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  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 22:01
Depuis lundi 18 septembre, les nuits d'émeutes et de manifestations se succèdent à Budapest et dans plusieurs villes de Hongrie. Pour renverser le communisme comme en 1956 ? Non, c'est déjà fait (en 1989-1990). Mais parce que la situation économique du pays est mauvaise, son endettement depuis l'époque communiste excessif (près de 60% du PIB l'année dernière), et que loin d'apporter un mieux la perspective d'intégrer l'Union européenne et les sacrifices qu'elle impose accentuent le marasme. La pauvreté de la population se devine sous la dignité apparente. Elle surprend peut-être plus encore dans une ville comme Budapest avec ses grandes avenues à la Haussmann aux immeubles autrefois cossus... Voilà, pour le contexte.

Mais la cause véritable est ailleurs : la compromission, la corruption, l'inefficience et le mépris des politiciens pour la population. Et de ce mépris, ce je-m'en-foutisme, ces mensonges et cette vulgarité aussi, dont les hommes politiques hongrois n'ont d'ailleurs pas l'exclusivité, les propos proférés en mai dernier - révélés seulement dimanche sur une radio nationale - par le premier ministre, Ferenc Gyurcsany, devant les membres du Parti socialiste qu'il dirige, sont exemplaires. Extraits :

"Nous n'avons plus tellement le choix. Nous ne l'avons plus, parce que nous avons merdé. Non pas un peu, mais complètement. Aucun autre pays d'Europe n'a fait une telle connerie [en laissant filer les déficits publics]. Cela s'explique.  Evidemment, nous avons menti tout au long de ces douze, de ces dix-huit derniers mois. Il est parfaitement clair que ce que nous disions n'était pas vrai. Nous avons dépassé les potentialités du pays dans une mesure inimaginable. Il était inimaginable que le gouvernement du Parti socialiste hongrois allié aux libéraux puisse le faire un jour. Et avec ça, nous n'avons rien foutu pendant quatre ans. Rien. On ne peut pas citer une seule mesure gouvernementale dont nous puissions être fiers – à part le fait que nous avons réussi à nous démerder à la fin [en remportant les élections]. Rien. Quand il faudra faire le bilan devant le pays et montrer ce que nous avons fait pendant quatre ans, qu'est-ce qu'on va dire ? Pendant un an et demi, j'ai dû faire semblant de travailler, faire semblant de gouverner - j'ai failli en crever ! Au lieu de ça, nous avons menti le matin, menti le soir, et même la nuit ! Je ne veux plus faire ça ! Ou bien nous faisons ce que nous avons à faire avec l'homme qu'il faut pour ça, ou bien il faut le faire avec quelqu'un d'autre."

"Nous avons tout fait pour garder secret en fin de campagne électorale ce dont le pays a vraiment besoin, ce que nous comptions faire après la victoire [électorale]. Nous le savions tous, après la victoire, il fallait se mettre au travail, car nous n'avons jamais connu de problèmes de cette envergure."

"A court terme, nous n'avons plus le choix. Janos Veres [ministre des Finances] a raison. Nous pouvons encore faire semblant un petit peu, mais plus longtemps. Le moment de vérité est arrivé. L'aide divine, les flux financiers internationaux, les centaines d'astuces comptables, dont vous n'avez pas à connaître l'existence, nous ont tous aidés pour survivre. Mais c'est terminé. On ne peut pas aller plus loin. On doit avouer dès le premier jour ce qu'on doit faire pour réduire le déficit [des comptes publics] dès cette année, et mettre en oeuvre les modifications fiscales dès le mois de septembre."

"C'est fantastique de diriger un pays. Pendant les dix-huit derniers mois j'en étais capable parce que j'avais une ambition: convaincre la gauche qu'elle pouvait gagner [les élections], qu'elle n'avait pas à courber la tête dans ce putain de pays, qu'elle n'avait pas à faire dans sa culotte devant Viktor Orban [chef de l'opposition de droite]."

Il semble que, plus que le fond de ce discours, dont les Hongrois se doutaient bien, c'est sa forme - et le mépris dont elle témoigne - qui aura mis le feu aux poudres. Il n'est jamais très agréable pour l'électeur de découvrir, et de façon aussi indubitable, que la classe politique s'est payé sa tête aux dernières élections !

Mentir sans scrupule pour se faire élire...
Imposer des mesures économiques brutales à une population qui n'en peut mais...
Et toujours, se cramponner au pouvoir...
Un cas exemplaire, vous dis-je !

Mais en Hongrie toute l'ambiguïté de la situation présente, c'est que cette fois-ci Gyurcsany dit vrai !

(Et merci à MSR pour les extraits)
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commentaires

M
Je n'avais pas lu ces extraits en entier. C'est vraiment incroyable.Effectivement, je ne sais pas si c'est le fait de mentir pour gagner des élections, qu'il avoue qu'il a fait semblant de travailler ou son langage vulgaire qui est le plus choquant ? Probablement le tout.J'espère en tout cas qu'ils arriveront au moins a faire tomber ce premier ministre.Et qui sait ? Pourquoi la mise en place du premier régime nationaliste d'Europe ?
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