2011 à Lahore après avoir zigouillé deux Pakistanais d'une rafale de Beretta, Faizan Haider et Muhammad Fahim, puis les avoir tranquillement photographiés. Toute la diplomatie US s'était mise en branle pour faire libérer ce soi-disant simple consultant auprès du consulat américain. Chose faite en mars dernier contre 2,3 millions de dollars, le prix du sang pour les familles. Mais un point n'a toujours pas été éclairci : Qu'allait donc faire le beau Davis dans cette galère... enfin, au Pakistan voulais-je dire ? N'était-il pas par hasard à la poursuite du Ben Laden ?

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Pas tellement couleur locale, notre agent secret !

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 22:28

C'est une nouvelle affaire Abou Graïb que le Spiegel vient de révéler en publiant le 21 mars quelques photos du caporal Jeremy Morlock, inculpé avec une douzaine d'autres soldats US pour le meurtre gratuit de civils en Afghanistan. Cinq d'entre eux seront prochainement traduits en cour martiale. Je passe sur les détails macabres, mais d'aucuns auraient plus besoin d'une camisole de force que du treillis camouflé...

Der-Spiegel-1.jpg

Le caporal Morlock et son trophée afghan

 

Des photos répugnantes, comme le dit un porte-parole de l'armée US. Mais qu'elles soient "contraires aux normes et aux valeurs de l'armée des Etats-Unis", on va finir par en douter.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 20:43

Le réalisateur Janus Metz, plus connu pour ses documentaires sur l'immigration (de même que son premier film, Ticket to Paradise en 2008), a suivi un groupe de soldats de l'armée danoise au cours de leur première mission en Afghanistan. Le résultat, un film qui a reçu le Grand Prix de la Semaine de la Critique au festival de Cannes en mai 2010, semble assez saisissant. Je dis 'semble', car Armadillo, censé être sorti sur les écrans le 15 décembre dernier, n'est à l'affiche... nulle part !

 

 

 

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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 22:14
Sans doute aviez-vous déjà noté la quasi absence de publicité sur Géopolis. Oh, on avait bien fait la réclame d'un scooter Peugeot (Géopolis contre-attaque : A bas les scooters Peugeot !), mais une rubrique "Pub", voilà qui nous manquait ! Qu'à cela ne tienne, la voici, avec pour commencer :

bottle

L'eau de B'eau Pal, qui nous vient du cœur de l'Inde, est pleine de propriétés intéressantes qui vont vous la rendre indispensable. Embouteillée à la source, elle tire ses qualités uniques de 25 ans d'infiltration lente de toxines sur le site de la plus grave catastrophe industrielle de tous les temps...

Déjà proposée gratuitement en Angleterre par l'Association Yes Men, spécialiste ès canulars, l’eau de B’eau Pal n'a curieusement rencontré aucun succès auprès des Londoniens... Mais l’opération a permis d’attirer l’attention sur les conséquences de l’explosion de l’usine de pesticides de l'entreprise US Union Carbide à Bhopal (Inde) dont les victimes n'ont toujours pas été indemnisées. L'explosion, survenue dans la nuit du 3 décembre 1984 dans un bidonville de la capitale de l'Etat du Madhya Pradesh, avait provoqué le dégagement dans l'atmosphère et dans l'eau de 40 tonnes d'isocyanate de méthyle, causant la mort d'environ 25.000 personnes en quelques heures. Il y aurait en outre plus de 100.000 personnes atteintes de maladies chroniques (cancers, maladies respiratoires, problèmes de reins, problèmes oculaires, ménopauses précoces, enfants difformes...) liées à la contamination par divers polluants tel l'isocyanate de méthyle, mais aussi le dichlorométhane, le tétrachlorure de méthane et le chloroforme. Selon Courrier international (2 décembre 2009), un rapport d'une organisation caritative locale signale qu'aujourd'hui encore à Bhopal les nappes phréatiques, les légumes et le lait maternel sont contaminés par des quantités toxiques de nickel, de chrome, de mercure, de plomb et d'autres substances organiques volatiles.

Voir aussi (âmes sensibles s'abstenir) : International Campaign for Justice in Bhopal (ICJB).
Et surtout, exigez l'eau de B'eau Pal !
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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 23:24
Connaissez-vous les Yoghourts ? Jusqu'ici totalement ignorés des géographes, les Yoghourts sont une population d'Asie centrale qui gagne pourtant à être connue et appréciée. D'après des renseignements exceptionnels recueillis par le Quai d'Orsay, ils résident dans la région de l'ancien Turkestan oriental, quelque part du côté de la Chine-qui-est-un-grand-pays, et seraient environ 7 millions, cf. http://www.diplomatie.gouv.fr:BienvenuschezlesYoghourts. Depuis des temps immémoriaux, les Yoghourts cuisinent d'excellents raviolis, et ceci est de la plus haute importance. Car ce sont de fins gastronomes que ces Yoghourts. Des gens distraits aussi. Voyez un peu : ils ont toujours pensé qu'ils étaient chez eux chez eux ! Ils sont fous ces Yoghourts ! Mais nos amis les Chinois sont là pour leur rappeler qu'ils se trompent. Chinois et Yoghourts ont d'ailleurs en commun de vieilles coutumes tout à fait pittoresques appelées "affrontements ethniques". Tout ce qu'il y a de plus traditionnel. On sait bien que dans ces pays lointains les gens sont tous un peu arriérés et primitifs. Aussi ne s'étonnera-t-on pas que leur folklore soit un tantinet rustique. Car il n'est pas de ces événements festifs qui ne se solde par quelques morts. Quelques centaines même, mais on ne va pas chipoter. Mais les Yoghourts sont des gens très bien. Ce sont des Musulmans plutôt ouverts et pas du tout sectaires (bref, pas comme le Muz ordinaire), quoiqu'un peu terroristes quand même.

Prochainement : Bernard Kouchner en visite officielle chez les Yoghourts.

Mercredi 8 juillet 2009, déclaration du Ministre des Affaires étrangères sur France Info...

Voir aussi :
Le droit de savoir : Michel Collon parle de Kouchner
Bernard Kouchner, bombardier sans frontières

Dernière minute : D'aucuns ont aussi évoqué des massacres de "Ouïgours" perpétrés dans une obscure province du fin fond de la Chine, mais c'est certainement par confusion ou par méconnaissance. Il vaut mieux laisser ces questions aux spécialistes.
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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 23:53
Où il sera encore question du fonctionnement abracadabrant de la démocratie à la française, un système qui semble ne pouvoir se passer d'argent sale... Nous évoquions le financement par les Gabonais des campagnes aux élections présidentielles de plusieurs notables de droite comme de gauche, notamment Jacques Chirac : "La démocratie ne nous intéresse pas" . Voici que l'on apprend que celle d'Edouard Balladur en 1995 aurait été payée par... les Pakistanais !

Comment croire une seule seconde que la générosité du Gabon d'Omar Bongo ou de la République islamique du Pakistan soit gratuite ? Les financiers attendent toujours un retour sur investissement. La politique apparente, celle que présentent les médias, avec ses ressorts officiels, ses déclarations de principe, ses protestations de vertu, est parfois très éloignée de la politique réelle de gouvernants qui accèdent au pouvoir déjà grevés de dettes secrètes et de bienfaiteurs à rétribuer.

Mais pour les principaux intéressés, bien sûr, tout ceci n'est que fable. Interrogé le 19 juin 2009 par le journaliste Philippe Alfroy sur les derniers éléments de l'enquête concernant l'attentat de Karachi (voir la dépêche AFP ci-après), le président de la République française Nicolas Sarközy, à l'époque des faits ministre du budget, ne trouve en effet rien de mieux à répondre que : "Qui peut croire à une fable pareille ?", avant de s'esclaffer. Mais bien sûr, après toutes sortes de mimiques : "Pardon hein, je ris pas du tout parce que Karachi c'est la douleur de familles et de choses comme ça."

Sinistre, sanglante fable, qui se sera cette fois terminée par la mort de onze expatriés français un matin de mai 2002 à Karachi.

*
Attentat de Karachi - Sarkozy rejette la piste de la corruption
AFP - 20 juin 2009

Paris - L'enquête sur un attentat qui avait tué 11 ingénieurs français en 2002 à Karachi s'oriente vers la piste d'un contentieux franco-pakistanais doublé de commissions occultes reversées à des hommes politiques à Paris, une hypothèse qualifiée de «fable» hier par Nicolas Sarkozy.

Les victimes françaises de cet attentat commis le 8 mai 2002 par un kamikaze dans la capitale économique du Pakistan étaient des salariés des arsenaux d'État français DCN. Trois Pakistanais avaient également été tués.

L'avocat des familles de sept des 11 ingénieurs a affirmé, après une rencontre jeudi avec les juges antiterroristes français, que l'enquête avait été relancée sur la piste d'un contentieux franco-pakistanais lié à la vente en 1994 de sous-marins.

Celle-ci aurait donné lieu au versement de commissions au Pakistan, mais aussi à des rétro-commissions en France ayant pu financer la campagne présidentielle en 1995 de l'ex-premier ministre français Edouard Balladur.

«C'est ridicule [...] c'est grotesque [...], qui peut croire une fable pareille ?», a répondu le président français hier à la presse à l'issue du Sommet européen à Bruxelles. «Si vous avez des éléments, donnez-les à la justice!» a-t-il lancé, agacé.

Selon l'avocat des familles, Me Olivier Morice, l'attentat aurait été organisé en représailles au non versement de commissions. «Ces commissions ont été arrêtées à l'arrivée de Jacques Chirac à la présidence de la République en 1995», a affirmé Me Morice. Selon l'avocat, la piste islamiste, longtemps privilégiée «est totalement abandonnée» par la justice française, les enquêteurs disposant de nouveaux éléments pour accréditer la thèse du contentieux franco-pakistanais.

L'avocat des familles pourrait demander dans les prochaines semaines les auditions de M. Balladur et Jacques Chirac. Edouard Balladur a reconnu jeudi avoir «entendu parler de cette histoire depuis des années» mais souligné que tout s'était déroulé de manière «parfaitement régulière».

Cette piste avait brusquement surgi en 2008 dans le cadre d'une enquête sur des faits présumés de corruption et de ventes d'armes. Des policiers avaient mis la main sur des documents portant sur des sociétés par lesquelles avaient transité des commissions. Un de ces documents faisait état en septembre 2002 d'une «instrumentalisation» de militants islamistes par des membres des services secrets pakistanais et de l'armée «pour obtenir le versement de commissions non honorées».

Le versement de commissions, interdit par une convention de l'OCDE de 2000, était encore légal en 1994. D'éventuelles rétro-commissions dont auraient pu bénéficier à cette époque des décideurs français sont en revanche réprimées par la loi.

L'éventuel financement de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995 par des commissions sur des contrats d'armements de la DCN était apparu dans le cadre d'une enquête préliminaire sur des sociétés d'intelligence économique.

Les policiers avaient alors trouvé une note mentionnant l'aval du directeur de cabinet de M. Balladur, Nicolas Bazire, et celui du ministre du Budget d'alors, Nicolas Sarkozy, pour la création d'une des sociétés par lesquelles transitaient des commissions.

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 22:38
Voilà, c'est fait : le chef de guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar a reconnu lundi 29 septembre dans une vidéo adressée à l'agence locale Pajhwok Afghan News être derrière l'embuscade du 18 août qui a coûté la vie à dix soldats français dans la province de Kapisa, district de Saroubi, son fief. Le point d'exclamation est de trop d'ailleurs, puisque la nouvelle ne surprendra que les naïfs qui croient encore ce que blablatent nos zautorités. Vous savez les mêmes qui prétendent qu'il n'y a pas de guerre en "Afgha"... Oui oui, pas de guerre. Rien du tout. Pour les autres, en tous cas mes quelques lecteurs, ils se doutaient déjà que ce n'étaient pas nécessairement les Talibans qui avaient fait le coup : Afghanistan, la guerre  (texte du 30 août). Ah oui, qui c'est qui nous parlait de lutte contre le terrorisme ? Comme quoi, Mélusine a toujours raison !

A propos d'Hekmatyar, voici une autre vidéo qui date du mois de mai 2008 où l'ancien combattant de la liberté ("freedom fighter" dans la terminologie USaméricaine), aujourd'hui commandant du second groupe le plus puissant d'insurgés afghans (mais on peut toujours dire terroriste, ça ne change rien à l'affaire), expose son point de vue. Et ce n'est pas sans intérêt. (15 secondes de pub au début).

Propos recueillis par Sami Yousafzaï pour CBS News, quelque part dans le Nord-Est de l'Afghanistan.
www.cbsnews.com/stories/2008/05/06/terror/main4075326.shtml
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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 22:21
Trop de morts, et maintenant tellement de mensonges inutiles... Comme celui-ci : "Je conteste le mot de guerre" (Hervé Morin, ministre de la défense). Les mots ont-ils encore un sens ? Tout aujourd'hui est dit guerre, combat, lutte, sauf la guerre elle-même. Là, on n'ose pas. On devient bizarrement pudique. Le mot est tabou. Pourtant, c'est la guerre en Afghanistan. Une guerre aussi terrible que celle d'Irak, une guerre qui tue chaque jour. Qui vient de tuer dix jeunes militaires français et d'en blesser une vingtaine d'autres. Déjà sept ans de cette guerre et plus elle va, plus le vague espoir d'une paix à l'horizon vacille. Et de quelle sorte de paix parle-t-on d'ailleurs ? La pax americana ? Car la situation est pire aujourd'hui qu'elle n'était au début, à l'automne 2001, et c'est sans doute cela le plus inquiétant. Les Talibans étaient largement vaincus. Mais depuis, financés par l'héroïne que nous leur importons, toujours aidés par les Services pakistanais ( Le Pakistan est-il un pays sûr ? ), et profitant de l'esprit de révolte que suscitent l'occupation prolongée du pays et les exactions de l'armée américaine, ils ont repris du poil de la bête. Les témoignages des soldats anglais ne laissaient déjà pas de doute à ce propos il y a deux ans. Ils évoquaient les conditions extrêmes, la pénurie de munitions, le manque d'appui aérien, la sauvagerie des combats... Cf.  Des nouvelles de Kaboul - Afghanistan et Des nouvelles de Kaboul (suite)

Mensonges inutiles aussi sur les circonstances du guet-apens meurtrier de ce lundi 18 août, alors même qu'on en savait les grandes lignes dès le lendemain. L'Etat major et le Ministère ont beau dire, les témoignages directs des militaires présents sur le terrain sont formels (rapportés par Le Monde, Le Canard enchaîné et le dernier Paris Match). L'affrontement, commencé vers 14h30, a duré jusque tard dans la nuit. Ceux qui y ont perdu la vie ne sont pas tous morts "dans la première heure". Pourquoi cacher que le combat a été héroïque ? En position défavorable, sans renfort immédiat, bientôt à cours de munitions... Et oui, les avions US arrivés au secours ont bombardé de travers. Pourquoi le nier ? C'est aussi celà la réalité de la guerre. Et ces fausses pudeurs des "spécialistes" qui s'offusquent qu'on évoque des prisonniers égorgés (par respect pour les familles, disent-ils), mais se gargarisent du mot "polycriblés" ! Je préfère la pudeur de leurs compagnons d'armes : "Certains des nôtres ont été attaqués à l'arme blanche". Pas besoin d'en dire plus.

Mensonge ou approximation, quand on nous parle de talibans comme d'une évidence. Les affaires afghanes sont plus compliquées que ça. L'attaque contre les Français semblerait plutôt devoir être attribuée aux hommes du Hezb-i Islami de Gulbuddin Hekmatyar, un chef de guerre afghan d'une soixante d'années, autrefois financé par la CIA à hauteur de 600 millions de dollars pour lutter contre les Soviétiques, éphémère premier ministre du pays en 1996 et allié circonstanciel des Talibans depuis 2002. Il passe pour un habile stratège en guérilla. Or, dans le district de Saroubi où s'est déroulée l'embuscade, Hekmatyar est encore chez lui.

Mensonge ou essai d'intimidation enfin, quand le gouvernement et ses porte-voix prétendent que la mort de nos soldats devrait faire taire toute question sur la pertinence de l'engagement français dans cette guerre. Drôle d'idée ! Au contraire, c'est plus que jamais le moment d'en parler. Nous n'avons pas de frontières communes, pas d'intérêts très directs, pas de casus belli. Alors qu'attendons nous pour nous-mêmes de la guerre d'Afghanistan ? Qu'est-ce qu'on y gagne ? Quel est le but ? La paix, nous dit-on - mais elle s'éloigne. Et qu'on ne me parle pas de démocratie ! Pour que d'autres jeunes gens ne soient plus inconsidérément sacrifiés "sur l'autel de l'inutile", comme l'a dit tristement le père de l'un d'eux.

Reportages :
Crimes de guerre à Mazar
http://video.google.com/videoplay?docid=-3879703582207034825 (âmes sensibles s'abstenir)
Une guerre au nom de la paix
http://polemiquepolitique.blogspot.com/2008/08/afghanistan.html (Envoyé spécial)
Et Sarkozy ricanant
http://www.youtube.com/watch?v=THa7C2lZZh0&eurl=http://club-acacia.over-blog.com/article-22131746.html
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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 22:29
J'attends confirmation des services ouzbeks, mais si c'est vraiment vrai, ça mérite d'être dit ! En tout cas, c'est ce qu'affirmait incidemment à la mi-octobre sur la chaîne Al Jazeera, avec beaucoup de naturel, comme d'une vieille histoire déjà connue de par chez elle - même pas un "scoop" en somme, - l'ancien premier primistre du Pakistan Benazir Bhutto elle-même. La femme qui en savait trop a été assassinée le 27 décembre 2007. Paix à son âme.

L'icône démocratique toute fraîche de Benazir Bhutto avait quelques défauts. Dirigeante du PPP (Parti du peuple pakistanais) hérité de son père, nommée par deux fois premier primistre du Pakistan, la première fois en 1988 à seulement 35 ans, puis de 1993 à 1999, elle avait chaque fois dû renoncer à son poste pour cause de soupçons de corruption aggravée. Ces accusations n'étaient pas sans fondement comme a pu le démontrer une enquête de la justice suisse. Certaines mauvaises langues, et néanmoins proches de sa propre famille, l'accusent aussi d'avoir commandité l'assassinat de ses deux frères, Shalnawaz Bhutto, tué en France en 1985, et surtout Murtaza Bhutto, tué à Karachi en 1996 par la police pakistanaise, Benazira regnante... Il est vrai que Murtaza avait quelque temps plus tôt rasé une moitié de moustache à Asif Ali Zardari, le mari de la dame. Un affront pareil, ça ne se pardonne pas !

En outre, lors de son second mandat, Benazir Bhutto s'était alliée aux islamistes du Jamiat-Ulema-e-Islami, dont les écoles coraniques serviront de vivier aux talibans afghans. Sous la direction de son ministre de l'Intérieur de l'époque, le général Babar, l'Inter Services Intelligence (ISI, services secrets pakistanais) va fournir le matériel et la logistique qui conduiront les talibans à la prise de Kaboul en 1996. Mais elle était précisément une redoutable politicienne, femme forte dans un pays qui en apparence ne leur est guère favorable, véritable seigneur de guerre au besoin, d'une impassibilité toute orientale, et surtout fort bien informée de la situation locale...

Il se dit donc au Pakistan que Bin Bin (Oussama Ben Laden pour les intimes) a été exécuté par un proche du pouvoir qui se trouve être simultanément un haut dirigeant du mouvement Al Qaïda..., j'ai nommé Omar Cheikh. Mais des Ben Laden, il y en a tout plein ! Après Oussama, on parle de son fils Hamza qui pratiquerait le même métier : terroriste de montagne. Quant au Pakistan, c'est paraît-il un équilibre improbable entre trois A : Allah, Armée, Amérique... On va voir comment ça retombe sur ses pattes.

Sources :
http://fr.altermedia.info/general/pakistan-la-marraine-des-talibans-assassinee_12428.html
L'entretien accodé par B. Bhutto à David Frost vers le 20 octobre 2007 ici :
www.yanndarc.com/article-7336162.html (extrait)
http://www.prisonplanet.com/articles/december2007/281207_said.htm (en intégral)
Et aussi, Le chaudron pakistanais
et Le Pakistan est-il un pays sûr ?

Petites précisions :

Omar Cheikh, né en Angleterre en 1973, de son nom complet Ahmed Omar Saeed Sheikh, est en prison au Pakistan depuis février 2002 pour son implication dans l'enlèvement et l'exécution du journaliste américain Daniel Pearl. Alors, quand Benazir Bhutto dit de l'un des individus qu'elle soupçonne d'être derrière le premier attentat fomenté contre elle à Karachi le 18 octobre 2007 (probablement le général Mahmoud Ahmad, ancien directeur de l'ISI) que :
  • c'est "un personnage très important dans la sécurité... un ancien officier militaire... quelqu'un qui... a aussi été impliqué avec Omar Sheikh, l'homme qui a assassiné Oussama Ben Laden",
de deux choses l'une. Ou elle voulait dire "l'homme qui a assassiné Daniel Pearl" et c'est un lapsus, ce qui reste assez plausible vu que Omar Cheikh est connu pour être celui qui a tué Pearl ; ou... c'est bien de Ben Laden qu'il s'agit, compte-tenu que 1) ce sont ses propres mots, elle s'exprime plutôt clairement et semble maîtriser ce qu'elle dit, et 2) elle vient d'évoquer quelques instants auparavant parmi les exécutants possibles de l'attentat plusieurs chefs et mouvements terroristes :
  • "un gang de guerre afghan... ou Hamza ben Laden, le fils d'Oussama ben Laden, ou des talibans pakistanais...".
On se serait attendu à entendre citer Oussama lui-même, mais visiblement, mort ou vif, il est hors jeu. Alors s'il est mort, depuis quand ?

Eh bien, soit Omar Cheikh l'aura assassiné directement, donc avant le 12 février 2002, et, en bonne logique, toutes les vidéos mettant en scène le supposé Oussama Ben Laden revendiquant, menaçant, tonnant... sont des faux. Mais voilà, la rumeur court que les forces spéciales françaises en Afghanistan l'auraient vu de leurs yeux vu, en chair et en os, en 2004... Soit ledit Omar a commandité l'assassinat depuis sa prison (ou peut-être même que ses geôliers ne sont pas très regardants et le laissent sortir), et cela a pu se produire n'importe quand avant octobre dernier.

Toujours est-il qu'Omar Cheikh serait aussi... un agent du MI6 ! C'est du moins ce que soutient le président pakistanais Pervez Musharraf dans son livre Sur la ligne de feu, publié en 2006 (In the Line of Fire : A Memoir, chez Free Press). Recruté lors de ses études à la London School of Economics, il aurait été envoyé dans les Balkans par les services secrets britanniques pour mener des opérations de jihad... (contre les Serbes, je suppose). Il passe pour un agent double et travaillerait pour l'ISI depuis 1993. Lorsqu'il a été assassiné, Daniel Pearl menait précisément l'enquête sur les liens de l'ISI avec les groupes islamistes, et c'est aussi du côté de l'ISI qu'il faut chercher les assassins de Benazir Bhutto.

Omar Cheikh a été condamné à mort pour l'affaire Pearl le 15 juillet 2002. Le jugement en appel n'est toujours pas intervenu, ce qui, pour une justice expéditive comme celle du Pakistan, est signe qu'il est protégé. Par l'ISI et le président Musharraf, bien sûr, mais encore ? Par la CIA, d'après le Pittsburgh Tribune :
Qui trompe qui ?
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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 19:55
Pour compléter l'article précédent, voici la représentation française dans la capitale kirghize : drapeau tricolore et tour Eiffel en fil de fer !
Kirghizie.jpgLe consulat de France à Bishkek
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17 décembre 2007 1 17 /12 /décembre /2007 21:53
Où l'on reparle des services secrets ouzbeks...

Baignée par le Syr Daria, la fertile vallée de Ferghana, au cœur de l'Asie centrale, est depuis quelques années le théâtre de grandes manœuvres, comme le rappelle l'article du Monde, qui suit. Mais c'est surtout la photo qui m'a plu. Située pour l'essentiel en Ouzbékistan, la vallée déborde sur le Tadjikistan et la Kirghizie, d'où l'entrée en scène de la cavalerie kirghize.
Ferghana.jpgLa chevauchée fantastique :
Cavaliers kirghizes et forces russes antiterroristes
lors de manœuvres communes dans la vallée du Ferghana (octobre 2006)
 

Dans la vallée du Ferghana, les islamistes du Hizb ut-Tahir rêvent d'un califat mondial

OCH (sud du Kirghizstan), de notre envoyé spécial

On dit qu'ils seraient des milliers dans la vallée du Ferghana à agir en petites cellules autonomes, au fonctionnement quasi militaire, cherchant à attirer de nouveaux adeptes par la distribution sous le manteau de textes de propagande. On raconte beaucoup de choses sur le Hizb ut-Tahir (Parti de la libération). On en sait peu. Se concevant comme un parti politique, cette organisation islamiste clandestine, également présente au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, est honnie par le régime ouzbek d'Islam Karimov. Elle est entourée d'un halo de mystère, entretenu par ses membres, d'autant plus nécessaire que, depuis les massacres d'Andijan, en mai 2005, dans la partie ouzbèke de la vallée du Ferghana, les répressions se sont intensifiées contre les activistes islamistes, réels ou supposés.

Pour trouver la piste de cette organisation, il faut quitter Och, la grande ville du sud du Kirghizstan, doubler les ânes et les charrettes le long des routes cahoteuses, rouler une vingtaine de kilomètres et entrer dans Kara-Sou. Le poste-frontière avec l'Ouzbékistan est visible. Il faut alors s'engager dans une petite ruelle et sonner à la porte d'une maison sans prétention.

Des pieds en chaussons traînent sur le béton de la cour intérieure. Ayoub Khan Machrapov, 33 ans, d'origine ouzbèke, apparaît dans l'encadrement de la porte. Fines lunettes et casquette en cuir comme un révolutionnaire bolchevique, il est en fait l'un des membres éminents du Hizb ut-Tahir dans la région. Assis sur les tapis de son salon non chauffé, il répond sur un ton tantôt jovial, tantôt agressif.

L'objectif de l'organisation, selon lui, se résume en un mot : le califat, soit l'Etat islamique des origines, où doit régner la charia (loi islamique). " C'est un système idéologique mondial, récite-t-il. On ne veut rien construire dans le seul Kirghizstan, ou en Asie centrale, mais au-delà. Le problème de la démocratie, qui ne parvient pas à assurer la paix dans le monde, n'est pas le nôtre, c'est le vôtre. Nous n'aurons même pas à prendre le pouvoir, on nous le donnera. Ne croyez pas que la mer est calme. Il y a de puissants courants sous-marins. "

Membre du Hizb ut-Tahir " depuis une douzaine d'années ", vendeur sur le marché, Ayoub Khan Machrapov rejette les accusations de terrorisme formulées contre l'organisation par les régimes kirghiz et ouzbek. " Depuis plus de cinquante ans, personne n'a jamais pu démontrer que nous utilisions la violence, car nous n'en avons pas besoin, lance-t-il. Seul l'homme faible y recourt car il ne sait rien faire d'autre, dépourvu d'une idéologie saine. "

L'avocat Salidjan Maïtov, qui dirige une association d'aide aux réfugiés ouzbeks à Och, ne partage pas cette opinion. " Ces radicaux ont une grande influence dans la région, dit-il. On peut les qualifier de terroristes car ils refusent toute voie démocratique et prônent un califat imposé à tous. Les imams considèrent ici que c'est s'écarter de l'islam traditionnel. "

Sous le toit ondulé d'une autre maison de Kara-Sou se trouve un imam faisant preuve d'une plus grande mansuétude à l'égard du Hizb ut-Tahir. Depuis l'an passé, Rachatkhan, 29 ans, est la principale autorité spirituelle de la ville. Le 6 août 2006, son père et prédécesseur Rafic Kori Kamoloudine a été tué avec deux autres hommes au cours d'un raid conjoint des services ouzbeks et kirghizes. Il accueillait à la mosquée des activistes du Hizb ut-Tahir. Pour les autorités, il appartenait donc à l'organisation " terroriste ".

Coran sur la table, portable en main, survêtement Adidas sous un vêtement traditionnel, Rachatkhan réfute appartenir au mouvement. " Je ne peux pas suivre quelqu'un, puisque c'est moi qui conduis les croyants. Et puis les membres du Hizb ut-Tahir ne nient jamais leur engagement, même lorsqu'ils sont interrogés par les services ouzbeks. " Pour lui aussi, l'objectif politique majeur n'est pas le simple renversement d'Islam Karimov en Ouzbékistan, mais " l'instauration d'un califat dans toute la région, comme tous les vrais musulmans ", clame-t-il.

Ouzbékistan, Kirghizstan : deux voisins à la trajectoire politique très dissemblable, mais étroitement liés dans la lutte contre les organisations islamistes. Au sud du Kirghizstan, les services ouzbeks se sentent chez eux depuis longtemps. Si besoin, leurs homologues locaux leur fournissent parfois les adresses des activistes. " La frontière est totalement inexistante. Il suffit aux Ouzbeks d'obtenir une autorisation du procureur kirghize, quand ils s'en donnent la peine, explique Toursounbai Bakiruulou, médiateur pour les droits de l'homme. Lorsque j'étais député, de 1995 à 2002, dit-il, j'avais dénoncé en vain les accords qui permettaient aux services ouzbeks de conduire leurs opérations antiterroristes sur notre territoire. " Selon lui, entre 15 et 20 personnes sont enlevées chaque année par les Ouzbeks, qui les condamnent ensuite à des lourdes peines pour agissements contre l'Etat ou terrorisme.

*
On se demande bien de quel côté sont les Américains...

Qui n'a pas de cheval n'a pas de pieds, dit un proverbe kirghize.
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9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 00:08
Géopolis ne colle pas à l'actualité ; Géopolis précède l'actualité ! Ici :
http://geopolis.over-blog.net/article-5254281.html

Ce que nous réserve le chaudron pakistanais, on préfère ne pas trop savoir, mais ça mijote : 160 millions d'habitants, sans compter ceux qui s'installent à Londres, la bombe atomique, l'Islam virulent, des attentats toutes les semaines et une dictature sympa comme les aiment nos dirigeants. On ne va quand même pas demander à George W. Bush et consorts de dire du mal d'un pays auquel ils ont peu ou prou fourni la bombe, un "pays ami" engagé dans "la lutte contre le terrorisme"... En attendant, la tentative des USA pour réconcilier le général-président Pervez Musharraf avec l'ancien premier ministre Benazir Bhutto, beaucoup plus avenante, n'aura pas fait long feu. L'état d'urgence décrété le 3 novembre 2007 a été l'occasion de faire arrêter des milliers de sympathisants du PPP (Parti du peuple pakistanais), le parti que Madame Bhutto a hérité de son père, le nationaliste Zulfikar Ali Bhutto, exécuté en 1979 à la suite d'un coup d'Etat militaire... Pour faire bonne mesure, quelques islamistes ont aussi été mis sous les verrous, mais pas ceux des services secrets pakistanais qui opèrent sur la frontière afghane pour soutenir les Talibans. Il ne faut quand même pas exagérer ! Bref, tout va bien. Le général tient encore le pays, sa réélection douteuse n'est plus remise en cause et les USA, même s'ils ne savent plus sur quel pied danser, sont obligés d'applaudir.
Pak.jpgLe général Musharraf annonçant l'état d'urgence
Il n'a pas l'air d'aller bien : il est tout vert !
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20 août 2007 1 20 /08 /août /2007 22:54
L'Organisation de coopération de Shanghaï avait lancé le 9 août dernier à Urumqi (Chine, région du Xinjiang) sous le nom de "Mission de paix 2007" une série d'exercices militaires conjoints de lutte anti-terroristes. Ils se sont poursuivis jusqu'au 17 août sur le polygone de tir de Tchebarkoul, dans la région russe de Tcheliabinsk. Les présidents Kourmanbek Bakiev (Kirghizie), Hu Jintao (Chine), Vladimir Poutine (Russie), Noursoultan Nazarbaïev (Kazakhstan) et Islam Karimov (Ouzbekistan) étaient présents.

Un soldat russe à l'exercice
Photo : Ilya Pitalev pour RIA Novosti
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14 avril 2007 6 14 /04 /avril /2007 15:38
On a connu nos médias plus prolixes sur le sujet (http://geopolis.over-blog.net/article-1881834.html), mais il s'agissait de journalistes... Il y a une dizaine de jours, deux Français travaillant pour l'association caritative Terre d'enfance ont été enlevés dans le sud de l'Afghanistan avec leur chauffeur et deux interprètes. Comme en Irak, les Talibans afghans semblent vouloir multiplier les prises d'otages étrangers comme nouveau moyen de financement et de pression politique. A chaque fois, le même terrifiant dilemme : céder aux exigences des terroristes au risque de voir se multiplier ces enlèvements lucratifs, ou refuser de céder au risque de voir exécuter les otages. Après avoir relâché cinq prisonniers talibans contre la libération du journaliste italien Daniele Mastrogiacomo le mois dernier, le président afghan Hamid Karzaï refuse de céder à nouveau au chantage comme il avait déjà refusé de le faire pour l'interprète de Mastrogiacomo, Adjam Naqshbandi, un afghan, qui a été décapité. Une pensée, une prière pour eux.
  Céline [Cordelier] et Eric [Damfreville], les deux otages français filmés par les Talibans
via http://www.cbc.ca

[Céline Cordelier a été finalement libérée le 28 avril]
Voir aussi : http://www.otages-du-monde.com/base/-Accueil-.html
et ici même, sur la situation en Afganistan : http://geopolis.over-blog.net/article-4089266.html et http://geopolis.over-blog.net/article-4091031.html
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 20:06
Non, je ne pense pas à la promenade touristique dans les rues de Karachi, mais à l'alliance politique et militaire du Pakistan avec les USA. Un allié sûr ? C'est en tout cas la question que les Américains peuvent légitimement se poser au regard des propos pour le moins contradictoires de leur gouvernement. Animesh Roul, directeur de la SSPC (Society for the Study of Peace and Conflict), basée à New Delhi, qualifie cette façon de voir de "oxymoronic perception" dans l'article du 12 janvier 2007 que je traduis ci-après (cf. http://counterterrorismblog.org/). On pourrait aussi parler de vision schizophrène ou paradoxale.

Alors que l'on s'inquiète beaucoup de la possibilité pour l'Iran d'accéder à la technologie nucléaire, il faut peut-être rappeler que la "bombe islamique" existe déjà.  Elle fut aimablement fournie au Pakistan par les Chinois et les Américains, les premiers dans le cadre de leur rivalité avec l'Inde, les seconds par anti-communisme, puisque l'Inde non-alignée, sans être jamais tombée dans le communisme, entretenait des liens étroits avec l'URSS.

Une vision paradoxale : Le Pakistan combat sincèrement le terrorisme & Al Qaida renforce ses activités depuis son refuge pakistanais.

En moins de 24 heures, des officiels américains ont émis deux propositions contradictoires à propos du Pakistan et d'Al Qaida :
  • Le 11 janvier, Richard Boucher, Sous-Secrétaire d'Etat américain pour l'Asie centrale et l'Asie du Sud, dans un entretien avec des journalistes à Kaboul (Afghanistan), a affirmé que l'engagement du Pakistan dans la lutte contre le terrorisme était bien réel et qu'Islamabad demeurait un allié important des USA. Le Pakistan, a-t-il précisé, "n'y est pas seulement engagé parce que nous sommes tous concernés par le terrorisme, mais du fait de l'engagement qu'ils ont pris [...] d'orienter le Pakistan dans une direction différente". Le Pakistan veut selon lui "créer une société moderne, libre de cet extrémisme, du terrorisme qui a assailli le pays et certains de ses voisins par le passé".
  •  
  • Le même jour, autre lieu, le directeur des renseignements sortant, John Negroponte, rapportait devant une commission du renseignement du Sénat (Senate Intelligence Committee) que Al Qaida a ré-installé son quartier général au Pakistan et que le mouvement terroriste possède des caches sûres dans le pays. Dans son témoignage écrit, Negroponte ajoutait : "Le Pakistan est notre partenaire dans la guerre contre le terrorisme et a capturé plusieurs dirigeants d'Al Qaida. Cependant, c'est aussi une source majeure de l'extrémisme islamique". Selon lui, ils "sont en train de développer un réseau opérationnel plus solide et un réseau de relations qui rayonne à l'étranger depuis le refuge des dirigeants de l'organisation au Pakistan jusqu'à leurs affidés à travers le Proche-Orient, l'Afrique du Nord et l'Europe".
Le Pakistan est-il sincère dans son engagement à mener une guerre total contre le terrorisme ? Impossible de ne pas y voir une stratégie double : d'un côté, un allié dans la lutte contre Al Qaida, de l'autre un havre pour le terrorisme. Il ne fait pas de doute que l'armée pakistanaise a considérablement contribué au combat contre l'insurrection des Talibans en Afghanistan, mais le pays a aussi encouragé des Jihadistes à mener une autre guerre contre l'Inde. Les déclarations récentes du chef du Hizb-ul-Mudjahidin, Syed Pir Sahib Salahudine, le prouvent : "J'ai entièrement confiance dans le fait que les dirigeants du Pakistan et le peuple du Pakistan ne me livreront pas à l'Inde".

Maintenant que la communauté internationale prend conscience de la duplicité des intentions du Pakistan, le temps est venu d'examiner ensemble si le Pakistan est vraiment ou s'il n'est pas un sanctuaire pour le terrorisme, que ce soit Al Qaida ou des mouvements comme Al Badr ou comme le Lashkar e Toiba. Assez de complaisance et de contradictions.
A. Roul
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28 décembre 2006 4 28 /12 /décembre /2006 12:25
21 décembre 2006
Saparmourad Niazov est mort. Faut-il le regretter ?

La question peut paraître incongrue et provoquante, s'agissant d'un dictateur dont le portrait figurerait en bonne place dans la galerie des furieux. Il avait pourtant de chauds partisans en France, comme le rappelait une semaine avant sa mort le très inspiré magazine La Vie (n° 3198, 14 décembre 2006, p. 38-42 : "France-Turkménistan : une amitié en béton", sous la plume d'Anne Guion). Cf. www.anneguion.zaup.org/spip.php?article278


Parmi les amis intimes de Monsieur Niazov, président à vie du Turkménistan, chef du gouvernement, commandant suprême de l'armée, président du Parti démocratique (le seul autorisé) et autoproclamé Grand Turkmenbachi ou "Père de tous les Turkmènes", se trouve en effet en bonne place l'entrepreneur français Martin Bouygues, héritier du groupe de travaux publics du même nom. Non seulement Monsieur Bouygues avait l'habitude de se rendre au Turkménistan chaque année, à l'occasion de l'anniversaire du Turkmenbachi, mais surtout il était étroitement associé à ses délires mégalomanes. Car l'entreprise française est devenue "le constructeur attitré des monuments à la gloire du dictateur" : le palais présidentiel (pour 62 millions d'euros), la banque centrale, la mosquée de Kiptchak, village natal de Niazov, qui est aujourd'hui la plus grande mosquée d'Asie centrale... la Maison de la presse d'Achkabad, la capitale (13 millions d'euros), et prochainement, le bâtiment du Conseil du peuple (70 millions d'euros). Rien qu'en 2004, le groupe Bouygues a réalisé 87 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le pays. On comprend tout l'intérêt de cette amitié...

D'ailleurs, les hommes politiques français ne sont pas en reste et se font volontiers les VRP du groupe, à commencer par feu le président François Mitterand qui, dans les années 1993-1994, fit le voyage d'Achkabad et reçut en cadeau du Grand Turkmenbachi un de ces superbes chevaux Akhal Téké qui font l'orgueil des Turkmènes. Aymeri de Montesquiou, sénateur du Gers, a pris la relève pour le compte de Jean-Pierre Raffarin lorsque ce dernier était premier ministre. Les propos de notre démocratique sénateur valent d'être cités : "Il m'est arrivé de prendre un café sur une terrasse [de la capitale] : personne n'est venu me voir pour se plaindre de la dureté du régime !" Quand la liberté se mesure à un café... Bref, RAS. Et Martin Bouygues de renchérir : "Les Turkmènes ont [grâce à nous] l'occasion de rencontrer des étrangers qui vivent différemment. Ils peuvent ainsi remettre en question leurs propres conditions de vie..." Ben, voyons ! Et, pour peu que le nouveau chef de l'Etat turkmène ait des projets aussi délirants que son prédécesseur, le défilé des politiques français au Turkménistan n'est sans doute pas fini puisque Monsieur Bouygues est aussi un ami intime de Nicolas Sarkozy et le parrain d'un de ses fils.

Alors, Realpolitik oblige ? Il est vrai que dans le Grand Jeu de l'Asie centrale, chacun pousse ses pions. Russes, Chinois, Européens ou Américains ne se font pas prier pour faire la même chose. Le Turkménistan est riche de son pétrole et surtout de son gaz à l'heure où les ressources énergétiques tendent à se raréfier et où les besoins des pays industriels ne cessent de croître. Mais tout de même... Les liens privilégiés de Bouygues avec le président turkmène ne garantissent en rien l'approvisionnement en gaz des Français, qui de toutes façons passe par la Russie. Ils garantissent seulement l'enrichissement personnel de Martin Bouygues et la valorisation boursière de son groupe industriel, qui reste un groupe privé. Et puis il y a quand même peut-être des limites ! Comme fêter l'inauguration d'une Maison de la Presse le 14 octobre dernier, un mois après la mort sous la torture de la journaliste Ogoulsapar Mouradova, droguée, rouée de coups et étranglée dans une prison d'Achkabad...

Bien sûr, vues de loin, les excentricités de Saparmourad Niazov font plutôt rire : faire du jour de son anniversaire la fête nationale du pays, rebaptiser les mois et les jours de la semaine à sa gloire, et le pain, base de l'alimentation turkmène, du nom de sa mère, fermer les bibliothèques publiques et les hôpitaux, interdire le ballet, l'opéra et le cirque, placer des statues de lui partout dont une, plaquée-or, qui pivote avec le soleil en plein cœur d'Achkabad, élever un palais de glace en plein désert du Karakorum (la température y atteint les 50°C) pour que les enfants turkmènes apprennent à faire du ski et un zoo pour abriter... des pingoins ! Mais la folie est parfois moins folle qu'il y paraît comme lorsque le Turkmenbachi a supprimé toutes les pensions et retraites de ses concitoyens au prétexte que les Turkmènes s'occupent de leurs vieux parents et qu'ils n'ont donc pas besoin de retraite... N'est-ce pas là une façon d'accaparer un peu plus la richesse du pays au profit de ses grands projets de construction (cf. Bouygues) et de réduire d'autant la redistribution des bénéfices de l'exportation du pétrole et du gaz. Quand on sait que 60% de la population turkmène vit dans le dénuement (en-dessous du seuil de pauvreté, nous dit-on)... De même, l'interdiction des dents en or qui remplacent si souvent en Asie les dents gâtées : l'or des dents n'a certainement pas été perdu pour tout le monde !

Mais la contribution la plus notable de Saparmourad Niazov au bien-être de son peuple aura sans doute été le Ruhnama, à la fois épopée nationale turkmène revue et corrigée et guide spirituel de la nation, écrit par lui-même. Mélangeant préceptes du Coran, envolées lyriques et maximes maoistes, cette sorte de petit livre rouge-vert, est devenu la base de l'enseignement au Turkménistan, depuis l'école primaire jusqu'à l'université comprise. C'est dire le niveau ! Remplacer par des slogans idiots cette base de tout enseignement de qualité qu'est la lecture des bons auteurs, on n'a encore pas trouvé mieux pour endoctriner les enfants. Mais il faut bien reconnaître qu'en ce domaine la France n'est pas exemplaire non plus. L'Education nationale n'a-t-elle pas depuis 30 ans imposé une méthode de lecture dite globale ou semi-globale, qui laisse les enfants français semi-analphabètes ? N'a-t-elle pas privilégié les cours "civiques" suivant les modes politiques du moment, au détriment des enseignements traditionnels ? Et ne considère-t-elle pas aujourd'hui qu'il ne faut pas donner à lire les auteurs classiques avant le lycée ? Au collège, fini Balzac, Flaubert, Racine et Corneille. A la place, on est prié de lire Le gône du Chaâba, dont l'auteur est... ministre du présent gouvernement, tout simplement ! Il semble que le narrateur y raconte en langage argotique ses expériences de sodomie sur une fillette... Je crois que je préfère encore le Ruhnama !

Toujours est-il que nos hommes politiques et nos grandes consciences intellectuelles, si prompts à s'indigner des atteintes aux droits de l'homme lorsqu'il s'agit de la Tchétchénie ou du Darfour, sont restés bien silencieux sur les exactions du dictateur turkmène... Comme le remarque ironiquement un politologue russe : "dans leurs premières réactions [à la mort de Niazov], l'Union européenne et les autres champions de la démocratie évoquent plus souvent la nécessité de la stabilité et du changement constitutionnel du pouvoir que la nécessité de la démocratie" (RIA Novosti).

Achkabad, Arche de la Neutralité, avec à son sommet
une statue tournesol de Niazov

Et en prime, bien que je n'aie pas trouvé de photo de Gendjim, le cadeau princier de Mitterand, voici le portrait d'un autre Akhal Téké :

Sardar, par Bogdan Willewalde, 1882

Post scriptum :
Ma foi, si le prochain président du Turkménistan veut m'offrir un Akhal Téké, ce ne sera pas de refus. Je ne peux pas lui proposer de maisons Bouygues en échange, mais je fais très bien les cabanes pour petits oiseaux, en brindilles recouvertes de mousse, tout à fait charmant. Et je peux même écrire un poème en son honneur. Tenez, j'ai déjà les premiers vers :

Ô suprêmissime Turkmène,
Lumière de la démocratie...
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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 00:20

Dépôt de munitions taliban en feu à Nawzad après une attaque des troupes britanniques

Suite de l'article du Daily Mail.

"Les Talibans, auparavant considérés comme une force équipée de bric et de broc sans armement sophistiqué et sans connaissances tactiques, ont évolué. Le conflit a permis au trafic d'héroïne de prospérer et avec ses coffres remplis à ras bord l'armée de guerilla a acheté de l'équipement tel que  lunettes à infra-rouge.

Les Talibans ont aussi recruté des légions de mercenaires qui se sont déversés depuis le Pakistan dans la province afghane de Helmand occupée par les Britanniques. Contrairement à ce qu'affirme le Ministre de la Défense, les soldats disent que les combats se poursuivent sans interruption. Dans les dernières 48 heures, des troupes parachutistes et des Royal Marines, appuyés par de l'artillerie lourde ont conduit des opérations décrites comme "percée et infiltration" dans la région de Sangin.

Il paraîtrait que deux Britanniques au moins ont été grièvement blessés pendant un combat que les soldats ont qualifié de "hardcore". C'était le dernier assaut mené par le 3e bataillon parachutiste avant qu'ils passent la main au 42e commando des Royal Marines.

L'image de la vie dans la principale base britannique, Camp Bastian, est un peu plus encourageante. La frustration née du rationnement de la nourriture dans les cuisines a conduit les soldats à prendre les louches des mains des cuisiniers pour se servir eux-mêmes.

Ils ont commencé leur mission avec ce que les soldats nomment "munitions proportionnées pour temps de paix", moins qu'ils en recevraient en cas de bataille. Ces fournitures ont été dénoncées comme étant trop faibles (120 cartouches par fusil et deux grenades). Les hommes équipés de fusils emportent maintenant plus de 200 cartouches, et beaucoup ont troqué leurs fusils contre des armes automatiques appelées Minimi.

Depuis que les forces britanniques sont arrivées dans la province d'Helmand en mai, il y a eu peu de succès. L'un a été l'efficacité de l'hélicoptère Apache, qui a sauvé beaucoup de vies.

La nuit passée, le Ministre de la Défense a déclaré : "Des efforts considérables sont faits pour assurer aux soldats en première ligne le meilleur soutien à tous points de vue. Les dures réalités du combat créeront inévitablement des frictions à propos de tel ou tel incident particulier, mais chacun fait de son mieux devant le défi que nous affrontons".

"Le Ministre de la Défense se réjouit de ces témoignages durs et touchants qui dépeignent la réalité du difficile travail sur la ligne de front. Le 3e bataillon parachutiste s'est magnifiquement conduit dans des circonstances extrêmement difficiles. Aux côtés de l'armée nationale afghane, ils ont affronté les Talibans qui n'ont rien à offrir au peuple afghan. Nous les saluons."
 M. Nicol pour le Daily Mail, 1er octobre 2006
Pour la version originale, cf. www.dailymail.co.uk/pages/live/articles/news/news.html?in_article_id=407830&in_page_id=1770&ico=Homepage&icl=TabModule&icc=NEWS&ct=5
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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 20:02
Les médias en parlent beaucoup moins que de l'Irak, peut-être parce que cela nous concerne beaucoup plus directement - puisque, contrairement à l'Irak, des soldats français y sont engagés. Je veux parler de l'Afghanistan. Pourtant les nouvelles sont mauvaises et pire...

Entre tribalisme, Islam radical et monoculture des opiacés, le pays n'est certainement pas sur la voie de "la démocratie". Et les derniers événements laissent penser que la situation échappe de plus en plus aux troupes de l'OTAN dont font partie des unités françaises. On finit d'ailleurs par se demander ce que nous faisons là-bas. La situation militaire est assez mal engagée depuis que les Talibans, toujours soutenus par le Pakistan, lui-même allié des USA... ont repris du poil de la bête (ils ont d'ailleurs leur base-arrière dans la ville pakistanaise de Quetta, au Sud de la frontière afghane). Les bavures, exactions et autres cas de torture de la part de certaines troupes otanesques, notamment dans la prison de Begram, n'arrangent rien à l'affaire. Les avantages politiques, s'il y en a, iront aux Anglo-saxons. Quant aux perspectives économiques, ce sont les Indiens, les Turcs et les Russes qui, très discrètement, en tirent la meilleure part. On pourrait encore comprendre que les Français se cantonnent au Nord et à Kaboul pour apporter une aide logistique, militaire et humanitaire aux populations tadjikes, plus conciliantes, mais plus au Sud... le chaos s'installe.

Au détour d'un article du Daily Mail du 1er octobre 2006 que je traduis ci-après, on apprend le sort épouvantable fait par les Talibans à des soldats français - le nombre n'est pas précisé, non plus que la date, mais il pourrait s'agir des deux français des "Forces spéciales" du 1er régiment parachutiste d'infanterie de marine de Bayonne (1er RPIMa) tués le 20 mai 2006 dans des circonstances sur lesquelles nos autorités sont restées très discrètes.

L'article de Mark Nicol intitulé de façon assez parlante, "La guerre d’Afghanistan ou le Vietnam des Anglais", reprend les extraits de messages adressés par les soldats anglais à leurs familles, étant entendu que ces soldats ont interdiction d'informer la presse sur l'état réel de la situation qu'ils rencontrent, sous peine de sanctions...


Soldat du 3e bataillon parachutiste britannique embusqué dans les ruines - Afghanistan, 2006

"Une moto quad traverse en cahotant le terrain désertique ravagé par la bataille, les restes de trois soldats britanniques arrimés à l'arrière, pendant qu'un hélicoptère Chinook bourdonne au-dessus. De jeunes soldats épuisés échangent sporadiquement des tirs d'armes légères avec un ennemi invisible. Une unité d'infanterie patrouille nerveusement dans un village en feu... Telles sont les images qui révèlent la réalité grinçante, funeste de l'engagement britannique en Afghanistan. Et elles ont été délivrées au monde par les troupes elles-mêmes, en colère... et assiégées.

Les images ont été prises ces derniers mois avec des appareils numériques par des hommes de troupe appartenant aux forces combattantes du 3e bataillon parachutiste. Pour la plupart, elles ont été expédiées en Angleterre par courriel en contournant les tentatives du gouvernement pour dissimuler aux regards du public la vraie nature du conflit.

Ce déploiement de troupes est ce que les Ministres, bien à l'abri dans leurs bureaux de Whitehall, qualifient de "mission de maintien de la paix". Il est de notoriété publique que John Reid, aujourd'hui Secrétaire d'Etat à l'Intérieur, avait annoncé que les Britanniques rempliraient leurs obligations militaires sans avoir besoin de tirer un seul coup de feu. La nouvelle équipe gouvernementale s'est vu déconseiller de rendre visite aux troupes, sauf visites bien cadrées d'avance.

Mais ces images exceptionnelles, appuyées par les commentaires des courriels, disent la vérité de ces combats sauvages et sanglants contre les Talibans, des escarmouches incessantes, de la pénurie de munitions et même de vivres. L'eau manque et les soldats en sont réduits à boire dans des rivières souillées. Ils mangent le pain chipé aux troupes afghanes. Les recrues sont assaillies par les mouches des sables et les scorpions et rendues fou par le stress. Ils sont attaqués par des miliciens talibans à moto qui ouvrent le feu tout en maintenant des enfants sur le guidon.

Les batailles se déroulent sur fond de villages en feu réduits en miettes par les bombardements aériens. Des combattants pris de panique ont parfois fait usage de leurs téléphones satellites pour appeler l'Angleterre et passer le message déchirant qu'ils sont sur le point de mourir. L'illustration en a été donnée dimanche dernier au Daily Mail par des soldats affirmant que l'ennemi est en plus grand nombre, plus déterminé et mieux équipé que les politiciens veulent bien le reconnaître. Ce n'est pas, disent-ils, une mission de maintien de la paix, mais un nouveau Vietnam.

Selon un soldat qui a accepté d'accorder un entretien par courriel : "C'est un sort pire que les gens ne l'imaginent chez nous. Les politiques..., salopards de politiques ! Une véritable entreprise de dissimulation à grande échelle que de ne pas dire ce qu'il en est vraiment."

Il y aurait aussi des pressions considérables sur les troupes parachutistes pour leur interdire de parler de l'Afghanistan lorsqu'elles seront rapatriées en Grande-Bretagne ce mois-ci. "Ils essaient de nous effrayer, confirme un soldat. C'est déloyal. L'officier en chef a prétendu qu'il assomerait tous ceux qui seront reconnus avoir parler ouvertement de ça".

Hier, cependant, le Ministre de la Défense a déclaré publiquement que le témoignage des soldats serait bienvenu, alimentant du même coup le soupçon que le manteau de secret qui enveloppe jusqu'ici les opérations a été voulu par les politiciens plutôt que par les militaires.

Dans les courriels, les soldats évoquent crûment la sauvagerie des engagements qu'ils doivent dissimuler au public de retour à la maison. L'un dit : "Vous voyez les Talibans couper à travers champs sur leurs motos, les armes dans une main, leurs enfants dans l'autre. Ils pensent que nous ne tirerons pas. Il y a eu des incidents terribles. C'est horrible de tuer un enfant. Rien ne peut vous y préparer".

A la suite d'une embuscade où trois soldats britanniques ont trouvé la mort dans la ville de Musa Qalah le 1er août, un sous-officier a été contrait à des actes dramatiques pour récupérer le corps d'un soldat et essayer dans sauver un autre fait prisonnié. Un courriel en possession du journal affirme : "Ce lieu [Musa Qalah] est un trou. Le premier char a été touché par un IED [Improvised Explosive Device, une mine je suppose], puis un char de secours a été démoli : ils l'ont touché avec un RPG [Rocket Propelled Grenade, une roquette ?]. C'était un combat de guerre, pour vous dire, on avait même fixé des baïonnettes à nos armes". Les soldats ont dû utiliser une pelle pour sortir de l'épave le corps de l'un de leurs camarades. "Nous avons libérer l'écoutille pour sortir le corps alors qu'on nous tirait dessus. Le plus dur a été de lui marcher dessus pour ramasser le tout et chercher sa plaque".

L'une des victimes de l'accident était encore en vie et avait été capturée par les Talibans. Environ 100 soldats britanniques ont encerclé Musa Qalah en donnant 30 minutes aux non-Talibans pour partir. Toute personne restée sur place a été considérée comme une cible légitime - ce qui évoque à nouveau l'ombre du Vietnam. Le soldat capturé a été retrouvé mort par ses camarades. On ne sait s'il a été tué par les Talibans ou s'il est mort de ses blessures.

La nuit passée le Ministre de la Défense a déclaré qu'il "n'y avait pas meilleure illustration de l'extraordinaire engagement des soldats britanniques". La prestation de la Royal Air Force est aussi remise en question par les troupes au sol. Ceci fait suite à la plainte du major parachutiste James Loden la semaine dernière contre "l'inutilité absolue" de la RAF.

Décrivant l'échec du ravitaillement des troupes prises au piège dans un camp situé dans le village rasé de Sangin, un sous-officier parachutiste raconte : "Une zone de largage a été délimitée, sous le feu et de nuit. Sa position était parfaitement connue. L'Hercule est venu et l'a complètement manquée. Ils ont fait le largage directement au-dessus des positions des Talibans, une centaine de mètres au-delà du camp. Nous avons entendu un grand hourra des Talibans. Ça a été un grand coup pour nous. Nous attendions le largage depuis deux jours. Nous nous réjouissions quand il s'est approché, puis nous l'avons vu tomber dans les mains des Talibans".

Cela n'a pas été le seul ravitaillement a tourner méchament mal. Un autre a presque coûté la vie à des troupes canadiennes. "On nous a annoncé qu'un convoi britannique arrivait avec les munitions, donc nous attendions les véhicules. Il y avait deux gars dans l'une des positions entourrées de sacs de sable. Elle avait été pulvérisée à deux reprises par les roquettes. Ils ont entendu le grondement et ont aperçu une sorte de tank qui pointait au coin de la rue. Ils ne savaient pas ce que c'était, mais ce n'était pas britannique. Ils ne pouvaient pas voir correctement. Ils ont pensé que c'était du vieux matériel russe dont les Talibans se seraient emparés. Donc il y a deux gars qui descendent la rue en courant avec des lance-roquettes sur le point de les pulvériser, jusqu'à ce qu'un des gars remarque cette feuille d'érable sur le devant de l'un des chars. Nous avons pris la radio et avons eu une sérieuse explication sur le thème : pourquoi n'avions-nous pas été prévenus qu'ils venaient ?".

L'état moral et physique des forces britanniques fait aussi question. Le témoignage des courriels laisse entendre que les cas de soldats [ici une saine censure - inutile de saper un peu plus le moral des troupes !, - disons qu'ils sont verts de peur]... sont maintenant courants. Ils se réveillent de leurs cauchemars en hurlant et ont même fait des appels désespérés à leurs familles pendant les combats.

Une fois, les parachutistes ont été appelé au secours de troupes afghanes et de Forces spéciales françaises tombées dans une embuscade des Talibans. Transportés là par un hélicoptère Chinook, au moment d'atterrir, ils n'en croyaient par leurs yeux. Le sol était jonché des corps des soldats afghans, et de plus en plus de balles touchaient l'hélicoptère.

"Je n'arrivais pas à croire que nous allions sortir de cet hélicoptère et charger contre un mur de feu, avoue l'un." "Personne ne voulait sortir [...] Un type, raide de peur, se cramponnait à l'intérieur jusqu'à ce que nous le traînions et le tournions vers la porte."

"Nous devions tirer et manœuvrer sur 200 mètres à découvert. Le spectacle était celui d'un abattoir humain. Nous avons repoussé les Talibans mais c'était trop tard pour sauver les Français. Nous tremblions tous lorsque l'hélicoptère nous a ramené à la base. L'un des survivants afghans nous a raconté que les Français avaient été attachés, puis éviscérés vivants. C'est l'une des choses les plus horribles que j'ai jamais entendue".

Il y a eu des rumeurs contradictoires à propos de l'Armée nationale afghane. Cependant, l'un des soldats les décrit comme "terriblement durs". Ils ont continué à se battre aux côtés des Britanniques bien que des membres de leurs familles aient été tués par les Talibans.

Quelques soldats britanniques en permission ont dit à leurs familles qu'ils craignaient de mourir. Mais après les atrocités contre les Français, ils disent qu'ils préfèrent être tués que capturés.
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