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  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 20:38

Magnifique, c'est la guerre ! Nos présentateurs télé ne cachent plus leur alacrité. La virilité des bombes. C'est beau comme un missile Tomahawk. Ah, vous ne saviez pas ? Ce sont essentiellement des missiles de croisière US qui pleuvent sur la côté cyrénaïque depuis la nuit du 19 mars. Les sources oublient de préciser si leur fuselage est fait de déchets radioactifs ou bien de tungstène, et s'ils portent une charge de 300 kg ou bien des bombes à fragmentation (cf. Du bon usage des bombes ), mais ça promet pour les Libyens !

Petit retour sur les événements que j'ai suivis de loin, distraitement et d'un œil. Il semble que le déclencheur premier des révoltes arabes amorcées en décembre 2010 en Tunisie soit la hausse des prix. Les régimes autoritaires de la région, usés par la corruption, y résistent plus ou moins bien selon qu'ils sont soutenus (Bahreïn, Arabie séoudite, Yémen) ou lâchés par leurs alliés occidentaux. Selon aussi les conditions socio-politiques et religieuses locales. Classique jusqu'ici.

En Libye, les manifestations prennent de l'ampleur mi-février. Les insurgés - dont les services US disent ne pas bien savoir qui ils sont mais sans doute issus de la tribu monarchiste des Warfallah - tiennent Benghazi, capitale de la province de Cyrénaïque et deuxième ville du pays. Et le colonel Khadafi allait tomber comme un fruit mûr, croyaient déjà ses bons amis d'hier. Qui se souvient maintenant de l'élection triomphale de la Libye au Conseil de sécurité de l'ONU (cf. La Libye, membre du Conseil de sécurité ), de nos accords de coopération en matière de défense et de nucléaire civil, signés dans la foulée, et de la visite exotique du président libyen à Paris en décembre 2007, avec sa tente bédouine plantée dans les jardins de l'hôtel Marigny ? Sans compter le financement illicite des dernières présidentielles...

Las, non seulement Khadafi n'est pas tombé, mais ses troupes sont sur le point de gagner la partie, et revoici les USA en proie à leur tentation de toujours : s'en mêler ou pas ? Ils n'ont pas hésité bien longtemps et la décision était prise la semaine dernière. Encore fallait-il obtenir le soutien de la Ligue arabe (contre un de ses membres), pour ne pas trop paraître islamophobes, et celui du Conseil de sécurité de l'ONU (contre un de ses anciens membres) pour la légitimité "démocratique". Ce fut le travail des conseillères de choc : la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton, que l'on ne présente plus, et Susan Rice, ambassadeur US auprès de l'ONU. Moyennant des pressions "amicales" sur quelques pays d'Afrique noire jusque là réticents, la résolution voulue fut accordée par le Conseil de sécurité, malgré l'abstention de l'Allemagne, du Brésil, de la Chine, de l'Inde et de la Russie.

Et la France me direz-vous ? Eh bien, comme d'habitude le président suit les instructions de Washington, tout en cherchant à se faire passer pour un grand chef militaire auprès de l'opinion publique nationale, avec la complicité de nos médias tellement libres et indépendants. Rappelons que les quelques forces françaises engagées sont placées sous le commandement du général Carter Ham, chef du Commandement unifié des USA pour l'Afrique ou AFRICOM, secondé par le général Samuel J. Locklear, commandant des Forces navales US pour l'Europe - les USA, vous savez ce pays prétendument réticent à intervenir auquel notre bon président et son inséparable BHL auraient forcé la main... ! Mais de tout ceci, on escompte bien sûr des retombées électorales.

Rien de tel que la guerre pour faire oublier le reste.

Voir aussi les actualités sur le blog de l'historien africaniste Bernard Lugan : L'Afrique réelle - mars 2011 et La crise libyenne, aspiration démocratique ou éclatement des alliances tribales ?.

P.S. Le nom donné par les Etats-Uniens à cette campagne de bombardements, Odyssey Dawn (traduire "Le matin d'Ulysse"), qui vient peut-être d'un article qui traîne sur Internet sous le titre "Free Essays on Homer's Odyssey : The Metaphor of the Dawn" à moins qu'il ne s'agisse d'un emprunt à l'Ulysse de Joyce, est pour le moins alambiqué. Les Français proposaient "Opération Harmattan", du nom d'un vent de sables saharien, mais ce n'est pas nous qui menons le bal. Moi je propose "Opération Lotophages"...

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