20 septembre 2006
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Depuis lundi 18 septembre, les nuits d'émeutes et de manifestations se succèdent à Budapest et dans plusieurs villes de Hongrie. Pour renverser le communisme comme en 1956 ? Non, c'est déjà fait (en 1989-1990). Mais parce que la situation économique du pays est mauvaise, son endettement depuis l'époque communiste excessif (près de 60% du PIB l'année dernière), et que loin d'apporter un mieux la perspective d'intégrer l'Union européenne et les sacrifices qu'elle impose accentuent le marasme. La pauvreté de la population se devine sous la dignité apparente. Elle surprend peut-être plus encore dans une ville comme Budapest avec ses grandes avenues à la Haussmann aux immeubles autrefois cossus... Voilà, pour le contexte.
Mais la cause véritable est ailleurs : la compromission, la corruption, l'inefficience et le mépris des politiciens pour la population. Et de ce mépris, ce je-m'en-foutisme, ces mensonges et cette vulgarité aussi, dont les hommes politiques hongrois n'ont d'ailleurs pas l'exclusivité, les propos proférés en mai dernier - révélés seulement dimanche sur une radio nationale - par le premier ministre, Ferenc Gyurcsany, devant les membres du Parti socialiste qu'il dirige, sont exemplaires. Extraits :
"Nous n'avons plus tellement le choix. Nous ne l'avons plus, parce que nous avons merdé. Non pas un peu, mais complètement. Aucun autre pays d'Europe n'a fait une telle connerie [en laissant filer les déficits publics]. Cela s'explique. Evidemment, nous avons menti tout au long de ces douze, de ces dix-huit derniers mois. Il est parfaitement clair que ce que nous disions n'était pas vrai. Nous avons dépassé les potentialités du pays dans une mesure inimaginable. Il était inimaginable que le gouvernement du Parti socialiste hongrois allié aux libéraux puisse le faire un jour. Et avec ça, nous n'avons rien foutu pendant quatre ans. Rien. On ne peut pas citer une seule mesure gouvernementale dont nous puissions être fiers – à part le fait que nous avons réussi à nous démerder à la fin [en remportant les élections]. Rien. Quand il faudra faire le bilan devant le pays et montrer ce que nous avons fait pendant quatre ans, qu'est-ce qu'on va dire ? Pendant un an et demi, j'ai dû faire semblant de travailler, faire semblant de gouverner - j'ai failli en crever ! Au lieu de ça, nous avons menti le matin, menti le soir, et même la nuit ! Je ne veux plus faire ça ! Ou bien nous faisons ce que nous avons à faire avec l'homme qu'il faut pour ça, ou bien il faut le faire avec quelqu'un d'autre."
"Nous avons tout fait pour garder secret en fin de campagne électorale ce dont le pays a vraiment besoin, ce que nous comptions faire après la victoire [électorale]. Nous le savions tous, après la victoire, il fallait se mettre au travail, car nous n'avons jamais connu de problèmes de cette envergure."
"A court terme, nous n'avons plus le choix. Janos Veres [ministre des Finances] a raison. Nous pouvons encore faire semblant un petit peu, mais plus longtemps. Le moment de vérité est arrivé. L'aide divine, les flux financiers internationaux, les centaines d'astuces comptables, dont vous n'avez pas à connaître l'existence, nous ont tous aidés pour survivre. Mais c'est terminé. On ne peut pas aller plus loin. On doit avouer dès le premier jour ce qu'on doit faire pour réduire le déficit [des comptes publics] dès cette année, et mettre en oeuvre les modifications fiscales dès le mois de septembre."
"C'est fantastique de diriger un pays. Pendant les dix-huit derniers mois j'en étais capable parce que j'avais une ambition: convaincre la gauche qu'elle pouvait gagner [les élections], qu'elle n'avait pas à courber la tête dans ce putain de pays, qu'elle n'avait pas à faire dans sa culotte devant Viktor Orban [chef de l'opposition de droite]."
Il semble que, plus que le fond de ce discours, dont les Hongrois se doutaient bien, c'est sa forme - et le mépris dont elle témoigne - qui aura mis le feu aux poudres. Il n'est jamais très agréable pour l'électeur de découvrir, et de façon aussi indubitable, que la classe politique s'est payé sa tête aux dernières élections !
Mentir sans scrupule pour se faire élire...
Imposer des mesures économiques brutales à une population qui n'en peut mais...
Et toujours, se cramponner au pouvoir...
Un cas exemplaire, vous dis-je !
Mais en Hongrie toute l'ambiguïté de la situation présente, c'est que cette fois-ci Gyurcsany dit vrai !
(Et merci à MSR pour les extraits)
Mais la cause véritable est ailleurs : la compromission, la corruption, l'inefficience et le mépris des politiciens pour la population. Et de ce mépris, ce je-m'en-foutisme, ces mensonges et cette vulgarité aussi, dont les hommes politiques hongrois n'ont d'ailleurs pas l'exclusivité, les propos proférés en mai dernier - révélés seulement dimanche sur une radio nationale - par le premier ministre, Ferenc Gyurcsany, devant les membres du Parti socialiste qu'il dirige, sont exemplaires. Extraits :
"Nous n'avons plus tellement le choix. Nous ne l'avons plus, parce que nous avons merdé. Non pas un peu, mais complètement. Aucun autre pays d'Europe n'a fait une telle connerie [en laissant filer les déficits publics]. Cela s'explique. Evidemment, nous avons menti tout au long de ces douze, de ces dix-huit derniers mois. Il est parfaitement clair que ce que nous disions n'était pas vrai. Nous avons dépassé les potentialités du pays dans une mesure inimaginable. Il était inimaginable que le gouvernement du Parti socialiste hongrois allié aux libéraux puisse le faire un jour. Et avec ça, nous n'avons rien foutu pendant quatre ans. Rien. On ne peut pas citer une seule mesure gouvernementale dont nous puissions être fiers – à part le fait que nous avons réussi à nous démerder à la fin [en remportant les élections]. Rien. Quand il faudra faire le bilan devant le pays et montrer ce que nous avons fait pendant quatre ans, qu'est-ce qu'on va dire ? Pendant un an et demi, j'ai dû faire semblant de travailler, faire semblant de gouverner - j'ai failli en crever ! Au lieu de ça, nous avons menti le matin, menti le soir, et même la nuit ! Je ne veux plus faire ça ! Ou bien nous faisons ce que nous avons à faire avec l'homme qu'il faut pour ça, ou bien il faut le faire avec quelqu'un d'autre."
"Nous avons tout fait pour garder secret en fin de campagne électorale ce dont le pays a vraiment besoin, ce que nous comptions faire après la victoire [électorale]. Nous le savions tous, après la victoire, il fallait se mettre au travail, car nous n'avons jamais connu de problèmes de cette envergure."
"A court terme, nous n'avons plus le choix. Janos Veres [ministre des Finances] a raison. Nous pouvons encore faire semblant un petit peu, mais plus longtemps. Le moment de vérité est arrivé. L'aide divine, les flux financiers internationaux, les centaines d'astuces comptables, dont vous n'avez pas à connaître l'existence, nous ont tous aidés pour survivre. Mais c'est terminé. On ne peut pas aller plus loin. On doit avouer dès le premier jour ce qu'on doit faire pour réduire le déficit [des comptes publics] dès cette année, et mettre en oeuvre les modifications fiscales dès le mois de septembre."
"C'est fantastique de diriger un pays. Pendant les dix-huit derniers mois j'en étais capable parce que j'avais une ambition: convaincre la gauche qu'elle pouvait gagner [les élections], qu'elle n'avait pas à courber la tête dans ce putain de pays, qu'elle n'avait pas à faire dans sa culotte devant Viktor Orban [chef de l'opposition de droite]."
Il semble que, plus que le fond de ce discours, dont les Hongrois se doutaient bien, c'est sa forme - et le mépris dont elle témoigne - qui aura mis le feu aux poudres. Il n'est jamais très agréable pour l'électeur de découvrir, et de façon aussi indubitable, que la classe politique s'est payé sa tête aux dernières élections !
Mentir sans scrupule pour se faire élire...
Imposer des mesures économiques brutales à une population qui n'en peut mais...
Et toujours, se cramponner au pouvoir...
Un cas exemplaire, vous dis-je !
Mais en Hongrie toute l'ambiguïté de la situation présente, c'est que cette fois-ci Gyurcsany dit vrai !
(Et merci à MSR pour les extraits)