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  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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  • Mélusine

Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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16 décembre 2006 6 16 /12 /décembre /2006 22:18
Pourquoi donc s'étendre sur la mort d'un supporter du PSG sur un site avant tout consacré à la géopolitique ? Certes, au départ, ce n'est qu'un triste fait divers : un déséquilibré tire sur un supporter de football et, par ricochet, en tue un autre. Mais l'intervention des plus hautes autorités de l'Etat donne à cette affaire un tout autre sens.

Rappel :
Justice pour Julien : http://geopolis.over-blog.net/article-4752658.html
Vous avez dit racisme ? : http://geopolis.over-blog.net/article-4757622.html
Votre héros est un malade mental : http://geopolis.over-blog.net/article-4771175.html

Manipulation ?

Je ne veux pas jouer les petits Zola et faire mon "J'accuse", mais tout de même : trop de questions restent sans réponse et l'absence de réponse souvent en dit long... Alors allons-y :

1. La débauche ridicule d'encadrement policier qui entoure désormais chaque petit match du PSG ne parvient pas à faire oublier l'absence des forces de l'ordre en nombre adéquat lors du match à risques qu'était la rencontre PSG - Hapoël. Pourquoi le préfet de police, Pierre Mutz, a-t-il refusé de prendre les mesures qui s'imposent d'ordinaire lors de ce genre de rencontre ? Et le préfet ne faisant qu'exécuter les ordres, pourquoi le Ministère de l'Intérieur a-t-il sciemment réduit la sécurité au lieu de l'augmenter ?

2. Pourquoi les "hooligans" du Hapoël n'ont-ils pas été soumis aux mêmes fouilles que ceux du PSG, ce qui est une des causes du mécontentement de ces derniers ? Pourquoi n'a-t-on pas saisi leurs fumigènes ? Qui avait donc intérêt à jeter de l'huile sur le feu ?

3. Pourquoi, après la fin du match, a-t-on retenu dans le stade les "hooligans" du Hapoël, alors qu'on faisait sortir les simples spectateurs des autres tribunes, familles de juifs français comprises, au risque de les exposer aux violences des "hooligans" du PSG ? Que voulait-on qu'il arrive exactement ?

Je rappelle ici que le principe de ce prétendu hooliganisme, chez les supporters français en tous cas, est de se retrouver après les matchs pour se fritter avec les supporters de l'équipe adverse qui partagent le même état d'esprit. On remarquera d'ailleurs que malgré le mouvement de colère de ces supporters du PSG qu'on dit si violents, il ne semble pas y avoir eu de blessés à dénombrer parmi les spectateurs, n'était l'irruption du nommé Granomort.

4. Pourquoi la presse unanime a-t-elle mis en avant "le scandale des insultes racistes" comme si rien de plus grave ne s'était passé ? Ceci donne la désagréable impression que toute cette campagne médiatique était préparée d'avance et les incidents attendus, voire souhaités, quitte à prendre des familles juives en otages de cette politique tortueuse en refusant d'assurer leur sécurité. Ce qui, en revanche, n'était pas prévu, c'est qu'un policier fou se précipite contre des supporters du PSG, tire et tue. Pourquoi sinon aurait-on vilipendé la victime comme on l'a fait si ce n'est pour justifier un meurtre qui n'allait pas dans le sens voulu ? Et je pèse mes mots.

5. Pourquoi les blessés n'ont-ils pas été secourus ? La police a préféré protéger les vitrines d'un MacDo plutôt que de porter assistance à un mourant à quelques mètres de là... Je sais que vous vous inquiétez tous du sort des vitres du MacDo : elles ont été remplacées dans les jours qui ont suivi, merci pour elles ! Et pourquoi la police a-t-elle fait usage de gaz lacrymogène pour chasser les jeunes gens et jeunes filles qui tentaient de sauver Julien ? Et les pompiers à proximité qui mettent 15 mn pour faire 300 mètres ? Fallait-il donc le laisser mourir ? La non-assistance à personne en danger, vous connaissez ? Les témoignages sont accablants.
  • Drame du PSG : La rapidité des secours en question par Philippe Broussard
  • vendredi 24 novembre 2006, mis à jour à 19:59
  • LEXPRESS.fr a recueilli le témoignage de deux jeunes gens présents dans l’attente des pompiers auprès de Julien Quemener, un jeune supporter du PSG victime jeudi soir du tir d'un policier après la défaite de son équipe au parc des Princes.
  • Combien de temps les pompiers ont-ils mis pour venir secourir Julien Quemener, le jeune supporter parisien mort d’une balle dans le coeur jeudi soir à la Porte de Saint-Cloud ? C’est désormais l’une des questions posées dans cette enquête. Selon les calculs de LEXPRESS.fr, ce délai s’élève à une quinzaine minutes.
  • Nous disposons en effet de deux témoignages inédits de jeunes supporters parisiens, Matthieu (26 ans) et Vincent (24 ans), arrivés très vite au chevet de la victime, qui était alors allongée devant l’entrée d’un entrepôt de la RATP, à une trentaine de mètres du Mac Donald’s où s’était réfugié le policier. Nous avons nous-mêmes constaté la présence de Matthieu et Vincent, jeudi soir, auprès du blessé, et leurs efforts pour le maintenir en vie.
  • C’est Matthieu qui, dès 22 h 54 - l’heure d’appel figure dans la mémoire de son téléphone portable - passe un appel au "112", le numéro d’urgence des pompiers. Selon lui, la personne de permanence ne paraissait pas encore informée de ce qui se passait du côté de la Porte de Saint-Cloud. La conversation va durer 3 minutes et 20 secondes. "Le pompier que j’ai eu au téléphone m’a d’abord demandé des précisions sur les circonstances du drame, puis il m’a dit qu’ils allaient envoyer une équipe", confie Matthieu.
  • Celui-ci raconte avoir ensuite passé son portable à une "jeune fille blonde", présente sur les lieux, qui paraissait avoir des notions de secourisme. "Le pompier lui donnait des conseils à distance, raconte-t-il. Je ne la connaissais pas, mais elle a fait tout son possible. Elle était agenouillée et appuyait sur le thorax de la victime, à l’endroit où la balle avait pénétré. Dans le même temps, un homme que je ne connaissais pas non plus, âgé d’environ 35 ans, lui donnait des petites claques pour le maintenir éveillé. Nous ne voulions pas qu’il ferme les yeux, mais nous sentions qu’il était en train de partir".
  • Au bout de 3 minutes et 20 secondes, la ligne téléphonique est brusquement interrompue. A 22 h 57, puis à 22 h59, Matthieu tente, vainement, de rappeler le "112". Il tombe sur un message d’accueil. "C’était interminable, j’étais complètement perdu", se souvient Vincent. "Nous ne savions pas quoi faire, confirme Matthieu. Des jeunes sont allés chercher des petites bouteilles et nous avons essayé de verser un peu d’eau dans la bouche du blessé pour éviter qu’il se déshydrate."
  • Afin de préparer l’arrivée des pompiers, les CRS commencent à disperser les personnes présentes auprès de la victime, dont Matthieu et Vincent. Ils utilisent notamment des gaz lacrymogènes, ce qui ajoute à la confusion.
  • Les premiers secours arrivent peu avant 23h10. Au total, une quinzaine de minutes se sont écoulées depuis l’appel de Matthieu. S’agit-il ou non d’un délai normal en pareil cas? Les pompiers de Paris, sollicités par LEXPRESS.fr, invoquent le secret de l’instruction pour s’abstenir de tout commentaire.
  • Matthieu, lui, ne parvient pas à oublier ces minutes d’attente et se plaint du traitement médiatique de l’affaire: "Personne ne parle de ce qui s’est passé pendant que la jeune fille essayait de le maintenir en vie, qu’un autre supporter et moi-même lui mettions de l’eau sur le visage, de ces supporters qui formaient un 'cordon de sécurité' pour lui laisser de l’air, ni de ceux partis chercher des bouteilles d’eau ou voir les agents de police, qui n’ont d’ailleurs pas bougé. Il y a eu un mouvement de solidarité autour de ce jeune homme! Alors, tout le monde a oublié le racisme et ce qui allait autour ce soir-là. Pour nous qui étions avec lui, ce qui se passait dans le McDo était à cent lieux. On entendait plus les chants, les cris, on voulait juste faire de notre mieux. Et que les pompiers arrivent."
Mais peut-être la préfecture ne savait-elle pas encore que le supporter à terre n'était pas un de ceux de l'Hapoël Tel Aviv ?

Contre la violence ?

Il faut replacer cette affaire dans son contexte. Nous sommes à quatre mois des élections présidentielles. Les crimes et délits sont en augmentation constante en France tant en nombre qu'en gravité, malgré les consignes données à la police pour ne pas enregistrer certaines plaintes (au mieux une main-courante - j'en sais quelquechose !) et les statistiques faussées, comme récemment dans le Nord. Tous les jours, des bus et des voitures particulières brûlent. Sans parler du sort des femmes dans les banlieues, du trafic de drogue et d'armes, etc. Alors quand on vient me parler de la violence des hooligans...

Au vu des questions sans réponse, on peut donc se demander si l'affaire médiatique n'avait pas été montée de toutes pièces pour détourner l'attention des insuffisances criantes de la politique sociale et de sécurité des gouvernants. Détourner l'attention sur les méchants supporters du PSG, derniers bouc-émissaires en date, alors que quelques mois plus tôt nous étions tous sommés de "supporter" les Bleus ! On a oublié un peu vite que le dernier fils du Ministre de l'Intéreur s'affichait alors parmi les supporters déclarés du PSG... - un futur hooligan ? - mais en tribune présidentielle bien sûr.

Il y a quelquechose de malsain dans les interdictions de stade qui frappent maintenant les supporters à tours de bras. Des jeunes gens se voient exclus d'un loisir somme toute assez anodin sans avoir commis aucun crime. Qu'attend-on pour interdire de bus les incendiaires ? Pour interdire de banlieue les revendeurs de drogue ? Pour interdire du territoire national les repris de justice ?

Les médias se sont curieusement focalisés sur la tribune Boulogne, celle de la victime pourtant, quitte à faire passer pour images de "hooligans" du PSG les photos de supporters madrilènes, voire de supporters... du Hapoël ! Ils n'ont pas jugé utile de porter un même regard scrutateur sur les autres tribunes, celle des visiteurs notamment, ou même sur la tribune de luxe, dite présidentielle, où des propos de même nature que ceux qui valent exclusion aux supporters du KOB sont pourtant rapportés. Et puisque l'on en est à prendre des mesures contre ceux qui crient des injures et tiennent des propos racistes pendant les matchs de football, je demande qu'on sévisse aussi contre les "pétasses" - parce que, oui, c'étaient des jeunes filles - qui gueulaient "A mort l'arbitre" et "A mort les Brésiliens" pendant le match France-Brésil de la dernière coupe du monde retransmis sur grand écran dans un café d'un quartier "branché" du centre de Paris. J'y étais. Je suis prête à témoigner.

Quant au projet d'augmenter encore le tarif des entrées et des abonnements aux tribunes du Parc des Princes, il entraînera de fait l'exclusion de stade des revenus modestes...

Mais c'est qu'il faut maintenant par tous les moyens faire oublier que le mort était innocent. Le scandale du lynchage médiatique qui a suivi la mort de Julien serait trop grand si le public en avait pleine conscience. Je garde en mémoire les propos de ma marchande de journaux, une gentille dame pourtant. Comme je lui disais mon étonnement devant les réactions de la presse à la mort de ce jeune homme, "Ah, mais c'est bien fait ! Les supporters, c'est des racistes !", me fit-elle, rejoignant ainsi la déclaration assez abjecte de Joaquin Masanet, secrétaire général du syndicat UNSA-police déjà cité : "Je déplore qu’il y ait eu un mort, mais c’est quand même des racistes". Je ne savais pas que la peine de mort était rétablie en France. Ravie de l'apprendre !

Un dernier témoignage :
  • Julien Quemener, lui, a quitté le Parc des Princes dès la fin de la rencontre, en compagnie d'Alexandre, son meilleur ami, qui nous raconte comment les faits se sont enchaînés : " Nous nous dirigeons ensemble vers la place de la Porte de Saint-Cloud. Julien veut reprendre sa voiture, qui est garée de l'autre côté de la Porte de Saint-Cloud, car il a un rendez-vous dans Paris. Moi, je veux rejoindre la station de métro de la Porte de Saint-Cloud car je dois rentrer chez moi, dans l'Essonne, en transports en commun. Je suis séparé de Julien à l'extrémité du boulevard Murat, suite à une charge des CRS, situés à proximité de la brasserie des Trois Obus. Nous réussissons à nous retrouver ensuite au bord du boulevard périphérique. Je n'ai plus du tout envie de prendre le métro dans ces conditions et nous décidons alors de rejoindre tous les deux la voiture de Julien. Nous repartons donc ensuite dans la gueule du loup pour traverser la place. Ça chauffe vraiment. Nous sommes sur la route, au milieu de la place, entre le boulevard Murat et l'avenue de Versailles. Nous n'avons pas encore atteint le McDonald's quand je vois une ou deux grenades lacrymogènes lancées par les CRS exploser près de nous. Ça me pique les yeux et, du coup, je fonce vers les arrêts de bus, à l'autre bout de la place. À partir de cet instant, je n'ai plus jamais revu Julien vivant... " Alexandre ne sait donc rien de ce que son ami Julien va faire dans les deux ou trois minutes qui vont suivre. Lorsqu'on retrouve la trace de Julien, il est mort.
http://www.myfreesport.fr/sports/football/ligue1/0/drame-psg-qui-dit-verite-8464.html?xtor=SEC-13&gclid=COKVvvDy84gCFRZZXgodxU0Ouw

Donc, si l'on en croit la version officielle : en 2 mn, Julien renonce à son rendez-vous en ville, se transforme en violent hooligan-fasciste-raciste-antisémite, et se met tout de go à agresser des juifs et à insulter des noirs... (et à crier au milieu des gaz lacrymogènes : Votez Front National !). Très crédible, vous ne trouvez pas ?!

Mais alors que l'information mensongère "Julien, sale raciste, bien fait pour lui" a bénéficié d'une très large couverture médiatique, l'information qui se confirme "Granomort, malade mental affabulateur et dangereux" n'aura pas une diffusion équivalente. De sorte que, même si la vérité peu à peu se fait jour, la plupart des gens n'auront eu vent que de la première version. Sans compter que la justice refuse de juger. Et c'est ainsi que l'on crache sur les tombes...

L'état de la France

Aussi anecdotique qu'elle puisse paraître, l'affaire en dit beaucoup sur l'état de la France ; la collusion des politiques et des médias, ici manifeste ; la déliquescence morale de la justice qui libère si facilement de dangereux criminels (Bodein, Gateau), décide de ne pas poursuivre un meurtrier (Granomort), mais par une étrange inversion de l'échelle des peines, sévira volontiers contre tout propos suspect de phobie envers telle ou telle "communauté" (Houellebecq et compagnie), sans parler des innocents que l'on jette en prison (Outreau), des peines disproportionnées (Lajoie) et des juges au-dessus des lois (Zamour, Renard) ; le recrutement des unités de police hâtivement créées ces derniers temps, comme cette police des transports à laquelle appartient Granomort, où des critères raciaux semblent prévaloir sur la compétence et la probité ; ou encore les manipulations de l'opinion.

Etonnant aussi ce retour soudain de la notion de légitime défense qui semblait avoir disparu, sinon du code pénal, du moins de l'esprit des juges. N'a-t-on pas vu souvent des policiers inculpés pour meurtre dans des cas où la légitime défense était pourtant autrement plus flagrante qu'elle ne l'est ici ? Tout récemment un commerçant agressé à son domicile par trois cambrioleurs qui menaçaient sa femme de viol est parvenu à retourner l'arme d'un de ses agresseurs et a tiré (et tué) l'un d'eux. Légitime défense ? Point du tout, a jugé le juge d'instruction : l'homme a été incarcéré ...avant d'être remis en liberté sur pressions politiques. Il reste cependant inculpé. Alors pourquoi Granomort n'est-il inculpé de rien ?
  • Art. 122-5 du Code Pénal : "N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte."
  • Art. 122-7 : "N’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace."
La légitime défense ne saurait en tous cas prévaloir en ce qui concerne la mort de Julien puisque, au contraire de Mounir Bechaer, celui-ci ne faisait pas partie des agresseurs supposés. Et même en ce qui concerne la blessure par balle de Mounir, l'état de légitime défense n'est pas du tout démontré, Mounir n'étant pas armé (il n'a d'ailleurs pas l'air d'une brute, alors que le policier fait plutôt peur à voir, mais ceci bien sûr est très subjectif).

Mais le cas Granomort n'est pas isolé. On peut le rapprocher de plusieurs autres affaires mettant en scène des mythomanes en mal de reconnaissance. Elles se sont multipliées ces derniers temps et on comprend d'ailleurs très bien pourquoi quand on voit que c'est précisément à ces affaires que les médias ont donné le plus large écho, ce qui ne peut que susciter de nouvelles vocations... Rappelons-nous :
  • L'affaire Nouchet, le 16 janvier 2004 : Sébastien Nouchet accusait des homophobes d'avoir essayé de le brûler vif. Ses accusations se sont révélées depuis sans fondement. Il s'était très probablement mutilé lui-même.
  • L'affaire du RER D, le 9 juillet 2004 : Marie-Léonie Leblanc disait avoir été victime d'une agression à caractère antisémite dans le RER, bien que n'étant pas juive. Il s'avéra peu après qu'elle s'était elle-même dessiné au marqueur des croix gammées sur le ventre.
  • L'affaire Redeker, le 19 septembre 2006 : Au lendemain de la publication d'une tribune dans Le Figaro, l'auteur de celle-ci, Robert Redeker, professeur de lycée, affirme être sous le coup d'une fatwa islamiste... qui semble n'avoir jamais été prononcée.
  • L'affaire d'Espirat, le 26 septembre 2006 : La maison de François Philippe part en fumée. Il accuse le racisme des habitants du village. Un mois plus tard, il a reconnu être lui-même l'auteur, entre autres choses, des inscriptions racistes sur son mur et de l'incendie de sa propre maison, cf. http://club-acacia.over-blog.com/article-4755420.html.
Les mythomanes pullulent. Il faut croire que l'époque s'y prête. Devenir une célébrité médiatique en quelques minutes, c'est tellement simple, tellement tentant. Faire parler de soi, rencontrer les ministres, recevoir un mot du président... Il suffit d'être une victime. La gloire, quoi ! Les esprits fragiles s'y laissent prendre, ils s'adaptent tant bien que mal aux thèmes médiatiques du moment, et la presse applaudit !


JUSTICE POUR JULIEN



Vidéos en hommage à Julien Quemener :
www.dailymotion.com/DAFRIZ/video/xrj4b_julien-01
www.youtube.com/watch?v=O-xDu6O0Ruo
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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 18:29
JUSTICE POUR JULIEN  Justice pour Julien

Suite de l'enquête  Vous avez dit racisme ?
  • "A mon arrivée hier soir au parc des princes, j'ai été surpris du dispositif de sécurité mis en place. Très peu de présence policière autour du stade..." "[...] que dire des dirigeants parisiens qui ont mis en place  le même dispositif pour ce match que pour un match contre Troyes ?" (http://sefairefoot.canalblog.com).
Ceci m'a d'ailleurs été confirmé de vive voix depuis par un fidèle du PSG de longue date. Vers 16h, il n'y avait pas encore de forces de l'ordre aux abords du stade, alors que pour les rencontres avec l'OM, par exemple, elles sont omniprésentes dès le milieu d'après-midi.

Le déroulement du match et l'ambiance dans les tribunes présageaient déjà de bagarres à la sortie. Les services de police présents dans le stade en étaient assurément conscients et, à défaut d'avoir été prévus dès le début, des renforts auraient pu, auraient dû être acheminés durant la seconde mi-temps. Mais là-encore, il n'en fut rien... Suivons encore notre premier témoin :
  • "Réalisant que la sécurité est défaillante et que les forces de l'ordre ne sont pas assez présentes, le PSG réagit enfin. A quelques minutes du terme, le speaker annonce que les visiteurs doivent rester en tribunes. Problème : de nombreux parisiens sont venus soutenir l'Hapoël en tribunes latérales. [...] Les fans de Boulogne enlèvent les bâches, et quittent le stade. Ceux d'Auteuil font de même..."
Et les affrontements peuvent commencer. La sortie des supporters du Hapoël ayant été différée, c'est avec les CRS - une vieille tradition - que les premiers ont lieu, d'abord autour du Parc, puis sur la place de la Porte de Saint-Cloud voisine.

  • Autre témoignage : "A la fin du match, j'ai dû faire demi-tour quand des gens nous ont prévenu qu'il y avait des incidents au bout de la rue du Commandant Guilbaud entre CRS et supps de Boulogne. Je suis donc passé par une rue parallèle où qu'elle ne fût pas ma surprise d'y trouver des dizaines de CRS et de policiers en tout genre à pied, en voiture, à côté du bus, stationnés là à rien faire... Je me suis dit: "Mais que font-ils là ? Ne seraient-ils pas plus utiles porte de Saint-Cloud ?"
Jusqu'ici les témoignages sont concordants, à quelques nuances près suivant l'endroit où chacun était placé dans le stade. Mais pour ce qui est du récit du drame, les versions des trois principaux protagonistes se révèlent contradictoires sur plusieurs points essentiels. Je résume en essayant de ne retenir que les extraits les moins sujets à caution :

Yanniv Hazout, étudiant en management de 23 ans, est à l'ordinaire supporter du PSG, mais, de confession juive, il est venu ce soir-là avec des amis soutenir le club israélien. Ils sont placés en tribune présidentielle, à proximité de la tribune Auteuil. Entrevue pour le magazine Sport (extraits) :

Quel chemin décidez-vous d'emprunter pour quitter le stade ?
  • - On quitte la tribune présidentielle et on longe la tribune Auteuil avant de retrouver le boulevard Murat. Plus on s'approche de la place de la Porte de Saint-Cloud et plus on rencontre de supporters du PSG appartenant au kop de Boulogne. A cette heure-là, il y a encore beaucoup de monde dans la rue et on sent une tension... On voyait au loin des échauffourées entre les CRS et les supporters parisiens."
Comment la soirée a-t-elle basculé?
  • - Des supporters du PSG étaient placés de chaque côté du trottoir et tenaient des propos antisémites. Ils lançaient des " sales juifs ! " à la cantonade. A cet instant, nous arrivons à proximité de la place de la Porte de Saint-Cloud. Quand on entend ces insultes, moi et mes amis tournons la tête pour savoir d'où elles proviennent. Pour eux, c'est comme si on s'était désignés. Nous, nous poursuivons notre chemin.
Combien de personnes vous prennent en chasse ?
  • A chaque fois que je me retourne, je vois deux ou trois personnes à cinq mètres derrière nous.
Comment êtes-vous séparé des amis qui vous accompagnent ?
  • Je me dirige vers les arrêts de bus situés sur la place, diamétralement opposés au McDonald's. Je m'arrête un instant et je constate que mes deux amis sont partis dans une autre direction. Dans le même temps, deux de mes " chasseurs " m'ont quasiment rejoint. Je m'échappe et reprends mes distances. [...]
[Ici quelques remarques s'imposent : 1. les poursuivants éventuels étaient peu nombreux et non des centaines comme on l'a prétendu ; 2. à aucun moment ce jeune homme n'a été rattrapé, ni blessé par qui que ce soit.]

Et là, que se passe-t-il ?
  • Un homme arrive en courant depuis le centre de la place de la porte de Saint-Cloud. Il est noir, environ la trentaine, porte un gros pull blanc, un jean, un béret et des lunettes. Il glisse par terre et reçoit quelques coups. Il se replace ensuite devant moi, face à mes poursuivants et brandit une bombe lacrymogène qu'il actionne à deux reprises. Cela a pour effet de disperser les " chasseurs " les plus proches.
 Porte-t-il un brassard de police?
  • Non. Il n'a pas de signe distinctif. [...]
A quel moment dégaine-t-il son arme pour la première fois ?
  • Dès qu'il n'a plus de gaz lacrymogène. Il sort alors son arme et la pointe sur les supporters.
[Dans une autre déclaration, Yanniv dira ceci : "Je me suis mis à courir quand je me suis senti menacé par les personnes qui couraient derrière moi. J'avais fait 200 ou 300 mètres sur la place et là, il y a eu un policier qui s'est interposé entre nous pour disperser la foule et les dissuader de continuer. A ce moment là, honnêtement, il n'y en avait que trois ou quatre et si je continuais à courir cela se serait terminé". L'intervention de ce personnage, qui se révélera être un policier, était donc superflue... Ceci est aussi à mettre en regard de l'assertion du procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, selon lequel : "Les deux hommes ont été pris à partie par une foule d'une centaine de personnes" (sic).]

A combien de personnes faîtes-vous face ?
  • Quatre ou cinq se montrent particulièrement virulents envers le policier. Je me place derrière lui et l'on progresse alors à reculons et à pas chassés. C'est moi qui le guide. Je vois des voitures de police passer à proximité du McDonald's, ce qui m'incite à aller dans cette direction. Seulement, quand je me retourne une nouvelle fois, ces voitures ne sont plus là. D'ailleurs, quand on y pense, c'est incroyable qu'il n'y ait pas de policiers à cet endroit-là.
 Vous continuez tout de même à vous diriger vers le McDonald's...
  • Oui. On se faufile entre les voitures qui passent sur la place de la Porte de Saint-Cloud. Les mecs balancent des bouteilles de bière vides dans notre direction. Lesquelles s'écrasent sans nous toucher. Finalement, dans toute cette histoire, je n'ai pas eu une éraflure. [...]
Que se passe-t-il ensuite ?
  • On accélère le pas pour tenter de se réfugier à l'intérieur du McDo. Le policier glisse à nouveau, sur le trottoir, et pose un genou à terre. [...] Il se relève. Debout, il pointe son arme en l'air à 60 degrés [...]. Certains supporters crient : " C'est un faux à grenailles ". Quand il tire, cela me rassure car, moi-même, je ne savais pas s'il s'agissait d'une arme véritable et s'il était réellement un policier.
[Visiblement, au vu de la tenue de l'individu et de son comportement maladroit, personne ne soupçonnait en fait qu'il puisse être policier. Les témoins divergent sur la question de savoir s'il a crié "Police !" ou pas, et Yanniv se contredit d'ailleurs lui-même sur ce point. Toujours est-il que personne n'y a cru. Et contrairement à ce qui a été dit, Yanniv n'a pas du tout sollicité son aide]

A ce moment-là, tire-t-il à bout portant sur un individu ?
  • Je n'ai pas le souvenir que l'arme touche le corps d'un quelconque individu. Je me souviens seulement d'un coup de feu tiré en l'air. C'est d'ailleurs la seule détonation que j'ai entendue. Si le coup de feu avait touché quelqu'un, je l'aurais vu. J'étais placé juste derrière lui, à 1m. Or, je n'ai vu personne tomber. [...]
 L'avez-vous vu ou entendu tirer ?
  • Oui, j'ai vu le coup partir. J'étais à l'extérieur du restaurant, je le répète, un mètre derrière lui.
Confirmez-vous qu'il n'y a eu qu'une seule détonation ?
  • Oui, j'en suis sûr et certain.
(www.myfreesport.fr/sports/football/0/exclusif-recit-integral-temoin-essentiel-drame-psg-8108.html)

Ces derniers propos laissent perplexe. Un "tir à 60°", c'est du langage de policier. Comment se fait-il que Yanniv emploie cette expression... qui reprend mot pour mot la déclaration du policier lui-même ? Je cite : Le policier a expliqué avoir tiré "à un angle de soixante degrés plutôt en l'air en direction de quelqu'un qui se situe entre 50 centimètres et un mètre". Quand un coup de feu est tiré, le plus important est quand même de savoir sur qui... Il est étonnant que Yanniv n'ai gardé aucun souvenir du moment crucial alors qu'il dit être à un mètre du policier et que la première victime, Mounir Bouchaer, touché en pleine poitrine, est aussi à un mètre... et je ne pense pas qu'avec le poumon perforé il soit resté debout bien longtemps. De plus, si je ne sais pas ce qu'est un tir à 60°, je sais en revanche que tirer en l'air, ce n'est pas du tout la même chose que de tirer dans la poitrine de quelqu'un. Il s'agit bien d'un tir à hauteur d'homme et pratiquement à bout portant.

Le premier récit du policier - puisque malgré les apparences et les "gaffes", c'est bien d'un policier qu'il s'agissait - est sensiblement différent...
  • "J'ai pris un premier coup de pied qui m'a jeté à terre. J'ai reçu un autre coup et j'ai perdu mes lunettes de vue."
  • Puis, alors que, prétend-il, il est allongé sur le trottoir : 
  • "J'ai vu le groupe grossir. Au moment où je sortais mon arme de son étui, j'ai vu comme une ombre impressionnante qui fonçait sur moi [un mamouth préhistorique ?]. J'étais couché sur le côté. J'ai pris appui sur mon bras et j'ai tiré au jugé. J'ai bien eu l'impression de viser en l'air..."
  • (Paris Match, n° 3002, 29 novembre 2006, p. 70-73)
Premières contradictions flagrantes et premiers mensonges. Le policier dit n'avoir dégainé qu'une fois à terre, alors que tous les témoins et Yanniv compris l'ont vu debout l'arme au point peu de temps après son entrée en scène. Il prétend en outre avoir tiré depuis le sol, ce qui est non seulement contredit par les témoins, mais l'est surtout par une étude élémentaire de trajectoire : la balle, après avoir traversé la poitrine de Mounir de part en part, comme on peut en juger sur la vidéo ici (www.pariscasuals.com/html/accueil.php), ira frapper Julien en plein cœur, ce qui implique un tir debout à l'horizontale, et non du bas vers le haut. Mounir le confirmera depuis son lit d'hôpital :
  • Le Figaro : Le policier a été frappé, il vous a tiré dessus alors qu’il était à terre.
  • M. Bouchaier : C’est complètement faux. La trajectoire de la balle est droite parce que le policier m’a tiré dessus à bout portant, alors qu’il était debout. Elle m’a perforé le poumon et m’a fracturé une côte. J’ai frôlé la mort.

Menteur invétéré

C'est que le policier en cause n'en est pas à son premier exploit. Antoine Granomort était en effet déjà assigné à comparaître devant la justice le 20 juin 2007 pour une autre affaire édifiante. Il sera jugé en correctionnelle pour "escroquerie" et "dénonciation d'infraction imaginaire". D'après Le Figaro et Le Nouvel Observateur :

  • L’histoire remonte à février-mars 2005 [ou 2004 ?]. Un homme dépose plainte pour une escroquerie sur sa carte de crédit. Une enquête préliminaire est alors ouverte par " la section des fraudes aux moyens de paiement " au parquet du pôle financier parisien et révèle que la carte bleue a été frauduleusement utilisée à 44 reprises pour un montant global de 13 200 euros. Les soupçons se tournent vers Antoine Granomort, le gendre du détenteur de la carte de crédit. Mais  devant les enquêteurs, le policier explique, pour se justifier, qu’il aurait été séquestré par un groupe d’individus qui auraient abusé de lui, le contraignant à leur remettre des fonds à plusieurs reprises. Antoine Granomort a même déposé plainte pour ces faits.
  • Les investigations immédiatement engagées pour " extorsion aggravée et viol en réunion " ont tôt fait de démontrer que le policier n’a été victime d’aucune agression et que la dénonciation est mensongère. De source judiciaire, on explique qu’Antoine Granomort aurait tout simplement utilisé la carte bleue de son beau-père puis monté " un gigantesque mensonge " pour se couvrir.
Pour justifier un premier délit crapuleux, le policier Granomort, alors employé de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) depuis 2003, avait donc déclaré avoir été enlevé, séquestré, violé (!) et mis à rançon de 15.000 euros, d'où l'emprunt indélicat d'une carte bleue... Et il avait à son tour porté plainte. Un mensonge en appellant un autre, le policier prétendait aussi que trois ans plus tôt, en 2001, il aurait lui-même extorqué un peu plus de 5.400 euros (36.000 francs à l'époque) à des "acheteurs de drogue" au cours d'une arnaque. Ce sont ces derniers qui, selon ses dires, lui réclamaient de l'argent sous peine de représailles... Mais très vite les enquêteurs avaient établi la fausseté de ces affirmations et le faux plaignant encourt cinq ans de prison, 375.000 euros d'amende et d'éventuelles sanctions disciplinaires.

Le plus étonnant de l'affaire est que cet escroc affabulateur, qui exerçait peut-être aussi à ses heures perdues l'honnête métier de revendeur de drogue... n'ait pas été aussitôt suspendu de ses fonctions et continue d'exercer ses talents dans la police, talents auxquels s'ajoute maintenant celui de meurtrier !

Mais quelques précisions cliniques s'imposent :
  • La mythomanie, décrite par Dupré en 1905, est une tendance plus ou moins volontaire et consciente aux mensonges et à la création de récits imaginaires. Alors que le mensonge normal est épisodique, motivé et proportionnel à son but (par exemple le mensonge par charité), le mensonge pathologique est à la base de la fiction fantasmatique du récit du mythomane.
  • La mythomanie n'est donc pas seulement l'action de fabuler ni celle de mentir. C'est une véritable constitution, un type de déséquilibre entraînant l'élaboration de récits d'événements et d'actes qui n'ont pas eu lieu mais que le malade fait croire à autrui. Il dit en avoir été le témoin ou l'acteur et s'y décrit souvent dans une position avantageuse, ou au bénéfice secondaire important (par exemple pour rechercher à se faire plaindre).
  • Quand cette tendance persiste après la fin de l'adolescence, elle est considérée comme un trouble du comportement. Elle est alors qualifiée de mythomanie et peut, non traitée, annoncer un désordre psychiatrique plus grave : névrose ou même psychose.

Alors un "héros qui mérite la légion d'honneur", Granomort ? Ou un malade mental qui, en l'absence de traitement psychiatrique approprié, présente un risque certain de récidive ? Il serait peut-être bon de se demander si ce passage à l'acte que constitue le meurtre d'un supporter du PSG n'est pas un premier épisode psychotique...

Meurtre ou assassinat, la question reste posée, car compte-tenu du profil psychologique du personnage et de son comportement agité, fort peu professionnel (sans prévenir ses collègues, il se précipite seul vers un groupe de supporters, les asperge de gaz lacrymogène et tire...), on peut à bon droit se demander si cette action de mauvais werstern n'a pas été voulue par lui et préméditée. Ne voulait-il pas se faire passer pour un héros ? D'ailleurs, d'Antoine Granomort "le sauveur", de Yanniv Hazout ("c'est moi qui le guide") ou de Mounir Bouchaer, c'est à qui sera le héros de l'histoire. Mais Julien Quemener, lui, n'avait rien demandé.

Pourtant moins de 24 heures après la mort de Julien, alors que le principal témoin, Mounir Bouchaer, grièvement blessé, n'est toujours pas entendu, le procureur de la république conclut en toute hâte à un cas de légitime défense. Le vendredi 24 novembre en fin de journée, Jean-Claude Marin, procureur de la République de Paris, tient en effet une conférence de presse. Passant outre les témoignages contradictoires, il affirme que le policier "a opté pour une attitude courageuse en protégeant un supporter du club de Tel-Aviv ", qu'il a dû faire face "à une horde de personnes excitées et extrêmement agressives" et qu'il a agi "dans un état de légitime défense". Et le surlendemain, Antoine Granomort, entendu par le juge d'instruction en qualité de simple " témoin assisté ", est laissé libre. Il ne sera pas inculpé...

Le procureur semble donc avoir accordé le plus grand crédit aux déclarations du policier puisque c'est sa version des faits qu'il retient. On aurait pu supposer que dans les premiers moments après le drame, la justice n'était pas au courant des antécédents de Monsieur Granomort. Mais d'après un témoignage recueilli par Libération dans les milieux judiciaires, il n'en est rien : "Ce passif que nous connaissions n'entache pas sa crédibilité. On peut se retrouver dans une carambouille et se comporter de façon remarquable."

Comment peut-on oser dire que la mythomanie d'un individu n'entache pas sa crédibilité ???
L'affaire Granomort : un simple fait-divers ?
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1 décembre 2006 5 01 /12 /décembre /2006 23:58

Jeudi 23 novembre 2006. Il est 23h passées. Place de la Porte de Saint-Cloud, non loin du Parc des Princes, sur le trottoir de Paris, un jeune homme agonise. Il se nomme Julien Quemener. Il n'a que 25 ans. Il vient de prendre une balle en plein cœur.

Portrait en guise de requiem

Tranquille, amical, serviable et travailleur, Julien est un jeune homme sans histoires. Originaire de Dinard en Bretagne par ses grands-parents paternels, il vit en banlieue sud, à Savigny-sur-Orge, avec son père menuisier, sa mère, employée à la fac d'Orsay, son jeune frère et une cousine de Marseille. Il aime la voile et le foot, mais surtout depuis quatre ans il est amoureux d'Emilie, une frêle eurasienne de 19 ans. Ils ont prévu de s'installer ensemble dans un petit appartement que le père de Julien finit de retaper pour eux. Une vie simple.

Depuis tout petit, comme Antoine, son ami d'enfance, le jeune homme est fan du PSG : "On voulait supporter le PSG, mais on ne savait pas dans quelle tribune, Auteuil ou Boulogne ? dira Antoine à des journalistes de Paris Match [n° 3002, 29 novembre 2006]. On a finalement choisi Boulogne pour l'ambiance festive. Et pour rien d'autre. Cornes de brume, écharpes, maquillages, drapeaux... Il n'y a qu'à venir au Parc pour voir que c'est là où l'on s'amuse le plus et où l'on chante le plus fort".

Mais voilà, la tribune Boulogne du Parc des Princes, c'est ça :

Hooligans du KOB au Parc des Princes

Vous aurez remarqué les couleurs bleu-blanc-rouge qui montrent bien que ces hooligans sont de dangereux nationalistes... très différents des supporters "normaux" comme ceux-ci qu'on nous montrait il y a quelques mois :

Supporters français lors de la Coupe du Monde 2006

Et, bien entendu, ceci...
Supporters du PSG (racistes)

...n'a rien à voir avec cela :
Scène de liesse après une victoire des Bleus
 lors de la Coupe du Monde (Montpellier, juin 2006)

Julien ne faisait pas de politique. Il n'avait jamais voté et n'avait d'ailleurs même pas de carte d'électeur. Il n'était pas un délinquant. Il n'était pas non plus un extrémiste, de quelque espèce que ce soit. Encore moins un "fasciste". Pourtant le soir du drame, il est à peine mort que la curée commence...

Paroles de haine

Pour la classe politique, les principaux médias, les hautes autorités de l'administration et les associations officielles, le scandale du 23 novembre Porte de Saint-Cloud, ce n'est pas la mort d'un gentil jeune homme de 25 ans. Non, le scandale, la tragédie, ce sont les propos racistes attribués aux supporteurs du PSG. Qu'on en juge par les extraits qui suivent (empruntés au site du Nouvel Observateur), ad nauseam :
  • "Cet événement m'inspire un sentiment non seulement de condamnation, non seulement de stupéfaction mais aussi d'horreur. Ces violences sont scandaleuses, les propos racistes, quelle que soit leur nature sont honteux et indignes et doivent être condamnés, et bien entendu je les condamne avec la plus grande fermeté." (Jacques Chirac, président de la République française, 24 novembre 2006)
  • "C'est un drame qui montre à quel point ces violences sont inacceptables. Nous nous sommes mobilisés au fil des dernières années avec Nicolas Sarkozy pour apporter les justes réponses et en particulier permettre des actions préventives d'interdiction de stades. Nous le voyons, il faut prendre des dispositions nouvelles. Il faut s'assurer que la répression pour tous ceux qui usent des violences dans les stades soit exemplaire." (Dominique de Villepin, premier ministre, 24 novembre 2006)
  • "Ces tensions et ces violences dont les conséquences peuvent être dramatiques, à l'image de ce qui s'est produit hier soir à l'occasion du match PSG - Hapoël Tel-Aviv, sont inacceptables et ternissent l'image du sport". (Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse et des sports, 24 novembre 2006)
  • "Je crois qu'il y a une solution radicale et efficace, qui est de fermer les tribunes où se passent les phénomènes de violences. Sans doute ce n'est pas fait pour des problèmes financiers, mais lorsqu'on met en face à face les recettes contre ce qui se passe, je pense qu'aujourd'hui il faut arrêter de lésiner et il faut fermer les tribunes où se passent ce type de violence. C'est quand même incroyable ce fonctionnement de l'ordre public, qui sait parfaitement lorsque les supporters entrent dans les stades ce qui va se passer, et qui laisse entrer ces supporters. Il faut que le club prenne ses responsabilités, qu'il ferme les tribunes où se passent ces déclenchements insupportables de violence, de racisme et d'antisémitisme." (Ségolène Royal, candidate du Parti Socialiste à la présidence de la République, 25 novembre 2006)
  • "En tout état de cause la gravité de cet évènement vient de confirmer la nécessité absolue de combattre le racisme et l'antisémitisme dans l'environnement des supporters du PSG". "J'entends que désormais l'image et les valeurs de Paris soient respectées en toute circonstances : elles ne peuvent s'accommoder de la moindre forme d'intolérance. C'est pourquoi des actes significatifs doivent être posés". (Bertrand Delanoë, maire de Paris, 24 novembre 2006)
  • "Les bandes de voyous qui se nomment supporteurs ne doivent plus avoir leur place dans l'enceinte du Parc des Princes et ailleurs". "Ces manifestations de violence inqualifiables et sans doute teintées de racisme doivent être sanctionnées avec la plus grande fermeté". (Claude Goasguen, député UMP du XVI arrondissement de Paris, 24 novembre 2006)
  • "Il faut nettoyer la tribune Boulogne. Je pense que les dirigeants du Paris Saint-Germain doivent réfléchir à la question de savoir s'il ne faut pas maintenant faire venir à la tribune Boulogne un public qui correspond à ce qu'est le reste du public au Parc des princes, qui n'est pas raciste et qui n'est pas violent. Je pense que le PSG doit se poser la question dans un premier de temps de savoir s'il ne faut pas d'ici le reste de la saison jouer devant la tribune Boulogne vide. Et à ce moment il faut qu'il y ait le concours des forces de l'ordre parce que ce sera un bras de fer." (Pascal Cherki, adjoint au maire de Paris, chargé des sports, 25 novembre 2006 sur RTL)
  • "Ces ultra-violents, on les connaît. Ils sont tous répertoriés et pourtant, ils continuent à aller au stade." "Le ministre de l'Intérieur doit arrêter de brasser du vent. Nous demandons que les gens classés en catégorie C soient interdits définitivement de stade. Ceux classés en catégorie B doivent se voir interdire de stade à titre temporaire." (Didier Bariani, président du groupe UDF au Conseil de Paris)
  • "C'est une agression à caractère antisémite, c'est vraiment ça venant du Kop Boulogne, c'est toujours ça". "A l'issue du match, au moment de la dispersion des supporteurs, il y [avait] à peu près 200 supporteurs du Kop Boulogne du PSG". "Ce sont des gens extrêmement violents, extrêmement dangereux, animés par une idéologie d'extrême droite". (un porte-parole du syndicat Synergie-officiers, 24 novembre 2006 sur RTL)
  • "Je déplore qu'il y ait eu un mort du côté des supporters du PSG, mais ce sont quand même des gens qui sont racistes". "Il faut quand même savoir que le 'kop' de Boulogne [...] c'est à peu près 150 personnes [...], des sauvages, des voyous". (Joaquim Masanet, secrétaire général de l'UNSA-police, 24 novembre 2006, sur France Info)
  • "Tout ça est terrible. Dans cette affaire, le racisme et l'antisémitisme se mélangent comme d'habitude, […] c'est la violence banale, banalisée. Toute la société doit se mobiliser, les parents, les enseignants, tout le monde, pour qu'on apprenne à vivre ensemble en France. Ce qui se passe est grave pour la société française." (Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France - CRIF, 24 novembre 2006)
  • Et la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme - LICRA "constate, depuis le début de la saison, un réel durcissement des agressions racistes au Paris SG, dans des circonstances de plus en plus violentes", et "condamne avec fermeté" les violences survenues jeudi soir. Elle rappelle qu'elle "dénonce, et ce depuis plusieurs années, le climat d'insécurité et de terreur (violences racistes et antisémites, ratonnades, lynchages) qui règne à chaque match dans les allées du Parc des Princes". (24 novembre 2006)
  • "Un mort à la fin d'un match: ça devait arriver. Ce qu'il s'est passé est extrêmement grave et résulte d'un climat de violence et de racisme présent dans et autour de trop nombreux stades. Cet état de violence est dénoncé depuis plusieurs années par tous ceux qui aiment le football..." (SOS-Racisme, 24 novembre 2006)
  • "Ces faits inacceptables, même s'ils émanent d'une minorité, prouvent malheureusement que les actions déjà mises en œuvre par la Fédération française de football et la Ligue de football professionnel, en liaison avec les pouvoirs publics, pour lutter contre la violence et le racisme doivent être poursuivies et intensifiées pour éradiquer ce fléau qui détruit les valeurs du sport". (Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football, 24 novembre 2006)
Personne ne savait encore ce qui s'était exactement passé ce soir-là, si ce n'est qu'un jeune homme encore inconnu de tous était mort. Mais des déclarations unanimes complaisamment diffusées dans la presse, il ressortait bien que Julien Quemener ne pouvait être qu'un sale raciste. Qu'il crève ! Un seul montrera un peu d'humanité pour la famille du jeune homme, Alain Cayzac, président du club Paris Saint-Germain : "C'est un événement dramatique. Avant d'être président, j'ai été dirigeant historique et je suis bouleversé car c'est la première fois dans l'histoire du club qu'il y a un mort. Tout le reste est secondaire par rapport à ce drame. [...] le reste ne sont que des mots." Mais pour avoir fait part de "sa profonde compassion à la famille du supporteur décédé", il sera aussitôt dénoncé par SOS-Racisme et l'Union des étudiants juifs de France !

Le dimanche 26 novembre, le PSG était en déplacement à Nantes pour son premier match après le drame. Ces supporters, que l'on présente comme des brutes épaisses, surent se montrer bien plus dignes que beaucoup de nos messieurs les importants. Ils avaient souhaité, en accord avec les dirigeants du club, que soit observée avant la rencontre une minute de silence en mémoire de Julien. C'était la moindre des choses. La Ligue de football y opposa un refus catégorique. Solidaires des parisiens, les supporters nantais avaient apporté une gerbe de fleurs pour la déposer sur la pelouse du stade. Le préfet s'y opposa !

Que s'était-il donc passé le soir du 23 novembre pour que l'on insulte aussi ouvertement la mémoire d'un mort ?

A suivre...
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6 août 2006 7 06 /08 /août /2006 01:10

Bientôt la suite du "Projet socialiste"... Quel suspens !

Enfin bon, je ne sais pas si vous aurez la suite parce que... qu'est-ce que ça me barbe ! Ces politiques là, vous ne pensez pas qu'ils pourraient écrire en français correct, non ? Toutes ces phrases creuses, ces formules artificielles, ces néologismes imbéciles, pouah ! Et allez repêcher une idée qui se tienne dans tout ça...

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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 23:59

Poursuivons l'analyse du "Projet socialiste", troisième partie, avec le chapitre VI ("L'immigration partagée") :

"L’immigration est un atout pour notre pays, à condition qu’elle soit maîtrisée, qu’elle s’accompagne d’une politique d’accueil et d’intégration efficace et qu’elle s’appuie sur un véritable partenariat avec les pays d’origine. Les socialistes combattent depuis toujours la méfiance de l’autre et encore pire, la haine de l’autre. Nous reviendrons sur les dispositions des lois Sarkozy qui ont précarisé la situation des immigrés installés depuis longtemps dans notre pays. Nous restaurerons la possibilité de régularisation après 10 ans de résidence. Nous respecterons le droit au regroupement familial pour protéger les enfants scolarisés, nés en France, ou y vivant depuis longtemps. Nous mènerons une politique de fermeté à l’égard de l’immigration illégale. Notre pays ne peut accueillir tous ceux qui le souhaitent. Il nous faut par conséquent dissuader l’immigration illégale et démanteler les filières mafieuses (augmentation des moyens de l’inspection du travail et aggravation des peines encourues pour les employeurs en infraction). Nous serons à l’initiative d’une politique européenne pour créer une police commune présente aux frontières extérieures de l’Union. Nous bâtirons un projet migratoire individuel pour une insertion réussie. Ce contrat permettra l’accompagnement personnalisé de l’étranger au moment de son arrivée sur le territoire français, avec la création d’un guichet unique d’accueil et d’insertion. Le régime des cartes de résidence assurera une plus grande stabilité du séjour aux étrangers. A cet effet, nous rationaliserons les administrations en charge de l’accueil des immigrés. Nous rendrons plus simple et plus solennelle l’accession à la nationalité française : une journée du citoyen rassemblera chaque année dans chaque mairie les Français lorsqu’ils atteignent l’âge de la majorité ou quand ils sont naturalisés. A cette occasion, les principes fondamentaux de la république seront rappelés. Nous veillerons au respect effectif du droit d’asile en assurant aux réfugiés statutaire un accompagnement individualisé pour améliorer leur situation. Nous accorderons une attention particulière à la place des femmes dans les processus d’insertion des migrants car elles jouent un rôle déterminant dans la transmission du langage, de la culture, et des valeurs et peuvent transmettre à leur famille les points de repères indispensables pour une intégration réussie. Nous construirons un partenariat avec les pays d’origine fondés sur le co-développement, l’immigration partagée, en multipliant les possibilités d’aller et retour, en favorisant l’investissement dans les pays d’origine mais aussi avec la signature d’accords de réadmission des immigrants illégaux dans les pays d’origine, des relations de coopération étroite doivent s’installer avec ces pays. Un grand plan européen à destination de l’Afrique devrait ainsi permettre de relancer le projet de Banque Euro-Méditerranée."

Peu de nouveauté dans ce programme en fait.

1) Le postulat de "l'immigration, atout pour notre pays" et les bons sentiments faussent la perception de la réalité d'une pression migratoire qui va croissante et des problèmes très graves qui en découlent (traite humaine et trafics en tous genres, délinquance et criminalité, justice engorgée et prisons saturées, déficit de la Sécurité sociale, révision des salaires à la baisse, déracinement culturel des immigrés comme des autochtones, sans parler de la substitution de population). La différence artificielle entre immigration légale, qui serait bonne, et immigration illégale, mauvaise et à laquelle on prétend appliquer une "politique de fermeté", est dépourvue de sens à partir du moment où l'illégal devient légal au bout de 10 ans d'illégalité.

2) Le budget de l'Inspection du travail est tellement dérisoire qu'on pourra toujours l'augmenter, le doubler même, cela n'empêchera en rien les filières d'immigration de continuer leurs transferts lucratifs. En revanche, des mesures plus dissuasives contre les employeurs de clandestins pourraient effectivement se révéler efficaces, encore ne touchent-elles que l'immigration de travail.

3) Au-delà des mots ronflants, le "projet migratoire individuel pour une insertion réussie" et autres "journée du citoyen" semblent bien dérisoires, et la police européenne aux frontières laisse assez dubitatif.

4) Le respect du droit d'asile est une chose, mais aucune allusion n'est faite ici au détournement de ce droit par les filières migratoires.

5) L'attention particulière que le PS entend accorder aux femmes immigrées dans les "processus d'insertion" risque cependant d'achopper sur le statut extrêmement dévalorisé de la femme parmi beaucoup de ces populations immigrées.

6) Des partenariats existent déjà avec la plupart des pays d'origine de l'émigration africaine et maghrébine, sans compter les vieilles relations du type Françafrique... Il faudrait certes une coopération plus étroite avec des pays comme l'Ukraine ou la Moldavie, mais de ceux-là il ne semble pas être question dans le programme socialiste. Par contre, je n'ai pas compris ce qu'il faut entendre par "immigration partagée"... Est-ce que quelqu'un comprend ??? Enfin la banque euro-méditerranée existe déjà, à ce qu'il me semble : elle s'appelle Norwich Union.

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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 23:18

La troisième partie du "Projet socialiste" dont nous poursuivons l'analyse comprend un chapitre sur les Départements et Territoires d'Outremer, un sujet de politique intérieure a priori, mais dont le traitement par le PS ne sera peut-être pas sans conséquences géopolitiques (chap. II "Un nouvel âge de la décentralisation", § D "Valoriser les Outre-mer") :

"Les Outre-mers sont un atout pour la République. Il s’agit de permettre l’affirmation des identités ultra-marines au sein d’une République qui s’accepte et se revendique multiculturelle. Cette approche signifie naturellement promouvoir l’image des Outre-mers dans une France fière de sa diversité, valoriser le potentiel économique des ultra-marins, favoriser un développement durable. Ces territoires constituent une chance considérable en termes de bio diversité et de ressources naturelles. Mais, ces territoires ont également des handicaps structurels sur lesquels la République doit faire un effort particulier. En effet, à l’instar de l’Union européenne, l’Etat doit reconsidérer sa démarche dans les contrats de plan Etat-Régions en augmentant, de manière significative, sa participation financière, pour réduire les contraintes structurelles dues à l’éloignement, la taille de leur territoire, le relief et le climat difficiles, la démographie, la limitation du marché local. C’est sur une base contractuelle, régulièrement évaluée, que nous entendons respecter clairement les choix de la population et des élus d’Outremer pour assumer la meilleure gouvernance en utilisant toutes les possibilités qu’offre la Constitution. Après évaluation visant à atteindre une meilleure efficacité, les dispositifs spécifiques d’Outre-mer en matière sociale et fiscale, seront étendus au profit du logement social et de l’emploi solidaire. Des mesures fortes, telles que les baisses ciblées de TVA et d’abaissement du coût du transport des personnes, de services et de biens doivent permettre d’atteindre l’égalité réelle et d’aboutir à une diminution de moitié du chômage en dix ans. Le rôle des collectivités d’Outre-mer à l’international sera renforcé dans leur zone géographique, notamment dans la discussion des partenariats économiques. E Nous transformerons l’assemblée des Français de l’étranger en collectivité publique sur le modèle d’un Conseil Général d’outre-frontière."

D'où il ressort que le PS envisage 1) d'augmenter les subventions allouées aux départements d'outremer, et 2) de leur accorder l'autonomie voire l'indépendance, si l'on en croît cette phrase sibylline : "C’est sur une base contractuelle, régulièrement évaluée, que nous entendons respecter clairement les choix de la population et des élus d’Outremer pour assumer la meilleure gouvernance en utilisant toutes les possibilités qu’offre la Constitution."

Pour ce qui est des subventions, elles sont pourtant déjà considérables et se chiffrent en milliards d'euros (en moyenne 450 euros par an de fonds publics pour chaque habitant et plus encore en Guyane), sans compter la défiscalisation (lois Pons et Girardin) et des charges sociales moins élevées qu'en métropole. Il n'est pas dit que l'augmentation des subventions conduise à une baisse du chômage qui sévit dans ces départements ; elle pourrait même avoir exactement l'effet inverse car on y gagne moins à travailler qu'à percevoir les aides sociales.

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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 20:46

L'élection présidentielle d'avril-mai 2007 approche. Le choix du président pèsera lourd sur la politique étrangère de la France dans les années à venir. Les réactions de certains futurs électeurs aux événements du Proche Orient montrent aussi que les questions de géopolitique peuvent influer sur le vote d'une partie d'entre nous. Géopolis se propose donc d'examiner le programme des candidats en lice et de leurs partis en matière de politique internationale.

Disons d'emblée qu'il faudra s'habituer à lire entre les lignes : les programmes politiques et autres déclarations d'intention sont assez largement rédigés en un langage codé qui tient à la fois de la langue de bois et du flou pas toujours artistique, l'intention à peine dissimulée étant bien sûr de plaire au plus grand nombre d'électeurs potentiels... Il y a donc parfois un fossé entre les déclarations et les intentions réelles... Mais l'exercice peut quand même être instructif et aider les indécis à se déterminer.

Nous commencerons par le parti socialiste, tous candidats à la candidature confondus puisque sous le titre de "Projet socialiste" le programme dont nous reproduisons des extraits ci-après a été adopté par les membres du PS d'un commun accord. La première partie, "Réussir le plein emploi dans un développement durable", aborde brièvement la question européenne (chap. I, § E "L'Europe mobilisée") :

"Nous [entendons : les socialistes] souhaitons renforcer le pilotage économique de la zone euro et travaillerons à la mise en place d’un véritable gouvernement économique, avec un objectif d’emploi, de croissance et d’innovation. Nous voulons donner à l’Europe la capacité d’investir dans l’avenir en augmentant fortement le budget européen, particulièrement la part du budget de la recherche, et en décidant le lancement d’un emprunt européen avec la Banque européenne. Nous proposerons d’instituer un salaire minimum dans chaque pays européen pour lutter contre le dumping social."

Le PS se propose donc 1) d'accroître les pouvoirs de Bruxelles et par conséquent de diminuer l'autonomie des nations dans ce domaine pour concentrer les prérogatives économiques aux mains d'un "gouvernement économique" dont on ne sait pas très bien d'ailleurs s'il coïncide ou non avec les institutions existantes de l'Union européenne ; 2) d'augmenter fortement le budget européen à la fois par un emprunt et bien sûr par l'impôt car c'est surtout par là que les budgets augmentent... ; 3) d'instituer un salaire minimum européen.

Pour juger de l'effet de cette dernière mesure, censée lutter contre le "dumping" social, il faudrait cependant un objectif chiffré car il est très peu probable que les pays de l'Union s'accordent pour aligner ce salaire minimum sur celui de la France... A titre de comparaison, le salaire minimum était en septembre 2004 de 125 euros en Lituanie contre 1173 euros chez nous en valeur absolue, l'écart entre le plus bas et le plus élevé étant de 1 à 12, et même en prenant en compte le pouvoir d'achat, il reste de 1 à 4. Six pays de l'Union seulement ont un salaire minimum supérieur à 1000 euros, contre douze qui ont un salaire minimum inférieur ou égal à 600 euros et sept pays qui n'ont pas de salaire minimum du tout. Etant donné que le dynamisme de certaines économies de l'Union comme celle de la Slovaquie tient en partie au faible coût de la main d'oeuvre sur place, cette proposition restera sans doute un voeu pieux. Et si elle n'est pas assortie de mesures efficaces contre les délocalisations, le "dumping" continuera mais au lieu de délocaliser en Europe, on le fera hors d'Europe...

Le plus vraisemblable est cependant qu'un salaire minimum européen conduise de fait à diminuer le salaire minimum des Français...

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4 juillet 2006 2 04 /07 /juillet /2006 23:00

J'essaie ici de résumer la discussion. Longtemps Marie pour les filles et Jean pour les garçons ont été les prénoms les plus donnés en France.

Les prénoms d'aujourd'hui témoignent des changements de civilisation en cours. Parmi les facteurs qui semblent influencer le choix d'un prénom particulier par les parents et les modes onomastiques générales, les plus importants semblent : la déchristianisation, l'influence de la télévision et notamment celle des séries américaines, les changements de population et les phénomènes migratoires.

Le goût des voyages et de l'exotisme peut jouer aussi un rôle, de même que la notoriété de tel ou tel acteur ou telle ou telle mannequin.

Le prénom est en outre révélateur d'une volonté d'intégration sociale ou au contraire d'une affirmation identitaire. Prenons le cas d'Inès. Très rare en France et réservé à une élite aristocratique qui lisait les Lusiades ou Montherlant (1), il s'est répandu avec les familles lusophones et hispanophones puisque ce prénom est la forme ibérique de Agnès (2). La célébrité d'Inès de la Fressange lorsqu'elle était mannequin pour la maison Chanel (qui relève d'abord du cas n° 1), assure ensuite sa diffusion dans la bonne bourgeoisie (3). Aujourd'hui c'est le prénom que choisissent le plus volontiers pour leurs filles les ressortissants du Maghreb (4) et par conséquent... il est le plus donné en France ! 

Il s'agit en fait de deux racines linguistiques différentes sans rapport entre elles si ce n'est qu'elles se prononcent pareil, l'une indo-européenne et chrétienne : Inès / Agnès, l'autre arabe mais qui, transcrite en caractères latins avec restitution des voyelles, s'écrit aussi Inès.

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 16:46

Les rapports d'Amnesty international sur la situation des droits de l'homme dans différents Etats de la planète font référence. Les cas d'assassinats, de tortures et d'emprisonnements politiques sont légions et doivent être dénoncés. C'est la mission de vérité que s'est assignée cette organisation, dans l'espoir que les dénonciations et les pressions internationales éventuelles pourront contribuer à améliorer le sort des populations qui sont victimes des exactions dénoncées.

En cherchant des informations sur quelques pays particulièrement touchés, j'ai donc eu la surprise de tomber sur... la France ! Non pas que je crois la France au-dessus de tout soupçon en cette matière, mais ma surprise vient d'un résumé du contenu du rapport 2006 disponible sur le site internet d'Amnesty, rubrique "France", où on lit ce qui suit (avec mes commentaires entre crochets) :

"Le gouvernement a décrété l’état d’urgence en novembre, après que de graves troubles eurent éclaté dans de nombreuses villes du pays [rappelons que dans la pratique, le prétendu "état d'urgence" n'a pas été appliqué].

Le ministre de l’Intérieur a également annoncé l’expulsion immédiate de certains étrangers impliqués dans les émeutes [même remarque].

De nouvelles dispositions législatives et réglementaires ont restreint le droit de demander l’asile et celui de voir sa requête examinée au fond. Un rapport d’Amnesty International a démontré que les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à la police depuis dix ans n’étaient pas des cas isolés et que les auteurs présumés de tels actes n’étaient pas toujours amenés à rendre compte de leur actes devant la justice [???].

Le racisme des policiers et d’autres agents de l’État visait les personnes de confession musulmane ou issues d’une minorité ethnique [où l'on apprend que par sa nature intrinsèque le policier français est nécessairement un sale raciste !].

Un projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme prévoyait d’autoriser des périodes plus longues de détention au secret, supprimant ainsi des garanties contre le recours à la torture et les mauvais traitements et renforçant l’impunité de fait des agents de la force publique. De nouvelles dispositions réglementaires ont imposé la réduction du délai de dépôt d’une demande d’asile et l’obligation de rédiger le dossier en français. État d’urgence : Le mécontentement que soulevaient chez certains immigrés et Français d’origine africaine les pratiques discriminatoires dans des domaines tels que l’emploi et la colère contre le comportement souvent raciste et agressif de la police ont éclaté à la suite de la mort, dans des circonstances controversées, de deux adolescents en octobre [les émeutiers n'ont pourtant à aucun moment demandé qu'on leur donne du travail].

Réagissant aux émeutes qui se sont déroulées dans de nombreuses zones urbaines du pays [aurait-il dû davantage laissé faire ?], le gouvernement a instauré l’état d’urgence à compter du 9 novembre. La mesure concernait l’ensemble du territoire métropolitain, et des dispositions spécifiques pouvaient être prises dans plusieurs zones désignées, notamment Paris et un certain nombre de villes. Elle a été prise en application d’une loi qui n’avait été mise en œuvre qu’une seule fois depuis sa promulgation, en 1955. Elle permettait aux représentants de l’État à l’échelon local, les préfets, de prendre les mesures nécessaires au maintien de l’ordre public [c'est là leur mission première, état d'urgence ou pas], notamment la mise en place du couvre-feu à certaines heures et dans certaines zones, et comportait la possibilité pour les agents de la force publique de perquisitionner sans mandat, de fermer des lieux de réunion publics de toute nature et de restreindre la liberté de circulation [fort peu].

Le 9 novembre, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’il avait ordonné aux préfets de procéder à l’expulsion immédiate des étrangers condamnés pour des infractions commises dans le cadre des émeutes, qu’ils soient ou non en situation régulière. L’état d’urgence, initialement décrété pour douze jours, a été prorogé jusqu’au 21 février 2006. Brutalités policières impunies : Dans un rapport publié au mois d’avril, Amnesty International a rassemblé des éléments montrant que les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à des policiers depuis dix ans n’étaient pas des cas isolés [les homicides commis par les délinquants non plus].

Le document soulignait que le système judiciaire ne parvenait pas toujours à faire respecter l’obligation pour les responsables présumés de rendre comptes de leurs actes, ni le droit des victimes de violations des droits humains à obtenir réparation. Le fait que le gouvernement continue de ne pas répondre à ces violations a créé un climat d’impunité pour les forces de l’ordre, indiquait le rapport ; il en résultait une justice « à deux vitesses » dans la mesure où les plaintes déposées par les policiers étaient instruites plus vite que celles des victimes de violences policières. Dans leur grande majorité, ces affaires concernaient des étrangers ou des Français d’origine étrangère. * Le 17 mai, le tribunal de grande instance de Paris a condamné respectivement à trois et quatre mois d’emprisonnement avec sursis deux policiers reconnus coupables d’avoir, en 2002, violemment agressé Karim Latifi, un consultant en informatique, et proféré contre lui des injures racistes. Deux autres agents de la force publique qui comparaissaient dans la même affaire ont été acquittés. L’action civile intentée pour obtenir des dommages et intérêts était toujours en instance. En 2002, l’affaire avait été classée à l’issue d’une enquête de l’Inspection générale des services (organe chargé d’enquêter sur les plaintes déposées contre des policiers en région parisienne) et les poursuites judiciaires n’avaient pu continuer que grâce à la procédure de citation directe entamée par Karim Latifi.

* Le 31 août, Brice Petit et Jean-Michel Maulpoix, tous deux écrivains et enseignants, ont été reconnus coupables de diffamation et condamnés l’un et l’autre à une amende de 3 000 euros. Brice Petit a été acquitté du chef d’outrage à personnes dépositaires de l’autorité publique. Il avait été brutalisé et placé en détention pendant douze heures pour avoir contesté la façon dont, en avril 2004, un suspect immobilisé au sol avait été traité par des policiers de Montpellier. Il avait par la suite, de même que d’autres personnes, publié sur Internet des informations concernant cette affaire. Dans sa déposition à la barre, qui a été corroborée par un témoin, Brice Petit a affirmé qu’il n’avait pas qualifié les agents de « nazis » ni d’« antisémites », contrairement à ce qui avait été allégué, mais qu’il avait protesté de façon pacifique contre la force « inacceptable » employée pour interpeller une personne non armée à l’origine d’un trouble mineur à l’ordre public. [certes, mais on pourrait citer des milliers de cas de policiers agressés sans qu'il y ait la moindre poursuite contre les auteurs d'insultes et de violences à leur encontre]

Racisme et discrimination : En février et en mars, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (ONU), a examiné deux rapports périodiques présentés par la France et concernant la mise en œuvre de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Le Comité a salué les mesures législatives de lutte contre la discrimination raciale, notamment la loi de juin 2004 interdisant la diffusion de messages à caractère raciste sur Internet et celle de décembre 2004 portant création d’un organe officiellement chargé d’enquêter sur les discriminations et de les combattre. Toutefois, le Comité a recommandé l’adoption de nouvelles mesures de prévention, l’ouverture d’une enquête impartiale pour chaque plainte, des sanctions à la mesure de la gravité des infractions et la diffusion de l’information concernant les procédures de dépôt de plainte et les moyens d’obtenir réparation.

Dans un rapport publié au mois de février, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) a reconnu que la France avait pris des mesures pour lutter contre le racisme et l’intolérance, notamment en ouvrant une ligne téléphonique gratuite destinée au signalement des discriminations à caractère raciste, en instaurant des dispositifs facilitant l’intégration des primo-arrivants, en améliorant l’accès à l’éducation des enfants d’immigrés et en créant un organisme indépendant de surveillance de la police et de l’administration pénitentiaire, la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Toutefois, l’ECRI a souligné que des plaintes continuaient d’être enregistrées au sujet de violences ou d’humiliations, d’injures verbales à caractère raciste ou encore d’actes de discrimination imputables à des policiers ou des gendarmes, des agents de l’administration pénitentiaire et des employés des lieux de rétention et des zones d’attente des personnes en instance. Une hausse de 38 p. cent des plaintes déposées pour violences policières (97 en 2004 contre 70 en 2003) a été signalée au mois d’avril par la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Dans un tiers des cas, les violences étaient considérées comme manifestement racistes. [mais reste à savoir si toutes ces plaintes sont fondées]

La Commission nationale consultative des droits de l’homme a publié son rapport annuel en mars. D’après ce document, le nombre d’agressions racistes et antisémites enregistrées sur l’ensemble de l’année 2004 avait pratiquement doublé par rapport à l’année précédente [il pourrait doubler encore si on ne refusait pas d'enregistrer les plaintes des Français de souche victimes d'agression dont beaucoup comportent une connotation ouvertement raciste, par exemple les étudiants et lycéens tabassés lors des manifestations de ces derniers mois, ou les victimes du train Lyon-Nice du dernier réveillon].

La Commission s’est dite préoccupée par l’« enracinement » de l’antisémitisme dans la société. Mesures de lutte contre le terrorisme : - Projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme. Le projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme présenté en Conseil des ministres en octobre supprimait des garanties existantes contre la torture et les mauvais traitements. Le texte prévoyait d’étendre à six jours la période de quatre jours durant laquelle une personne soupçonnée de terrorisme pouvait être interrogée avant d’être présentée à un juge (période de garde à vue). Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, aurait déclaré que ces gardés à vue ne pourraient pas recevoir la visite d’un avocat pendant les soixante-douze premières heures de leur privation de liberté. Combinées au fait que les interrogatoires de suspects adultes n’étaient toujours pas enregistrés sur support vidéo, ces mesures risquaient d’assurer une impunité de fait aux agents de la force publique ayant soumis des détenus à des actes de torture ou à d’autres formes de mauvais traitements.

D’autres dispositions contenues dans le projet de loi prévoyaient le renforcement du recours à la vidéosurveillance et à la surveillance des échanges téléphoniques, le contrôle de données recueillies par des compagnies de transport et de nouvelles prérogatives d’accès pour les agents de l’État aux données de connexion des cybercafés et aux données contenues dans certains fichiers (cartes d’identité, passeports, permis de conduire, cartes grises, titres de séjour des étrangers et autres données à caractère personnel) [ce reproche est en contradiction avec le paragraphe précédent qui se félicite du contrôle accru de l'Etat sur le contenu des messages internet].

Le projet de loi portait par ailleurs de vingt à trente ans la peine d’emprisonnement encourue par les dirigeants d’organisations terroristes et prévoyait que les citoyens naturalisés depuis moins de quinze ans (contre dix ans précédemment [sanction purement théorique d'ailleurs car jamais appliquée]) pouvaient se voir retirer la nationalité française et être expulsés du pays [je ne vois pas très bien en quoi cela porte atteinte aux droits de l'homme, sauf à donner davantage de droits aux meurtriers qu'à leurs victimes].

Le projet a été approuvé par les deux chambres en décembre. Le Conseil constitutionnel ayant été saisi, la loi n’avait pas été promulguée à la fin de l’année.

Expulsions : * Dans le cadre d’affaires distinctes qui se sont produites en juillet et en août, quatre citoyens algériens ont été expulsés vers leur pays d’origine, où ils risquaient d’être torturés ou soumis à des mauvais traitements. Selon les informations recueillies, ces hommes étaient apparemment soupçonnés de diverses infractions, notamment d’avoir fait l’apologie de la violence et de la haine religieuse dans des mosquées lyonnaises et parisiennes. Trois d’entre eux avaient été condamnés et incarcérés en France pour, notamment, entrée irrégulière sur le territoire, liens avec des réseaux terroristes, contribution à l’entraînement paramilitaire de jeunes islamistes et tentative d’attentat contre un train.

Atteintes aux droit d’asile : En avril, le processus de restriction du droit d’asile entamé trois ans auparavant a été ponctué par la parution de la circulaire d’application de la loi relative à l’asile adoptée en décembre 2003. Le texte établissait à vingt et un jours (contre un mois auparavant) le délai dont disposait une personne pour déposer sa demande de reconnaissance de la qualité de réfugié après la délivrance de son autorisation provisoire de séjour. Le dossier devait être constitué en français. Une liste de 12 pays d’origine « sûrs » a été adoptée en juin. Selon les nouvelles dispositions réglementaires, les demandes d’asile présentées par les ressortissants de ces pays sont examinées dans le cadre d’une procédure « prioritaire » qui n’offre pas les garanties élémentaires de protection. Les demandeurs d’asile ne reçoivent ni titre de séjour ni aide de l’État et ont seulement deux semaines pour présenter leur dossier, rédigé en français. Une décision doit leur être notifiée sous deux semaines et ils peuvent être éloignés du territoire avant même l’examen d’un éventuel recours. Les personnes en instance d’éloignement et placées en centre de rétention ne disposaient que de cinq jours pour déposer une demande d’asile, contre douze auparavant.

En 2000, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la Turquie pour l’utilisation d’une procédure similaire, jugeant qu’un délai aussi court ne permettait pas d’examiner convenablement les demandes d’asile. En mai, un décret a légalisé la pratique, déjà en vigueur dans certaines préfectures depuis le début de 2005, qui consistait à refuser les services gratuits d’un interprète aux demandeurs d’asile présents en centres de rétention. Plusieurs tribunaux administratifs ont rendu par la suite des décisions estimant qu’il était capital de proposer des services d’interprétation puisque les demandes d’asile doivent être rédigées en français.

Au mois de juillet, un certain nombre d’organisations non gouvernementales, dont Amnesty International, ont déposé un recours en annulation devant le Conseil d’État, qui n’avait pas fait l’objet d’une décision à la fin de l’année. La loi française relative à l’asile prévoit qu’il faut donner aux demandeurs d’asile les moyens de défendre leur dossier et que les décisions et informations les concernant doivent leur être communiquées dans une langue qu’ils comprennent, soit par écrit soit par le truchement d’un interprète. [ce qu'on semble oublier ici c'est que la demande d'asile a été largement détournée de son objet et est aujourd'hui utilisée pour contourner les lois sur l'immigration par des personnes qui, pour beaucoup, ne sont pas victimes de persécution dans leur pays d'origine]

Absence de recours internes effectifs : Le 27 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme s’est prononcée sur le cas d’Ilitch Ramírez Sánchez, alias Carlos, ou le Chacal. Placé à l’isolement après son arrestation en 1994 et condamné à la réclusion à perpétuité en 1997 pour meurtre, il continuait de faire l’objet d’une enquête pour d’autres crimes présumés. Il avait saisi la Cour européenne des droits de l’homme en juillet 2004. Celle-ci a déclaré à l’unanimité que le prisonnier n’avait pas eu les moyens de contester son maintien prolongé à l’isolement car le droit français ne prévoyait aucun recours effectif, mais a considéré que l’interdiction de la torture n’avait pas été enfreinte pour autant. [l'exemple de ce terroriste avéré est-il bien trouvé ?]

Visites d’Amnesty International : Des délégués d’Amnesty International se sont rendus en France en avril." Fin de la citation.

Alors je pose la question : le rapport d'Amnesty sur la France est-il objectif ? On croirait lire un pamphlet anarchiste tant l'autorité de l'Etat et sa mission de maintien de l'ordre y sont présentées de façon caricaturale. Et puis il y a toutes les omissions. On s'étonne par exemple de ne trouver aucune mention du procès d'Outreau, aucune mention des abus de l'administration française autre que ceux supposés racistes, aucune mention des discriminations sociales qui touchent les Français modestes, ou des discriminations politiques qui touchent les mal-votants.

Plus inquiétant encore : si le rapport d'Amnesty est si peu fiable sur l'état de la France, peut-on encore se fier à ce qu'il dit de l'état du monde ? Les lacunes, demi-mensonges et partis-pris sont facilement repérables quand il s'agit d'un pays connu, mais pour les autres comment vérifier ? Dommage.

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4 juin 2006 7 04 /06 /juin /2006 15:16

La reconstitution qui devait avoir lieu ces jours-ci du fait-divers du 27 octobre 2005 à l'origine des émeutes que l'on sait vient d'être reportée. Le seul protagoniste survivant, Muhittin Altun, 18 ans, a en effet été arrêté le 29 mai 2006 pour l'agression d'un véhicule de police au cours d'un nouvel accès de violences urbaines du côté de Saint-Denis et Montfermeil.

C'est sans doute le moment de revenir sur les faits survenus dans cette nuit du 27 au 28 octobre 2005. Que sait-on exactement ? Trois jeunes gens, Zyed Bena, Bouna Traore, respectivement 17 et 15 ans, et Muhittin Altun, déjà nommé, avaient forcé la porte d'un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois. Après qu'ils eurent pénétré à l'intérieur, deux d'entre eux trouvèrent la mort par électrocution, le troisième, brûlé et retrouvé inanimé, put être secouru et sauvé par les pompiers.

Dans la journée du 28 octobre, les radios, notamment France Info, vont reprendre en boucle la nouvelle, suivies par les télévisions et les journaux du soir. Plusieurs journalistes suggèrent d'emblée une responsabilité de la police dans ces morts, car les jeunes gens se seraient réfugiés là nous dit-on "parce qu'ils étaient poursuivis par la police" ou encore "ils avaient trouvé refuge après une poursuite avec la police". Les plus réservés usent de quelques précautions oratoires : des jeunes "qui se croyaient poursuivis par la police" ou "pensant être poursuivis"...

Mais on voit mal comment des journalistes pouvaient exposer dès le matin du 28 ce qu'avaient pu penser ou pas immédiatement avant leur mort les deux personnes qui venaient de mourir dans la nuit, sachant que la troisième était hospitalisée dans un état jugé sérieux et donc hors d'état de répondre aux questions.

Or rien n'est venu confirmer en quoi que ce soit la présence de la police sur les lieux, bien au contraire, et qui plus est la police française en 2005 n'est ni un ogre ni la gestapo pour qu'on la fuie avec panique et qu'on se précipite dans un endroit interdit d'accès.

La complaisance des médias pour une version des faits tendancieuse et pour le moins prématurée fut la cause directe des émeutes qui allaient éclater le soir même. Cette version reprise imprudemment et sans aucun esprit critique leur avait apparemment été fournie par quelques jeunes des environs, de ceux qui ne pensent les rapports sociaux qu'en termes d'affrontements avec l'autorité et n'ont vu là qu'un prétexte ou une justification pour leurs propres violences (les pompiers intervenus sur les lieux avaient semble-t-il été pris à partie dès la nuit du drame).

Le fait que les parents des jeunes gens aient été reçus le 1er novembre 2005 à la fois par le premier ministre, Dominique de Villepin, et par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, ne faisait qu'accréditer un peu plus cette thèse absurde des "policiers responsables de la mort des jeunes" et transformer en cause nationale un malheureux fait-divers. Cela n'appaisa d'ailleurs nullement les violences qui se poursuivirent plusieurs semaines sans frein.

Puisque la cause officielle ne tient pas, que s'est-il donc passé à Clichy-sous-Bois ? En bonne logique, il faut prendre en compte les points suivants : 1) un transformateur électrique est un lieu clos et accessible d'un seul côté, donc un cul-de-sac, à éviter si l'on est en vue d'un poursuivant, ce que des jeunes gens de cet âge savent fort bien ; 2) un transformateur électrique est un endroit risqué, et comme tel muni d'une porte verrouillée et signalé par des panneaux rouges "Danger de Mort". Celui de Clichy est en outre protégé par un mur de 2 mètres de haut surmonté de barbelés. Les jeunes gens ont donc dû passer le mur, puis forcer la porte.

Mais pourquoi ? S'ils s'étaient contentés de "se réfugier" à l'intérieur, l'accident n'aurait pas eu lieu. S'ils ont été électrocutés c'est donc qu'ils ont touché aux fils et aux manettes. Alors pourquoi des jeunes gens qui n'étaient poursuivis par personne ont-ils fracturé la porte d'un transformateur EDF et ont-ils manipulé l'appareillage électrique ? Mais pour le faire disjoncter bien sûr !

De tels actes de malveillance sont malheureusement devenus assez courants sur les lignes de trains de banlieue. L'arrestation récente pour violences contre la police du survivant de Clichy va dans le même sens. Un acte de délinquance idiot qui a mal tourné, c'est la seule hypothèse qui tienne la route. A moins que...

A moins qu'il s'agisse d'un jeu violent ou encore d'un règlement de comptes entre jeunes du type de ceux dont les locaux à poubelles et les caves de nos banlieues servent souvent de cadre. Mais cela, Muhittin Altun et ses avocats ne le diront pas.

Mais qu'allait-il donc faire dans cette galère ?

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 16:18

Bon, puisque la jolie photo ne veut pas s'afficher (cf. www.defense.gouv.fr/sites/defense), on s'en passera :

Et si, finalement elle s'affiche !

Un porte-avion peut en cacher un autre. Voici le Charles-de-Gaulle en action. Il emporte une quarantaine d'appareils volants à son bord (avions Rafale, Super-Etendard, hélicoptères Dauphin).

Ses missions : attaque d'objectifs terrestres, attaque de forces navales, couverture aérienne d'un théâtre d'opérations terrestre ou maritime, soutien à des opérations terrestres, d'après le site officiel du Ministère de la Défense.

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