La troisième partie du "Projet socialiste" dont nous poursuivons l'analyse comprend un chapitre sur les Départements et Territoires d'Outremer, un sujet de politique intérieure a priori, mais dont le traitement par le PS ne sera peut-être pas sans conséquences géopolitiques (chap. II "Un nouvel âge de la décentralisation", § D "Valoriser les Outre-mer") :
"Les Outre-mers sont un atout pour la République. Il s’agit de permettre l’affirmation des identités ultra-marines au sein d’une République qui s’accepte et se revendique multiculturelle. Cette approche signifie naturellement promouvoir l’image des Outre-mers dans une France fière de sa diversité, valoriser le potentiel économique des ultra-marins, favoriser un développement durable. Ces territoires constituent une chance considérable en termes de bio diversité et de ressources naturelles. Mais, ces territoires ont également des handicaps structurels sur lesquels la République doit faire un effort particulier. En effet, à l’instar de l’Union européenne, l’Etat doit reconsidérer sa démarche dans les contrats de plan Etat-Régions en augmentant, de manière significative, sa participation financière, pour réduire les contraintes structurelles dues à l’éloignement, la taille de leur territoire, le relief et le climat difficiles, la démographie, la limitation du marché local. C’est sur une base contractuelle, régulièrement évaluée, que nous entendons respecter clairement les choix de la population et des élus d’Outremer pour assumer la meilleure gouvernance en utilisant toutes les possibilités qu’offre la Constitution. Après évaluation visant à atteindre une meilleure efficacité, les dispositifs spécifiques d’Outre-mer en matière sociale et fiscale, seront étendus au profit du logement social et de l’emploi solidaire. Des mesures fortes, telles que les baisses ciblées de TVA et d’abaissement du coût du transport des personnes, de services et de biens doivent permettre d’atteindre l’égalité réelle et d’aboutir à une diminution de moitié du chômage en dix ans. Le rôle des collectivités d’Outre-mer à l’international sera renforcé dans leur zone géographique, notamment dans la discussion des partenariats économiques. E Nous transformerons l’assemblée des Français de l’étranger en collectivité publique sur le modèle d’un Conseil Général d’outre-frontière."
D'où il ressort que le PS envisage 1) d'augmenter les subventions allouées aux départements d'outremer, et 2) de leur accorder l'autonomie voire l'indépendance, si l'on en croît cette phrase sibylline : "C’est sur une base contractuelle, régulièrement évaluée, que nous entendons respecter clairement les choix de la population et des élus d’Outremer pour assumer la meilleure gouvernance en utilisant toutes les possibilités qu’offre la Constitution."
Pour ce qui est des subventions, elles sont pourtant déjà considérables et se chiffrent en milliards d'euros (en moyenne 450 euros par an de fonds publics pour chaque habitant et plus encore en Guyane), sans compter la défiscalisation (lois Pons et Girardin) et des charges sociales moins élevées qu'en métropole. Il n'est pas dit que l'augmentation des subventions conduise à une baisse du chômage qui sévit dans ces départements ; elle pourrait même avoir exactement l'effet inverse car on y gagne moins à travailler qu'à percevoir les aides sociales.