9 octobre 2007
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Eh bien la nouvelle du jour, c'est que Che Guevara est mort. D'accord, ça fait 40 ans. Mais il faut bien rentabiliser un peu cette belle gueule de révolutionnaire ténébreux. Monsieur Tupa, sculpteur bolivien, a donc entrepris de lui faire sa statue, une statue de feraille, 6 mètres de haut et plus de 6 tonnes... une de plus, parce qu'il y en a déjà une tripotée du côté de La Havane (où le culte, il est vrai, est obligatoire), sans compter les tee-shirts, les briquets et toute la panoplie du néo-révolutionnaire rebelle.
Voyons un peu. Tout n'était pas mauvais au départ chez le jeune Ernesto Rafael Guevara de la Serna. Né en Argentine en 1928, formé en médecine, il se montre sensible aux malheurs des pauvres gens, ce qui est bien, et croit trouver le remède chez Marx, ce qui l'est moins. Et voilà qu'à force de lire tout Marx, tout Lénine et compagnie, notre brave argentin s'est auto-endoctriné. Résultat : un révolutionnaire dogmatique jusqu'auboutiste, un pur, autrement dit sanglant. Bref, le type du caractère psychorigide chez qui l'idéologie est un aveuglement, mais cela donne si bonne conscience, n'est-ce pas ? A force de simplifier le réel, de le réduire à une lutte de damier, blancs ou noirs, on nie la complexité des sociétés humaines, on abolit toute nuance.
Donc, après avoir rallié Fidel Castro, participé activement à la révolution cubaine et au renversement de la dictature locale du président Batista en 1959, le "Che" se fit fusilleur chef, pardon procureur d'un tribunal révolutionnaire aux jugements quelque peu expéditifs, puis inventa le goulag cubain, histoire de rééduquer les mal-pensants. C'est ainsi que des opposants à Batista se retrouvèrent parmi les victimes. D'autres, qui au départ n'étaient pas hostiles au changement de régime, durent fuir l'île en toute hâte pour échapper aux persécutions... Le Che n'est pas seul en cause, bien sûr, et c'est tout le système qu'il faut incriminer, sans parler du sale jeu de nos amis les Américains.
Mais tout de même... Paroles du Che : "J'appartiens, de par ma formation idéologique, à ceux qui croient que la solution des problèmes de ce monde est derrière ce que l'on appelle le rideau de fer." La Corée du Nord ? "Un modèle dont Cuba devrait s'inspirer." "Nous avons fusillé, nous fusillons et nous continuerons à fusiller tant que cela sera nécessaire. Notre lutte est une lutte à mort." De la rhétorique révolutionnaire classique, mais prononcée sans rire à la tribune des Nations Unies... (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Che_Guevara)
Cela, ceux qui veulent bien savoir le savent. Mais pourquoi cette popularité post mortem ? Cette icône communiste devenue sourire commercial ? Il y a plusieurs raisons sans doute. D'abord, la promotion dont le héros mort ou vif a bénéficié à Cuba même et auprès des sympathisants castristes, puisqu'il fait partie de la mythologie du régime. Il meurt le 9 octobre 1967, capturé et exécuté en Bolivie où il tentait sans grand succès de répandre la sédition. En mai 68, vous savez quoi. Donc les soixante-huitards en ont fait leur drapeau et comme ils sont presque tous devenus publicitaires ou journaleux..., sa gueule de révolutionnaire a été déclinée sur tout les supports. Et pas au bénéfice des bonnes œuvres !
Mais cela n'explique pas tout, et notamment sa popularité à travers toute l'Amérique latine. Je passe sur la pitrerie des sénateurs brésiliens qui ont prévu une session spéciale en son honneur le 23 octobre prochain, sans doute pour faire oublier l'énorme scandale de corruption dans lequel ils sont mouillés jusqu'au cou. Mais en Bolivie, au Vénézuela, au Guatemala, au Mexique, Che Guevara représente autre chose. Une sorte de bras d'honneur. Un défi à l'impérialisme US.
Che Guevara, antidote contre les gringos ? (effets non garantis)
Tupa dans son atelier (photo EPA via Al Jazeera)
Tu es sûr qu'il ne perd pas ses boulons ?
Tu es sûr qu'il ne perd pas ses boulons ?
Voyons un peu. Tout n'était pas mauvais au départ chez le jeune Ernesto Rafael Guevara de la Serna. Né en Argentine en 1928, formé en médecine, il se montre sensible aux malheurs des pauvres gens, ce qui est bien, et croit trouver le remède chez Marx, ce qui l'est moins. Et voilà qu'à force de lire tout Marx, tout Lénine et compagnie, notre brave argentin s'est auto-endoctriné. Résultat : un révolutionnaire dogmatique jusqu'auboutiste, un pur, autrement dit sanglant. Bref, le type du caractère psychorigide chez qui l'idéologie est un aveuglement, mais cela donne si bonne conscience, n'est-ce pas ? A force de simplifier le réel, de le réduire à une lutte de damier, blancs ou noirs, on nie la complexité des sociétés humaines, on abolit toute nuance.
Donc, après avoir rallié Fidel Castro, participé activement à la révolution cubaine et au renversement de la dictature locale du président Batista en 1959, le "Che" se fit fusilleur chef, pardon procureur d'un tribunal révolutionnaire aux jugements quelque peu expéditifs, puis inventa le goulag cubain, histoire de rééduquer les mal-pensants. C'est ainsi que des opposants à Batista se retrouvèrent parmi les victimes. D'autres, qui au départ n'étaient pas hostiles au changement de régime, durent fuir l'île en toute hâte pour échapper aux persécutions... Le Che n'est pas seul en cause, bien sûr, et c'est tout le système qu'il faut incriminer, sans parler du sale jeu de nos amis les Américains.
Mais tout de même... Paroles du Che : "J'appartiens, de par ma formation idéologique, à ceux qui croient que la solution des problèmes de ce monde est derrière ce que l'on appelle le rideau de fer." La Corée du Nord ? "Un modèle dont Cuba devrait s'inspirer." "Nous avons fusillé, nous fusillons et nous continuerons à fusiller tant que cela sera nécessaire. Notre lutte est une lutte à mort." De la rhétorique révolutionnaire classique, mais prononcée sans rire à la tribune des Nations Unies... (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Che_Guevara)
Cela, ceux qui veulent bien savoir le savent. Mais pourquoi cette popularité post mortem ? Cette icône communiste devenue sourire commercial ? Il y a plusieurs raisons sans doute. D'abord, la promotion dont le héros mort ou vif a bénéficié à Cuba même et auprès des sympathisants castristes, puisqu'il fait partie de la mythologie du régime. Il meurt le 9 octobre 1967, capturé et exécuté en Bolivie où il tentait sans grand succès de répandre la sédition. En mai 68, vous savez quoi. Donc les soixante-huitards en ont fait leur drapeau et comme ils sont presque tous devenus publicitaires ou journaleux..., sa gueule de révolutionnaire a été déclinée sur tout les supports. Et pas au bénéfice des bonnes œuvres !
Mais cela n'explique pas tout, et notamment sa popularité à travers toute l'Amérique latine. Je passe sur la pitrerie des sénateurs brésiliens qui ont prévu une session spéciale en son honneur le 23 octobre prochain, sans doute pour faire oublier l'énorme scandale de corruption dans lequel ils sont mouillés jusqu'au cou. Mais en Bolivie, au Vénézuela, au Guatemala, au Mexique, Che Guevara représente autre chose. Une sorte de bras d'honneur. Un défi à l'impérialisme US.
Che Guevara, antidote contre les gringos ? (effets non garantis)
Terra y Sangre ou les reliques de San Ernesto de La Higuera :
flacons de sable de La Higuera (Vallegrande, Bolivie), lieu de l'exécution du guérillero,
vendus dans le petit musée local (photo Reuters)
flacons de sable de La Higuera (Vallegrande, Bolivie), lieu de l'exécution du guérillero,
vendus dans le petit musée local (photo Reuters)