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  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 22:21
Trop de morts, et maintenant tellement de mensonges inutiles... Comme celui-ci : "Je conteste le mot de guerre" (Hervé Morin, ministre de la défense). Les mots ont-ils encore un sens ? Tout aujourd'hui est dit guerre, combat, lutte, sauf la guerre elle-même. Là, on n'ose pas. On devient bizarrement pudique. Le mot est tabou. Pourtant, c'est la guerre en Afghanistan. Une guerre aussi terrible que celle d'Irak, une guerre qui tue chaque jour. Qui vient de tuer dix jeunes militaires français et d'en blesser une vingtaine d'autres. Déjà sept ans de cette guerre et plus elle va, plus le vague espoir d'une paix à l'horizon vacille. Et de quelle sorte de paix parle-t-on d'ailleurs ? La pax americana ? Car la situation est pire aujourd'hui qu'elle n'était au début, à l'automne 2001, et c'est sans doute cela le plus inquiétant. Les Talibans étaient largement vaincus. Mais depuis, financés par l'héroïne que nous leur importons, toujours aidés par les Services pakistanais ( Le Pakistan est-il un pays sûr ? ), et profitant de l'esprit de révolte que suscitent l'occupation prolongée du pays et les exactions de l'armée américaine, ils ont repris du poil de la bête. Les témoignages des soldats anglais ne laissaient déjà pas de doute à ce propos il y a deux ans. Ils évoquaient les conditions extrêmes, la pénurie de munitions, le manque d'appui aérien, la sauvagerie des combats... Cf.  Des nouvelles de Kaboul - Afghanistan et Des nouvelles de Kaboul (suite)

Mensonges inutiles aussi sur les circonstances du guet-apens meurtrier de ce lundi 18 août, alors même qu'on en savait les grandes lignes dès le lendemain. L'Etat major et le Ministère ont beau dire, les témoignages directs des militaires présents sur le terrain sont formels (rapportés par Le Monde, Le Canard enchaîné et le dernier Paris Match). L'affrontement, commencé vers 14h30, a duré jusque tard dans la nuit. Ceux qui y ont perdu la vie ne sont pas tous morts "dans la première heure". Pourquoi cacher que le combat a été héroïque ? En position défavorable, sans renfort immédiat, bientôt à cours de munitions... Et oui, les avions US arrivés au secours ont bombardé de travers. Pourquoi le nier ? C'est aussi celà la réalité de la guerre. Et ces fausses pudeurs des "spécialistes" qui s'offusquent qu'on évoque des prisonniers égorgés (par respect pour les familles, disent-ils), mais se gargarisent du mot "polycriblés" ! Je préfère la pudeur de leurs compagnons d'armes : "Certains des nôtres ont été attaqués à l'arme blanche". Pas besoin d'en dire plus.

Mensonge ou approximation, quand on nous parle de talibans comme d'une évidence. Les affaires afghanes sont plus compliquées que ça. L'attaque contre les Français semblerait plutôt devoir être attribuée aux hommes du Hezb-i Islami de Gulbuddin Hekmatyar, un chef de guerre afghan d'une soixante d'années, autrefois financé par la CIA à hauteur de 600 millions de dollars pour lutter contre les Soviétiques, éphémère premier ministre du pays en 1996 et allié circonstanciel des Talibans depuis 2002. Il passe pour un habile stratège en guérilla. Or, dans le district de Saroubi où s'est déroulée l'embuscade, Hekmatyar est encore chez lui.

Mensonge ou essai d'intimidation enfin, quand le gouvernement et ses porte-voix prétendent que la mort de nos soldats devrait faire taire toute question sur la pertinence de l'engagement français dans cette guerre. Drôle d'idée ! Au contraire, c'est plus que jamais le moment d'en parler. Nous n'avons pas de frontières communes, pas d'intérêts très directs, pas de casus belli. Alors qu'attendons nous pour nous-mêmes de la guerre d'Afghanistan ? Qu'est-ce qu'on y gagne ? Quel est le but ? La paix, nous dit-on - mais elle s'éloigne. Et qu'on ne me parle pas de démocratie ! Pour que d'autres jeunes gens ne soient plus inconsidérément sacrifiés "sur l'autel de l'inutile", comme l'a dit tristement le père de l'un d'eux.

Reportages :
Crimes de guerre à Mazar
http://video.google.com/videoplay?docid=-3879703582207034825 (âmes sensibles s'abstenir)
Une guerre au nom de la paix
http://polemiquepolitique.blogspot.com/2008/08/afghanistan.html (Envoyé spécial)
Et Sarkozy ricanant
http://www.youtube.com/watch?v=THa7C2lZZh0&eurl=http://club-acacia.over-blog.com/article-22131746.html
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