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  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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6 mai 2007 7 06 /05 /mai /2007 19:36
Le site de la chaîne d'information Al Jazeera propose aussi quelques jolies photos, comme celle-ci prise à Shekh Fathe près d'Amritsar (Inde du Nord, province du Penjab).

Un fermier (sikh, je suppose) dans son champ de tournesols

http://english.aljazeera.net/NR/exeres/55ABE840-AC30-41D2-BDC9-06BBE2A36665.htm
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28 avril 2007 6 28 /04 /avril /2007 00:01
On se souvient des centaines de milliers de bombes à fragmentation déversées sur le Liban. Elles minent désormais le pays au sens très littéral du terme puisqu'elles ont produit un million de mines anti-personnelles qui mutilent et tuent quotidiennement. Voir sur le sujet :
http://geopolis.over-blog.net/article-4669015.html
http://geopolis.over-blog.net/article-4014891.html
http://geopolis.over-blog.net/article-3960135.html
http://geopolis.over-blog.net/article-3687844.html

Que faire ? Bert de Belder, coordinateur de l'association belge "Médecine pour le Tiers-Monde", qui fait partie du réseau alter-mondialiste INTAL (International Action for Liberation, http://www.intal.be) fait, dans l'article qui suit, une proposition digne d'intérêt : appliquer le principe écologiste du pollueur-payeur aux auteurs de bombardements par des armes de ce type. Le ministre belge de la Défense, André Flahaut, s'y est montré favorable. L'armée belge, dont plusieurs équipes de démineurs s'activent à dépolluer le territoire libanais, est en effet bien placée pour mesurer toutes les difficultés d'une opération qui, faute de moyens, sera de très longue durée.

  • Bombes à fragmentation au Liban : Flahaut veut mettre en avant l'idée du 'pollueur-payeur' par Bert De Belder, le 27 avril 2007
  • La pétition pour faire payer à Israel le nettoyage des bombes à fragmentation au Sud Liban a donné des premiers résultats. Le vendredi 13 avril, une délégation des signataires a remis 3415 signatures au ministre de la Défense Flahaut. Le ministre a consacré une heure à un échange d'idées avec les activistes et s'est montré très intéressé par le concept du "pollueur-payeur".
  • Une cinquantaine d'activistes ont rencontré le ministre belge de la Défense, en cet après-midi ensoleillé. Entre-temps, en compagnie de ses deux chefs de cabinet (le civil, Jean-Arthur Regibeau, et le militaire, le général Pedro Buyse), le ministre André Flahaut a reçu une délégation à son cabinet, avec Michel Van Hoorne (LEF), Monked Mroue(Secours populaire libanais), Zoé Genot (membre du parlement fédéral pour Ecolo), le docteur Jan Cools (Médecine pour le Tiers Monde), Bert De Belder (Intal, Médecine pour le Tiers Monde), Temer Salim (Association pour un Liban laïque) et Julie Fiszman (membre du parlement bruxellois pour le PS).
  • Le ministre Flahaut a décrit en détail la mission des militaires belges au Sud Liban. Il a souligné que la Belgique prend en charge ce type de mission de préférence dans le cadre des Nations Unies et y ajoute toujours volontiers une composante humanitaire. Ainsi, l'hôpital de campagne de l'armée belge au Sud Liban est à disposition, non seulement des forces armées internationales, mais aussi de la population locale.
  • Le ministre a ensuite parlé du travail de déminage accompli par les militaires belges. Il a confirmé qu'Israël avait profité des dernières nuits avant le cessez-le-feu pour lâcher sur le Sud Liban un véritable tapis de bombes à fragmentation, ce qu'il a comparé au "nettoyage du terrain" fait par les Américains au Laos et au Cambodge durant la guerre du Vietnam.
  • Flahaut a rappelé aussi la récente loi belge interdisant les bombes à fragmentation. Il a qualifié ces armes d'"armes des lâches et des traîtres", fabriquées avec une "ingéniosité humaine débordante", notamment parce que ces bombes ont souvent l'aspect de balles colorées, qui attirent l'attention des enfants. Le ministre a critiqué Israël, qui, s'il a reconnu avoir lâché des bombes à fragmentation, n'a pas remis aux démineurs toutes les cartes nécessaires, ni même les bonnes cartes pour les zones minées.
  • Il est clair que le travail de déminage prendra encore des années. Une tâche énorme, largement supérieure aux possibilités des démineurs belges. Le ministre Flahaut a expliqué que le deuxième contingent de militaires belges actuellement sur le terrain se limitera au nettoyage des terrains où des travaux de reconstruction sont prévus. Il reste la question de ces milliers de paysans pauvres dont les champs sont truffés de mines.
  • Le docteur Jan Cools, qui a participé fin février à une mission d'observation de Médecine pour le Tiers Monde (M3M) au Liban, a remis au ministre Flahaut la pétition avec 3415 signatures. Il a raconté leur visite aux victimes libanaises et palestiniennes des bombes à fragmentation, ainsi qu'aux militaires belges. Le docteur Cools a rappelé aussi les coûts cachés, et à longue durée, de ces bombes : les nombreux handicapés qui ont besoin d'une revalidation et de soins pour le reste de leur vie. Monked Mroue, un autre participant de la mission au Liban de M3M, a remis au ministre une liste des 223 victimes (dont 23 morts) que les bombes à fragmentation ont déjà faites. Au nom du peuple libanais, il a remercié le ministre pour le travail de déminage fait par les militaires belges.
  • Le ministre Flahaut a confirmé qu'une évaluation approfondie du coût du déminage est nécessaire. Le général Pedro Buyse, chef de cabinet militaire de Flahaut, n'a pu dans un premier temps donner des chiffres, mais le ministre lui-même a alors cité le chiffre de 10 millions d'euros pour quatre mois. Et ceci, uniquement pour les militaires belges. "Une grande partie devra être remboursée pour l'ONU", a précisé Jean-Arthur Regibeau, le chef de cabinet civil. Mais là aussi, les choses ne semblent pas tout à fait claires.
  • Nous avons alors demandé au ministre de s'exprimer sur les exigences de la pétition. "Le concept du pollueur-payeur est certainement une bonne façon de procéder" estime Flahaut. "Si on dit (à Israël) : vous devez payer la facture, alors les gens le comprennent."
  • Le ministre ne s'est pas exprimé sur les autres exigences de la pétition, à savoir un embargo sur le commerce d'armes avec Israël et l'arrêt de toute coopération militaire, que ce soit ou non dans le cadre de l'Otan. Michel Van Hoorne a demandé au ministre si le principe du droit international de paiement de compensations ne pouvait être d'application ici. Mais selon Flahaut, cela demanderait trop de temps : "Il vaut mieux être pragmatique et exercer une pression via des rapports de force que de se lancer dans de grandes procédures pour arriver à une condamnation internationale d'Israël". S'en prendre à Israël de cette manière se heurterait à une forte résistance, a ajouté le ministre.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=BEL20070427&articleId=5509
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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 20:07
Je serai brève !

Il nous vient des Pays-Bas. Voir ici :
http://avenirdufutur.hautetfort.com/archive/2007/04/03/vote-electronique.html
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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 20:49
Selon le quotidien El Pais, les services de sécurité espagnols ont récemment prévenu leur gouvernement du risque accru d'attentats en France et en Espagne depuis que l'ancien GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) s'est affilié à la nébuleuse Al-Qaïda et s'est rebaptisé "Al-Qaïda Maghreb" : "Cette organisation dispose d'un réseau de militants sur le territoire espagnol, où ils sont de plus en plus actifs et de plus en plus dangereux" (El Pais, 22 avril 2007). Le journal ajoute que "la France et l'Espagne sont les deux pays les plus menacés et les plus pénétrés par ce groupe" dont le regain d'activité s'est déjà traduit par plusieurs attentats en Afrique du Nord (le dernier en date à Alger, le 11 avril dernier, a fait 33 morts et 200 blessés).

La radio espagnole Cadena Ser, se fondant sur les conclusions d'un rapport des services secrets, précisait le 23 avril que le réseau terroriste pourrait être tenté de passer à l'action en France avant le second tour de l'élection présidentielle, prévu le 6 mai. En janvier 2007, Abdel Kader Droukdel, alias Abou Moussab Abdelouadoud, chef de l'ex-GSPC, proférait déjà des menaces directes à l'encontre de la France et invitait les Algériens à s'en prendre aux Français...

Voici l'animal ! (à droite)

On se souvient que le terrorisme algérien est responsable des deux séries d'attentats qui avaient ensanglanté Paris en septembre 1986 (culminant avec celui perpétré rue de Rennes devant le magasin Tati) et en juillet et octobre 1995 (dans les stations du RER Saint-Michel et Orsay). D'où l'idée saugrenue d'une note "donnant la conduite à tenir en cas d'alerte à la bombe" qui a germé un beau matin de juin 1999 au sein d'un grand établissement public français. Je vous la livre tel quel et je peux vous garantir que l'exemplaire qu'on m'en a remis il y a quelques jours est parfaitement authentique...

*****
Alerte à la bombe

...La sécurité n'incombe pas seulement aux forces de l'ordre, elle est également l'affaire de tous. Mais loin de céder à la psychose, chacun d'entre nous doit se sentir pleinement investi d'une responsabilité personnelle pour répondre à cette menace.

Gardons en mémoire que la menace la plus grave ne fera jamais l'objet d'un avertissement préalable car pour les réseaux terroristes les plus durs, le but étant d'obtenir le résultat le plus calamiteux, mieux vaut que personne n'en sache rien avant.

Si la menace s'exprime, elle relève soit d'une possibilité réelle, soit d'une origine trouvant ses sources dans la débilité de son auteur : la difficulté étant de faire la différence.

Dans le cas d'une alerte à la bombe, l'appelant cherchera à toucher un décideur, un responsable pour exercer sur lui le chantage ou l'action psychologique choisie ; dans le second cas, le coup de téléphone sera très bref, passé "à n'importe qui" avec son auteur en position de spectateur curieux des conséquences.

Le rôle de celui qui va recevoir le coup de téléphone est donc fondamental à double titre :

1. C'est lui qui va permettre, de par son jeu, de soutirer le maximum d'informations sur l'appartenance probable de l'auteur au groupe des possibles ou au groupe des fantaisistes, pour tenter de localiser l'engin explosif et de déterminer sa nature, son volume, son emplacement, etc...

2. ...saisir aussitôt le Service de la Sûreté, au poste n° ..., pour traitement de l'affaire.

3. ...prévenir aussitôt M. ... ou, en cas d'empêchement de ce dernier, M. ..., responsable de la Sûreté, à charge pour ces derniers de prendre toutes les mesures qui s'imposeront et de prévenir les responsables du Service de la Sûreté...

Comment jouer ce rôle efficacement :

1. Suivant le type de l'appareil téléphonique, identifier l'origine de l'appel : interne ou externe.

2. Prendre des notes écrites au fur et à mesure et susciter si possible l'écoute d'un collègue ou l'enregistrement de la communication.

3. Apprécier le sexe de l'appelant, son niveau d'âge, son niveau social, noter l'accent d'origine (attention aux simulations), est-il seul ou en compagnie d'autres personnes ?

4. Noter tout autre signe utilisable : musique, bruit de fond, le lieu d'appel peut-il être défini : gare, cabine, magasin, aéroport.

5. Faire parler l'intéressé le plus longtemps possible. S'il ne répond pas, possibilité de message enregistré, s'il répond, recherche d'appartenance à une entité nationale ou ethnique et de comportement psychologique (psychopathes de tous genres) ou idéologique (appartenance à une mouvance terroriste).

6. Demander tous les détails possibles sur le lieu d'implantation de la bombe, ses caractéristiques techniques : poids, explosif, moment de l'explosion, le moyen de son entrée sur le site. Cela permet de faire hésiter l'appelant qui, pour la plupart de temps, reste une menace générale en fait non réalisée (opération bluff). (sic)

7. Interroger l'appelant sur lui-même : qui est-il, est-il marié, a-t-il des enfants, etc... Des fiches établies, archivées, permettront des comparaisons, dons (sic) d'établir ou non des liens de similitudes avec les différents appels dans le temps. Les notions de jours et d'heures sont significatives du type de l'appelant.

Dès la fin de l'appel, le Service de la Sûreté, en la personne du plus haut responsable sur place, sera obligatoirement saisi.

Décision d'évacuation :

Celui-ci informera le Directeur ... ou le Directeur de permanence en lui donnant sa position motivée en aide à la décision à prendre...

Si l'alerte est jugée sérieuse, voire plausible, il pourra être décidé d'évacuer les lieux. Dans ce cas, il conviendra :
- d'interdire toute nouvelle entrée, autre que de service,
- de fouiller les lieux après évacuation totale,
- de baliser les accès et itinéraires d'intervention éventuels...

*****

Application. Imaginons la situation. Vous vous appelez Zéphyrin Zébulon, fonctionnaire zélé. Le téléphone sonne...

Mohamed Bîn-Bîn, terroriste : P'tain, tu décroches ?
ZZ : Ministère de..., j'écoute.
MBB : Ouaih ! Au nom du groupe Allalah des excités du Jihad...
ZZ : Bonjour, Monsieur le terroriste.
MBB : ...j'revendique l'attentat...
ZZ : Certainement. Puis-je vous demander votre sexe ?
MBB : Quoi ? Qu'est-ce tu m'causes de sexe, toi, hé, bâtard !
ZZ : Euh... Au son de votre voix, je déduis que vous êtes de sexe masculin. Je le note.
MBB : Ouaih ! J'te revendique l'attentat là !
ZZ : Et, vous êtes marié ?
MBB : ???!!!
Bip, bip, bip...
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24 avril 2007 2 24 /04 /avril /2007 21:46
Umaru Yar'Adua

Afrique de l'Ouest. Les élections du week-end dernier au Nigéria ont été remportées par un nouveau venu sur la scène politique du pays. Umaru Yar'Adua est l'homme de paille du président sortant, Olusegun Obasanjo, qui a trouvé ce moyen astucieux de se maintenir aux commandes tout en faisant mine de concéder des élections démocratiques. Membre du PDP (Peoples Democratic Party), le parti au pouvoir, gouverneur de la province islamisée de Katsina depuis 1999, Umaru est le frère de l'ancien général Shehu Yar'Adua, devenu milliardaire, un proche d'Obasanjo.

Le Nigéria, pays le plus peuplé d'Afrique avec environ 134 millions d'habitants (1/5e de la population du continent), en est aussi le premier producteur de pétrole, devant l'Algérie, et fait à ce titre partie de l'OPEP. Il dispose en outre d'importantes réserves de gaz, fer, zinc, charbon. Tout pour être riche. Néanmoins, la corruption des milieux dirigeants aidant, il passe pour le seul pays au monde qui, tout en possédant d'importantes ressources pétrolières, présente un déficit budgétaire. Le degré de corruption atteint en effet des records. D'après l'économiste américain Joseph Eugène Stiglitz, l’inefficience économique a causé la fuite de cent milliards de dollars, investis à l'étranger plutôt qu'à l'intérieur du pays. La plus grande partie de la population nigériane ne reçoit donc du pétrole que les effluves délétères.

Ci-après, un article d'Elisa Drago sur le déroulement des élections nigérianes, trouvé sur RFI. On a connu les observateurs internationaux plus virulents...
  • Umaru Yar’Adua proclamé vainqueur
  • Umaru Yar’Adua est le nouveau président de la République, a annoncé lundi 23 avril la Commission électorale nationale (INEC), à Abuja. Candidat du parti au pouvoir (PDP), Umaru Yar’Adua a obtenu 24,6 millions de voix, contre 6,6 millions suffrages pour son principal opposant le général Muhammadu Buhari du Parti de tout le peuple du Nigeria (ANPP). Le vice-président Atiku Abubakar, candidat de l'Action Congress (AC), arrive en troisième place avec 2,6 millions de voix. Les deux principaux partis d’opposition ont rejeté les résultats officiels. Les observateurs nationaux et internationaux mettent en cause la crédibilité du scrutin, qualifié de "pire scrutin" de l’histoire du pays par l’opposition.
  • Umaru Yar’Adua, 56 ans, gouverneur de l’Etat musulman de Katsina (nord), pratiquement inconnu il y a encore quelques mois, remporte haut la main l’élection présidentielle du 21 avril. Elu pour un mandat de quatre ans, Umaru Yar’Adua succède ainsi au président Olesegun Obasanjo qui, après huit ans à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique, se trouvait dans l’incapacité constitutionnelle de briguer un troisième mandat.
  • Les deux principaux candidats de l’opposition ont contesté la victoire de Umaru Yar’Adua. "La Commission nationale électorale (Inec) a annoncé à la face du monde les résultats les plus grossièrement truqués de l'histoire du Nigeria, surpassant même les fraudes massives de 2003", a déclaré Muhammadu Buhari, arrivé deuxième selon les résultats officiels. Atiku Abubakar, troisième selon ces mêmes résultats, a demandé l’annulation du scrutin et estimé que cette élection est la "pire" de l’histoire du pays.
  • Même l’actuel président du Sénat, Ken Nnamani, troisième personnage de l’Etat, n’a pas épargné les critiques. Il estime que l'image du Nigeria ressort ternie et que les abus électoraux constatés à grande échelle laisseront un héritage de haine et provoqueront une crise de légitimité pour le vainqueur. Le 20 avril, à la veille du scrutin présidentiel, devant une délégation d'observateurs étrangers dirigée par l'ancienne secrétaire d'Etat Madeleine Albright, Ken Nnamani n’avait pas hésité à affirmer que le parti au pouvoir (PDP), son parti, avait truqué ce scrutin avec l'aide de la police, de l'armée et de la Commission électorale nationale (INEC).
  • Les élections des 14 et 21 avril (régionales, législatives et présidentielle) au Nigeria "ne peuvent être considérées comme crédibles" et "sont loin des critères démocratiques internationaux de base", a déclaré lundi à Abuja le chef de la mission d'observation de l'Union Européenne, Max Van den Berg. Il dénonce notamment une "piètre organisation, le manque d'une élémentaire transparence, des preuves évidentes de fraude, particulièrement durant le processus de collecte et de compilation des résultats, l'impossibilité pour beaucoup d'électeurs de voter". L’UE estime que "l'usage continuel de voyous par un certain nombre de partis politiques a créé un degré significatif de peur et d'intimidation". D’autre part, l’UE évalue à au moins 200 le nombre de tués dans les violences électorales. Selon des chiffres officiels nigérians, le bilan s'élève à 39 morts au moins.
  • Un "pas en arrière" et une "menace" pour la démocratie
  • Pour sa part, la Maison Blanche s’est déclarée "profondément troublée" par les affrontements mortels et les soupçons d’irrégularités. Les observateurs privés américains de l'Institut international républicain (IRI) estiment que, en terme de logistique, le scrutin est "en dessous des normes fixées par les précédentes élections" présidentielles de 1999 et 2003. Les élections du 14 et du 21 avril représentent "un pas en arrière" qui "menace d’entamer la confiance des Nigérians dans les institutions démocratiques de leur pays", a pour sa part déclaré ce lundi à Abuja l’ancienne secrétaire d’Etat américaine, Madeleine Albright, représentante d’une organisation américaine, le National democratic institute (NDI) qui a déployé 61 observateurs au Nigeria pour les élections de samedi. Madelein Albright a indiqué que son organisation n’appelle pas à de nouvelles élections mais que les autorités ont "cinq semaines" pour "rectifier le tir" en traitant le mieux possible les plaintes des électeurs.
  • Les 17 observateurs du Commonwealth ont également fait état d'"imperfections significatives", soulignant notamment l'heure tardive d'ouverture de nombreux bureaux et le manque de confidentialité du vote.
  • Le scrutin n'a été "ni libre ni équitable", a déclaré Abdel Fatau Musa, chef de la mission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), dont  200 membres ont suivi le scrutin. Ce responsable recommande une réforme urgente du processus électoral au Nigeria, pour éliminer les imperfections observées et favoriser en particulier le renforcement de l'indépendance de la Commission électorale.
  • "Il n'y a pas eu d'élections crédibles", selon le principal groupe d’observateurs nigérians, le Transition Monitoring Group (TMG), qui avait déployé 10 000 personnes dans les bureaux de vote à travers le pays. Dénonçant une "mascarade" organisée par le gouvernement, ce groupe d'observateurs nationaux appelle à l'annulation des scrutins.
  • Face à l'ampleur des irrégularités, certains observateurs s'interrogent sur la légitimité du futur pouvoir, avec un président, dauphin choisi par Olesegun Obasanjo, et accusé par ses détracteurs d’être une "marionnette" aux mains du chef de l’Etat sortant qui doit quitter officiellement le pouvoir le 29 mai.
  • Alors que les observateurs mettent en cause la crédibilité du scrutin, le président Obasanjo admet des dysfonctionnements d'ordre logistique, des violences, des vols d'urnes et la fraude. "On ne peut pas dire que nos élections puissent être qualifiées de parfaites", a-t-il déclaré dans une allocution surprise à la nation. Le président Obasanjo considère que le processus démocratique sort renforcé et a invité les partis qui contestent les résultats à utiliser les voies légales pour régler leurs litiges. "Après tout, dans quatre ans, il y aura une autre occasion qui, je l'espère, sera sans manipulations de bulletins ou d'urnes", a-t-il déclaré.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/088/article_51259.asp
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21 avril 2007 6 21 /04 /avril /2007 17:24
La suite tout à l'heure. (Mélusine va d'abord faire un tour au marché pour ramener des plantes vertes. Très important les plantes vertes !)...

Me revoici ! (Non, je n'ai pas acheté de palmiers...)

En mars dernier, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture du gouvernement sortant, signait avec le cheik Sultan bin Tannoun, ministre du tourisme de l'Emirat d'Abou Dhabi, un accord au terme duquel la France s'engage à fournir en œuvres d'art le futur musée d'art occidental qui doit s'élever en 2012-2013 sur l'île de Saadiyat (l'île du Bonheur en arabe), au large d'Abou Dhabi. L'Emirat s'est en effet lancé dans la construction d'un gigantesque complexe touristique de 30 hôtels de luxe, 8.000 villas, 3 marinas, 2 golfs et autres équipements culturels et sportifs sur 24.000 m2 pour un montant global de 27 milliards de dollars. Le tout est destiné à devenir d'ici 2018 une des principales destinations du tourisme mondial et à se substituer au pétrole, dont les réserves locales sont en voie d'épuisement, comme source de revenus pour les émirs.

Alors que le Musée du Prado à Madrid, le premier sollicité, avait décliné l'invitation, le Musée du Louvre est donc prié de s'exécuter et de fournir 300 de ses œuvres pour un prêt de longue durée (le contrat est signé pour 20 ans renouvelables et une rotation des œuvres prêtées est prévue). Bien entendu, le ministère est démocratiquement passé outre l'avis négatif des conservateurs des musées français et de toutes les personnes qui aiment l'Art en France (près de 5.000 personnes ont déjà signé la pétition) - mais vous répondra-t-on, c'est bien connu, les conservateurs sont aussi poussiéreux que les œuvres ! En outre, malgré leur opposition catégorique à ce projet marchand, ceux-ci vont devoir toutes affaires cessantes, fournir bon an mal an quatre expositions clefs en main à l'émirat pour animer ce centre touristique... Bien entendu aussi, l'avis des Français compte pour des prunes.

En toute simplicité, le nouveau musée se nommera Louvre, puisque le nom, devenu marque déposée, a été vendu pour 400 millions d'euros à l'Emirat. Pour atteindre le but que celui-ci s'est fixé, c'est à dire faire du district culturel de l'Ile de Saadiyat le plus important ensemble muséal au monde, 300 œuvres ne suffisent pas. Pour alimenter le "Louvre" d'Abou Dhabi, le Musée d'Orsay et le château de Versailles sont déjà pressentis. Mais la liste n'est pas close et la Bibliothèque nationale de France vient tout juste d'être sollicitée à son tour, que dis-je, sommée de prélever dans ses collections de quoi satisfaire l'apétit de l'ogre... Pour ce faire, un conseil d'administration extraordinaire et néanmoins fort discret a été convoqué précipitamment le vendredi 20 avril, soit deux jours avant la présidentielle. Pourquoi tant de hâte ? Y aurait-il quelque contrat d'armement en jeu ? De substantiels bakchichs ? Est-ce pour camoufler le déficit vertigineux des finances publiques ? Ou faire oublier le retard de livraison des Airbus A380 commandés par l'émirat ? En tous cas un avant goût de l'application brutale qui sera désormais faite de l'idéologie ultra-libérale selon laquelle tout se vend, tout s'achète.
  • "Le président de la République a toujours eu une relation proche avec les dirigeants des émirats, explique-t-on dans l'entourage de Jacques Chirac. Depuis longtemps, la France a des liens particuliers avec Abou Dhabi dans le domaine de la défense, des échanges économiques au sens large, mais aussi dans les domaines universitaires et culturels. Le président français soutient donc ce projet depuis ses origines."
  • Autant dire qu'au printemps 2005 lorsque le cheikh Tahnoon al-Nayan, frère du prince héritier et responsable de l'autorité du tourisme d'Abou Dhabi, vient en visite à Paris pour ouvrir une négociation sur la création d'un musée français, la cause émirienne est déjà acquise au Quai d'Orsay comme au ministère de la Culture. Le projet a même son promoteur : le Français Yazid Sabeg, PDG de Communication et Systèmes (ex-Compagnie des signaux). Pilier de l'Institut Montaigne, cercle de réflexion créé par Claude Bébéar, et grand militant de la discrimination positive, il est très proche des milieux d'affaires émiriens et des émirs eux-mêmes. C'est lui qui dès le début convainc les autorités d'Abou Dhabi, en quête d'un grand projet culturel, de se tourner vers la France... et surtout vers le Louvre.
  • En ce printemps 2005, Paris accueille "très chaleureusement" la proposition. Et déroule le tapis rouge aux Emiriens. Le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, se montre  "extrêmement ouvert". "Il était prêt à céder sur tout, sans s'interroger sur les limites de l'engagement des musées français", se souvient un négociateur. (Nathalie Bensahel pour Libération, 5 octobre 2006)
Cependant, au contraire de ce que feint de croire le ministre français, l'ambition d'Abou Dhabi n'est pas de faire un petit Louvre, mais de faire plus grand que le Louvre, en sorte que l'émirat puisse disputer à la France la place de première destination du tourisme mondial... Il suffit de jeter un coup d'œil à la maquette du projet pour se rendre compte que les émirs voient grand.

Le Louvre
(projet de Jean Nouvel pour le musée sur l'eau de l'île de Saadiyat)

L'intérieur sera éclairé par des moucharabiehs percés dans la voûte...

Pendant ce temps, du côté d'Abou Dhabi, les travaux dudit Louvre, sur un projet de l'architecte Jean Nouvel, ont débuté. Les ouvriers Indiens, Pakistanais et Philippins réquisitionnés sur le chantier sont payés 125 euros par mois pour 6 jours ouvrés par semaine, sous des températures qui avoisinnent les 50°C - un vrai plaisir ! - et les droits de l'homme et du travail étant bien sûr scrupuleusement respectés, on ne comprend vraiment pas pourquoi autant se suicident...

Pour signer la pétition :
http://www.latribunedelart.com/Editoriaux/Editorial_Petition_505.htm

Rappelons enfin que pour s'être élevés publiquement contre le projet, Michel Laclotte, ancien directeur du Louvre, et Françoise Cachin, ancienne directrice des Musées de France, tous deux historiens de l'Art réputés, ont été virés du Conseil artistique des Musées nationaux. "J’ai reçu la nouvelle la veille au soir, alors que je m’apprêtais à participer à la réunion mensuelle le matin à 9h30, indique Françoise Cachin. Ce n’est pas la seule mesure : j’ai travaillé dix ans à la mise en place du Centre Pompidou. Je me faisais une joie d’en fêter le trentième anniversaire. Jean Clair, avec qui j’ai cosigné le texte contre Abou Dhabi, et moi avons été rayés des listes d’invitation". Muflerie ministérielle. Mais nous sommes en démocratie, n'est-ce pas ? Alors nous voilà rassurés !
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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 01:54
Nous n'en avons pas tout à fait fini avec le pervers narcissique. Voici quelques remarques supplémentaires pour compléter le tableau clinique.

Genèse de la maladie
  • Souvent, le pervers narcissique est quelqu'un qui n'a jamais été reconnu dans sa personnalité propre, qui a été victime d’investissement narcissique important de la part de ses parents et qui a été obligé de se construire un jeu de personnalités factices pour se donner l'illusion d'exister et être conforme à l’image narcissique voulue par les parents, en l'occurrence la mère.
  • Il a pu subir aussi, durant son enfance des blessures narcissiques plus ou moins importantes. Ces blessures le pousseront à satisfaire sans cesse un énorme désir de reconnaissance ou de revanche - en l'occurence sur le père. Il a alors un besoin énorme d'être aimé, reconnu, surévalué, surestimé par rapport à ce qu'il est réellement.
  • Il peut être l’enfant surprotégé, chouchouté, le petit dernier (à l’exemple du jeune Abdallâh, des albums de Tintin), statut dont il profite à fond... Ou simplement un de ces enfants gâtés, à qui ont n’a pas appris à résister à leurs désirs et leurs frustrations.
  • De fait, le pervers narcissique est sans cesse amer, frustré et accuse systématiquement les autres. A la moindre blessure narcissique, à la moindre frustration il bascule dans la haine et passe à l’acte.
Ruses, stratégies et tactiques du pervers narcissique
  • Le pervers narcissique cherche constamment à rehausser l’image qu’il a de lui-même. Il lui est pour cela nécessaire de trouver un être - ou beaucoup ! - qui l'admire et lui renvoie de lui-même une image prestigieuse. Mais, refusant d'admettre ce besoin de se sentir perpétuellement valorisé, il dénie l'attachement à son faire-valoir que pareil besoin induit, faire-valoir qu'il n'aura de cesse de détruire.
  • Séduction : Contrairement au pervers de caractère, qui irrite son entourage par ses revendications et nie radicalement l’autre, le pervers narcissique, lui, réussit à créer un élan positif envers lui. Comme toute personne manipulatrice, il sait se rendre aimable.
  • Il change de masque suivant les besoins, tantôt séducteur paré de toutes les qualités, tantôt victime faible et innocente. Il a un souci scrupuleux des apparences, donnant le plus souvent l’image, valorisante pour son ego, d’une personne parfaite, image qui cache son absence d’émotion, d’amour, de sincérité et d’intérêt pour tout ce qui n’est pas lui. Il ne s'intéresse pas à la réalité, tout est pour lui jeu d'apparences et de manipulation de l'autre. Il excelle à susciter, amplifier et faire alterner chez l'autre regrets et peurs.
  • Dissimulation : Le pervers agit à l’abri des regards. Les maltraitances sont rarement sous le feu des projecteurs, mais plutôt perpétrées dans le secret des alcôves. Les pervers sont les professionnels de la double vie et de la double personnalité.
  • Mimétisme : Ce sont de véritables caméléons, aptes à mimer les attitudes et les paroles de leur interlocuteur pour susciter chez lui l'illusion d'un accord parfait, d'une entente exceptionnelle qui ne cesse de s'approfondir.
  • S'attribuer les qualités d'un autre
  • Diviser pour régner : Par prudence, il divisera et cloisonnera ses relations, afin qu’on ne puisse pas recouper ses mensonges ou que ses victimes ne risquent pas de se s'allier contre lui. Sa technique, dans ce domaine, finit par être magistrale.
  • Calomnier et insulter
  • Se valoriser sans cesse et dévaloriser l’autre : Les narcisses cherchent à évoluer sous les feux de la rampe, à choisir des situations où d'autres pourront les admirer. Ils veulent capter l'attention de leurs semblables qu'ils considèrent, par ailleurs, comme de simples faire-valoir, victimes potentielles qu’ils n'hésiteront pas à critiquer en public, souvent insidieusement.
  • Mentir : Il entretient une confusion permanente entre la vérité et le mensonge.
  • L’induction : La grande force du pervers narcissique est l'art de l'induction. Il s'applique à provoquer chez l'autre des sentiments, des réactions, des actes, ou, au contraire, à les inhiber. Il fonctionne en quelque sorte comme un magicien maléfique, un hypnotiseur abusif, utilisant successivement injonctions et séduction.
  • Prendre le pouvoir : Il utilise son pouvoir de séduction, ses talents de comédien, son apparence de sérieux, toutes les facettes de ses " personnalités " pour s'imposer.
  • Inhiber la pensée critique de ses victimes
  • Contradictions et pirouettes : Un jour, relâchant sa vigilance, content et fier de son coup, le pervers narcissique pourra même se vanter auprès de tiers auxquels il prête ses propres pensées, de son succès : l'autre l'avait bien mérité, puisqu’il " n'avait qu'à ne pas être si bête et si naïf ".
  • Mais même quand les contradictions de son comportement éclatent, semant alors le doute sur sa personnalité, ses intentions ou sa sincérité, il parvient le plus souvent à rattraper ses erreurs et à restaurer la belle image de lui-même qu'il a laissée se fissurer par manque de prudence. Il affirmera alors, par exemple, qu’il a plaisanté et qu’il ne cherchait qu’à tester son interlocuteur.
  • La plupart du temps, on lui pardonnera malgré tout, parce qu’il a toujours une explication pour justifier un comportement soudain contradictoire. L’erreur " désastreuse " sera mise sur le compte d’une faiblesse momentanée, d'une fatigue, d’un surmenage, d’une maladie. Finalement, on se dira que toute personne " parfaite " est faillible.
  • Le pervers narcissique aime la controverse. Il est capable de soutenir un point de vue un jour et de défendre les idées inverses le lendemain. (d'après Hirigoyen)
  • Se poser lui-même en victime  : Voir l'affaire Clearstream.
Traitement
  • Les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes. En général, on ne les considère pas comme complètement fous, car ils sont capables de maîtriser et de calculer leurs actes. Ils ne sont pas irresponsables en particulier sur le plan pénal. Toutefois la question n’est pas tranchée.
  • Le problème, c'est que le pervers narcissique refusant de considérer qu'il a un problème, les thérapies n'ont pas de prise sur lui.
  • Pour la plupart des témoins de leur comportement étrange, il est très difficile de comprendre les pervers narcissiques car la littérature psychiatrique ne décrit, le plus souvent, que les mécanismes mais pas leurs motivations profondes (ce qui les fait s'enfermer systématiquement dans le mensonge, ou sans cesse rebondir d’un mensonge à l’autre).
  • Le pervers narcissique peut-il remédier à son " vide ", à son absence d’intérêt pour les autres, cesser de projetter vers les autres une personnalité qui n’est pas la sienne?
  • En réalité, il est extrêmement rare qu’il change ou veuille changer d’attitude ou de valeurs morales. Car les gains que lui ont valu cette attitude sont souvent très importants et très gratifiants pour lui (admiration, célébrité, pouvoir…). On ne pourra pas changer un pervers narcissique par un " discours rationnel " car la quête perpétuelle de pouvoir est un moteur puissant et une source intarissable de plaisir, une véritable drogue dure.
  • Pour qu’il puisse changer, il faudrait qu’il subisse des chocs violents et des épreuves très importantes, susceptibles, par exemple, de déstabiliser la très haute conception qu'il a de lui-même, et surtout le convaincre qu'à la longue l'efficacité de ses mensonges et de ses tactiques s'est émoussée. C’est seulement ainsi qu’on pourrait espérer le voir, peut-être, un jour (?), évoluer favorablement. A vrai dire cela n’arrive presque jamais.
Parano ?
  • Nous sommes tous susceptibles d'être un peu "paranos" (au sens commun). Ceci nous permet de ne pas être complètement perméables aux opinions d'autrui, de construire notre propre personnalité, éventuellement de tenir tête et de développer une pensée originale. Mais nous gardons une capacité à modifier et à réviser notre jugement en fonction des apports des autres, de notre milieu ; en quelque sorte une capacité à transiger et à faire des compromis avec l'extérieur. Mais, au sens premier, la paranoïa est une maladie mentale chronique du groupe des psychoses.
  • La tendance actuelle dans les études de psychiatrie est de considérer qu'il existe un continuum allant de la normalité jusqu'aux formes graves de paranoïa, en passant par la personnalité paranoïaque. L'être humain normal peut, à certains moment, présenter de manière isolée de tels symptômes, qu'on pourra alors comprendre comme des défenses réactionnelles. Chez certaines personnes cependant, les traits de personnalité paranoïaque se rigidifient, s'installent de manière chronique. On parle de "trouble de la personnalité paranoïaque". Si un état délirant s'installe, il s'agit alors de paranoïa.
  • Le trouble de la personnalité paranoïaque constitue une forme a minima et un fond de développement de la paranoïa. On y trouve donc les formes atténuées des symptômes de celle-ci : hypertrophie du moi avec surestimation de soi, notamment. Peu affectif, le paranoïaque se veut rationnel. Toutefois, la fausseté du jugement est présente : absence d'autocritique, raisonnement se voulant logique mais s'appuyant sur des a priori partiaux, sortis de leur contexte global. On parle également de psychorigidité ou pensée psychorigide : le paranoïaque n'accepte aucun argument extérieur, qu'il soit positif ou négatif.
  • La paranoïa elle-même est une sorte de délire, mais un délire organisé, dans lequel le sujet a constamment l'impression d'être trahi, agressé ou mis en danger, voire manipulé. Le sujet se méfie donc, la plupart du temps inutilement, de tout le monde. Il va jusqu'à se méfier de son entourage. Il a l'impression que tous complotent contre lui. Le délire paranoïaque installé est alors imbriqué dans le caractère et la construction même de la personnalité.
Or, comme nous l'avons vu (http://geopolis.over-blog.net/article-6423695.html), la perversion narcissique comporte une composante paranoïaque. Les personnalités paranoïaques se caractérisent par quelques traits fondamentaux comme la surestimation pathologique de soi-même, la méfiance exagérée à l'égard des autres, une susceptibilité démesurée, la mise en doute arbitraire de la loyauté de ses proches ou de ses associés, des réactions de colère à tout ce qu'il perçoit comme atteintes à sa personne, des rancunes tenaces. Ce type de personnalité peut rester stable, mais constitue aussi un terrain favorable au développement de psychoses paranoïaques.
  • Pour protéger l'environnement et le malade, il est parfois nécessaire de recourir à une hospitalisation sous contrainte, ce qui permet à l'entourage ou à l'Etat (préfet) d'initier une prise en charge par le soin psychiatrique du patient... Bien sûr, compte tenu du déni des troubles qui accompagne cette affection, bon nombre de personnes qui en sont atteintes restent sans suivi.
L'Histoire a montré que des formes d'organisation paranoïaque, dites totalitaires, peuvent affecter des groupes humains entiers.

NS ? : "Si les Français savaient vraiment qui il est, il n'y en a pas 5% qui voteraient pour lui". (Marianne, n° 521, p. 18).

A moins de vouloir absolument voter pour un fou !
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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 21:17
Un peu de psychiatrie. Comme dit hier, je recommande au lecteur de mettre en parallèle ce que nous rappelle Marianne au sujet d'un certain candidat à la présidence de la République (http://geopolis.over-blog.net/article-6414730.html) et quelques bonnes pages du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et autres classiques de la psychiatrie. Mais comme la culture psychiatrique n'est pas très répandue parmi nos concitoyens, j'ai rassemblé ci-après les passages les plus significatifs que l'encyclopédie libre Wikipédia consacre d'une part à ce que l'on appelle "pervers narcissique" et au trouble de la personnalité narcissique, de l'autre à la paranoïa et au trouble de la personnalité paranoïaque. Sauf mention contraire, les citations (en italique) viennent de Wiki.


Qu'est-ce qu'un pervers narcissique ?
  • L'expression pervers narcissique est utilisée en psychopathologie pour désigner les individus présentant une personnalité marquée à la fois par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion morale. L'individu atteint de perversion narcissique, à travers ses conduites et les modalités relationnelles particulières qu'il va mettre en place avec les autres, cherche à devenir le "maître" de la relation et à assujettir l'autre, ce qui a de graves conséquences pour ses victimes.
  • Cette expression fait appel à deux concepts psychanalytiques :
  • *    Le narcissisme, qui est l'amour de soi, est une composante normale de la personnalité. Cependant dans certains cas, le sujet peut se fixer affectivement sur lui-même : on parle alors de trouble de la personnalité narcissique. Le besoin d'être admiré est alors constant, associé à un manque d'empathie.
  • *    La perversion morale qui correspond à un type de personnalité particulier tendant vers la satisfaction de ses désirs et de ses besoins aux dépends des autres, qui vont être manipulés et dont les besoins sont niés.

Ce trouble psychiatrique tient à la fois du narcissisme et de la psychopathie. Le profil type comporte notamment les rubriques : egocentrisme, haine et agressivité, mensonge, extraversion, orgueil et combativité, sadisme, paranoïa, mesquinerie et narcissisme criminel. On notera toutefois que cette catégorie de trouble (de folie, en langage commun) et ses conséquences pour l'entourage ont jusqu'ici été surtout examinées dans la sphère privée et, sous le nom de harcèlement moral, dans les relations de travail.

Il faut savoir aussi que certaines des caractéristiques du pervers décrit ci-après, si elles apparaissent isolément chez une personne, ou bien sous une forme atténuée, sont juste des traits de caractère : égoïste, orgueilleux, mesquin, etc., qui n'en font pas pour autant un malade mental. Pas de panique, brave lecteur, tu n'es pas pervers ! C'est l'accumulation et l'exacerbation de ces traits qui constitue le trouble psychiatrique et peut conduire à l'internement.

Absence de scrupules

Le pervers narcissique est souvent un individu relativement intelligent et bon psychologue. Dépourvu de valeurs morales, il n'a ni états d'âme, ni remords ou problèmes de conscience. Ce manque absolu de scrupule déroute d'abord ses victimes - c'est à dire les personnes qu'il manipule - tant elles ont du mal à y croire.
  • En fait, il a un total mépris pour toute loi ou contrainte morale. Sa morale est, le plus souvent, celle de la loi du plus fort et/ou du plus rusé, du plus retord. Il y a le plus souvent, dans son comportement, la banalisation du mal et une certaine " relativisation " de la morale, dans le cadre d’un nihilisme opérationnel, qui peut même être militant. Il n’a de respect que pour les gens plus forts que lui, ayant plus de pouvoir - G.W. Bush - et de richesse, ou plus combatifs que lui. Faire preuve d’humanité, de sensibilité est souvent vu par lui comme l’expression d’une forme de naïveté ou de sensiblerie qui n’a pas lieu d’être. Seuls les résultats comptent : " la fin justifie les moyens " - c'est aussi le principe de la scientologie...
"Il est fasciné par ce qui brille, les nouveaux riches... Tom Cruise" ! (Marianne, p. 19).
  • Le pervers narcissique n'éprouve aucun respect pour les autres, qu'il considère comme des objets utiles à ses besoins de pouvoir, d'autorité, ou servant ses intérêts. Il fait des promesses qu’il ne tiendra pas, sachant que " les promesses n’engagent que ceux qui y croient ". Pris sur le fait, il est capable de nier avec un aplomb hors du commun... - "jamais rencontré Azouz Begag" ! (Sarkozy, cité par Marianne, p. 15).
Egoïsme forcené
  • Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. Son unique but et objectif est d’obtenir un bénéfice pour sa propre personne. Il essaye de profiter à chaque instant de toute opportunité, de toutes les situations, de toutes les personnes rencontrées - celles-ci étant autant que possible systématiquement instrumentalisées - pour en tirer avantage. Sa philosophie est toujours utilitariste. Et il sait ménager ceux dont il a besoin, son conjoint, une relation de travail…
  • Le pervers narcissique n'est courageux que quand il est sûr de gagner et que cela va dans le sens du renforcement gratifiant de son image narcissique. Sinon, il fait preuve d’une extrême prudence et s’abstient de faire preuve de courage. Lors du naufrage du Titanic, il sera le premier à monter dans les canots de sauvetage, sous les prétextes les plus fallacieux, avant femmes et enfants... La notion d’honneur ou d’élégance morale lui est inaccessible.
  • Comme pour tous les narcissiques, tout lui est dû. Il n'admet aucune mise en cause et aucun reproche. Sa loi est celle de ses désirs immédiats, dans l'instant. Tout doit lui céder systématiquement. C’est comme s’il était demeuré, à l’âge adulte, un enfant gâté- "un enfant qui n'atteindra jamais l'âge adulte" dixit Marianne, p. 19... - Par exemple, un petit bobo chez lui prend de graves proportions, comme si c’était une maladie importante, devant alors inspirer la compassion de l’entourage.

Exemple de son mode de pensée : " Je suis génial, je suis fort, je suis au dessus des autres, dans le haut du panier "... - "le seul qui", "le premier à, "l'unique capable de", "le meilleur pour" (p. 21)... - ou encore : "Les gens qui habitent Neuilly sont ceux qui se sont battus pour prendre plus de responsabilités, pour travailler plus que les autres" (Nicolas Sarkozy, habitant de Neuilly, dans Le Figaro, mai 2005, cité par Marianne, p. 25).

Absence de compassion
  • Les pervers narcissiques sont incapables d’aimer les autres. Dans leur immense majorité, ils n’ont aucune humanité, aucun sentiment humain, aucun état d’âme, aucun affect. Ils sont froids et calculeurs, totalement indifférents à la souffrance d’autrui.
"C'est vrai, j'étais égoïste, dépourvu de toute humanité, inattentif aux autres, dur, brutal... Mais j'ai changé !" (Nicolas Sarkozy, entretien avec sa biographe Catherine Nay, cité par Marianne, p. 17). Mais non, fripouille, tu n'as pas du tout changé !

Quand il arrive un problème à autrui, ainsi l'attentat contre le World Trade Center, il a de la peine pour lui-même, pas pour autrui.

"Il n'est vraiment totalement humain que quand il s'agit de lui-même" (Marianne, p. 19).
  • Mais tout en étant, le plus souvent, incapables d’avoir des sentiments humains, les pervers narcissiques simuleront le fait d’être totalement remplis, en apparence, de bons sentiments humains et d’une sincère empathie pour autrui.
  • Les pervers peuvent se passionner pour une personne, une activité ou une idée, mais ces flambées restent très superficielles. Ils sont en fait souvent vides d’intérêts, sauf pour leur intérêt immédiat. Ils ignorent les véritables sentiments, en particulier les sentiments de tristesse ou de deuil (pour les autres). Les déceptions entraînent chez eux de la colère ou du ressentiment avec un désir de revanche... Quand un pervers reçoit une blessure narcissique (défaite, rejet), il ressent un désir illimité d'obtenir une revanche. Ce n'est pas, comme chez un individu coléreux, une réaction passagère et brouillonne, c'est une rancune inflexible, implacable, à laquelle le pervers applique toutes ses forces et ses capacités de raisonnement. Et alors, il n’aura de cesse d’assouvir son dessein de vengeance.
En 1994 : "Chirac est mort. Il ne manque plus que les trois dernières pelletées de terre" (Nicolas Sarkozy, cité par Marianne, p. 21).

Aux journalistes de France 3, pas assez lèche-cul à son goût : "Si je suis élu, je vous ferai tous virer !" (Marianne, p. 16).

"La critique équivaut pour lui [Sarko] à une déclaration de guerre qui ne peut se terminer que par la reddition, l'achat ou la mort de l'adversaire" (p. 18).

Haine et agressivité
  • Le pervers narcissique a souvent besoin de haïr pour exister. C'est une des raisons pour lesquelles il n’est jamais satisfait par quoi que ce soit (les autres, les objets …). La haine peut être chez lui un moteur très puissant de son action et de son comportement. Étant incapable d'aimer, il essaie de détruire, par cynisme, la simplicité de toute relation naturelle et saine.
  • Prisonnier de son propre personnage et de l’image, le plus souvent factice, qu’il présente à la société, le pervers narcissique tente alors de détruire la liberté d’autrui et de lui imposer des contraintes décidées par lui. Il y a, chez lui, une mentalité agressive d’envie, de convoitise, d'irritation haineuse à la vue du bonheur, des avantages d'autrui.
  • Pour s'accepter et s’affirmer, le pervers narcissique doit triompher de quelqu'un d'autre, le détruire, jouissant alors de sa souffrance. Cette perception, de ce qu’il croit ne pas posséder, est subjective, elle peut même être délirante. Ce sentiment d'infériorité vis-à-vis de la personne enviée et haïe le pousse à chercher à posséder ce qui est convoité. Pour combler l'écart qui le sépare de l'objet de sa convoitise, il lui suffit alors de l'humilier, de l'avilir.
"Jamais, peut-être, un leader politique n'avait aussi systématiquement pris son pied à assassiner, les unes après les autres, les personnalités de son propre camp, pour, après le carnage, rester seul entouré de ses chaouches" (cité par Marianne, p. 21). Ne me demandez pas ce que c'est qu'un chaouche, je ne sais pas.
  • Pour lui, rien ne va jamais. Il impose aux autres sa vision péjorative ou négative du monde et son insatisfaction chronique concernant la vie. Personne n’a vraiment grâce à ses yeux. Agresser les autres est le moyen d'éviter la douleur, la peine, la dépression.
  • Les pervers narcissiques aiment attendre dans l’ombre, masqués. Certains calculent leur coup ou leur vengeance très longtemps à l’avance, parfois sur plusieurs années (pour eux la vengeance est un plat qui se mange froid et ils aiment à s’en délecter). C’est la raison pour laquelle ils peuvent être redoutables et imprévisibles. Et d’ailleurs, ils sont le plus souvent imprévisibles.
Mensonge
Là, on n'a que l'embarras du choix dans les exemples. Au hasard : "Dans un monde où la déloyauté est la règle, vous me permettrez d'afficher ma loyauté envers Jacques Chirac" (Nicolas Sarkozy, juin 1992). Encore un ami de trente ans... "Je n'aime pas étaler ce qui, finalement, appartient à ma vie privée" (Marianne, p. 25). Pas vrai, Cécilia ?
  • Le pervers narcissique est toujours, intérieurement, dans la peau d’un autre. Il n'est jamais sincère, toujours menteur. Il peut aussi bien dire la vérité que mentir avec aplomb, d’une façon jusqu’au-boutiste (comme un " arracheur de dent "). Le plus souvent, il effectue de sensibles falsifications de la vérité, qu'on ne peut pas vraiment qualifier de constructions délirantes. Mélanger le mensonge, la sincérité et la franchise - ce qui est, pour les autres, très déstabilisant - fait partie de son jeu.
  • Derrière cette pratique jusqu’au-boutiste du mensonge, qui paraît parfois suicidaire, se cache, le plus souvent, une attitude de défi à l’ordre social, une façon de montrer qu’il est toujours le plus fort et qu’il contrôle toujours la situation - ou les statistiques de crimes et délits... Même quand il le faudrait, il ne reconnaîtra jamais rien, ni ses mensonges, ni ses torts, même dans les moments cruciaux, lors d’un interrogatoire policier, voire d'un procès d’assises.
  • Par contre il pourra reconnaître éventuellement un mensonge mineur s’il n'a pas grand chose à y perdre. Mais même l’aveu de ce petit mensonge sera toujours difficile à obtenir de sa part.
Mythomanie
  • Le pervers narcissique a souvent une composante mythomane. Elle est liée à sa propension au mensonge - une composante opérationnelle, consciente, pour parvenir plus facilement à ses fins - et à un besoin de se voir mieux qu’il n'est dans la réalité. Il aime se mentir à lui-même, sur lui-même. Le déni (de ses défauts, de l'autre) lui permet de " s'aimer " (et de s’aimer toujours plus).
"Maintenant, dans les réunions publiques, c'est moi qui fais les questions et les réponses et, à la sortie, les gens ont l'impression qu'on s'est vraiment parlé" (Nicolas Sarkozy, entretien accordé au Figaro, mai 2005, cité par Marianne, p. 25). Ça s'appelle aussi vouloir prendre les gens pour des imbéciles... et ils votent pour lui !
  • Comme tout mythomane, il ment souvent parce qu'il craint la réaction négative de l’entourage (de dévalorisation, par exemple) qu'entraînerait l'aveu de la réalité et de son mensonge. Sa mythomanie a tendance alors à s’auto-entretenir, sans fin, voire à se renforcer au cours du temps. Il se ment à lui-même, sur sa vraie valeur, sur ce qu’il est réellement. Il sait partiellement qu’il se ment à lui-même, mais en même temps il minimise son propre mensonge sur lui-même. A certains moments, il finit par croire à son mensonge, à d’autres, il a conscience de son mensonge. C’est toute l’ambivalence de la pathologie mythomane.
  • Le pervers narcissique est un " comédien né ". Ses mensonges à force d’entraînement sont devenus chez lui une seconde nature. Sa palette de personnalités, de personnages, d’émotions feintes est étonnante. L’éventail de son jeu d’acteur est infini, sans cesse renouvelé.
  • Le pervers narcissique est en général apprécié au premier abord car il paraît extraverti, sympathique et séduisant. Assez fin psychologue, il a souvent un talent pour retourner l’opinion en sa faveur et emporter l’adhésion à ses idées, même les plus contestables.
Orgueil et combativité
  • Le pervers narcissique est le plus souvent doté d’une combativité extrême et d’une capacité de rebond remarquable. Sa mégalomanie, son narcissisme, voire sa paranoïa, renforcent cette combativité.
  • Souvent immensément orgueilleux, voire mégalomane, le pervers narcissique aime gagner, à tout prix, sans fin, et ne peut admettre, une seule fois, de perdre. Il est prêt à tout, même aux coups les plus retords, pour ne jamais perdre. Le pervers est comme un enfant gâté. S’il ne rencontre pas de résistance, il ira toujours plus loin.
Même les qualités qu'on prête à Sarkozy (ténacité, énergie) participent du tableau clinique...
  • A la longue cette tendance, qui peut lui assurer une dynamique du succès pendant un certain temps, devient une addiction. Signe de sa mégalomanie, elle la renforce en retour, et l'amène à ne plus pouvoir tolérer la moindre frustration ou contradiction.
  • Le pervers narcissique adore se valoriser, paraître plus qu’il n’est réellement. Toute atteinte à la haute image qu’il a de lui même le rend très méchant, agressif. Tous ses efforts viseront alors à rétablir cette image flatteuse qu’il a de lui-même, et ce par tous les moyens, y compris par la destruction du perturbateur, celui qui a commis le crime de lèse-majesté.
  • Il a une très haute opinion de lui-même. Les autres sont pour lui quantités négligeables - ce sont des larbins, des domestiques, des " peanuts "... Il déteste qu’on lui fasse de l’ombre, qu’on se mette en avant, qu’on prenne de l’ascendant sur lui, qu’on lui résiste, qu’on lui dise non. Il a besoin sans cesse de rabaisser autrui, par une petite pique de-ci de-là (un tel n’a pas de personnalité, un tel est égoïste, un tel est ingrat, un tel est pingre…).
Sarkozy à propos de Fillon : "Un nul qui n'a aucune idée". A propos de Barnier : "Le vide fait homme". A propos de Douste-Blazy : "La lâcheté faite politicien". A propos de Juppé : "Un dogmatique rigide. Fabius en pire". A propos de Michèle Alliot-Marie : "Une salope". A propos de Villepin, n'en parlons pas ! Et ce sont ici des gens de son propre parti.

Sans compter les "connards" et autres "je vais les niquer" qu'il distribue à tout le monde. Qui a parlé de nettoyer les racailles au karcher ?

Sadisme
  • Un plaisir pervers s'éprouve dans la vision de la souffrance de l’autre. Le pervers ressent une jouissance extrême, vitale, à voir l'autre souffrir, à le maintenir dans le doute, à l'asservir et à l'humilier. Étant incapable de relation véritable, il ne peut en établir que dans un registre pervers de malignité destructrice. Les êtres humains ne sont plus pour lui des êtres humains, mais des objets de jeu et de plaisir. Il aime chosifier l'autre, et faire en sorte que sa victime ne puisse jamais s’en sortir, ne serait-ce que pour l'empêcher de témoigner contre lui.
"C'est vrai, il antagonise, il clive, il joue les uns contre les autres avec la plus extrême cruauté" (Marianne p. 19).

Paranoïa
  • A la personnalité perverse et narcissique peut parfois se superposer une composante paranoïaque. A force de duper les gens, le pervers se doit d’être de plus en plus secret et d’être de plus en plus sur ses gardes. Il se confie de moins en moins. A un moment clé, il peut se révéler d’une hyper-susceptibilité maladive. Sa paranoïa lui fournit alors un regain d’énergie combattive.
Sa susceptibilité maladive, tout son entourage politique peut en témoigner. Mais je reviendrai plus loin sur la tendance à la paranoïa parce que c'est là aussi un trouble grave.

Mesquinerie

On est parfois surpris de découvrir, derrière son apparence généreuse, brillante ou intelligente, un esprit mesquin, terriblement jaloux, rancunier, vengeur, d'une indéniable petitesse morale. Ses buts " nobles " et " généreux " se révèlent alors nettement moins nobles qu’il y paraissait au premier abord.

Enfin certains comportements déroutants du pervers narcissique peuvent être l'indicateur d’un début de psychose ou de démence précoce...


Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_la_personnalit%C3%A9_narcissique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pervers_narcissique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_la_personnalit%C3%A9_parano%C3%AFaque
http://fr.wikipedia.org/wiki/Parano%C3%AFa
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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 22:11
Un parfum des années 30...
Paris, 2007 - Siège de campagne de l'UMP

Style dépouillé, portrait géant, exaltation du chef (merci Photoshop !)... Il n'y manque pas même les torchères ! Mais qui est donc ce Sarkozy qui veut nous gouverner ?

Marianne
(n° 521, 14-23 avril 2007, p. 14-25) dresse enfin le portrait psychologique que beaucoup de gens subodoraient, mais que les médias aux ordres avaient choisi de taire et auxquels les observateurs les plus lucides se refusaient à croire malgré l'évidence. Ne pas voir ce que l'on voit parce que Non. Pas ça... Ce n'est pas possible ! Et pourtant, c'est vrai : nous sommes à la veille d'élire un malade mental à la présidence de la République française. Ce n'est pas tout à fait ce que dit Marianne. L'hebdomadaire nous décrit les symptômes, mais n'ose poser le diagnostic...

Sarkozy. A cette violence intérieure, ce déséquilibre personnel que pointe chez lui le premier ministre Dominique de Villepin, il y a cependant des causes compréhensibles. Etre à la fois Juif et fils de nazi, au-delà de l'incongruité de la chose, c'est à n'en pas douter un tiraillement tel qu'il explique la violence et le clivage de la personnalité. Mais sauf à appliquer au personnage ses propres idées eugénistes et à rechercher chez lui les gènes de la pathologie mentale - puisque selon cet éminent scientifique qu'est Monsieur Sarkozy, les pédophiles naissent pédophiles, les dépressifs naissent dépressifs et les suicidés suicidants - les hasards de sa naissance n'expliquent pas tout.

D'un côté il y a cette famille hongroise dont on parle sans trop en dire. Une famille bien placée dans la Hongrie des années 30 et 40. Le grand-père est conseiller municipal de Szolnok. En mars 1944, l'armée allemande occupe le pays. De mai à juillet, les Juifs sont déportés. A l'automne 1944, c'est le mouvement hongrois pro-nazi des Croix fléchées qui prend le relais et organise le massacre des Juifs de Budapest, jusqu'alors épargnés. Entre l'hiver 1944 et mars 1945, devant l'avancée de l'Armée rouge, les Allemands font retraite et avec eux des membres des Croix fléchées. Parmi ces derniers, très vraisemblablement, Pal Sarkozy, le père, que l'on trouve en Autriche dès fin 1944, puis à Baden-Baden où il va s'engager dans la Légion étrangère, excellent moyen pour faire oublier son passé. Un autre bon moyen, c'était peut-être le mariage. Aucun des deux engagements n'aura duré bien longtemps. Pour autant, traiter Nicolas Sarkozy de nazi comme le font les gauchistes est une absurdité. Il exècre son père. Et il exècre sans doute tout autant la Hongrie et toute l'Europe centrale (http://geopolis.over-blog.net/article-4343118.html). A vrai dire, que le père de Sarkozy ait été dans les Croix fléchées, peu importe.

Sarkozy fils est tout acquis à sa mère, Juive, d'une famille originaire de Salonique, ce qui le fait Juif lui-aussi puisque la judéité se transmet par la mère exclusivement. Cela explique ses positions en matière de politique internationale : fervent soutien d'Israël, grand admirateur de la politique de George W. Bush, hostile à tout ce qui vient de l'Est et doit lui rappeler son père. La figure du père justement... Un père qui ne semble avoir eu pour lui qu'indifférence, voire mépris. Le petit Sarkozy a une revanche à prendre. C'est son problème. Cela doit-il devenir le nôtre ? Il y a manifestement chez Sarkozy un mal-être lié à ses origines, mais aussi et surtout une forme de fixation sur la période 1939-1945, puisque tout y ramène. Alors, un homme d'avenir ?

Mais s'il n'y avait que cela ! Si j'ai parlé de troubles mentaux, ce n'est pas en l'air, ce n'est pas pour insulter. Ses proches et tout ceux qui l'ont rencontré disent la brutalité de ses réactions, ses explosions de fureur, y compris contre son entourage, ses hurlements et ses bordées d'injures frénétiques : "Connards, salauds, journal de merde ! Je vais tous les niquer. Les niquer !". Un langage fleuri qui fait racaille comme l'a d'ailleurs noté Le Pen. La moindre anicroche dans sa campagne et voilà Sarkozy qui insulte ses propres conseillers. La claque n'est pas assez fournie, il entre dans une rage noire, comme à Bruxelles, pour son premier meeting de campagne à l'étranger - un flop ! dont personne n'a parlé. La plus petite remarque parmi le cortège de lécheurs dont il s'entoure et l'aspirant président s'emporte et éjecte le coupable. Crime de lèse Sarkozy !

Car il est vindicatif et implacable, le Sarkozy : "Si je suis élu, je vous ferai tous virer !". On connaît l'histoire d'Alain Genestar, remercié de Paris Match. La liberté de la presse qu'ils appellent ça ! Il brutalise, il menace, il intimide. "La critique équivaut pour lui à une déclaration de guerre qui ne peut se terminer que par la reddition, l'achat ou la mort de l'adversaire" dit de lui un ministre UMP. Un autre membre de son parti ajoute : "Jamais, peut-être, un leader politique n'avait aussi systématiquement pris son pied à assassiner, les unes après les autres, les personnalités de son propre camp, pour, après le carnage, rester seul entouré de ses chaouches". Les mots sont forts, mais on les imagine à la mesure du traumatisme ressenti et à la mesure aussi de ses propres paroles, assassines, ainsi quand Sarko rêve tout haut de voir Villepin "pendu au croc d'un boucher"... Ils font presque pitié ces UMPistes, à faire campagne pour un type qui les traite comme des chiens !

Et puis il ment comme un arracheur de dents ! Quelques jours après une querelle avec l'énergumène Begag, ci-devant ministre "délégué à l'Egalité des chances" (celui-là dans le genre je-m'en-foutisme... pourquoi pas le Ministère des coups de pied au derrière ?), à qui Sarkozy à menacé de casser la gueule (sic), le même prétend devant les journalistes : "je crois n'avoir jamais rencontré Azouz Begag"... Ils étaient juste dans le même gouvernement ! Il dissimule, il déguise, il se déguise. Par exemple, interdiction est faite aux médias de dire la vérité sur son bilan au Ministère de l'Intérieur en matière de sécurité : les chiffres sont catastrophiques. Aucun scrupule. Il peut dire une chose, le lendemain le contraire. Et alors ? Du moment que les gens y croient. Pour instrumentaliser les autres, il s'y connaît. Et tout est bon pour parvenir à ses fins. Un Sarkozyste le reconnaît : "il antagonise, il clive, il joue les uns contre les autres avec la plus extrême cruauté". Bref, il manipule.

Tout son comportement témoigne d'une profonde blessure narcissique. Alors il compense : "Il est fasciné par ce qui brille, les nouveaux riches, le show off, les copains à gourmettes même s'ils trichotent avec les règles communes, Tom Cruise qu'il reçoit à Berçy, ébloui, et fait raccompagner en vaporetto", dit un ancien élu RPR des Hauts-de-Seine. Et surtout il y a lui. La rédaction de Marianne nous remet ses expressions favorites en mémoire : "je suis le seul qui", "le premier à", "l'unique capable de", "le meilleur pour"... Un autre député UMP : "On dit qu'il est narcissique, égotiste. Les mots sont faibles. Jamais je n'ai rencontré une telle capacité à effacer spontanément du paysage tout, absolument tout, ce qui ne renvoie pas à lui-même. Sarko est une sorte d'aveugle au monde extérieur dont le seul regard possible serait tourné vers son monde intérieur [j'aurais dit plutôt son vide intérieur]. Il se voit, il se voit même constamment, mais il ne voit plus que ça". Il suffit d'ailleurs d'écouter Sarkozy lui-même : "Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ?...", "Si je ne faisais pas attention, tous les jours je serais à la télévision jusqu'à ce que les téléspectateurs en aient la nausée"... Très bizarre, cette idée ! En tous cas, la nausée, là, on l'a déjà !

Puisque l'autre n'existe que comme moyen ou comme objet, il n'est pas question de dialogue et encore moins de débat. "Vous n'imaginez pas qu'un autre point de vue présente un quelconque intérêt", s'est-il fait dire. Il se refusera toujours à débattre - on l'a vu récemment, - sauf à choisir des interlocuteurs tout dévoués à sa cause ou trop faibles pour lui tenir tête. Il redoute par contre ceux qui ne se laissent pas impressionner et pourraient démonter la supercherie, ceux qui sont vraiment solides alors que lui fait semblant, donne le change pour dissimuler son instabilité. Car cette incapacité de Sarkozy à se réfréner dénote un manque flagrant de maturité, comme s'il était resté le gamin de Neuilly, pourri gâté. Ce n'est pas moi qui le dit mais des représentants de son propre parti : "un enfant qui n'atteindra jamais l'âge adulte" ! Les emportements de Sarko, ses coups de menton, cette virilité qui s'affiche et expose sa femme, l'image d'homme qu'il veut absolument donner de lui, cachent mal une personnalité friable, très fragile au fond, et un grand vide.

Et pourtant il fascine. C'est surprenant, mais il faut bien se rendre à l'évidence, il y a, à l'UMP comme en dehors, des Sarkozystes fanatiques. Il y en a même beaucoup. Par naïveté, par ignorance, par sidération médiatique aussi, ils voient en lui une sorte de surhomme qui va tout résoudre : "Lui seul le peut", "lui seul est capable de"... ce qui n'est jamais qu'une projection de son propre discours. Et à l'instar de lui-même, ces jeunes gens - car ce sont souvent des jeunes gens - semblent s'enfermer dans une forterresse psychique que rien ne peut percer sous peine que le psychisme entier s'effondre. Ils ont réponse à tout, une explication pour tout. Non, Sarkozy n'a pas pu faire ceci quand il était ministre, parce qu'On ne le laissait pas faire. Il n'était pas libre de... Ben voyons ! Mais si l'argument perce... J'ai testé. Le résultat : un pauvre militant UMPiste prostré, ratatiné sur son fauteuil, perdu, comme si le monde se dérobait sous ses pas. Pathétique !

Alors s'agit-il seulement d'un problème de nerfs ? Non, ce que je viens de décrire chez Sarkozy, c'est le profil type du pervers narcissique à tendance paranoïaque. Pour l'examen psychiatrique, je renvoie aux pages de Wikipédia (c'est le plus accessible) :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pervers_narcissique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Parano%C3%AFa

A suivre...
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16 avril 2007 1 16 /04 /avril /2007 00:27
...et contre l'intégration du pays dans l'Union Européenne. Deux millions, d'après mes informateurs, au moins un million au jugé rien qu'à Ankara, mais certainement pas 300.000 comme l'écrit Le Monde dans deux articles ineptes des 14 et 17 avril, signés Sophie Shihab. Très mal informée sur l'Afghanistan - à ce qu'on m'a dit, mais je ne l'ai pas lue sur le sujet, - Madame Shihab semble être la spécialiste ès Islam du journal. Savoir l'arabe est pourtant d'une maigre utilité pour comprendre la Turquie. Les Turcs... sont Turcs ! Et être musulmane, comme ce semble être le cas, ne donne pas les meilleures bases pour disserter du kémalisme !

Voilà donc que Le Monde se fait le chantre de l'islamisme radical !!! Sinon pourquoi minimiser l'ampleur de la manifestation et ironiser sur le "combat d'arrière-garde" de ces "vieilles élites" qui veulent résister à la montée en puissance du parti islamiste du premier ministre Recep Tayyip Erdogan ? Début mai 2007, la Turquie se choisira un nouveau président par un vote au parlement. Erdogan aspire à la fonction. Or, s'il était élu, il aurait tout pouvoir pour réviser la Constitution laïque héritée de Mustafa Kemal Atatürk et faire passer en force les lois de ré-islamisation qui ont été jusqu'ici bloquées par le président sortant, Ahmet Necdet Sezer.

L'injonction récurrente donnée par l'Union européenne à la Turquie en vue de son adhésion est la "démocratisation" du système politique, en l'occurrence la mise à l'écart de l'armée. Mais en Turquie - comme d'ailleurs en Egypte - démocratiser signifie ni plus ni moins remettre le pouvoir aux islamistes. L'armée turque, fidèle au kémalisme, est bel et bien le dernier rempart de l'Etat laïc. Voilà pourquoi on observe aujourd'hui cette surprenante alliance entre généraux de l'état-major et anciens opposants autrefois torturés par l'armée, entre loups gris et communistes, entre militaires et féministes. Alliance surprenante mais logique à l'heure où le Centre culturel Atatürk d'Istanbul vient d'être vendu à l'Arabie séoudite pour être rasé et remplacé par une mosquée... Et voilà aussi pourquoi les  kémalistes de gauche comme de droite sont contre et archi-contre l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne, et pourquoi les islamistes sont pour.

Alors Madame Shihab peut traiter de "faucon" le très respecté général Yasar Büyükanit, chef d'état-major de l'armée turque, parce qu'il dit en public son vœu que le prochain président soit "une personne attachée aux principes de la République". Elle peut s'appitoyer sur les centaines de "supposés islamistes" dont l'entrée dans l'administration, la magistrature ou l'Université est jusqu'ici entravée, et écrire islamistes entre guillemets. Elle peut faire semblant de s'étonner que Erdogan reste perçu par ses opposants comme un "islamiste" - ce qu'il est. Elle peut s'indigner que l'armée turque s'inquiète du séparatisme kurde attisé par la situation de l'Irak... Mais l'Europe !

J'y reviendrai. Voici déjà les images de cette manifestation monstre :

Contre les trahisons de Erdogan


Contre les trahisons de l'Europe

Contre le régime des mosquées

Atatürk, réveille-toi !

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15 avril 2007 7 15 /04 /avril /2007 18:49
Après les déclarations d'intention du PS et de l'UMP, voyons un peu de quoi il retourne à l'UDF. Comme précédemment, je m'en tiendrai pour l'essentiel aux questions de politique internationale, mais comme le candidat UDF est nettement moins connu que les autres, quelques mots d'abord sur François Bayrou.

Catholique de gauche, ministre de l'Education nationale de 1993 à 1997 sous les gouvernements Balladur puis Juppé, Bayrou est l'héritier politique de Valéry Giscard d'Estaing dont il a repris le parti en 1998. Il fait d'ailleurs volontiers l'éloge de la "modernité" de Giscard... Fervent partisan d'une Europe fédérale, il a fait campagne en 2005 pour le Oui à la Constitution européenne - il n'est peut-être pas inutile de le rappeler car son programme, intitulé "La France de toutes nos forces", escamote la question au profit d'une sorte de "Partisans du Non, je vous ai compris !". Pourtant, François Bayrou et son parti ont été étroitement associés au développement des institutions de l'Union européenne telles qu'elles se présentent actuellement. Sa seconde de liste aux élections européennes, Nicole Fontaine, a présidé le Parlement européen de 1999 à 2002, et Giscard lui-même est à l'origine dudit projet de constitution récemment avorté.

D'autre part, parmi les principaux soutiens à sa candidature, on peut relever quelques noms qui auraient de fortes chances de se retrouver ministres si lui-même devenait président, et qui seraient alors susceptibles d'orienter sa politique. Citons Jean Peyrelevade, qui fut directeur du Crédit lyonnais de 1993 à 2003 et présida à l'incroyable déconfiture que l'on sait : 130 milliards de francs de dette épongés par le contribuable en 1993. C'est aussi pendant son exercice à la direction de la banque qu'eut lieu l'incendie criminel du siège parisien du CL (en 1996), qu'on ne s'est jamais donné la peine d'élucider, et celui de sa succursale du Havre où les archives sont parties en fumée...

Citons aussi, et c'est plus intéressant du point de vue géopolitique, Pascal Lamy, actuel directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Ancien commissaire européen au Commerce sous la très décriée Commission Prodi, Lamy s'est vu à plusieurs reprises reprocher ses positions modialistes et ultra-libérales trop favorables aux vues américaines lors des négociations sur le commerce international, ce qui n'a cependant rien d'étonnant puisqu'il est membre de plusieurs "think tank" ultra-libéraux américains (Rand Corporation, Bilderberg meeting). Je passe sur les médailles. Ajoutons juste que Pascal Lamy étant un pur produit de l'ENA, la promesse de François Bayrou de supprimer celle-ci ne paraît pas franchement crédible venant de lui. Au plus, on aurait encore un coup à la Edith Cresson envoyant Messieurs les Enarques s'aérer à Strasbourg...
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14 avril 2007 6 14 /04 /avril /2007 15:38
On a connu nos médias plus prolixes sur le sujet (http://geopolis.over-blog.net/article-1881834.html), mais il s'agissait de journalistes... Il y a une dizaine de jours, deux Français travaillant pour l'association caritative Terre d'enfance ont été enlevés dans le sud de l'Afghanistan avec leur chauffeur et deux interprètes. Comme en Irak, les Talibans afghans semblent vouloir multiplier les prises d'otages étrangers comme nouveau moyen de financement et de pression politique. A chaque fois, le même terrifiant dilemme : céder aux exigences des terroristes au risque de voir se multiplier ces enlèvements lucratifs, ou refuser de céder au risque de voir exécuter les otages. Après avoir relâché cinq prisonniers talibans contre la libération du journaliste italien Daniele Mastrogiacomo le mois dernier, le président afghan Hamid Karzaï refuse de céder à nouveau au chantage comme il avait déjà refusé de le faire pour l'interprète de Mastrogiacomo, Adjam Naqshbandi, un afghan, qui a été décapité. Une pensée, une prière pour eux.
  Céline [Cordelier] et Eric [Damfreville], les deux otages français filmés par les Talibans
via http://www.cbc.ca

[Céline Cordelier a été finalement libérée le 28 avril]
Voir aussi : http://www.otages-du-monde.com/base/-Accueil-.html
et ici même, sur la situation en Afganistan : http://geopolis.over-blog.net/article-4089266.html et http://geopolis.over-blog.net/article-4091031.html
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14 avril 2007 6 14 /04 /avril /2007 11:43
Il n'y a pas que l'UMP ! Cette année, contrairement à 1981, aucun des candidats à la présidentielle n'a jugé pertinent de se rendre en Corée du Nord pour asseoir sa stature internationale. En 1981, c'était François Mitterand... Bon, je sais, question démocratie, la Chine ce n'est pas tellement mieux ! Mais voilà, j'ai encore trouvé de belles photos sur RIA Novosti, qui propose toujours de très bons reportages photographiques sur des contrées peu fréquentées par les Français (le Daghestan, l'Abkhazie, et même l'Antarctique et ses sympathiques pingouins).

Alors voici la Corée du Nord, dictature communiste de la pire espèce, détentrice de la bombe atomique (cf. http://geopolis.over-blog.net/article-3960135.html). Les photos sont d'Artemy Lebedev sur http://fr.rian.ru :
Monument aux idées de Kim Il-sung (Juche)

Campagne nord-coréenne, 2007
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13 avril 2007 5 13 /04 /avril /2007 22:10
Poursuivons... même si nous n'irons pas bien loin ! Les déclarations d'intention de l'UMP sont en effet pour l'essentiel un programme de politique intérieure ou plutôt un projet de société, projet étant un bien grand mot pour une liste de rubriques un peu fourre-tout du style "Assumer notre responsabilité en matière de diversité culturelle",  "L'Europe des projets concrets, qui protège dans la mondialisation" ou "Etre au rendez-vous des espoirs thérapeutiques" (Ah, le plan en trois parties cher à Sciences Po ! C'était benêt, mais ça avait au moins le mérite de la clarté. Et ce qui se conçoit bien...). Bref, il n'est que peu question de géopolitique, qui sera pourtant le principal champ d'action du futur président...

Rien ou presque sur les USA. Rien de précis sur Israël, sur le Proche-Orient, sur l'Iran... Rien sur les conflits en Europe (le Kosovo est le dernier en date). Rien sur les puissances du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) en plein essor. Rien sur le Maghreb et l'Afrique noire en dehors de la sempiternelle "politique d'aide au développement" qui sera relancée grâce au bénévolat... Alors voici ce que j'ai pu glaner : une Europe de défense, la "préférence communautaire" c'est-à-dire européenne (en matière économique uniquement), l'adoption de la constitution européenne ou "accord institutionnel".

Pour ce qui est de l'Europe de défense, un peu un serpent de mer pour l'instant, ce n'est pas une nouveauté ni une exclusivité de l'UMP. Pour la "préférence communautaire", c'est à peu près l'inverse de la politique de Bruxelles contre laquelle les députés UMP du parlement européen et le gouvernement français de ces dernières années (UMP + UDF) n'ont pourtant pas protesté. Sont-ils crédibles ? On pourrait d'ailleurs se demander pourquoi ce que l'on admet à l'échelle de l'Europe ne pourrait l'être au niveau national. Pourquoi la préférence communautaire est souhaitable quand la préférence nationale est vilipendée ? Question de cohérence. Quant à l'"accord institutionnel" reprenant le projet de Constitution, faut-il rappeler que Français et Hollandais lui ont dit NON ?

Page 11 de ces Conventions pour la France d'après (sic) sous-titrées "Contrat de législature 2007-2012", on lit encore ceci :

"Nous devons être fermes sur l'objectif de non-prolifération nucléaire qui est une nécessité absolue pour la sécurité du monde." Avis aux mollahs ! Certes, mais quand on sait qui a fourni les centrales... Enfin, le sujet est effectivement crucial et je ne vais pas persifler. La question de la guerre est posée, et pas seulement pour les USA.

Puis : "Notre identité démocratique tout comme notre histoire nous donnent la mission de promouvoir la liberté et le respect de l'individu dans le monde. Notre politique étrangère ne devra donc pas rechercher la stabilité pour la stabilité, car à celle-ci correspond trop souvent un statu quo cruel et injuste, fondé sur des situations malsaines. En revanche, la stabilisation en profondeur doit être notre objectif. Dans le cas d'Etats fragilisés par des conflits internes ou externes, elle ne peut être obtenue que par l'amélioration de la gouvernance [sic : novlangue] et la démocratisation, le développement économique, et l'aide à la création de véritables Etats de droit et de sociétés civiles ouvertes". Ça c'est du Sarkozy pur jus !

Guerre, je vous dit ! Posons la question autrement : Est-ce qu'une "situation malsaine" justifie de plonger un pays dans le chaos (cf. l'Irak) ? Je ne dis pas que la réponse est non, je pose la question. Et le Liban, un pays ami de la France, écrasé sous les bombes à fragmentation ? (http://geopolis.over-blog.net/article-4669015.html) Destabilisons, destabilisons... D'autant que l'appréciation des "situations malsaines" peut être extensive... Cela me fait penser à ces "révolutions colorées" auxquelles les médias occidentaux ont applaudi et qui ont fâcheusement tendance à donner... des dictatures ! (http://geopolis.over-blog.net/article-4255629.html) La déclaration d'intention se veut belle et bonne, ce qui est le propre du genre, mais à y regarder de plus près... L'Enfer est pavé... Par exemple, en Turquie et à brève échéance en Egypte, la démocratisation signifie prise du pouvoir par les islamistes. Est-ce dans notre intérêt ? Est-ce souhaitable pour nous et pour eux ? Et pour les Egyptiennes ?

Un autre domaine qui relève aussi à mon sens de la géopolitique est l'immigration (voir ici pour le PS : http://geopolis.over-blog.net/article-3465258.html). Pour juger de la politique de Sarkozy en la matière, point n'est besoin de textes puisque nous avons l'expérience et le bilan de son action comme ministre de l'Intérieur (de mai 2002 à mars 2004, puis de mai 2005 à mars 2007, soit 4 années d'exercice), bilan assez désastreux - ce n'est pas moi qui le dit, mais le programme UMP lui-même qui en appelle à "maîtriser l'immigration", une manière d'avouer qu'elle ne l'a pas du tout été. Et pour ce qui est de la sécurité des personnes, autre mission du ministre de l'Intérieur : "La situation s'est dégradée quasiment partout" dans les banlieues "et en 15 ans le nombre de quartiers difficiles est passé d'une centaine à plus de 700" (p. 22). A cela s'ajoute le parti pris communautariste, au sens de la "political correctness" américaine, qui tend à renforcer les effets de l'afflux de migrants étrangers : "Nous généraliserons la procédure du CV anonyme...", "Nous réserverons les marchés publics aux entreprises dotées d'un label "diversité", c'est à dire à celles dont le personnel reflète le caractère multiple de la société française"...

Et encore page 9 : "Nous ne soutiendrons ni les dictatures, ni les pays dirigés par des régimes corrompus".  - Corrompus ? Comme chez nous, quoi ! - "Les migrants installés en France pourront déduire de leurs impôts tout ou partie des sommes qu'ils investissent au profit du développement de leur pays d'origine, à l'image de la défiscalisation des investissements outre-mer"... En voilà une mesure délirante qui signifie ni plus ni moins qu'exode des capitaux et... corruption massive ! Mais pourquoi les Français n'auraient-ils pas eux aussi la possibilité de déduire de leurs impôts tout ou partie des sommes qu'ils investissent au profit du développement de la France ?
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12 avril 2007 4 12 /04 /avril /2007 22:49
En août 2006, je m'étais imposée le pensum d'examiner les programmes des partis en lice pour les prochaines élections en matière de politique internationale. C'était ch... - ennuyeux au possible ! J'avais fini par caler sur le "projet socialiste" :
http://geopolis.over-blog.net/article-3464782.html (Europe),
http://geopolis.over-blog.net/article-3465016.html (DOM-TOM),
http://geopolis.over-blog.net/article-3465258.html (immigration),
et http://geopolis.over-blog.net/article-3465277.html

Mais à la veille des présidentielles, alors que 40% de nos compatriotes sont encore indécis, que les hommes politiques et les médias s'ingénient à dire tout et le contraire, histoire de brouiller les apparences et de faire dire oui aux gens qui pensent non, il serait judicieux de revenir au fait politique et aux conséquences qu'aura le choix du futur président parmi les quatre possibles : Nicolas Sarközy, Ségolène Royal, François Bayrou ou Jean-Marie Le Pen.

Donc reprenons. Le programme de l'UMP est intitulé assez bizarrement "Conventions pour la France d'après". Comme la préposition "après" ne s'emploie pas absolument, on se demande après quoi. La France d'après le déluge ? Ou ce qu'il restera de France après la France ? Et pour "conventions", on ne sait pas très bien entre qui ces accords sont passés, ou s'il s'agit d'une référence à la Révolution (au plus fort de la Terreur...), au droit du travail, au respect des bonnes mœurs, ou d'un anglicisme. Mais trève de jeux de mots et voyons le contenu.

Plus encore que ceux de ses adversaires, le programme du parti de Nicolas Sarkozy est rédigé en termes extrêmement généraux : de grands principes, de grandes phrases, auxquels tout le monde peut souscrire mais qui n'engagent à rien et ne définissent pas une ligne politique claire, sauf à lire entre les lignes, car ce programme emprunte largement ses nobles causes à tous les autres. Vous voulez de l'écologie ? En voici ! Du tout industriel ? En voilà ! Du protectionnisme ? En voici ! De l'ultra-libéralisme ? En voilà ! Et "sortir les quartiers en crise de l'engrenage de la marginalisation" ? Il suffisait de le demander ! Vous avez dit contradiction ? Quelqu'un qui n'aurait pas connaissance de la politique des gouvernements UMP de ces dernières années pourrait facilement s'y méprendre. Il en ressort cependant plusieurs choses.

Il y a d'abord une ligne libérale de fond que les envolées sur les pauvres et l'environnement sacrifiés (une petite larme, s'il vous plaît), ne parviennent pas à recouvrir. Je cite : "Etre contre la mondialisation, c'est comme être contre le changement climatique. Cela ne règle en rien le problème et cela isole la France dans des problématiques qui sont celles du passé, pas de l'avenir." Puis cette profession de foi : "La mondialisation a des effets positifs : elle crée des emplois dans des secteurs nouveaux, elle a considérablement réduit les prix de certains biens de grande consommation, elle a permis l'émergence économique d'anciens pays en voie de développement." Soit, mais on pourrrait tout aussi bien dire le contraire : les délocalisations, l'augmentation des prix avec l'euro (+ 40% sur beaucoup de produits essentiels), la paupérisation de pays autrefois prospères... Face à cette réalité en demie teinte, les "trois principes d'actions" de l'UMP n'en sont guère : la mondialisation mais sans "justifier que l'homme et l'environnement soient sacrifiés", la libéralisation des échanges mais "réciproque", et la protection par l'Europe...

On s'aperçoit vite que "ne pas sacrifier l'homme à la mondialisation" se réduit à ne pas rester "silencieux sur les atteintes aux droits de l'homme qui sont commises dans certains pays", suivez mon regard.  Cela me fait penser à la parabole de la paille et de la poutre... "Ne pas sacrifier l'environnement à la mondialisation" se réduit à demander une "organisation mondiale de l'environnement", etc. Et pour l'immigration, voici encore un machin, comme aurait dit De Gaulle : une "agence mondiale de l'immigration"... Rappelons quand même que le candidat de l'UMP ne vise que la présidence de la République française. Un peu facile de se défausser de ses responsabilités en en appelant à la création d'organismes supra-nationaux, organisations mondiales et autres agences sur lesquelles nous n'auront quasiment aucune prise.

La suite, demain. http://geopolis.over-blog.net/article-6378771.html
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2 avril 2007 1 02 /04 /avril /2007 23:21
Grande flemme à rédiger quoi que ce soit ce soir. Alors, pour changer, voici des sujets d'actualité vus par d'autres :

Golfe persique : Les forces armées américaines stationnées dans le Golfe persique auraient terminé leurs préparatifs pour le lancement de missiles contre le territoire iranien. Selon les milieux du renseignement, une attaque prochaine ne semble pas faire de doute. Menace réelle ou moyen de pression ? Les otages retenus en Iran font partie du jeu, comme en 1979...
http://crossfirewar.com/index.php?p=1753

Océan arctique : L'accident grave qui a récemment coûté la vie à deux marins à bord d'un sous-marin britannique dans l'Océan Arctique signe la reprise d'une guerre secrète que l'on croyait avoir pris fin avec la Guerre froide. Entre forces de l'OTAN et forces russes, la chasse sous les glaces est rouverte...
http://fr.rian.ru/russia/20070329/62797626.html

Somalie : Les Forces armées éthiopiennes sont affrontées à une insurrection islamiste dans le sud de la capitale somalienne, Mogadiscio. Armée régulière étrangère contre guérilla et terrorisme...
http://www.ludovicmonnerat.com/
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31 mars 2007 6 31 /03 /mars /2007 21:53

Depuis le 15 février 2004, l'Antarctique a son église, une église orthodoxe à l'invocation de la Sainte Trinité, construite en rondins sur la station russe de Bellingshausen par un ancien explorateur, le père Georgui. Elle dépend directement du monastère de la Trinité-Saint-Serge de Moscou et on peut même y faire des mariages avec pingouins...


La Terre est belle. Merci à RIA Novosti pour ces superbes photos, Cf. http://fr.rian.ru/photolents/20070330/62830634.html Pour la version roman noir avec enterrement de première classe : Le pingouin d'Andreï Kourkov (ceux qui l'ont lu comprendront).

Allez, allez. A la messe !
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15 février 2007 4 15 /02 /février /2007 21:18
Je sais bien que nous ne sommes plus le 1er janvier, mais, selon le calendrier chinois, débute dans quelques jours une nouvelle année (le 18 février 2007) qui sera placée sous le signe du Cochon de feu, un signe très favorable. En Chine, le cochon des rizières est gage de prospérité et d'abondance : "Pendant la huitième et la neuvième lune on lâche les pourceaux et, bien qu'on leur donne peu de nourriture, ils engraissent et apportent la prospérité dans la maison". Selon l'empereur Kangxi (1661-1722), le cochon ou sanglier de feu, "Général au long museau", représente à la fois la prospérité, la bienveillance et aussi la "Vertu Chevaleresque" qui caractérise le Brave qui défend sa terre et qui sait même accroître son territoire.

Porcelet, fillette, papillon et glycines
www.tao-yin.com/astrologie/cochon_feu.htm

En fait, le bon petit cochon et le porc gras ne sont pas l'apanage des Chinois, et c'est toute l'Eurasie qui associe l'animal à l'idée de prospérité, cf. Jacques Verroust, Michel Pastoureau et Raymond Buren, Le cochon : histoire, symbolique et cuisine du porc, Paris (Sang de la terre), 1987. Cochon domestique, truie, porcelets, cochon de lait, goret, verrat, mais aussi cochon sauvage, sanglier, laie et marcassins..., la culture occidentale est riche en mots, en mythes autour du cochon. La chasse au sanglier, bête fauve, fut longtemps une chasse royale. Le porc gras, que l'on sacrifiait en décembre, nourrissait les villages pendant les mois d'hiver. Le cochon était aussi l'un des motifs préférés des cartes de Nouvel An russes ou allemandes au XIXe siècle et aujourd'hui encore les enfants mettent leurs petites économies dans des tirelires en forme de cochon (qui rapportent beaucoup plus que les autres ! si, si, je vous assure).

Trèfles à quatre-feuilles et petit cochon pour les vœux
www.oldkiev.info/gallery_St_otkritki.html

Je ne tenterai même pas d'énumérer toutes les préparations culinaires à base de porc (saucisses, jambons, saucisson, lard, lardons, andouillette, boudin, etc.) car ce serait sans fin, un vrai festin de Gargantua !

Mais pendant que les maternités de Chine et de Corée ne désemplissent pas et qu'on y attend un véritable baby-boom de petits fortunés (+ 10% de naissances prévus en Corée cette année), une bien curieuse affaire s'est jouée chez nous il y a quelques semaines qui laisse augurer que les charcutiers français ne vont pas être à la fête ! En décembre 2006, le préfet de Paris, Pierre Mutz, s'est mis en tête d'interdire les distributions caritatives de soupe au lard aux miséreux de la capitale, dits pudiquement SDF, par une association du même sigle. Que le préfet Mütz travaillait du bonnet (cf. http://geopolis.over-blog.net/article-4926927.html), on avait déjà remarqué, mais il faut croire qu'il n'est pas le seul puisque le préfet de Nice, Dominique Vian, s'est mis à son tour en demeure d'ôter aux pauvres le pain de la bouche ! Et qui dit préfet, dit Ministère de l'Intérieur. Il en ressort donc que M. Sarkozy (UMP), présentement ministre de l'Intérieur et candidat à la présidence de la république, en a après les pauvres ou après les cochons, ou les deux. Mais il n'est pas le seul et le mal gagne : une véritable épidémie de cochonophobie s'est emparée de notre pauvre France, qui ne peut guère annoncer qu'infortune, stérilité et misère. Pas de cochon, fini la chance ! (certainement un proverbe chinois).

La Justice, en l'espèce le tribunal administratif de Paris, avait pourtant tenté de ramener ces Messieurs à la raison en rendant une ordonnance qui suspendait les arrêtés préfectoraux d'interdiction. Mais qu'est-ce que la Raison sur une nef de furieux ? Le 5 janvier dernier le Conseil d'Etat annulait l'ordonnance, estimant que ces nouveaux interdits sont conformes au droit. Conformes au droit des hommes, voire ! ; aux devoirs de la charité chrétienne, certainement pas. Les raisons invoquées à défaut de raison demandent à être examinées de plus près. Pour le représentant du Ministère de l'Intérieur, l'avocat Jean-François Boutet, ces distributions de soupe seraient "discriminatoires et donc susceptibles de troubler l'ordre public". Si la relation de cause à effet que la formule sous-entend reste à prouver, elle s'inscrit manifestement dans un emploi extensif et par conséquent abusif de la notion de "troubles à l'ordre public" qui permet aujourd'hui d'interdire à discrétion à peu près tout ce qu'on veut sans avoir à justifier en aucune façon l'atteinte aux libertés qui s'ensuit (cf. http://geopolis.over-blog.net/article-4343118.html). C'est un peu comme l'usage extensif du "devoir de réserve" dans l'administration qui fait très opportunément taire les critiques et empêche la dénonciation d'abus flagrants...

Le mot qui revient comme un leitmotiv est cependant celui de "discrimination". La Haute Autorité de lutte contre les discriminations ou HALDE ("autoto" n'est pas très euphonique mais l'administration française adore ce genre de noms ronflants) s'était déjà "émue" de l'affaire, nous dit-on, non pas par compassion pour le sort de ces discriminés parmi les discriminés que sont les pauvres français dans la rue - ceux-là il faut bien le dire, à peu près tout le monde s'en tape - mais pour dénoncer l'aspect prétendument discriminatoire de la soupe au lard. Comment une soupe peut-elle être discriminatoire sui generis, je me demande. L'injustice c'est plutôt d'être privé de soupe, et la véritable discrimination est entre ceux qui mangent à leur faim tous les jours et ceux qui ne mangent qu'au petit bonheur la chance, ceux qui ont les moyens de s'approvisionner chez le charcutier et ceux à qui cela est interdit. Mais voilà, horresco referens : il y avait du cochon dans la soupe !

Les propos du maire de Paris (PS), du maire d'une ville riche où fleurissent les épiceries de luxe et qui ne nourrit pas ses pauvres, sont à leur manière assez édifiants. Dès 2004, le conseil municipal réclamait "que soit mis un terme à des initiatives aussi contestables". Nourrir les pauvres, contestable ? Le maire parlait récemment d'"initiative aux relents xénophobes". Serait-ce que la soupe n'est pas bonne ? La viande avariée ? Des relents rances... Pourtant aucun de ceux qui en ont goûté ne semble s'être plaint de la soupe. Aucun n'en est mort ! Le problème n'est pas là. Se félicitant de la décision du Conseil d'Etat, M. Delanoë crache le morceau : "Cette décision établit clairement la dimension discriminatoire d'une telle opération dont sont exclues, de fait, les personnes de confession juive et musulmane". La belle affaire !

On pourrait d'abord remarquer que la soupe en cause est destinée à des personnes qui sont elles-mêmes exclues. Que, nonobstant la précarité de leur situation matérielle, elles n'en restent pas moins des personnes humaines, dignes à ce titre de considération comme vous et moi. Et que la moindre des choses serait de les consulter sur ce qu'elles préfèrent manger. Mais celà, nos Messieurs n'y ont pas pensé.

On pourrait aussi faire remarquer qu'il manque beaucoup de catégories à la liste des personnes que cette très épouvantable, perfide et cruelle soupe discrimine : les bouddhistes, les végétariens, les allergiques, ceux qui n'aiment pas le porc, le chou, les carottes ou autres ingrédients de la soupe, enfin tous ceux qui n'ont pas spécialement faim. Un monde fou !

Mais surtout l'assertion selon laquelle seraient exclues, "de fait, les personnes de confession juive et musulmane" est parfaitement absurde. Il est vrai que parmi les nombreux interdits de la loi mosaïque figure la consommation de viande de porc (Lévitique 11, 7). C'est d'ailleurs loin d'être le seul : le lièvre et le lapin sont considérés tout aussi impurs, de même que l'anguille, les crustacés, la grenouille, etc. Il est aussi formellement défendu de mélanger dans une préparation culinaire et même de mettre en un même plat, de la viande et du lait (Exode 23, 19). En revanche sont licites les viandes de "ruminants aux pieds fourchus", celles de poissons avec nageoires et écailles, et les sauterelles. Mais ces prescriptions ne valent que pour les pratiquants rigoristes, non pas pour "les juifs". Parce qu'en réalité, beaucoup d'entre eux mangent de tout sans se soucier le moins du monde des croyances et des usages des nomades du désert du Sinaï d'il y a 3000 ans et quelque.

L'interdit sur le porc tient peut-être en partie au fait que sa viande se conserve mal dans les climats chauds et que les Hébreux d'alors ne connaissaient pas la salaison qui permet justement de lui assurer une longue conservation. Dans l'Europe d'aujourd'hui, ce mode de prophylaxie pour éviter la trichinose n'a guère de sens. Pour les musulmans, qui reprennent à leur compte les interdits bibliques, le porc est impur parce qu'omnivore. Il y a toujours l'idée qu'il pourrait boulotter un cadavre, chose assez répugnante et taboue. Mais là encore, cela ne correspond nullement aux élevages modernes, puisque dans nos contrées du moins on ne laisse pas les animaux se promener dans les décharges. Peu importe en fait, il s'agit de religion. Ceci étant, si on ne mange pas de porc dans certains pays musulmans, puisqu'on n'en trouve tout simplement pas à la vente, dans d'autres ce n'est pas du tout le cas. Demandez donc à un Ouïghour si des rondelles de kalbaça (le saucisson russe) avec un verre de gnôle, ça se refuse !

Les juifs et les musulmans à la rue, s'il s'en trouve, ne sont-ils pas majeurs et vaccinés ? Ne sont-ils pas à même de faire jouer leur libre arbitre pour décider eux-mêmes s'ils respectent les interdits de leur tradition religieuse ou s'ils s'en moquent ? Alors depuis quand un Etat laïc se mêle-t-il d'imposer la stricte observance de prescriptions purement religieuses ? Depuis quand l'Etat français est-il le gardien de l'intégrisme loubavitch ou de celui des frères musulmans ?

Que je sache, la soupe de SDF n'était pas obligatoire. Ce qui eût été malhonnête, ç'aurait été de servir du lard sans le dire. Ce qui est malhonnête, c'est de servir des ingrédients réputés impurs en les faisant passer pour casher ou hallal. Mais avec la "soupe au cochon", il n'y avait aucune ambiguïté. En attendant, les miséreux français qui ne sont ni juifs ni musulmans devront se contenter de soupe claire et de sachets lyophilisés, pendant que nos Messieurs mangent ce qu'ils veulent.
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12 février 2007 1 12 /02 /février /2007 22:13
Sans doute ne vous êtes-vous jamais demandé comment se crée une ONG (Organisation Non Gouvernementale), quelles sont les procédures d'accréditation et comment tout ceci fonctionne. Je ne sais trop que répondre. J'ai eu beau chercher, je n'ai toujours pas d'idée précise sur la démarche à suivre. Ce n'est pas que je sois pressée de fonder ma petite ONG personnelle, du style Human Rights Tight Watch, mais enfin cette opacité pose question.

Reçues et écoutées dans les grandes réunions internationales, ces organisations semblent avoir une influence croissante dans plusieurs domaines (Environnement, Libertés et Droits de l'homme). Les objectifs apparents sont toujours louables et provoquent une adhésion spontanée. Comment trouver à redire à une organisation qui se propose de défendre les Droits de l'homme dans des pays où ceux-ci seraient bafoués ? Mais la noblesse du propos ne doit pas abolir toute réflexion critique dans la mesure où il n'est pas exclu que, dans certains cas, elle serve des intérêts moins avouables.

On peut d'ailleurs dresser un parallèle entre les ONG et les simples associations locales ou nationales dont le nombre s'est tellement accru ces dernières années que là aussi, c'en est suspect. Je ne parle pas bien sûr des associations authentiquement charitables qui s'occupent des pauvres gens ou de la protection des enfants, ni des sociétés savantes elles-aussi respectables... et frugales. Mais d'associations en tous genres qui bénéficient largement de financements publics sans que la générosité des institutions à distribuer les deniers du contribuable soit toujours pertinente. Plus exactement, ce qui est très suspect ce sont les sommes distribuées sans obligation de résultat à des associations fort dépourvues en adhérents (et donc en cotisations), qui tirent donc de l'Etat ou des collectivités territoriales l'essentiel de leur revenu et dont le bénéfice pour la communauté nationale ou locale des actions qu'elles sont censées mener laisse dubitatif. On se demande, par exemple, si le financement de l'association Cineffable dont l'unique activité est d'organiser un festival du film lesbien à Paris, est vraiment une priorité aux yeux des Parisiens (cf. www.leperroquetlibere.com). La Mairie de Paris a tout de même versé 15.000 euros en 2004 à l'association en question, 15.000 euros pour la promotion du film porno ! Il y avait peut-être meilleure façon d'employer cet argent, non ? Dans bien des cas, il s'agit sans doute d'une forme de clientélisme. Pour contourner la législation sur le financement des partis politiques, des associations-écrans remplacent avantageusement les emplois fictifs puisqu'elles réduisent les risques de poursuites judiciaires...

Mais revenons aux ONG. Souvent, le nom même de l'organisation fait écran. On ne se demande pas qui dirige, qui finance et combien de personnes y adhèrent. Pour quelques organisations qui ont pignon sur rue et dont le travail est connu et reconnu : La Croix Rouge, Médecins du Monde, Amnesty International... (voir cependant ici : http://geopolis.over-blog.net/article-3110775.html pour un exemple de manipulation d'une organisation respectable), d'autres peuvent être tentées de se draper dans ce manteau de respectabilité que donne le titre d'ONG pour mener des actions d'un autre ordre. Pour certains pays et les USA en premier lieu, les ONG sont apparemment devenues un véritable instrument de politique étrangère, instrument discret puisqu'il ne dit pas son nom, mais d'autant plus efficace pour mener des opérations d'espionnage, de manipulation d'opinion ou de subvertion qui relèvent d'ordinaire de la compétence des services secrets. Loin d'être toujours innocentes, certaines ONG sont des armes d'un nouveau type, comme le révèle le texte ci-après, trouvé sur www.mondialisation.ca, malgré ses outrances d'esprit très 'alter-mondialiste'.
*

Des milliers d’“ONG” financées par les USA à l’assaut de la Russie

Sara Flounders, animatrice de l’International Action Center aux USA, analyse le rôle et les dessous des ONG internationales (elles seraient près de 450.000 !) pour faire évoluer la Russie “comme il faut”…

Une polémique est en cours en Russie au sujet d’un texte de loi réglementant les organisations non-gouvernementales (ONG) et devant entrer en vigueur courant avril.

Ce nouveau projet de loi a été voté par les deux chambres du parlement russe, la Douma, et signé par le président Poutine le 10 janvier. La campagne de résistance à cette loi ouvre les yeux sur les agissements de l’Occident, et particulièrement des Etats-Unis dans la vie politique russe aujourd’hui. Au titre de la nouvelle loi, les organisations étrangères ainsi que les groupes bénéficiant d’un financement en provenance de l’étranger doivent être enregistrés auprès de l’Etat. Les responsables russes affirment qu’une telle législation s’avère nécessaire pour faire face aux centaines de millions de dollars que des états étrangers versent à des organisations du pays.

Une première version du texte a déjà été assouplie suite à une campagne d’une rare intensité menée par les ONG elles-mêmes ainsi que le gouvernement américain. La secrétaire d’état Condoleeza Rice fit pression sur Poutine, exprimant sa préoccupation pour la ‘démocratie’. La loi figurait même à l’ordre du jour lors du dernier sommet du G8.

La loi impose des restrictions au financement, à l’enregistrement et aux activités des ONG. Ces dernières se référaient auparavant à toute organisation à but non lucratif bénévole, civile, environnementale, humanitaire, dans les domaines entre autres des droits de l’homme, de la santé et de différents ‘services à la collectivité’. A présent un nombre important d’organisations qui se disent non-gouvernementales, mais dépendent de fonds provenant des Etats-Unis, des principaux pays impérialistes et des grands groupes capitalistes, opèrent en Russie ainsi que dans de nombreux autres pays du monde. Ils apportent une aide financière et logistique, déterminent la ligne à suivre et interviennent dans la vie politique selon l’orientation politique et les intérêts économiques des bailleurs de fonds.

Le nombre même des organisations dénommées ONG ainsi que de celles bénéficiant d’un financement de l’étranger est stupéfiant. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, des centaines de milliers d’ONG sont apparues en Russie. Des députés à la Douma affirment que plus de 450.000 ONG sont actives en Russie à l’heure actuelle. Le Yale Center for the Study of Globalization va encore plus loin, puisque d’après lui " il y a plus de 600.000 organisations non gouvernementales, non commerciales en activité en Russie. Il y en a probablement autant qui fonctionnent dans le pays sans enregistrement officiel. "

Le député à la Douma Alexeï Ostrovski, co-auteur de la nouvelle loi, estime que plus d’un quart des ONG russes reçoivent de l’argent étranger. Elles comprennent des groupes environnementaux, des organismes de contrôle des droits de l’homme et des associations de consommateurs.

Apportant son soutien au texte de loi, le président Poutine ajoutait : " Que ces organisations le veuillent ou pas, elles sont devenues un instrument aux mains d’états étrangers qui les utilisent pour atteindre leurs propres objectifs politiques. Cette situation ne peut plus durer. La loi est censée empêcher toute immixtion de pays étrangers dans la vie politique intérieure russe et permettre la transparence quant au financement des organisations non-gouvernementales. "

La Croix suit le Fusil

Quand les nations capitalistes européennes colonisèrent pour la première fois le monde, la croix suivit bientôt le fusil. Des milliers de missionnaires firent partie intégrante du mécanisme de conquête et d’asujettissement.

L’implantation d’une administration coloniale exigeait que l’on réorganisât la société et la structure de la propriété de façon à privilégier les colonisateurs. D’où l’utilité de l’enseignement, de la formation et de l’orientation politique dispensées aux membres de l’élite locale appelés à collaborer. La conversion à la nouvelle religion qu’ils apportaient aida à pacifier toute une section de la population, et ouvrit la voie à certains pour qu’ils deviennent les serviteurs loyaux et fervents du nouveau pouvoir.

En Russie aujourd’hui, ce ne sont pas que des organisations religieuses qui inondent la région. Le premier rôle pour la propagation des valeurs capitalistes revient aux ONG spécialistes des ‘droits de l’homme’.

En réaction contre les nouvelles restrictions, l’intensité des pressions politiques et des protestations de Washington a redoublé. Mais il s’agit purement et simplement d’une supercherie, étant donné que des réglementations autrement plus restrictives et abusives régissent les organisations aux Etats-Unis mêmes.

Tout individu et toute organisation qui y reçoit de l’argent d’un pays étranger doit se faire enregistrer auprès de l’Etat américain au titre du ‘Foreign Agents Registration Act’. Les dons charitables doivent également être répertoriés pour que le public en prenne connaissance. Imaginez que la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, la Chine ou Cuba déverse des millions de dollars sur des organisations politiques américaines. Même des alliés des Etats-Unis tels que la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou le Japon n’ont pas le droit de financer des organisations politiques à l’intérieur des Etats-Unis.

Dans le numéro du 25 janvier de la revue Russia Profile Alexeï Pankin décrivait comme suit ses relations avec deux ONG : "Je gérais un programme de trois ans, financé par USAID, de soutien aux médias russes, doté d’un budget global de $ 10,5 millions, ainsi qu’un programme de la Fondation Soros, également consacré au soutien des médias, au budget annuel de $1,8 million. Le nombre de cadres, directeurs, inspecteurs et conseillers auxquels j’ai eu affaire (ou qui ont eu affaire à moi) défie l’entendement. Je suis persuadé qu’il y avait des officiers du renseignement parmi eux. "

Le 23 janvier dernier le Service Fédéral de Sécurité de Russie (FSB), successeur du KGB, a accusé quatre diplomates britanniques d’espionnage. Il affirmait avoir surpris l’un d’entre eux en train de transmettre des fonds à plusieurs organisations non-gouvernementales russes. Londres a nié toute indélicatesse de sa part, affirmant que son soutien aux ONG russe s’effectuait au vu et au su de tout un chacun.

Une part importante du financement étranger provient directement de sources américaines, telles que le quasi-officiel National Endowment for Democracy (NED) et la US Agency for International Development (USAID) ainsi que du programme TACIS de l’Union Européenne. Des millions de dollars proviennent de fondations représentant les intérêts des milieux les plus fortunés, telles que celles de Ford, MacArthur, Carnegie, Rockefeller et Soros.

Le changement de régime en Géorgie, en Ukraine et en Kirghizie

Le rôle des ONG financées par les Etats-Unis dans les tentatives de ‘changement de régime’ à Cuba, au Venezuela, au Chili, au Nicaragua et à Haïti est bien connu. Le rôle de ces mêmes organisations subversives en Europe de l’Est ainsi que dans les anciennes républiques soviétiques l’est beaucoup moins, bien qu’elles y soient encore plus présentes.

Le chef du FSB, le service de sécurité russe, accusait récemment les ONG financées par l’étranger d’avoir fomenté le renversement des régimes post-soviétiques de Géorgie, d’Ukraine et de Kirghizie. Le rôle actif et déclaré joué par ces ONG à financement extérieur dans le renversement de ces trois gouvernements explique l’alerte lancée par Moscou. Dans leur enthousiasme, les médias impérialistes les nomment ‘révolutions de velours’ et parfois ‘révolutions de couleur’, la couleur en question étant celle choisie par les forces d’opposition.

Il est d’ailleurs ironique que les leaders politiques renversés – tout particulièrement Edouard Chevarnadzé en Géorgie et Léonid Koutchma en Ukraine – aient par le passé fait figure de candidats préférés des Etats-Unis. Les deux avaient mis en œuvre des politiques pro-américaines. Ils avaient favorisé l’adhésion au ‘Partenariat pour la Paix’ de l’OTAN et consenti à envoyer des troupes en Irak.

Cependant les deux chefs furent évincés sans cérémonie quand ils manifestèrent ne serait-ce qu’une volonté d’indépendance par rapport aux intérêts américains. Leurs successeurs, Michaïl Chakatchvili en Géorgie et Victor Ioutchenko en Ukraine, avaient d’ailleurs servi dans leurs gouvernements respectifs.

A l’occasion de la cérémonie d’investiture du président ukrainien Ioutchenko l’ancien Secrétaire d’Etat américain Colin Powell déclara qu’il était "fier d’avoir été associé aux deux événements" - tant en Géorgie qu’en Ukraine.

Un aperçu des menées actuelles des Etats-Unis, ainsi que de leur bilan des interventions passées, peut être obtenu sur les sites web des fondations ayant apporté leur soutien à ces changements de régime.

40.000 ONG en Ukraine

Dans un article figurant sur le site internet de la Banque mondiale et intitulé ‘Le Développement de la Société Civile en Ukraine et la Révolution Orange’, Vira Nanivska, directeur du Centre International d’Etudes Politiques d’Ukraine se félicite que " 40.000 ONG regroupent 12 pour cent de la population ukrainienne aujourd’hui – et ces organisations ont joué un rôle moteur dans la Révolution Orange. " (www.worldbank.org)

Elle décrit comment des consultants internationaux, des experts en politique et des assistants techniques travaillent de concert pour changer la législation existante, développer des associations, constituer des centres d’informations, former des fonctionnaires, mettre sur pied des conseils de quartier et des associations commerciales, tout en faisant pression pour modifier le budget de l’état dans leur propre intérêt.

Les jeunes et les organisations estudiantines sont attirés au moyen de campagnes autour du HIV/ SIDA, de la protection des droits des minorités et de la protection des enfants abandonnés. Le but exclusif de ce réseau de projets, explique-t-elle, est d’empêcher tout ‘retour à l’ancien régime’ ainsi que de favoriser l’‘euro-intégration’, à savoir l’intégration dans des structures internationales et européennes telles que l’OTAN et la Banque Mondiale.

Le renversement de la propriété socialiste et le démembrement de l’Union Soviétique ne se sont pas achevés en 1991. L’élaboration de lois sur la propriété, les droits des investisseurs étrangers, la justification de l’expropriation et de la privatisation des ressources, de l’industrie et des services collectifs en vue du bénéfice de certains, le démantèlement de programmes sociaux, la nouvelle configuration des médias, de l’éducation et de la culture et l’éradication de toute prétention à la souveraineté nationale sont des tâches de longue haleine.

Ces fonds ont bien plus d’impact dans une zone où a disparu le système socialiste à planification centralisée qui garantissait les retraites, le plein emploi, les soins médicaux et l’enseignement gratuits ainsi que le droit à un logement subventionné. Son démantèlement brutal a touché des millions d’individus, d’où leur grande colère contre les dirigeants qui les ont trahis.

Le financement des mouvements de jeunes

Une partie importante des fonds des milieux d’affaires américains est destiné à la création de mouvements de jeunes. La Fondation Soros, USAID et la NED financèrent toutes trois le groupe serbe de jeunesse Otpor. Les jeunes en question se virent offrir une formation spécialisée et des séminaires à Budapest (Hongrie) ainsi que des T-shirts, autocollants, affiches, la location d’un bureau et un journal, qui jouèrent un rôle capital dans le renversement du gouvernement Milosevic. En Géorgie, la Fondation Soros alloua $ 4,6 millions au groupe de jeunes Kmara, qui s’avéra une arme de premier ordre contre le gouvernement. En Ukraine, Soros contribua à hauteur de $ 7 millions à Pora, un autre groupe de jeunes.

Le site web www.opendemocracy.net est financé par les fondations Ford et Rockefeller. Un article sur ce site de Sreeram Chaulia analyse le rôle des ONG financées par les USA de l’Ukraine à la Kirghizie, en passant par la Géorgie. Son accroche publicitaire est polémique, énonçant que "de nouvelles formes de mobilisation de masse des jeunes, fort bien pourvues en moyens techniques, poussent au changement de régime. Mais le phénomène est-il aussi innocent qu’il le paraît au premier abord ? Les mouvements qui inspirent ‘les révolutions de couleur’ sont-ils des catalyseurs ou des saboteurs ?"

L’auteur se garde bien de critiquer ces ONG : il évalue seulement leur efficacité à effectuer des ‘changements de régime’. Quelques-unes de ses observations donnent une idée du fonctionnement de ces organisations politiques en tant que pièces parmi d’autres du dispositif de l’arsenal américain.

"Le sabotage suffit dans certains pays, alors que dans d’autres il faut des offensives militaires de grande envergure" d’après Chaulia. "Ces trois révolutions – celle des ‘roses’ en Géorgie (novembre 2003 - janvier 2004), la ‘révolution orange’ en Ukraine (janvier 2005) et la ‘révolution des tulipes’ en Kirghizie (avril 2005) – ont chacune suivi le même modèle : toutes avaient pour fer de lance des ONGI (ONG internationales) américaines des droits de l’homme. Ce n’est que quand ils correspondent à leurs objectifs plus globaux de politique étrangère dans une région donnée que les Etats-Unis y défendent les droits de l’homme et la démocratie. On constate que les ONGI qui dépendent de fonds américains soutiennent consciemment ou inconsciemment les intérêts des Etats-Unis.

"Le premier président de la NED, Allen Weinstein admettait ouvertement qu’une grande partie de ce que nous faisons aujourd’hui l’était déjà de façon cachée par la CIA il y a 25 ans. La NED fut conçue à l’origine comme une fondation quasi-gouvernementale par laquelle transitaient des fonds gouvernementaux à destination d’ONGI tels que le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), la International Foundation for Electoral Systems (IFES) , le International Research and Exchanges Board (IREX) et Freedom House."

"L’Ambassade américaine à Bichkek (Kirghizie) travaillait étroitement avec des ONG comme Freedom House ou la Fondation Soros – fournissant des générateurs, une presse typographique et de l’argent pour que les protestations restent à niveau d’ébullition jusqu’à ce que le Président Akaïev s’enfuie du pays. Des informations sur les endroits où les manifestants devaient se rassembler et sur ce qu’ils devaient apporter étaient propagés par des stations de radios et de télévisions financées par le Département d’Etat."

Le nouveau mouvement anti-guerre qui se développe aujourd’hui ne doit pas perdre de vue la multiplicité des formes de l’intervention américaine, ainsi que le chaos et l’instabilité qu’elles entraînent, ce qui viendra intensifier la conscience anti-impérialiste et renforcer l’exigence mondiale : ’US out now !’
Sara Flounders
*
Voir aussi à propos de la Géorgie : http://geopolis.over-blog.net/article-4255629.html et à propos de l'Ukraine : http://geopolis.over-blog.net/article-2922036.html.
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9 février 2007 5 09 /02 /février /2007 00:44
La solution nous vient du Brésil. Et puisque nous en sommes à imiter les Brésiliens, chiche !
(cf. http://geopolis.over-blog.net/article-4004293.html)

Dans les années 60, Rio de Janeiro était, à ce qu'il paraît, une ville parfaitement sûre. Puis est venu l'exode rural et des populations des campagnes, poussées par des périodes de sécheresse ou attirées par le développement des grandes villes, ont afflué. Pauvres et déracinées, n'ayant guère les moyens de se loger en ville, elles se sont entassées dans des logements de fortune dans des zones péri-urbaines dépourvues d'infra-structures, mais où l'on pouvait s'installer sans permis de construire. Même si les logements ont été depuis reconstruits en dur et si les structures et services ont fait leur apparition (tout le monde a la télévision...), ces zones sont devenues des foyers de délinquance. Ce que nous appelons bidonvilles, se nomme là-bas favelas. A Rio cependant, du fait des spécificités de la topographie, les nouveaux venus, au lieu d'être tous rejetés en périphérie, ont trouvé place sur les collines qui parsèment la ville, avec vue imprenable sur les beaux quartiers. Le laxisme et la corruption des dirigeants politiques locaux ont fait le reste. Les maires successifs ont fermé les yeux lorsque les trafiquants de drogue se sont installés et l'accroissement de la violence est devenu exponentiel. Les hurluberlus qui, après les émeutes dans nos banlieues en 2005, se réjouissaient que celles dominées par les trafiquants fussent restées calmes, feraient mieux de se renseigner. La délinquance et les trafics en tous genres sont étroitement liés.

Depuis des années maintenant, vols à main armée, trafic et consommation de drogue, enlèvements contre rançon, attaques de commerce, autoroutes-jacking (on dévalise non pas une voiture, mais toute une bretelle d'autoroute embouteillée...), meurtres et échanges de coups de feu entre factions mafieuses pour le contrôle des collines et des points de vente de cocaïne sont monnaie courante dans les principales villes du pays.  Résultat : l'homicide est devenu la plus grande cause de mortalité chez les jeunes de 15-24 ans. En 2001, à Rio de Janeiro, sur 100 morts dans la classe d'âge 15-19 ans, 65% avaient été tués par arme à feu... En moins d'une vingtaine d'années, le nombre des Brésiliens assassinés a augmenté de 237% ! Et selon l'ONU, le Brésil est le premier pays du monde pour le nombre des tués par balle. Les habitants de Rio disent d'ailleurs qu'il y a au jour le jour plus de meurtres chez eux qu'à Bagdad... Etre réveillée vers les 3h du matin par des tirs d'armes automatiques et autres explosions de grenades venant de la favela voisine (parce qu'à Rio on est toujours dans le voisinage d'une favela, même à Ipanema), la première fois, ça surprend ! Alors je veux bien les croire.

Si l'on considère maintenant la situation actuelle des banlieues françaises abandonnées aux trafics mafieux avec la complicité tacite des autorités locales et des services de l'Etat... il est flagrant que la France chemine à grands pas dans la même direction. Causes comparables, mêmes effets. Paris, Marseille, Lyon, Toulouse... seront bientôt aussi dangereuses que Rio ou Sao Paulo. Mais cela restera cantonné aux banlieues, me répondront plaisamment les habitants des centre-ville. Que nenni ! Les transports en commun et les véhicules automobiles sont faits pour se déplacer. Sans compter que, sous couvert de logements sociaux, plusieurs cités forment déjà des abcès de fixation de la délinquance en plein Paris... Une croissance exponentielle, je vous dis. Alors que faire ?

Rio de Janeiro, août 2006 (photo de Cécile)

Eh bien, les habitants de Rio ont enfin trouvé la solution. C'est venu d'une favela, Rio de Pedras dans le quartier de Jacarepagua, où depuis quelques années on n'a plus revu le bout du nez d'un seul trafiquant et la délinquance a disparu. Fini de chez fini ! Il y a déjà une thèse de doctorat sur le sujet à l'Université catholique de Rio de Janeiro. Comment ? Par quel miracle ? On le comprendra mieux à travers l'article que je traduis ci-après, trouvé sur le blog d'un officier de police chargé de superviser les opérations de sécurité dans l'Etat de Rio. Parce que, oui, au Brésil, le chef de la police a un blog et ce n'est pas de la langue de bois...

Mais d'abord, quelques mots sur l'auteur, qui est tout sauf un plaisantin. Mario Sergio de Brito Duarte, lieutenant-colonel de la Police Militaire (l'équivalent de notre police nationale) de l'Etat de Rio de Janeiro, ancien commandant de l'Académie de Police Militaire, ancien commandant du Bataillon des Opérations Spéciales, ancien conseiller à la Mairie de Rio sur les questions de dépendance aux stupéfiants, est aussi universitaire, philosophe, écrivain (Incursionando no Inferno : A Verdade da Tropa, RJ, 2006) et consultant auprès de divers organismes et institutions tels que la Secrétairerie des Droits de l'homme de l'Etat de Rio de Janeiro ou le Conseil Anti-drogues de la ville de Blumenau dans le Sud du Brésil. Son blog s'intitule "Securité publique : Idées et Actions"...

*
Les milices locales dans les favelas de Rio
http://marius-sergius.blogspot.com/2006/09/milcias-locais-nas-favelas-do-rio.html
20 septembre 2006

Ces dernières années, un phénomène social nouveau est apparu et s'est développé dans  plusieurs favelas de la ville de Rio de Janeiro - nouveau pour les habitants de Rio, mais pas inconnu des sociétés marquées par la violence et le banditisme effréné. Il est de notoriété publique [au Brésil en tout cas] que des quartiers pauvres, cibles de prédilection des cartels de narco-trafiquants, sont passés sous le contrôle d'une sorte de service de police assuré par des organisations illégales qui en règle générale regroupent des policiers et d'autres membres des forces de sécurité, militaires, mercenaires, pompiers, gardiens de prison et vigiles.

Ayant pour objectif premier de préserver les habitants du trafic de drogue et de ses conséquences néfastes, notamment la structure paramilitaire des trafiquants qui réduit les habitants en esclavage et provoque des luttes sanglantes entre factions rivales pour le contrôle du terrain, sans compter les affrontements avec les forces de police, ces nouveaux groupes - les milices, - tout aussi illégaux mais généralement bien vus par la population, se multiplient et sont en passe de devenir une forme de police sociale complémentaire.

Je parle de contrôle social parce que, outre la surveillance effective d'un territoire donné, les milices connaissent bien la vie quotidienne des habitants, ce qui leur permet de repérer toute anomalie, et contrôlent aussi les individus de passage, marchands ambulants, visiteurs, travailleurs sociaux, etc.

On peut analyser comme suit les avantages et les inconvénients de ce type de "police locale", créé pour pallier les lacunes de l'Etat dans les missions régaliennes qui sont les siennes.

Avantages de l'implantation d'une milice

Les quartiers ainsi protégés se voient libérés de l'ultra-violence des trafiquants et des actions monstrueuses qui résultent de leur stratégie d'intimidation et de terreur. Pour prendre un exemple, la nouvelle coutume [chez les narco-trafiquants brésiliens] est d'immoler les habitants mécontents ou tous ceux qui osent se plaindre d'eux, de les découper vivants, en d'atroces souffrances, pour jeter les morceaux à des animaux affamés, en général des porcs...

La disparition du trafic, la disparition de l'offre, préservent les enfants et les adolescents de ces quartiers de l'exposition aux drogues et de la tentation d'y céder, ce qui en principe tient déjà lieu de prophylaxie et facilite la vie des parents et la tâche des éducateurs.

Les quartiers se voient aussi épargner les opérations de police dont, pour des raisons évidentes, on ne peut garantir que les échanges de coups de feu à l'arme automatique avec les trafiquants ne tueront pas des victimes innocentes, et notamment des enfants, comme c'est arrivé tant de fois. En soi, les armes des trafiquants sont une cible beaucoup plus importante pour la police que les saisies de drogue et, en l'absence de narco-trafic, elle peut faire porter ses efforts sur d'autres domaines.

Les quartiers se trouvent également libérer des guerres de factions qui tuent aussi bien des trafiquants que des innocents et donnent lieu à une persécution systématique à l'encontre de tous les proches des "soldats" du camp adverse, si on parvient à les dénicher. Une fois les trafiquants chassés, l'interdiction par les milices de toute apologie de ces bandes mafieuses libère les quartiers de la culture de haine entre bandes rivales qui ailleurs ne cesse de s'accroître.

Enfin, dans les quartiers ainsi libérés, les autres crimes et délits qui affectent les habitants tels que vols et cambriolages, disparaissent également. Les habitants retrouvent alors confiance et sérénité, puisque ces crimes et délits sont justement parmi les plus redoutés.

Inconvénients de l'implantation d'une milice

Les quartiers passent à dépendre d'une autorité illégale et tombent sous le gouvernement de personnes non élues par le suffrage citoyen. [Il faut quand même rappeler que les trafiquants non plus ne sont pas élus !]

Plusieurs services publics comme la fourniture de gaz, les transports, les taxes sur les ventes de biens meubles et immeubles deviennent monopole des milices.

Certaines activités illégales comme le piratage de la télévision par câble (le "Matounet") sont introduites ou, reprises aux trafiquants, se poursuivent.

Les litiges et conflits qui, en temps normal, devraient être tranchés par la justice, sont résolus sur place d'autorité et souvent contre la volonté des plaideurs.

Les fêtes et manifestations publiques de quelque nature qu'elles soient sont soumises à autorisation de la milice.

Enfin, et sans prétendre épuiser ici le sujet, les représentants  démocratiques, en particulier les associations d'habitants peuvent être soumis à des pressions diverses, comme il arrive aussi aux quartiers dominés par les trafiquants...

Telles sont quelques-unes des questions que soulève le phénomène des milices des favelas de Rio.
M.S. de Brito Duarte
*
Pour résumer donc, des milices constituées de policiers, de militaires hors de leurs heures de service, d'anciens policiers et assimilés, sont en train de reprendre aux trafiquants de drogue le contrôle des favelas de Rio de Janeiro. Ils investissent le terrain manu militari, exécutent les trafiquants, expulsent leurs familles et font construire un mur de sécurité autour du quartier. Plusieurs dizaines ont déjà été libérés. Ces milices vendent leur protection moyennant une taxe d'environ 15 reais (5,50 €) par logement et un pourcentage sur les transactions. Les résultats des sondages sont sans appel : la population préfère les milices aux trafiquants. Et cela se comprend !

Bien sûr, c'est parfaitement illégal, mais si l'Etat faisait son travail, on n'en serait pas là. Et comme le faisait remarquer un Brésilien, on ne voit pas pourquoi, quand un riche se paye des gardes du corps à 200 $ (150 €), un pauvre n'aurait pas le droit de payer 15 reais pour sa sécurité. Le gouvernement brésilien et la mairie de Rio sont donc en train de réfléchir à la légalisation des milices...
Deux bus incendiés...
Non, ce n'est pas Clichy-sous-Bois, mais une rue de Rio
à proximité de la favela de Mangueira
encore aux mains de trafiquants de drogue fortement armés
qui ont ainsi voulu se venger de la mort de deux des leurs
le 16 janvier 2007

Et la France ? Lors des émeutes de l'automne 2005, le Ministre de l'Intérieur avait manifesté son opposition catégorique à l'éventualité de la constitution de milices de quartier : ce n'était pas sa conception de la sécurité. Mais dans le même temps, il interdisait formellement aux unités de CRS mobilisées pour l'occasion de pénétrer dans les cités : "pour ne pas provoquer"... Interdire l'auto-défense et entraver la police, n'est-ce pas la quadrature du cercle ? N'est-ce pas livrer les habitants au bon vouloir des criminels ? Faut-il donc se résoudre à abandonner les quartiers pauvres aux mains des délinquants et des trafiquants de drogue ? Aujourd'hui, les Français ne semblent pas prêts à se défendre, mais demain, si l'Etat continue d'être défaillant...

Les chiffres de l'insécurité sont mauvais ? Demain ce sera pire ! Et quand j'affirme que Paris va devenir aussi dangereux que Rio, je fais encore preuve d'optimisme. Au Brésil, honnêtes gens et trafiquants appartiennent à une même population. La violence est seulement générée par le trafic. Si la cocaïne est destinée aux habitants des beaux quartiers, les enfants pauvres se droguent à la colle. Vingt mots de vocabulaire, la cervelle en compote, sans repères, ils peuvent être ultra-violents si vous faites mine de refuser votre porte-feuille. Mais ils ne vous haïssent pas. Vous me direz, avec ou sans haine, quand on se prend une balle dans la tête, le résultat est le même ! Mais en France, à la convoitise du voleur, s'ajoute la haine du "jeune" pour tout ce qui ne lui ressemble pas : le Français, le Blanc, la Femme occidentale, nous. Il ne s'intéresse pas qu'au porte-feuille ou au portable, il s'amuse à humilier. Alors ça promet ! Toujours est-il que si l'on veut vraiment imiter les Brésiliens, il y a une solution simple, efficace et radicale à la violence dans les banlieues. Juste une question de volonté.
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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 23:47
Voici l'oiseau :

Président depuis déjà huit ans, le colonel Hugo Chavez a été réélu en décembre 2006 à la tête du Vénézuela avec 61% des voix. Ce nouveau mandat de 6 ans commence en fanfare : Chavez vient d'obtenir les pleins pouvoirs pour les 18 prochains mois au nom de la "nécessité historique"... Curieux personnage que cet autocrate du Vénézuela que l'extrême-gauche adule et que la droite déteste.

Reprenons. Sans prétendre donner le fin mot sur le personnage, certains traits méritent d'être soulignés. Né en 1954, formé à l'Académie militaire de Caracas et diplômé en sciences politiques de l'Université Simon Bolivar, Hugo Chavez est d'abord un officier sud-américain, ce qui implique plusieurs choses. Dans sa variante côte est - à ne pas confondre avec le style côte ouest tendance Pinochet, beaucoup moins souriant ! - le militaire sud-américain est idéalement nationaliste, putschiste et animé d'idées sociales. Et chez Chavez, précisément, ces trois aspects sont réunis sous le nom de "bolivarisme". La référence à Simon Bolivar (1783-1830), "el Libertador", héros des guerres d'indépendance contre l'Espagne au Vénézuela, son pays natal, mais aussi en Colombie, en Bolivie (pays qui lui doit son nom), à Panama et au Pérou, est un leitmotiv du discours chavezien. Dès 1983, à l'occasion du 200e anniversaire de la naissance de son héros, il avait fondé une organisation militaire, le "Movimiento bolivariano revolucionario 200"... nationaliste, socialiste et putschiste comme il se doit ! La propension irrésistible de l'officier sud-américain à fomenter des putschs s'est révélée en février 1992 lors d'une tentative de coup d'Etat contre le président Perez alors en exercice qui sera plus tard destitué pour corruption. L'échec de cette intéressante initiative conduit le trublion à la case prison pour deux ans. Mais rien de tel qu'un coup d'Etat, même raté, pour se faire connaître de la population. En novembre 1992, du fond de sa prison, Chavez remet ça - quand je vous dis que c'est irrésistible ! - et tente un nouveau putsch par personnes interposées. Le coup d'Etat par vidéocassette manque de peu, mais le colonel une fois libéré se convertit à la voie démocratique. Son mouvement, le MVR (Movimiento Quinta Republica), coalisé avec les partis de gauche, obtient plus de 30% aux élections législatives de 1998 et dans la foulée, Chavez remporte les présidentielles haut la main avec 56% des voix. Simple, non ?!

Hugo Chavez est donc président depuis 1998 - plus besoin de putsch, donc !  - et le Vénézuela, depuis la nouvelle constitution de 1999, se nomme officiellement "République bolivarienne du Vénézuela". Tout un programme ! Il s'agit maintenant de résister aux tentatives de coup d'Etat adverses (celui de Pedro Carmona, président de la Chambre de commerce, en avril 2002, et le référendum sur la révocation du président en 2004 seront les plus marquants, mais il y en a eu d'autres). Je renvoie à la fiche de Wikipédia pour le détail de la politique de Chavez et ce qu'il faut entendre par "démocratie participative"... (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Ch%C3%A1vez) Toujours est-il qu'à voir les foules qu'il déplace le président vénézuelien est très populaire dans son pays.
Caracas, 6 décembre 2003 : manifestation de partisans d'Hugo Chavez
(Sarkozy va encore faire sa crise !)

Volontariste et volontiers autoritaire, le bolivarisme à la Chavez est multiforme : social, il favorise le développement de coopératives, le microcrédit et les grands programmes qui mettent en avant le rôle de l'armée dans la société, un brin écologiste, il interdit la culture des OGM, nationaliste (cf. le rôle de l'armée), il a renvoyé les conseillers militaires américains (et les prédicateurs protestants de même) et étatise les sources d'énergie... On retrouve les composantes déjà citées plus haut, auxquelles il faut ajouter quelques autres facettes du personnage Chavez. Il est populiste, cela va de soi. Il est grosso modo catholique, mais tendance "théologie de la libération", ce mélange improbable de catholicisme et de marxisme qui a contaminé une partie de l'Amérique latine avant que le pape Jean-Paul II y mette le holà. Il est aussi indigéniste, ayant visiblement du sang indien, et a même apporté son soutien à des tribus amérindiennes des USA ; ceci étant, l'indigénisme ou exaltation des racines indiennes, dont on voit aujourd'hui le réveil en Amérique latine, est de longue date une composante du nationalisme dans certains pays de la région (au Brésil, par exemple). Enfin, après Simon Bolivar, il s'est trouvé un nouveau modèle et se pense maintenant en héritier de Fidel Castro, non pas tant pour imiter la dictature communiste de Cuba, que pour remplacer le moribond dans le rôle de l'emm... n° 1 des USA. Un excellent rôle, ma foi, et très valorisé en Amérique latine. Pour cela, Chavez s'y connaît ! ...tout en continuant à fournir les Etats-Unis en pétrole vénézuélien comme si de rien n'était.

A l'occasion du 60e anniversaire de l'ONU en septembre 2005, la président du Vénézuela est ainsi allé déclarer devant l'Assemblée générale de l'organisation à New York : "Nous proposons que le siège des Nations Unies quitte un pays qui ne respecte pas les décisions de l'Assemblée générale"... Ça a tout de même plus de gueule que les platitudes des dirigeants français et ça a dû en défriser plus d'un du côté de Washington ! Dans la même veine, il prône la disparition pure et simple du FMI, et au vu du bilan de plusieurs de ces organimes supranationaux (FMI, Banque mondiale), il n'a peut-être pas tort... Moyennant quoi, pour asticoter un peu plus les USA et surtout se ménager un réseau d'alliances indépendant, Chavez s'affiche avec des personnages plus ou moins douteux (Khadafi, Ahmadinejab, Loukachenko : une belle brochette), mais moyennant quoi aussi, il a propulsé son pays à un niveau de notoriété et d'influence sur la scène internationale encore jamais atteint depuis Simon Bolivar. Et, en dehors de la Colombie voisine, le Vénézuela reste en bons termes avec les autres pays d'Amérique du Sud qui se sont ingéniés à faire échouer les projets de zone de libre-échange des USA...

Voir aussi : "Chavez contre Israël ou inversement"
(http://geopolis.over-blog.net/article-3496727.html)

Ah, j'allais oublier : Pour compléter le portrait et en revenir à la première photo, il y a aussi un côté "Captain Flame" chez Chavez. Combinaison rouge (forcément), petite cape... ça fait un peu super-héros de Comics. Kitch à souhait ! Le perroquet vert c'est sans doute pour le côté écolo-sympathique et la touche d'exotisme indigène. Drôle d'oiseau, ce Chavez ! Et curieux, tout de même, l'amour de l'extrême-gauche française pour un colonel nationaliste...
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 20:06
Non, je ne pense pas à la promenade touristique dans les rues de Karachi, mais à l'alliance politique et militaire du Pakistan avec les USA. Un allié sûr ? C'est en tout cas la question que les Américains peuvent légitimement se poser au regard des propos pour le moins contradictoires de leur gouvernement. Animesh Roul, directeur de la SSPC (Society for the Study of Peace and Conflict), basée à New Delhi, qualifie cette façon de voir de "oxymoronic perception" dans l'article du 12 janvier 2007 que je traduis ci-après (cf. http://counterterrorismblog.org/). On pourrait aussi parler de vision schizophrène ou paradoxale.

Alors que l'on s'inquiète beaucoup de la possibilité pour l'Iran d'accéder à la technologie nucléaire, il faut peut-être rappeler que la "bombe islamique" existe déjà.  Elle fut aimablement fournie au Pakistan par les Chinois et les Américains, les premiers dans le cadre de leur rivalité avec l'Inde, les seconds par anti-communisme, puisque l'Inde non-alignée, sans être jamais tombée dans le communisme, entretenait des liens étroits avec l'URSS.

Une vision paradoxale : Le Pakistan combat sincèrement le terrorisme & Al Qaida renforce ses activités depuis son refuge pakistanais.

En moins de 24 heures, des officiels américains ont émis deux propositions contradictoires à propos du Pakistan et d'Al Qaida :
  • Le 11 janvier, Richard Boucher, Sous-Secrétaire d'Etat américain pour l'Asie centrale et l'Asie du Sud, dans un entretien avec des journalistes à Kaboul (Afghanistan), a affirmé que l'engagement du Pakistan dans la lutte contre le terrorisme était bien réel et qu'Islamabad demeurait un allié important des USA. Le Pakistan, a-t-il précisé, "n'y est pas seulement engagé parce que nous sommes tous concernés par le terrorisme, mais du fait de l'engagement qu'ils ont pris [...] d'orienter le Pakistan dans une direction différente". Le Pakistan veut selon lui "créer une société moderne, libre de cet extrémisme, du terrorisme qui a assailli le pays et certains de ses voisins par le passé".
  •  
  • Le même jour, autre lieu, le directeur des renseignements sortant, John Negroponte, rapportait devant une commission du renseignement du Sénat (Senate Intelligence Committee) que Al Qaida a ré-installé son quartier général au Pakistan et que le mouvement terroriste possède des caches sûres dans le pays. Dans son témoignage écrit, Negroponte ajoutait : "Le Pakistan est notre partenaire dans la guerre contre le terrorisme et a capturé plusieurs dirigeants d'Al Qaida. Cependant, c'est aussi une source majeure de l'extrémisme islamique". Selon lui, ils "sont en train de développer un réseau opérationnel plus solide et un réseau de relations qui rayonne à l'étranger depuis le refuge des dirigeants de l'organisation au Pakistan jusqu'à leurs affidés à travers le Proche-Orient, l'Afrique du Nord et l'Europe".
Le Pakistan est-il sincère dans son engagement à mener une guerre total contre le terrorisme ? Impossible de ne pas y voir une stratégie double : d'un côté, un allié dans la lutte contre Al Qaida, de l'autre un havre pour le terrorisme. Il ne fait pas de doute que l'armée pakistanaise a considérablement contribué au combat contre l'insurrection des Talibans en Afghanistan, mais le pays a aussi encouragé des Jihadistes à mener une autre guerre contre l'Inde. Les déclarations récentes du chef du Hizb-ul-Mudjahidin, Syed Pir Sahib Salahudine, le prouvent : "J'ai entièrement confiance dans le fait que les dirigeants du Pakistan et le peuple du Pakistan ne me livreront pas à l'Inde".

Maintenant que la communauté internationale prend conscience de la duplicité des intentions du Pakistan, le temps est venu d'examiner ensemble si le Pakistan est vraiment ou s'il n'est pas un sanctuaire pour le terrorisme, que ce soit Al Qaida ou des mouvements comme Al Badr ou comme le Lashkar e Toiba. Assez de complaisance et de contradictions.
A. Roul
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12 janvier 2007 5 12 /01 /janvier /2007 23:57
Peut-être certains se souviennent-ils d'un reportage des journalistes Grégoire Deniau et Cyril Payen diffusé à une heure tardive le 16 juin 2005 dans l'émission 'Envoyé spécial' sur France2 ? Sous le titre de "Guerre secrète au Laos" il évoquait le sort des Hmongs, une population en perdition dans la jungle, traquée de concert par les armées laotiennes et vietnamiennes, et réduite au plus complet dénuement. Comme un reportage comparable diffusé en mai 2004 par la BBC l'avait fait pour le public anglais, cette émission saisissante nous faisait découvrir que dans les forêts denses du Laos, 30 ans après, la Guerre du Vietnam n'est pas terminée...

Cela ressemble à ces histoires de combattants isolés sur une île qui se croient toujours en lutte longtemps après la fin d'une guerre, la nouvelle de l'armistice ne leur étant jamais parvenue. Mais la guerre en ce cas continue vraiment et continuera jusqu'à extermination complète des quelque 10.000 malheureux survivants de cette folie - ce qui ne saurait tardé.

Il y a un an, le public français s'était ému de cette affaire qui touche une minorité autrefois alliée de la France en Indochine. Une pétition rassemblant près de 15.000 signatures a été adressée au président Jacques Chirac, à ce jour sans réponse et sans effet... Et le sujet est retourné à la trappe médiatique aussi soudainement qu'il en était sorti. Au demeurant, aucun des intellectuels de médias, d'ordinaire si prompts à s'indigner (cf. la Tchétchénie), ne semble s'être intéressé aux Hmongs. Aucun, si je ne me trompe, n'est venu appuyer de son illustre signature ce mouvement de sympathie spontanée.

Il faut dire que le sujet dérange : l'Indochine est loin, le Laos devient une destination touristique, ELF s'installe, mais ce qui dérange peut-être le plus c'est que les Hmongs ont fait un choix de Harkis. Au service de la France jusqu'en 1954, combattants de Dien Bien Phu pour certains, ils ont ensuite été employés par la CIA entre 1962 et 1975 pour surveiller la frontière du Vietnam et récupérer les pilotes d'hélicoptères abattus, en une guerre restée secrète puisque officiellement le Laos n'y était pas impliqué. Quand les Américains ont battu en retraite et quand, en mai 1975, les communistes du Pathet Lao ont pris le pouvoir à Vientiane, la capitale du pays, une partie de ces montagnards Hmongs a été réinstallée de force dans les plaines, tandis que les autres - notamment les plus impliqués dans la collaboration avec les USA, et leurs familles - n'ont eu d'autre choix que l'exil (un tiers des Hmongs a fui le pays dans les années 70) ou le maquis sur les pentes difficiles d'accès du mont Phu Bia (pour environ 30.000 d'entre eux), pour échapper aux camps de rééducation.

Il semble que leur notoriété récente, aussi fugace qu'elle ait été, n'ait fait qu'empirer les choses pour les exilés de l'intérieur, aujourd'hui réduits à une dizaine de milliers, dont beaucoup d'enfants. L'étau se resserre autour de ces Hmongs de la jungle répartis en petits groupes errants : pourchassés, soumis à toutes les exactions lorsqu'ils ne fuient pas assez vite, privés d'approvisionnement, se nourrissant de racines, il leur devient très difficile de survivre et ils sont de plus en plus nombreux à sortir de la forêt et à se rendre. Alors cependant, on ignore quel destin ait le leur puisque les autorités laotiennes préfèrent nier leur existence et empêchent tout contact avec eux. Quant à ceux expulsés de Thaïlande où ils pensaient trouver refuge, ils sont soumis à rééducation, une vieille tradition de la région dans le style khmer rouge... Evidemment, le fait que le Laos soit toujours sous le régime d'une dictature communiste ne facilite guère une résolution douce du conflit (!) si tant est que l'on puisse encore parler de conflit alors que cette résistance aux pieds nus est exsangue (leurs munitions sont celles abandonnées par les Américains il y a 30 ans).

Enfin bon, tant que nous n'avons pas d'intérêt particulier à bombarder ce côté-là de la planète, il n'y a pas lieu que nos médias se focalisent sur le sort des Hmongs ! Les indignations ne valent qu'à l'appui d'une politique... En attendant, le Laos est aussi le 3e producteur mondial d'opium après l'Afghanistan et la Birmanie, et un des pays les plus pauvres du monde. Sale histoire !
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3 janvier 2007 3 03 /01 /janvier /2007 21:43
Paix, Santé et Prospérité, tels sont les vœux que forment les simples gens les uns pour les autres à l'aube de chaque nouvelle année. Mais à l'échelle du monde, après avoir longuement examiné ma boule de cristal, je peux d'ores et déjà vous annoncer que nous aurons tout le contraire ! Guerres, Maladies et Misère, plus quelques catastrophes en prime.

Bien sûr, tout est toujours question de point de vue. Et les impressions que l'on a depuis les gratte-ciel de Manhattan sont évidemment très différentes de celles du fin fond de la forêt tropicale du Sierra Leone ou des rues du quartier de Sadr City à Bagdad.

Voici quelques idées en vrac :

  • Les Etats-Unis d'Amérique vont-ils bombarder l'Iran ?
                     Ça se pourrait !
  • L'Irak et l'Afghanistan retrouveront-ils la paix civile ?
                     Faut pas rêver !
  • La survie de l'Etat d'Israël est-elle menacée ?
                     Voir première question.
  • Les otages des FARC en Colombie seront-ils libérés ?
                     Tiens, on les avait presque oubliés !
  • Fidel Castro va-t-il mourir ?
                      C'est pas déjà fait ?
  • Pervez Musharraf sera-t-il renversé au Pakistan ?
                      Possible.
  • Le Népal et l'Australie vont-ils se transformer en vulgaires républiques ?
                      Hum...
  • Le pape Benoît XVI ira-t-il rencontrer le patriarche Alexis à Moscou ?
                     On y travaille.
  • Les Haïtiens vont-ils devenir riches ???
                     Quand les poules auront des dents (ce n'est pas drôle !)
  • Et les Luxembourgeois pauvres ?
                     Ça c'est une blague !
  • Les entreprises françaises vont-elles toutes délocaliser en Chine ?
                     Pas toutes.
  • La consommation de drogues va-t-elle augmenter ?
                     Avec les prix de l'opium qui baissent, sûr.
  • Les H'mongs du Laos vont-ils disparaître ?
                     Il n'en reste plus beaucoup sur place.
  • Les ours blancs vont-ils s'entredévorer ?
                     Hélas, la fonte de la banquise les affame.
  • Abdoulaye Wade se succèdera-t-il à lui-même à la tête du Sénégal ?
                     Ben, oui.
  • Qui succèdera à Olusegun Obasanjo au Nigeria ?
                     Là, c'est beaucoup plus ouvert et ça pourrait mal se passer...
  • Qui remplacera Saparmourad Niazov au Turkménistan ?
                     Kourbangouli Berdimoukhamedov.
  • Et qui sera élu en France, de Sarko ou Ségo, ou de Ségo ou Sarko ?
                     Joker !

Et aussi en 2007, Mesdames, Messieurs, plein de surprises et de rebondissements avec la suite des aventures de nos amis G.W. Bush, Poutinechou, Hu Jintao, Sonia Gandhi, Ahmadinejab, Lula, Chavez, et compagnie.

Allons, allons, ni jérémiades, ni accès de désespoir. Comme disait un homme de main soupçonneux - héros du grand roman brésilien Grande sertao e veredas ('Terres arides et sentiers') de Guimaraes Rosa : Vivre, c'est très dangereux ! - et en matière de dangers mortels il devait s'y connaître.
  • Viver é muito perigoso... Querer o bem com demais força, de incerto jeito, pode já estar sendo se querendo o mal, por principiar. Esses homens! Todos puxavam o mundo para si, para o concertar consertado. Mas cada um só vê e entende as coisas dum seu modo.
Ce qui se traduit à peu près comme ceci :
  • Vivre, c’est très dangereux. Vouloir le bien à toute force, d’une manière tortueuse, ce peut déjà être qu’on veut le mal qui s’enclenche. Ces hommes ! Tous tiraient le monde à soi pour de concert le remettre droit. Mais chacun ne voit et ne comprend les choses que d’une façon qui n’est qu’à lui.
Sur ce : Bonne année quand même !
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28 décembre 2006 4 28 /12 /décembre /2006 12:25
21 décembre 2006
Saparmourad Niazov est mort. Faut-il le regretter ?

La question peut paraître incongrue et provoquante, s'agissant d'un dictateur dont le portrait figurerait en bonne place dans la galerie des furieux. Il avait pourtant de chauds partisans en France, comme le rappelait une semaine avant sa mort le très inspiré magazine La Vie (n° 3198, 14 décembre 2006, p. 38-42 : "France-Turkménistan : une amitié en béton", sous la plume d'Anne Guion). Cf. www.anneguion.zaup.org/spip.php?article278


Parmi les amis intimes de Monsieur Niazov, président à vie du Turkménistan, chef du gouvernement, commandant suprême de l'armée, président du Parti démocratique (le seul autorisé) et autoproclamé Grand Turkmenbachi ou "Père de tous les Turkmènes", se trouve en effet en bonne place l'entrepreneur français Martin Bouygues, héritier du groupe de travaux publics du même nom. Non seulement Monsieur Bouygues avait l'habitude de se rendre au Turkménistan chaque année, à l'occasion de l'anniversaire du Turkmenbachi, mais surtout il était étroitement associé à ses délires mégalomanes. Car l'entreprise française est devenue "le constructeur attitré des monuments à la gloire du dictateur" : le palais présidentiel (pour 62 millions d'euros), la banque centrale, la mosquée de Kiptchak, village natal de Niazov, qui est aujourd'hui la plus grande mosquée d'Asie centrale... la Maison de la presse d'Achkabad, la capitale (13 millions d'euros), et prochainement, le bâtiment du Conseil du peuple (70 millions d'euros). Rien qu'en 2004, le groupe Bouygues a réalisé 87 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le pays. On comprend tout l'intérêt de cette amitié...

D'ailleurs, les hommes politiques français ne sont pas en reste et se font volontiers les VRP du groupe, à commencer par feu le président François Mitterand qui, dans les années 1993-1994, fit le voyage d'Achkabad et reçut en cadeau du Grand Turkmenbachi un de ces superbes chevaux Akhal Téké qui font l'orgueil des Turkmènes. Aymeri de Montesquiou, sénateur du Gers, a pris la relève pour le compte de Jean-Pierre Raffarin lorsque ce dernier était premier ministre. Les propos de notre démocratique sénateur valent d'être cités : "Il m'est arrivé de prendre un café sur une terrasse [de la capitale] : personne n'est venu me voir pour se plaindre de la dureté du régime !" Quand la liberté se mesure à un café... Bref, RAS. Et Martin Bouygues de renchérir : "Les Turkmènes ont [grâce à nous] l'occasion de rencontrer des étrangers qui vivent différemment. Ils peuvent ainsi remettre en question leurs propres conditions de vie..." Ben, voyons ! Et, pour peu que le nouveau chef de l'Etat turkmène ait des projets aussi délirants que son prédécesseur, le défilé des politiques français au Turkménistan n'est sans doute pas fini puisque Monsieur Bouygues est aussi un ami intime de Nicolas Sarkozy et le parrain d'un de ses fils.

Alors, Realpolitik oblige ? Il est vrai que dans le Grand Jeu de l'Asie centrale, chacun pousse ses pions. Russes, Chinois, Européens ou Américains ne se font pas prier pour faire la même chose. Le Turkménistan est riche de son pétrole et surtout de son gaz à l'heure où les ressources énergétiques tendent à se raréfier et où les besoins des pays industriels ne cessent de croître. Mais tout de même... Les liens privilégiés de Bouygues avec le président turkmène ne garantissent en rien l'approvisionnement en gaz des Français, qui de toutes façons passe par la Russie. Ils garantissent seulement l'enrichissement personnel de Martin Bouygues et la valorisation boursière de son groupe industriel, qui reste un groupe privé. Et puis il y a quand même peut-être des limites ! Comme fêter l'inauguration d'une Maison de la Presse le 14 octobre dernier, un mois après la mort sous la torture de la journaliste Ogoulsapar Mouradova, droguée, rouée de coups et étranglée dans une prison d'Achkabad...

Bien sûr, vues de loin, les excentricités de Saparmourad Niazov font plutôt rire : faire du jour de son anniversaire la fête nationale du pays, rebaptiser les mois et les jours de la semaine à sa gloire, et le pain, base de l'alimentation turkmène, du nom de sa mère, fermer les bibliothèques publiques et les hôpitaux, interdire le ballet, l'opéra et le cirque, placer des statues de lui partout dont une, plaquée-or, qui pivote avec le soleil en plein cœur d'Achkabad, élever un palais de glace en plein désert du Karakorum (la température y atteint les 50°C) pour que les enfants turkmènes apprennent à faire du ski et un zoo pour abriter... des pingoins ! Mais la folie est parfois moins folle qu'il y paraît comme lorsque le Turkmenbachi a supprimé toutes les pensions et retraites de ses concitoyens au prétexte que les Turkmènes s'occupent de leurs vieux parents et qu'ils n'ont donc pas besoin de retraite... N'est-ce pas là une façon d'accaparer un peu plus la richesse du pays au profit de ses grands projets de construction (cf. Bouygues) et de réduire d'autant la redistribution des bénéfices de l'exportation du pétrole et du gaz. Quand on sait que 60% de la population turkmène vit dans le dénuement (en-dessous du seuil de pauvreté, nous dit-on)... De même, l'interdiction des dents en or qui remplacent si souvent en Asie les dents gâtées : l'or des dents n'a certainement pas été perdu pour tout le monde !

Mais la contribution la plus notable de Saparmourad Niazov au bien-être de son peuple aura sans doute été le Ruhnama, à la fois épopée nationale turkmène revue et corrigée et guide spirituel de la nation, écrit par lui-même. Mélangeant préceptes du Coran, envolées lyriques et maximes maoistes, cette sorte de petit livre rouge-vert, est devenu la base de l'enseignement au Turkménistan, depuis l'école primaire jusqu'à l'université comprise. C'est dire le niveau ! Remplacer par des slogans idiots cette base de tout enseignement de qualité qu'est la lecture des bons auteurs, on n'a encore pas trouvé mieux pour endoctriner les enfants. Mais il faut bien reconnaître qu'en ce domaine la France n'est pas exemplaire non plus. L'Education nationale n'a-t-elle pas depuis 30 ans imposé une méthode de lecture dite globale ou semi-globale, qui laisse les enfants français semi-analphabètes ? N'a-t-elle pas privilégié les cours "civiques" suivant les modes politiques du moment, au détriment des enseignements traditionnels ? Et ne considère-t-elle pas aujourd'hui qu'il ne faut pas donner à lire les auteurs classiques avant le lycée ? Au collège, fini Balzac, Flaubert, Racine et Corneille. A la place, on est prié de lire Le gône du Chaâba, dont l'auteur est... ministre du présent gouvernement, tout simplement ! Il semble que le narrateur y raconte en langage argotique ses expériences de sodomie sur une fillette... Je crois que je préfère encore le Ruhnama !

Toujours est-il que nos hommes politiques et nos grandes consciences intellectuelles, si prompts à s'indigner des atteintes aux droits de l'homme lorsqu'il s'agit de la Tchétchénie ou du Darfour, sont restés bien silencieux sur les exactions du dictateur turkmène... Comme le remarque ironiquement un politologue russe : "dans leurs premières réactions [à la mort de Niazov], l'Union européenne et les autres champions de la démocratie évoquent plus souvent la nécessité de la stabilité et du changement constitutionnel du pouvoir que la nécessité de la démocratie" (RIA Novosti).

Achkabad, Arche de la Neutralité, avec à son sommet
une statue tournesol de Niazov

Et en prime, bien que je n'aie pas trouvé de photo de Gendjim, le cadeau princier de Mitterand, voici le portrait d'un autre Akhal Téké :

Sardar, par Bogdan Willewalde, 1882

Post scriptum :
Ma foi, si le prochain président du Turkménistan veut m'offrir un Akhal Téké, ce ne sera pas de refus. Je ne peux pas lui proposer de maisons Bouygues en échange, mais je fais très bien les cabanes pour petits oiseaux, en brindilles recouvertes de mousse, tout à fait charmant. Et je peux même écrire un poème en son honneur. Tenez, j'ai déjà les premiers vers :

Ô suprêmissime Turkmène,
Lumière de la démocratie...
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