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  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 22:29
J'attends confirmation des services ouzbeks, mais si c'est vraiment vrai, ça mérite d'être dit ! En tout cas, c'est ce qu'affirmait incidemment à la mi-octobre sur la chaîne Al Jazeera, avec beaucoup de naturel, comme d'une vieille histoire déjà connue de par chez elle - même pas un "scoop" en somme, - l'ancien premier primistre du Pakistan Benazir Bhutto elle-même. La femme qui en savait trop a été assassinée le 27 décembre 2007. Paix à son âme.

L'icône démocratique toute fraîche de Benazir Bhutto avait quelques défauts. Dirigeante du PPP (Parti du peuple pakistanais) hérité de son père, nommée par deux fois premier primistre du Pakistan, la première fois en 1988 à seulement 35 ans, puis de 1993 à 1999, elle avait chaque fois dû renoncer à son poste pour cause de soupçons de corruption aggravée. Ces accusations n'étaient pas sans fondement comme a pu le démontrer une enquête de la justice suisse. Certaines mauvaises langues, et néanmoins proches de sa propre famille, l'accusent aussi d'avoir commandité l'assassinat de ses deux frères, Shalnawaz Bhutto, tué en France en 1985, et surtout Murtaza Bhutto, tué à Karachi en 1996 par la police pakistanaise, Benazira regnante... Il est vrai que Murtaza avait quelque temps plus tôt rasé une moitié de moustache à Asif Ali Zardari, le mari de la dame. Un affront pareil, ça ne se pardonne pas !

En outre, lors de son second mandat, Benazir Bhutto s'était alliée aux islamistes du Jamiat-Ulema-e-Islami, dont les écoles coraniques serviront de vivier aux talibans afghans. Sous la direction de son ministre de l'Intérieur de l'époque, le général Babar, l'Inter Services Intelligence (ISI, services secrets pakistanais) va fournir le matériel et la logistique qui conduiront les talibans à la prise de Kaboul en 1996. Mais elle était précisément une redoutable politicienne, femme forte dans un pays qui en apparence ne leur est guère favorable, véritable seigneur de guerre au besoin, d'une impassibilité toute orientale, et surtout fort bien informée de la situation locale...

Il se dit donc au Pakistan que Bin Bin (Oussama Ben Laden pour les intimes) a été exécuté par un proche du pouvoir qui se trouve être simultanément un haut dirigeant du mouvement Al Qaïda..., j'ai nommé Omar Cheikh. Mais des Ben Laden, il y en a tout plein ! Après Oussama, on parle de son fils Hamza qui pratiquerait le même métier : terroriste de montagne. Quant au Pakistan, c'est paraît-il un équilibre improbable entre trois A : Allah, Armée, Amérique... On va voir comment ça retombe sur ses pattes.

Sources :
http://fr.altermedia.info/general/pakistan-la-marraine-des-talibans-assassinee_12428.html
L'entretien accodé par B. Bhutto à David Frost vers le 20 octobre 2007 ici :
www.yanndarc.com/article-7336162.html (extrait)
http://www.prisonplanet.com/articles/december2007/281207_said.htm (en intégral)
Et aussi, Le chaudron pakistanais
et Le Pakistan est-il un pays sûr ?

Petites précisions :

Omar Cheikh, né en Angleterre en 1973, de son nom complet Ahmed Omar Saeed Sheikh, est en prison au Pakistan depuis février 2002 pour son implication dans l'enlèvement et l'exécution du journaliste américain Daniel Pearl. Alors, quand Benazir Bhutto dit de l'un des individus qu'elle soupçonne d'être derrière le premier attentat fomenté contre elle à Karachi le 18 octobre 2007 (probablement le général Mahmoud Ahmad, ancien directeur de l'ISI) que :
  • c'est "un personnage très important dans la sécurité... un ancien officier militaire... quelqu'un qui... a aussi été impliqué avec Omar Sheikh, l'homme qui a assassiné Oussama Ben Laden",
de deux choses l'une. Ou elle voulait dire "l'homme qui a assassiné Daniel Pearl" et c'est un lapsus, ce qui reste assez plausible vu que Omar Cheikh est connu pour être celui qui a tué Pearl ; ou... c'est bien de Ben Laden qu'il s'agit, compte-tenu que 1) ce sont ses propres mots, elle s'exprime plutôt clairement et semble maîtriser ce qu'elle dit, et 2) elle vient d'évoquer quelques instants auparavant parmi les exécutants possibles de l'attentat plusieurs chefs et mouvements terroristes :
  • "un gang de guerre afghan... ou Hamza ben Laden, le fils d'Oussama ben Laden, ou des talibans pakistanais...".
On se serait attendu à entendre citer Oussama lui-même, mais visiblement, mort ou vif, il est hors jeu. Alors s'il est mort, depuis quand ?

Eh bien, soit Omar Cheikh l'aura assassiné directement, donc avant le 12 février 2002, et, en bonne logique, toutes les vidéos mettant en scène le supposé Oussama Ben Laden revendiquant, menaçant, tonnant... sont des faux. Mais voilà, la rumeur court que les forces spéciales françaises en Afghanistan l'auraient vu de leurs yeux vu, en chair et en os, en 2004... Soit ledit Omar a commandité l'assassinat depuis sa prison (ou peut-être même que ses geôliers ne sont pas très regardants et le laissent sortir), et cela a pu se produire n'importe quand avant octobre dernier.

Toujours est-il qu'Omar Cheikh serait aussi... un agent du MI6 ! C'est du moins ce que soutient le président pakistanais Pervez Musharraf dans son livre Sur la ligne de feu, publié en 2006 (In the Line of Fire : A Memoir, chez Free Press). Recruté lors de ses études à la London School of Economics, il aurait été envoyé dans les Balkans par les services secrets britanniques pour mener des opérations de jihad... (contre les Serbes, je suppose). Il passe pour un agent double et travaillerait pour l'ISI depuis 1993. Lorsqu'il a été assassiné, Daniel Pearl menait précisément l'enquête sur les liens de l'ISI avec les groupes islamistes, et c'est aussi du côté de l'ISI qu'il faut chercher les assassins de Benazir Bhutto.

Omar Cheikh a été condamné à mort pour l'affaire Pearl le 15 juillet 2002. Le jugement en appel n'est toujours pas intervenu, ce qui, pour une justice expéditive comme celle du Pakistan, est signe qu'il est protégé. Par l'ISI et le président Musharraf, bien sûr, mais encore ? Par la CIA, d'après le Pittsburgh Tribune :
Qui trompe qui ?
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commentaires

E
Un bon match de foot, un peu de shit, un porno sur canal + et hop, même si on apprend que Sarkozy est un hologramme, les gens se tiendront tranquille."On contrôle mieux le peuple avec la pornographie qu'avec des miradors." Soljenitsyne.
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M
Pas faux, pas faux. Retour à la raison ?